La dolce via 🇼đŸ‡č

Publiée le 22/11/2025
Villages, routes secondaires et p'tits plats auront été les ingrédients principaux de cette remontée de la botte : de Bari à Lucca

Etape 1 : de Bari Ă  Napoli

Bari - Bitritto - Castel del Monte - Venosa - Ruvo del Monte - Montella - Sirignano - Naples 

La premiĂšre Ă©tape de notre parcours italien a Ă©tĂ© de traverser la botte Ă  l’horizontal, de Bari Ă  Napoli, deux villes qui sont sensiblement sur une mĂȘme ligne : l’une dans les Pouilles, l’autre en Campanie; l’une baignant dans la mer Adriatique alors que l’autre voit le soleil se lever sur la mer TyrrhĂ©nienne : Adriatico et Tirreno. Nous ne nous arrĂȘterons pas dans les grands lieux touristiques des Pouilles car nous les avions dĂ©jĂ  parcourus l’annĂ©e derniĂšre en mode voiture. L’objectif est de rouler en dĂ©couvrant des endroits plus reculĂ©s et moins connus. 

La descente du ferry Ă  Bari se fait sous le soleil. Il fait beau et encore chaud, mais cela va un peu changer. Le temps d’un premier cafĂ©-cornetto dans le centre ville, de l’achat d’une carte routiĂšre au 200 milliĂšme, on dĂ©colle pour une petite Ă©tape : on a passĂ© une sale nuit sur les canapĂ©s du bateau et la pluie est annoncĂ©e en milieu d’aprĂšs-midi. Nous avons trouvĂ© un petit logement dans un village Ă  20 kilomĂštres, ce sera parfait pour la journĂ©e.

La route qui mĂšne de Bari Ă  Naples s’appelle « la via dei Borboni », route dont personne ne semble avoir entendu parler par ici 😳. Elle monte et descend Ă  travers oliviers et vignes. Le tracĂ© que nous suivons est assez physique, il y a beaucoup de dĂ©nivelĂ© de prĂ©vu dans les montagnes. Pour nous Ă©pargner un peu, nous prenons aussi la route principale, plus roulante et moins pentue
 quoique 😅 !

Nous percevons trĂšs vite les premiers signes de l’automne : pour nous c’est une premiĂšre car nous avons bĂ©nĂ©ficiĂ© d’un temps exceptionnel jusqu’ici. Les vignes ont rougi, le temps est beaucoup plus frais en matinĂ©e et il fait dix petits degrĂ©s Ă  la nuit tombĂ©e. Nous sortons nos maillots chauds pour rouler, la polaire et le coupe vent ne sont jamais bien loin, j’enfile ce dernier Ă  chaque descente, sinon ça caille ! Il faut dire aussi qu’on monte en altitude, on atteint jusqu’à 900 mĂštres. Les journĂ©es aussi sont beaucoup plus courtes, il fait nuit Ă  17.00 et il nous faut organiser le parcours en fonction si nous voulons profiter un peu de nos fins d’aprĂšs-midi. Du coup tout se raccourcit : Ă©tapes, pauses pique-nique, pauses tout court. On se laisse nĂ©anmoins toujours du temps pour un cafĂ© et un cappuccino dans la matinĂ©e 😁, ils sont de moins en moins en terrasse !

On traverse des villages mĂ©connus qui ont leur charme et qui sont loins de l’Italie des grandes villes. On fait nos courses dans de petites Ă©piceries avec des produits frais et rĂ©gionaux. On nous regarde de maniĂšre insistante et avec Ă©tonnement...ils ne doivent pas en voir passer beaucoup des zozos en vĂ©lo au mois de novembre ! Certains se lancent Ă  nous poser des questions, toujours surpris par notre pĂ©riple. Et comme c’est l’automne, mĂȘme si on a du mal Ă  en prendre conscience , c’est la fĂȘte des champignons et la fĂȘte de la chĂątaigne. Des stands de spĂ©cialitĂ©s locales, de la musique, une ambiance villageoise dont nous profitons le temps d’une soirĂ©e Ă  Montella. 

Pour les nuits, nous alternons entre camping sauvage, et logement en dur. Le seul camping que nous avions repĂ©rĂ©, qui est en fait un domaine magnifique en pleine nature, n’accepte que les camping cars 😳. Comme nous arrivons en fin de journĂ©e un peu avant le coucher du soleil, les deux italiens qui gardent les lieux nous autorisent Ă  y passer la nuit, Ă  condition que nous nous fassions passer pour des cousins venus de France en cas de contrĂŽle đŸ€­. Une fois partis et aprĂšs avoir pris soin de nous laisser une petite porte ouverte prĂšs du portail, nous nous retrouvons seuls dans ce grand parc. Nous sommes au pied d’un chĂąteau hexagonal illuminĂ© la nuit et c’est la pleine lune
 on nous a aussi avertis de la prĂ©sence Ă©ventuelle de renards. Malheureusement, nous n’en voyons pas 😱. Une nuit tout de mĂȘme magique dans le silence de la nature et un rĂ©veil au petit matin ensoleillĂ© pour un petit dej’ accolĂ© Ă  un muret afin de rĂ©cupĂ©rer un peu de la chaleur matinale. Sur ce parcours, le prix des logements est Ă©tonnamment cher, nous cherchons donc des solutions alternatives, cela fonctionne parfois. 

Une derniĂšre matinĂ©e Ă  rouler dans une grosse brume qui se lĂšvera petit Ă  petit rendant le paysage onirique et mystĂ©rieux, juste avant d’arriver dans la capitale de la Campanie : Napoli !


Paysages des Pouilles
L'automne est arrivé
Villages perchés

Napoli

Nous arrivons donc Ă  Naples 340 km plus tard. Nous y entrons par les quartiers nords. Cela n’a certainement pas le mĂȘme retentissement que d’arriver Ă  Naples par la voie aĂ©rienne ! C’est un dĂ©lire Ă  part entiĂšre d’arriver en deux roues, pour ne pas dire une douce folie inconsciente. On pensait qu’aprĂšs Istanbul, tout nous paraĂźtrait facile, c’était sans compter Naples 😅 ! Avant mĂȘme d’atteindre la ville, Ă  quelques kilomĂštres de celle-ci, alors que Jean-Luc attendait son tour dans une foccaceria, deux flics m’abordent et me conseillent de ne jamais laisser les vĂ©los sans surveillance. A les entendre, ils pourraient disparaĂźtre en un battement de cil ! Je me demande mĂȘme s’ils ne peuvent pas disparaĂźtre alors que je suis dessus đŸ˜±. Nous nous lançons donc dans le ventre de la ville avec une petite apprĂ©hension un dimanche en fin de matinĂ©e. Un chaos sans prĂ©cĂ©dent, une circulation alĂ©atoire, des scooters et des automobilistes qui se tirent la bourre, peu d’égards pour les rĂšgles de circulation et pour les deux vĂ©los que nous sommes. La route est faite de grands ou de petits pavĂ©s, de creux et de trous. Ils faut s’imposer, utiliser leurs rĂšgles, sinon on n’avance pas. Nous arrivons Ă  la fin d’une matinĂ©e de marchĂ©, Ă  quelques rues de notre logement qui lui se trouve dans une rue Ă©tonnement calme. Ça grouille, ça crie, tout se mĂ©lange : le bruit, les odeurs comme les gens. J’ai le regard pĂ©riphĂ©rique, les yeux Ă©carquillĂ©s, Ă©merveillĂ©e et troublĂ©e par ce premier impact. La ville m’apparaĂźt d’entrĂ©e comme complĂštement dĂ©lirante et trĂšs diffĂ©rente du reste de l’Italie. Cette premiĂšre vision se concrĂ©tisera les jours suivants : Naples est un ovni de la PĂ©ninsule, quelque chose d’à part qui a son propre univers, ses propres fonctionnements et dysfonctionnements. C’est une ville sans demi-mesure : soit on adhĂšre, soit on dĂ©teste. C’est une collision Ă  l’état brut. On se balade pendant trois jours dans les diffĂ©rents quartiers, chacun avec leur ambiance. Je suis surprise de voir Ă  quel point Maradona est prĂ©sent dans la ville : on ne compte plus les peintures murales Ă  son effigie : « Quand on aime, on n’oublie pas. ». Il rivalise avec le dieu de la ville, San Gennaro. J’ai posĂ© la question Ă  un Napolitain, pour savoir qui Ă©tait le dieu des dieux : il m’a fait un grand sourire sans rĂ©ponse 😂.

Une vue superbe aussi sur la baie et une excursion sur le VĂ©suve oĂč nous prenons le temps d’une visite : une petite randonnĂ©e jusqu’au cratĂšre plutĂŽt dĂ©cevante. On se confronte aussi Ă  la difficultĂ© d’organiser le trajet sans passer par des agences đŸ€Ż.

CĂŽtĂ© gastronomie, Naples n’a rien Ă  envier aux autres villes italiennes. Sa cuisine est excellente et la pizza est une redĂ©couverte gustative. On mange des glaces et on se balade en t-shirt l’aprĂšs-midi. C’est le retour des tempĂ©ratures douces et agrĂ©ables. Heureux d’avoir dĂ©couvert cette ville, nous reprenons nos vĂ©los pour la cĂŽte trois jours plus tard.


La baie de Naples, ville qui n’est pas plate du tout !
Joli bĂątiment au bord de la baie !
De la pente dans cette ville, donc beaucoup de scooters !
Quando si ama non si dimentica

Etape 2 : de Napoli Ă  Roma

Naples - Formia via Mondragone - Sabaudia - Ostia Antica (Roma) via Sperlonga


Nous quittons Naples un beau jour ensoleillĂ© et longeons trois jours durant la mer du cĂŽtĂ© de l’Adriatique. Nous traversons des villages balnĂ©aires dĂ©sertĂ©s par les touristes. C’est une douce remontĂ©e, des kilomĂštres Ă  rouler les yeux rivĂ©s sur la grande bleue que nous apercevons de haut ou de prĂšs. On quitte la Campanie Ă  Formia pour arriver dans le Latium, toujours par le  bord de mer. Les plages Ă  l’automne, on adore. Il faut dire que cette partie de la cĂŽte est protĂ©gĂ©e : on est dans un parc national, celui du Circeo, et c’est tant mieux, car ça reste sauvage et prĂ©servĂ©. Sur la route, les pins parasols ont pris la place des oliviers, les places de parking tout en longueur sont vides, elles deviennent notre piste cyclable 😁. On traverse des villages adorables : Mondragone et Sperlonga sont des haltes parfaites pour un cafĂ© ou un pique nique. Comme il n’y a personne, on bivouaque au bord de la plage ou prĂšs d’un lac. On se baigne mĂȘme le matin du 13 novembre dans les eaux claires de Formia en compagnie d’un Napolitain nomade. Plus tard, on fait un bout de chemin avec Marisa, une cycliste de Nettuno trĂšs sympathique rencontrĂ©e en route. Elle nous conseille aussi un super endroit pour le cafĂ©-crostata et un autre pour la pizza bianca
. notre voyage culinaire continue ! Accueil cinq Ă©toiles Ă  Ostia Antica par Marco, un ami de ma sƓur qui vit en retrait de la ville en pleine nature : des moutons, des chats, des chiens. Des grillades le soir prĂ©parĂ©es par le berger roumain (et non pas romain đŸ€­). On repart le lendemain pour rejoindre la gare de Rome oĂč nous prenons un train jusqu’à Viterbo : ce sera le dĂ©but de la via Francigena pour nous. Nous ne faisons pas de halte Ă  Rome que je connais bien et que nous avions dĂ©jĂ  parcouru avec Jean-Luc Ă  l’hiver 2023 en compagnie de Rafael. Le voyage en itinĂ©rance Ă  vĂ©lo, ce sont aussi des choix. On ne peut pas tout faire, tout visiter.

Littoral et ses plages encore baignables.
Sperlonga, superbe village en bord de mer.
ArrĂȘt pique nique
Maritozzo, dolce romano  fantastico ...😜

Étapes 3 : la via Francigena

Bolsena via Viterbo et Montefiascone - Proceno via Acquapendente - San Quirico d’Orcia - Siena via Radicofani - Poggibonsi via  Monteriggioni - San Miniato via San Gimignano - Lucca


ArrivĂ©s Ă  Viterbo le 15 novembre, il fait encore 20 degrĂ©s durant la journĂ©e. On enfourche nos vĂ©los pour aborder la derniĂšre Ă©tape de notre remontĂ©e de l’Italie 😅 : on s’embarque pour la via Francigena, voie mythique de pĂšlerinage Ă  pied, adaptĂ©e maintenant aux vĂ©los, qui va de Canterbury Ă  Rome. Il y a quelques variantes pour les deux roues mais elle est sensiblement la mĂȘme que pour les piĂ©tons. On sort notre topo que nous avions au fond du sac depuis des mois. On remonte vers le nord alors que l’itinĂ©raire et les traces que nous avons tĂ©lĂ©chargĂ©es descendent vers le sud
il faut tout inverser et lire les dĂ©nivelĂ©s Ă  l’envers 🙃 : toute une gymnastique qui nous fait prendre des sens interdits et tourner Ă  gauche au lieu de tourner Ă  droite 😅😅. En tant que pĂšlerins en itinĂ©rance, nous pouvons profiter des hĂ©bergements qu’offre le chemin. La plupart sont vides et nous nous retrouvons quasi seuls dans des dortoirs. Un soir, dans l’un des accueils pĂšlerins, rencontre avec un Romain qui nous fait une super « pasta all’amatricciana ». Tout autour, gravitent des ouvriers Égyptiens qui sont sur un chantier pour plusieurs mois dans le village. Une belle ambiance.

Le parcours de la Francigena est tout simplement magnifique. Nous nous retrouvons assez vite en Toscane, au cƓur des collines et des villages perchĂ©s. Nous baignons en pleine nature, roulons sur des sentiers et des pistes. Nous suivons sur plusieurs kilomĂštres les traces de l’Eroica, une course mythique dans la rĂ©gion. Elle suit en grande partie les « strade bianche » (routes blanches), avec des vues panoramiques sur les collines et villages alentour : c’est sublime ! On monte et on descend, chaque hameau se mĂ©rite ! Heureusement, nous avons un peu d’entraĂźnement 🩿!  En Toscane, les couleurs de l’automne sont  bien installĂ©es. Des feuillus jaunes, de la vigne rouge, des pins parasols, des oliviers et des cyprĂšs qui restent toujours verts, la Toscane est un dĂ©cor de carte postale Ă  elle seule. Nous avons de la chance avec le temps, le ciel se charge de nuages mais jamais de pluie quand nous roulons. Il y a toujours de trĂšs belles Ă©claircies et on se rĂ©gale
.encore😁. C’est une trĂšs belle façon de terminer notre pĂ©riple. On s’arrĂȘte Ă  Lucca, dernier village oĂč nous arrivons en pĂ©dalant. Ensuite ce sera train et car jusqu’à Annecy, aprĂšs avoir fait un petit dĂ©tour par VĂ©rone pour retrouver un compagnon de route rencontrĂ© en Turquie. Un dernier petit moment sympa dans le petit train direction VĂ©rone via  Poretta Terme : on tombe sur un wagon entier d’Italiens en route pour une journĂ©e de dĂ©gustation; ils se promĂšnent avec un verre autour du cou et tournent au champagne đŸŸđŸŸ. Comme nous n’avons pas de verre, ils nous offrent un bon fond de bouteille que l’on boit au goulot ! Ça nous rĂ©chauffe, et cela tombe bien car le froid arrive Ă  grands pas depuis hier : il pleut, il neige en hauteur
 en synchronicitĂ© parfaite avec notre voyage, on ne pĂ©dale plus đŸ€©. Hormis les douze jours de pluie en Allemagne fin juillet, plus une goutte n’est tombĂ©e sur nos tĂȘtes ! On y a toujours Ă©chappĂ©, mĂȘme quand le ciel se montrait menaçant.

On est refait. 6200 km de parcourus, trois crevaisons, des sourires et des rencontres plein les poches đŸ€—. Que du bonheur en barre 🍀🍀🍀.

La via Francigena
Routes de toscane

Paysages toscans
Beaux ciels le long des « strade bianche », fameuses pistes blanches top à rouler !
Belles lumiùres et couleurs

Décors typiques.
San Gimignano un jour de marché

Fin de la premiĂšre partie

Voilà pour la premiÚre partie de notre année sabbatique.

Nous allons tout bientĂŽt poser nos vĂ©los Ă  Annecy, prendre quelques jours entre la France et la Suisse pour nos familles et nos amis. Malheureusement, nous ne pourrons pas voir tout le monde 😱😱. On repart le 2 dĂ©cembre pour Santiago du Chili. Une deuxiĂšme partie dont nous nous rĂ©jouissons beaucoup. LĂ , on est Ă  fond dans la recherche d’un van Ă  acheter đŸ€—.

Le blog reprendra Ă  la mi-dĂ©cembre, un peu avant les fĂȘtes. Un grand merci Ă  toutes celles et tous ceux qui nous suivent. À bientĂŽt. A presto. See you soon. Hasta la vista 😁.

3 commentaires

Catherine

supercat

Un immenso grazie di averci fatto viaggiare e sognare con voi! L’Italia rimane l’Italia! ❀Un abbraccio!

  • il y a 2 semaines

santa

Quel périple. 6200 kms il fallait le faire.
On attend impatiemment la suite en Amérique du Sud.
Bizzz

  • il y a 2 semaines
Max

xamlartem

Coucou les Jeunes
Encore une belle derniĂšre partie de 1er partie
6000 bornes c’est quand mĂȘme quelque chose,
bravo . ,vous ĂȘtes vraiment trop forts.
Et merci Ă  vous deux pour avoir partagĂ© cette expĂ©rience qui nous a fait rĂȘver et dĂ©couvrir, via un rĂ©cit de voyage Ă©crit avec le cƓur
À bientĂŽt pour la suite en AmĂ©rique latine
Merci đŸ™đŸ»

  • il y a 2 semaines