Mont-Louis, Gaspésie : un accueil chaleureux dans le grand froid !

Publiée le 04/05/2019
Je rêvais de retourner au Québec pour y vivre l'hiver polaire. L'univers a voulu que je me retrouve hébergée par une famille vivant dans une coopérative d'habitants en pleine campagne québécoise : une aventure surprenante !

J'adore la neige !

J'aime l'hiver, le vrai ! 

J'aime la magie de la neige qui recouvre tout et enveloppe les bruits, le paysage qui change, le froid sec et dynamisant ! Le calme dans la forêt où les bruits sont étouffés par le manteau neigeux. J'aime les glissades et les paysages tout blancs des Alpes.

Bref, un hiver sans neige, ça me déprime ! Or, ces 10 dernières années, avec le réchauffement climatique, je n'ai pas été gâtée en neige et en froid. Alors depuis mon passage au Québec à l'été 2017, où les habitants n'avaient eu de cesse de me vanter la beauté, le froid et les mètres de neige de leurs hivers, j'avais au fond de moi le désir de vivre un hiver québécois ! Avec tout l'art de vivre que cela implique :) Et en effet, j'ai pu observer que la  chaleur de l'accueil de nos cousins outre Atlantique était inversement proportionnelle à la froideur de la température (-15°C en moyenne) !

La première fois que je vois la banquise : la mer gelée !

Un voyage vers le bout du monde

Avant de partir je rencontre une personne qui me recommande chaudement une famille dans laquelle il a vécu une très belle expérience de wwoofing (volontariat dans des fermes). C'est ainsi que j'écris à Yan et Emma qui habitent Mont-Louis, un village de 500 âmes en Gaspésie, très belle région sauvage entre montagne et mer. Ces derniers me répondent qu'ils m'accueilleront volontiers chez eux, bien que le travail agricole soit au point mort compte tenu du mètre de neige qui recouvre tout le paysage alentours. Ils m'indiquent qu'ils auront tout au plus besoin d'un coup de main pour s'occuper de leurs deux enfants de 3 et 6 ans. 

Il ne me reste plus qu'à caler mes plus chauds vêtements dans mon sac et à embarquer pour l'aventure ! Ce n'est pas une mince affaire de se rendre en Gaspésie en plein hiver sans voiture personnelle. Une fois arrivée à Montréal il me faut dénicher un covoiturage, or les personnes qui se rendent dans cette lointaine contrée peu habitée sont d'autant plus rares en hiver où le tourisme est ralenti ! Je trouve un char (comme on dit ici) en partance pour Gaspé, mais le trajet est annulé à cause d'une tempête de neige qui rend la conduite impossible. Nous partons finalement 24h plus tard, sous un épais brouillard... L'autoroute est toute blanche mais cela ne semble choquer aucun de mes 3 compagnons de route. Nous mettons plus de 10h pour atteindre Mont-Louis et il fait déjà nuit !

Je suis accueillie par Emma et Yan, sourire aux lèvres et leurs deux enfants pétillants et à croquer. Ils habitent la dernière maison sur la route entre le village et la forêt. C'est un grand chalet tout en bois sur le flanc de la colline, avec de grandes fenêtres qui permettent de profiter pleinement du paysage. Tout est blanc, recouvert d'un épais manteau de neige. 

Pendant quelques temps je vais partager leur quotidien : l'activité est ralentie par l'hiver. On prend le temps de se reposer, ici c'est ok d'être moins productif. 

Ce que je découvre c'est qu'ils sont très entourés par leurs voisins et amis : chaque jours des personnes passent pour dire bonjour, acheter des oeufs des poules, prendre un thé ou jouer sur le piano. J'observe des liens forts d'entraide et beaucoup de chaleur humaine, comme pour aider à traverser l'hiver glacial. 

Je suis au bout du monde, perdue au fin fond de la Gaspésie à 10h de route de Montréal (quand la route n'est pas bloquée par la neige et le vent), et étonnement je ne me sens absolument pas seule, au contraire ! La famille est entourée, les liens avec le voisinage sont forts et quotidiens. L'ambiance est bienveillante, joyeuse, festive ! Les personnes sont engagées : j'assiste à une réunion de citoyens qui s'organisent pour lutter contre les projets de forage pétroliers d'une grande entreprise canadienne dans la région.

La maison :)

C'est en vivant cette expérience que je découvre qu'il est possible de vivre à la campagne sans être isolée, voire en l'étant moins que dans une grande ville ! Ici je vois passer plus de monde chaque jour que dans mon quotidien de jeune célibataire à Lyon. J'ai certes depuis longtemps l'envie d'habiter plus proche de la nature, mais la peur de l'isolement que je relie à la campagne m'a toujours freinée dans mes projets.

Les personnes qui forment cette petite communauté qui partage des valeurs de vie plus sobre, respectueuse de l'environnement et des personnes, ne sont pas arrivées là uniquement par hasard. J'apprends que c'est à l'origine un groupe d'amis qui s'est rencontré dans l'auberge de jeunesse de la ville voisine et qui a décidé de prendre une coloc dans ce village de Mont-Louis où ils aimaient passer des week-ends. Ils avaient la vingtaine et partageaient une utopie : un lieu de vie à la campagne où ils produiraient leur nourriture et vivraient avec leurs amis. Et puis un jour, la maison de la coloc a été à vendre ainsi que l'immense terrain de 16 hectares... le tout à un prix intéressant car c'était une liquidation judiciaire. Ils ont acheté et chacun a pu s'installer avec sa famille. Enfin, la maison et le terrain étaient dans un sal état, pas entretenus depuis des années. Ils ont tout nettoyé et rénové.

Aujourd'hui ils partagent une grange et une cuisine professionnelle (pour faire les bocaux pour l'hiver), une chambre froide et des outils. Une coopérative a été créée pour permettre aux habitants de lancer des activités et de nourrir le collectif : pépinière, boulangerie, maraichage bientôt... Il s'agit du Levier des artisans.

D'autres maisons ont été construites sur le terrain pour permettre à de nouvelles personnes de s'installer. Le projet a attiré des personnes qui viennent de loin pour s'installer dans le coin ou dans les villages environnants. Comme quoi une telle dynamique rayonne ! Je verrai par la suite de mon voyage que les habitats groupés ont souvent un impact bien au de-là de leurs habitants.

L'histoire de Mont-Louis me fait rêver : une bande de pots qui s'installe en coloc dans un village et qui se lance dans la concrétisation de leur utopie...!

Je découvre le ski de fond : j'adore !

Quelques tempêtes de neige plus tard, alors que je suis sur le retour, un ami me partage un article sur les écovillages en France. À la fin de l'article un lien m'emmène vers un annuaire d'écovillages. Deux clics plus loin je suis sur le site d'Ecoravie, un habitat partagé intergénérationnel et écolo dans la Drôme qui fait parti du réseau Oasis Colibris. Ils proposent justement un chantier participatif début mars...

Ballade dans les bois
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