San Quirico-Rome

Publiée le 18/11/2022
9ème et dernière semaine de marche sur la Via Francigena, de l’entrée du Latium au tombeau de St Pierre à Rome

Matthieu, chapitre 16, verset 13-23

Prenant la parole, Simon-Pierre déclara : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! »

Prenant la parole à son tour, Jésus lui déclara : « Heureux es-tu, Simon fils de Yonas : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux. Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle.

Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux. » 

1er jour

Ayant dormi dans une salle paroissiale de Castiglione d’Orcia, je partis depuis la place de l’église et descendis dans les collines. Je longeai ainsi toute la matinée les contreforts du Mont Amiata qui culmine à plus de 1700m et grimpai vers Radicofani qu’on apercevait de très loin, haute prééminence surmontée d’un château. Arrivant là-bas pour le déjeuner, je visitai l’église du village et surtout admirai la vue qui se déployait sur le sud et le Mont Amiata entouré d’une forêt aux couleurs dorées montrant l’avancée de l’automne. Au vu du froid et du vent qu’il y avait dans ces hauteurs, je ne m’attardis pas et continuai ma route en descendant vers Acquapendente. Bien que ne passant pas dans des villages, je pus en apercevoir autour de moi, souvent sur des hauteurs et paraissant remonter au Moyen-Age avec leurs clochers anciens. La région contrastait avec le reste de la Toscanie du fait de l’altitude, les pâturages et les forêts étant très présents. Je finis par descendre en fin de journée jusqu’à une route fréquentée près de laquelle se trouvait l’église de Ponte a Rigo, où une salle était dédiée à l’accueil des pèlerins. Je récupérai les clés et passai une soirée tranquille dans ce lieu de repos où j’étais seul.

Vue sur le Mont Amiata
Vue sur Radicofani
Coucher de soleil à Ponte a Rigo

2ème jour

Quittant Ponte a Rigo, je suivis la route fréquentée sur une longue distance, ce qui ne fut pas des plus agréables, le paysage permettant toutefois de remarquer quelques villages lointains où trônaient les tours de châteaux médiévaux. Je quittai ensuite la route pour suivre une montée raide à travers un bois qui me mena à Acquapendente. J’arrivai par une belle porte dans la ville et en visitai les églises, notamment celle de San Francesco, où des statues des douze apôtres sont alignées dans toute la nef. J’allai à la messe à la cathédrale d’Acquapendente avant de continuer mon chemin à travers une campagne agricole sans réel intérêt. Après une pause rapide pour déjeuner, je continuai et traversai San Lorenzo Nuovo, un petit bourg qui offrait une belle vue sur le lac de Bolsena. Je suivis un sentier au milieu des vignes et des bois, avec un panorama sur le lac, et j’arrivai finalement à Bolsena alors que le soleil venait de se coucher. Contemplant d’abord le château médiéval bien éclairé de la ville, je partis ensuite à la recherche d’un lieu pour dormir. Je découvris l’église et j’y attendis la fin d’un office pour demander l’hospitalité. Ce furent des sœurs qui voulurent bien m’accueillir, ayant une pièce réservée aux pèlerins de passage. J’y retrouvai deux marcheurs écossais, un père et son fils, John et Jez. N’ayant pas l’habitude de croiser des pèlerins, nous discutâmes de nos parcours ainsi que de rugby, puis je sortis visiter le centre de Bolsena et ses petites ruelles anciennes malgré le froid. Les écossais étant sorti prendre une pizza, je dînai seul et me couchai rapidement. 

Fresques du chœur de l’église de San Francesco
Château de Bolsena

3ème jour

Alors que le jour se levait accompagné par la pluie, je partis tôt du couvent de Bolsena et continuai de longer le lac en passant par des forêts vallonées. La pluie se calma rapidement et j’arrivai à Montefiascone en fin de matinée. C’était la ville des 100km avant Rome sur la Via Francigena, ayant une cathédrale avec un magnifique dôme ainsi qu’un promontoire et un château médiéval au-dessus de la ville. Je profitai d’une belle vue à 360 degrés autour de Montefiascone avec l’arrivée du soleil, puis je descendis en direction de Viterbo et m’arrêtai déjeuner sur un chemin antique sur le bord d’un bois. La suite de la journée se déroula sans encombres, bien que le paysage ne soit pas particulièrement marquant et que je ne croise pas de pèlerins. J’arrivai peu avant la nuit à Viterbo et admirai ses remparts opposants avant de pénétrer dans la ville. Un couvent de capucins put m’accueillir car ils avaient un espace pour les pèlerins, et je passai une partie de la soirée dans leur église, constatant la jeunesse et le dynamisme de ce couvent. Aucun marcheur ne me rejoignant, je me couchai tôt après une journée bien fatiguante.

Vue sur le lac de Bolsena
Dôme de la cathédrale de Montefiascone
Chemin ancien de la Via Francigena

4ème jour

Souhaitant m’attarder à Viterbo, ville riche en monuments, je m’arrêtai dans plusieurs églises et dans le centre médiéval. Les remparts et leurs tours étaient impressionnants mais ce qui me marqua le plus fut l’église de San Giovanni Battista, où un monsieur me fit découvrir le plafond couvert d’une fresque en trompe-l’œil extraordinaire! Sans doute le plus beau plafond vu au cours de mon périple jusqu’à présent… Je terminai par la cathédrale, à côté de laquelle se dressait un palais et y trouvait les deux écossais que j’avais quitté la veille. Nous discutâmes un peu puis je repris le chemin de la Via Francigena et sortis de la ville entre deux tours des murailles. Je passai d’abord sur une surprenante route entourée de hauts rochers à la manière d’une gorge. Celle-ci avait néanmoins dû être en partie façonnée par la main de l’homme, ce qui s’avérait être un travail titanesque! La suite du parcours fut moins attrayante bien que je rencontre une hollandaise et son chien qui étaient parti du Col du Grand St Bernard. Arrivant à Vetralla sous la pluie, je trouvai un abri pour déjeuner avant de continuer ma route en direction de Sutri. Traversant une grande forêt de chênes, je suivis par la suite un sentier au milieu de noisetiers et passait à côté d’une très vieille tour appelée la tour d’Orlando. J’arrivai finalement sous la pluie et à la nuit tombée à Capranica où je fus accueilli par un couple qui recevait des pèlerins chez eux. Travis, un américain qui avait tout lâché pour une vie plus tranquille en Italie, y avait rencontré Johanna, une allemande en séjour là-bas. Ils avaient décidé de faire un projet d’accueil de pèlerins, ce qui leur permettait de rencontrer beaucoup de monde. Ils préparèrent un repas et nous dînâmes en discutant de nombreux sujets, notamment de l’Italie, de la Via Francigena et de leur parcours, avant que je me couche.

Plafond de l’église de San Giovanni Battista
Remparts de Viterbo
Route à travers une gorge
Tour d’Orlando

5ème jour

Après un petit-déjeuner où nous continuâmes de parler des sujets de la veille, je descendis depuis Capranica dans un petit vallon qui m’amena jusqu’à Sutri sous une pluie battante. Là, je longeai d’impressionnantes cavités anciennes faites dans la falaise, puis je pus admirer l’amphithéâtre antique creusé dans une pierre rouge qui formait un large cercle. Je pris ensuite une variante qui rallongeait mon chemin et continuai jusqu’à Monterosi où je m’arrêtai pour déjeuner et me mettre à l’abri de la pluie. La suite de mon parcours était assez vallonnée, la région étant pourvue de nombreuses falaises et de forêts. Je passai notamment près d’une cascade bouillonnante en cette journée pluvieuse, et j’atteignis Campagnano di Roma. J’y trouvai une hospitalité pour pèlerins qui appartenait à la paroisse mais j’y dormis seul, peu de pèlerins marchant en cette saison… 

Grotte creusée de Sutri
Amphithéâtre de Sutri

6ème jour

Quittant tôt Campagnano, je grimpai plusieurs collines sous un temps plus dégagé qui permettait d’apercevoir les Appenins au loin et passai au sanctuaire della Madonna del Sorbo où se trouvaient de belles fresques anciennes. Je continuai ensuite jusqu’à Formello et y rencontrai deux français, un père et sa fille, qui terminaient la Via Francigena comme moi. La suite du chemin fut agréable bien que n’ayant pas de panorama particulier. Je longeai une petite rivière encaissée et m’arrêtai près d’une cascade pour déjeuner, remarquant qu’il y avait un long tunnel creusé dans la roche par l’eau un peu plus loin. Dépassant La Storta, à la sortie de Rome, je suivis une route très fréquentée et m’arrêtai à l’entrée de la ville éternelle à l’église San Giuliano. J’y fus reçu par le curé, Don Massimo, qui n’avait pas l’habitude de recevoir du monde mais me fit dormir dans un local scout. Je pus assister à la messe, Don Massimo priant gentiment à mon intention, ainsi qu’à une adoration, ce qui avait beaucoup de sens pour moi en cette veille de mon arrivée au tombeau de St Pierre! Je me couchai finalement, impatient d’arriver à l’issue de mon pèlerinage le lendemain.

Fresque du sanctuaire de Sorbo
Cascade sur le chemin
Église de San Giuliano

7ème jour

Je pris le petit-déjeuner avec Don Massimo et un prêtre indien, discutant avec eux de mon parcours et de l’état de l’Eglise en France, puis il me salua chaleureusement et je partis pour terminer mon pèlerinage! Je suivis d’abord un sentier boueux au milieu d’une réserve naturelle dans Rome, faisant face à une bonne pluie, avant de rejoindre un quartier de la ville. Je marchai ensuite jusqu’à la colline de Monte Mario en traversant le quartier Balduina qui me semblait un clin d’œil car son nom venait du même prénom que le mien. Surplombant Rome, je parvins enfin à voir le dôme de la basilique St Pierre tant espérée et je continuai sur une route qui rejoignait la grande place. Je pus ainsi finir mon périple et prier auprès du tombeau de St Pierre tout en admirant la grandiose basilique!

Arrivée devant la basilique St Pierre de Rome
Nef de St Pierre de Rome
Tombeau de St Pierre

St Augustin a dit: « Le jour où tu dis: celà suffit! tu es déjà mort. Ajoute toujours, avance toujours, marche toujours. Ne reste pas en chemin, ne recule pas, ne sors pas de la route. Qui n’avance pas piétine! Qui s’écarte de la foi perd sa route. Mieux vaut un boiteux sur la route qu’un coureur hors de la route. » C’est de cette manière que j’ai vécu ce pèlerinage, parcourant 2000 km à travers la France et l’Italie, sous le soleil où la pluie, bien accueilli ou ayant faim, mais cela ne m’a pas empêché d’avancer. J’espère donc pouvoir continuer de marcher au cours de ce pèlerinage qu’est la vie et faire tout le bien que je peux faire malgré les difficultés. J’ai beaucoup appris au cours de ce périple, et je souhaite en particulier remercier toutes les personnes qui m’ont accueilli et m’ont permis de grandir, en espérant leur avoir apporté en retour! 

1 commentaire

MamCL

Quelle magnifique aventure ! Tu as marché dans les pas de nombreux pèlerins depuis les temps anciens et notamment médiévaux ! Deo gratias pour ces belles rencontres, pour tous ceux qui t'ont hébergé et nourri, pour la beauté des paysages et des églises. Merci de nous avoir permis de te suivre de semaine en semaine grâce à ce blog.
Ta maman fière de son romieu 🤗

  • il y a 1 an
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