La vie sauvage

Publiée le 11/03/2016
Marre d'être considérés comme des vaches à lait... Marre d'être malades à répétition... changeons de façon de faire!

Après notre départ de Thakehk, on se décide à redevenir vraiment autonomes, notamment en faisant nous même nos repas (on dormait deja en sauvage). Il faut certes un peu plus d'organisation, et c'est certainement un peu plus crevant, mais ça vaut le coup, à nos yeux. La vie sauvage, c'est vivre dehors, 24h/24, sans aucune contrainte hormis celle de la nature (si c'en est vraiment une...). On vous raconte ces 10 jours ...

La monture de Clément, et sa nouvelle sur-selle efficace.
Cramé, désolé, inhabité, mais traversé avec succès.
Du relief, qui apparaît sans prévenir après des jours de plat.

Autonomie = on cuisine !

Plus de camping gaz, ou de popote comme cet été. On se lance dans la cuisine comme à Chi Phat,  avec "juste" un fait-tout et un feu de camp.

Au bout de deux jours, Clément maîtrise la cuisson au feu de bois (merci La Horn!). Pour ça,  il lui faut trois cailloux un peu gros, pour y poser la casserole et permettre à l'air de circuler afin d'obtenir un feu qui tient. Grâce à notre trek cambodgien dans la jungle, on a aussi appris à ne pas brûler trop de bois pendant la cuissson: il faut disposer les branches en étoile,  seul un bout brûle. 

Le meilleur magasin qu'on ait jamais croisé au Laos. On y achètera notre fait-tout (2$), ce qui nous rendra 100% autonome ( faudra quand même acheter les ingredients)

Et on cuisine quoi ?

Une cuisine hyper simple, mais qui cale: du riz (très souvent en grains, parfois en pates), et des légumes achetés au marché (genre chou, carottes, oignons, échalotes, poivrons, courgettes...), et d'autres dont on connaît pas le nom!  On achète aussi des oeufs (tous les 3/4 repas), et des fruits, systématiquement (bananes, pommes, et litchi - le kilo de litchi qui disparaît en moins de deux....). On a réussi à faire des oeufs à la coque (bon, ça devait être des oeufs durs a la base...) et une compote pommes/bananes dégustée les pieds dans l'eau.

Chaque virée au marché (environ tous les 2 jours) est presque synonyme de fete: on achète bien sûr ce qu'il faut pour nos repas, et on s'autorise des petites douceurs qui sont de vrais poisons: beignet, banane fries (une bombe calorique!), spécialités du coin en tout genre. 

Faire nos courses (extras inclus) nous revient à environ 5/6 euros pour deux jours et pour nous deux: 1 kg de riz, 2/3 poivrons (légume assez "cher" ici), 1 kg de chou, 1,5/2 kg de banane (vendue en régime, fruit le moins cher de toute l'Asie), 1kg de pomme ou de litchi (presque 2€ le kilo), quelques carottes, quelques tomates, 6 oeufs et une ou deux cochonneries ( ;) ). Bref, avec notre petit budget quotidien, on est sûrement les pires touristes qu'il soit! 

Technique des 3 cailloux. Cuisson contrôlée, repas assuré.

Autonomie = dormir dehors, sous la tente

Pour avoir un bon coin dodo, quatre éléments rentrent en jeu: l'eau, le bois (et les cailloux), le calme et le plat. 

Bon, les fourmis restent meilleures en fabrication de lit. Regardez, elles tissent une espèce de papier pour assembler les feuilles des arbres encore vivantes.
En dehors des quelques 'grands' axes bitumés, c'est ça le Laos du Sud.

De l'eau !

L'eau, c'est vital. De préférence vive, bien qu'on ait une fois choisi un coin avec eau stagnante (près d'un grand lac). C'est certainement l'element le plus important: pas d'eau -> pas de cuisine ou de douche. Et pour avoir déjà trimballé de l'eau, on sait que c'est vraiment pas pratique. Heureusement au Laos, c'est assez facile de trouver de l'eau. On essaie aussi d'être en amont du village, ou des champs de vaches, histoire de pas récupérer trop de cochonneries. Ça nous a jamais rendus malades.

L'eau, c'est le lien social, au Laos comme au Cambodge. Combien de fois on a vu les femmes venir ensemble à la rivière pour s'y laver, rigoler, et les gamins  enir entre copains pour la corvée de lessive. Ça donne une toute autre dimension, et ça rend plus responsable quant à sa consommation. Quand ce n'est qu'un filet d'eau, on s'en sert au mininum. Mais quand il s'agit d'une large rivière drainée par des kilomètres de cailloux, de mousse, c'est journée lessive! (Au savon de Marseille) (et pas de remords, on a vu plus d'un scooter être nettoyé dans ces rivieres)

Camping sauvage: Tranquille!
Camping sauvage:  Clément '' Joyeux anniversaire Laure. En cadeau, je t'offre la liberté''.

Du feu !

Côté ressources naturelles, il nous faut surtout du bois, pour, logiquement, faire un feu. Avec un bois très sec ici, ça part très vite et ça chauffe bien. Trouver trois gros cailloux pour faire le trépied de la casserole est un plus, mais on peut faire de sans.

Camping sauvage: dormi sous les bananiers. Un chasseur qui passe, carabine à l'épaule,  et qui repasse 1h plus tard, dans la nuit noire, un écureuil accroché à la ceinture...

Du calme !

Du calme, un autre élément qui importe. Ou du moins, de l'éloignement de l'activité humaine. On ne veut déranger personne, mais aussi ne pas être (trop) dérangé par tous ces petits curieux. Deux petits blancs qui passent en vélo, c'est une chose. Mais deux petits blancs qui installent leur tente pour pour dormir et manger la, ça crée sourires, questionnement et même incompréhension. Nombreux sont ceux qui nous ont fait comprendre qu'on ne pouvait pas dormir ici, mais chez un tel. Après tout, on ne peut pas aimer dormir dehors... 

Oula, mais qu'est ce que c'est que cette brume. Ouf, ça se dégage dès 8h, pour redevenir cagnard.

Petite anecdote, le premier jour 100% autonomie, après avoir acheté notre nourriture, on s'est vus être invités à une fête entre copains. Il est 15h, et nous voilà à boire des bières (coupées aux glacons), au milieu d'une dizaine de policiers. On est restés 6h parmi eux, à essayer de se comprendre (un seul parlait un peu anglais). On a assisté à la mise à mort d'une chèvre, tuée parce qu'aveugle, et à sa cuisson. Les hommes, Clément inclus, ont pu goûté les entrailles, toutes ayant des vertus bénéfiques (très simple: le foi, c'est bon pour l'immunité, le cerveau, pour l'intelligence, les testicule pour la masculinité...). A la fin de la soirée,  certains se chamaillaient pour nous héberger. Résultat, il faisait nuit noire, et on n'avait pas de coin au calme. On nous a casés à 30m de la fête (où la musique jouait encore), sur la terrasse d'une ancienne maison. 

Autre fait important, qui nous prive de calme; la musique. Elle est partout au Laos, et à longueur de journée, et même de nuit, et jouée hyper forte. En général,  c'était des musiques laotiennes ou des chants bouddhistes. Ne nous leurrons pas, c'est pas trop notre truc ;) bref, on a dû quelques fois mettre des boules quies. Paradoxal en pleine nature, non ?

Quand on nous propose de boire un coup, on dit souvent non. Parcequ'on sait que ça s'arrête jamais. On appelle ça entre nous un 'traquenard '. Pas loupé cette fois la.
Camping sauvage: tente rangée, Clément a fait monter des gamins dans les arbres. Saurez vous trouver combien il y en a? Pas d'exploitation, ils ont été gracieusement payés en bonbons.

Du plat !

Certains estiment qu'il faut savoir dormir n'importe où,  pour ainsi se roder "au cas ou" on n'ait pas le choix la fois suivante. Nous, en général,  on choisit justement nos coins assez tôt pour pouvoir rectifier le sol, quitte à creuser, aplanir, enlever racines et gros cailloux. Bref, pour obtenir un sol à peu près plan. Clem à trouvé une pelle au bord d'un lac. Aussitôt trouvée, aussitôt adoptée! Elle nous a bien servi, notamment la dernière nuit dans le pays: on a réussi à annuler une pente (sortez pas la pelleteuse, c'était que de quelques degrés!) bien bossue.

Le foin est aussi devenu à nos yeux un matériau utile: il aide à allumer le feu mais est surtout le bienvenu sous nos vieilles carcasses, pendant la nuit. Notre petite mousse achetée en Thaïlande n'etait pas suffisante, mais ajoutez le foin et c'est parfait! Et ça isole bien, en plus.

On a aussi testé, à défaut de foin, avec des feuilles de bananier et des feuilles sèches, mais la, on est loin du confort.

Camping sauvage: cette paillasse de 30cm d'épaisseur garantit une nuit douce et réparatrice.
Camping sauvage: à 2km de la frontière vietnamienne, pas terrible, mais après avoir nivelé le sol avec la pelle que Clément a trouvée y'a une semaine, on a pu dormir correctement. Et y'avait de l'eau limpide et fraîche!

En bref ...

Pendant donc 10 jours, on a vécu dans la nature, très souvent sous et avec le soleil, sans jamais mettre le pied dans un bâtiment fermé. 

On s'est readapté: faire du vélo et dormir en guesthouse ne nous comblait pas assez. L'autonomie totale nous a permis de trouver un vrai rythme et d'avoir, une fois couchés, le sentiment d'avoir passé une vraie bonne journée. Les journées étaient bien remplies entre le vélo, le coin dodo à trouver et à préparer, la nourriture, à acheter et à cuisiner, la lessive et toilette, les rencontres...

5 commentaires

JennyEmericMichelle

je ne me lasserai jamais de lire vos récits....c 'est tellement exaltant et incroyable, vous êtes super débrouillards et malins...Sacré force de caractère aussi et une très très belle complicité, vous vous êtes bien trouvés tout les 2 bisous (Mum)

  • il y a 8 ans

Bebelle

Et maintenant ?

  • il y a 8 ans

Bebelle

La Malaisie ?
Repos, farniente, baignade extc......
Enfin si vous acceptez de vous réadapter au tourisme à la française.
Prenez soin de vous.

  • il y a 8 ans

Mathias

Sympa les pistes !!

  • il y a 8 ans

Fanny

J'aime toujours autant vous lire et suivre vos périples. Je vous admire beaucoup tous les deux. Faites-nous encore rêver.

  • il y a 8 ans
14 Voyages | 46 Étapes
Lak Sao, Province de Borikhamxay, Laos
Étape du voyage
Début du voyage : 01/02/2016
Liste des étapes

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