Dresden.

Publiée le 29/01/2015
Un week-end dans la capitale de la Saxe...

    À la mi-novembre, le CMK (Carolus Magnus Kreis), organisation d'amitié franco-allemande qui s'occupe entre autres des assistants de français en Allemagne, nous avait convié à un séminaire dans la ville de Dresde le temps d'un week-end. Il était cependant encore trop tôt pour assister au fameux marché de Noël, le plus ancien du monde, et ce n'était pas non plus le moment des fameuses manifestations PEGIDA qui défraient la chronique depuis la fin octobre en Allemagne.

    Lors de ce séminaire, nous fûmes, entre autres, initiés aux rudiments du sächsische Sprache, le dialecte régional. C'est que du fait de la tardive unification allemande, les langues régionales ont gardé beaucoup de vigueur. Le Bavarois est certainement la plus connue, mais il en existe évidemment d'autres. En Saxe, Gugge ma da ! est ainsi une injonction dérivée de l'Allemand Guck mal da ! et signifie à peu près "regarde un peu ici". Voilà, vous savez tout.

    Séminaire en journée oblige, nous ne vîmes la ville que de nuit. Celle-ci du reste tombe relativement tôt à cette période de l'année - aux alentours de seize heures. Ayant manqué mon bus pour Dresde, j'arrivai fort tard le vendredi soir ; une mauvaise lecture du plan de la ville me fit ensuite tourner dans la ville pendant plus d'une heure avant d'arriver à destination. Cela me permit d'apprécier les étonnants contrastes de cette ville. Dans le quartier de la gare, les grandes avenues sont bordées par des barres d'immeubles qui ne sont pas sans rappeler l'époque communiste. Mais plus au centre, c'est la ville historique, la capitale de Frédéric-Auguste, roi de Saxe, avec ses palais et ses monuments rénovés, et dont se dégage une impression de luxe qu'on ne s'attend pas forcément à trouver de prime abord en ex RDA.

Au bord de l'Elbe...

    Surnommée la "Florence de l'Elbe", Dresde fut quasiment complètement détruite par les bombardements anglo-américains lors de la deuxième guerre mondiale, qui firent plus de vingt mille morts entre le 13 et le 15 février 1945. L'effort de reconstruction, entrepris dès l'époque de la RDA, s'est achevé il y a une dizaine d'années seulement, avec la Frauenkirche. L'église Luthérienne, qui était auparavant considérée comme une des plus belles d'Allemagne, fut entièrement détruite en 1945 et finalement reconstruite entre 1994 et 2005. Une longue file d'attente devant le bâtiment nous fit cependant renoncer à sa visite. En tout cas, de l'extérieur, l'impression de "neuf" est vraiment étrange. Et de là, la question dérangeante : quelle est l'histoire que nous voulons garder, transmettre ? Une église complètement détruite n'a-t-elle pas autant de valeur, du moins en ce qui concerne le témoignage, qu'une réplique - car c'est de cela qu'il s'agit - d'un ancien monument détruit ?

     Reconstruit dans les années 1980, l'opéra de Dresde est lui célèbre pour avoir servi de décor pour la publicité de la Radeberger, la bière locale... à tel point que certains se figurent qu'il s'agit... de la brasserie Radeberger, et non pas de l'opéra ! [véridique].

    Sur la place devant l'opéra trône une statue équestre de Jean Ier, qui fut le dernier roi de la Saxe avant l'unification allemande. Il faut dire que Dresde s'est beaucoup développée sous l'influence de ses princes électeurs - puis rois de Saxe - au XVIIIe siècle, ceux-ci étant des figures typiques de ce qu'on appelé le despotisme éclairé. Frédéric-Auguste, qui devint le premier roi de Saxe, était dans cet esprit un fervent soutien de Napoléon. Une immense mosaïque, plus grande fresque en porcelaine du monde, composée entre 1872 et 1876, rend d'ailleurs hommage aux souverains de Saxe, véritables maîtres du lieu.

Sympa la brasserie.
Par contre, le tenancier...
Vertigineux...
25000 carreaux de porcelaine.
Non, ce n'était pas Pegida.
La "nouvelle" Frauenkirche.
Sur les bords de l'Elbe...

Der Zwinger.

       Parmi tous les monuments que compte Dresde, le Zwinger est certainement le plus important. Cet immense château, qu'Auguste II fit construire au début du XVIIIe siècle, fut un des premiers monuments remis en état après la seconde guerre mondiale. Comme pour les autres bâtiments reconstruits, on peut distinguer les parties brunies, qui datent des bombardements. 

    Le Zwinger tire son nom plutôt curieux des murs de l'ancienne forteresse de Dresde, à l'emplacement desquels il fut construit. Situé en plein cœur du centre historique de Dresde, bordé par l'Elbe, ce palais baroque est d'une magnificence absolue. À une époque où le modèle absolu du souverain incarné par Louis XIV était très en vogue en Europe, et particulièrement chez les princes Allemands, l'érection d'un tel palais en plein cœur de Dresde répondait à des objectifs politiques évidents. Il faut tout de même noter que durant la première moitié du XVIIIe siècle, les électeurs de Saxe étaient en même-temps rois de Pologne. Il résidaient donc à Varsovie, et le Zwinger était avant tout un lieu dédié aux festivités.

Pour vraiment découvrir Dresde, il ne faut pas se limiter à l'Altstadt, mais franchir l'Elbe pour la Neustadt. La ville-neuve, quoique pas si récente que ça, est le véritable cœur vivant de Dresde : c'est là que tout se passe pour la vie de nuit, où sont les bars dans lesquels les jeunes se retrouvent. Bref, le Zwinger comme lieu de festivités, c'est démodé...

L'enceinte du Zwinger.
Parfois, Jean Ier descendait de cheval...
Comme l'impression d'être observé...
Baroque jusque dans la juxtaposition des époques.
Que d'eau, que d'eau...
comment ne pas perdre la tête...
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