Une écuelle qui se glace grâce à des produits chimiques...
Aujourd'hui, 15 juin, le Professeur Naso et le Docteur KI se sont rejoints de nouveau pour une expérience de chimie au parc Barnaby Fulton. Le parc étant désert, toutes les expériences étaient possibles. Soudain, un grand et mystérieux objet circulaire jaillit de l'obscurité, propulsé par un jet de lumière bleutée. On aurait dit une grande soucoupe aplatie. Naso et KI se couchèrent au sol, tandis que la soucoupe volante se posait en soulevant une vague de poussière. Les deux chimistes coururent se réfugier derrière un buisson, oubliant le pain au chocolat de Naso
- Quel idiot ! S'écria KI, après s'être rendu compte de l'oubli de son camarade.
- Bon, j'y retourne, fit Naso courageusement.
- Vraiment ? Tu as si faim que ça ?
Ne répondant pas, le chimiste bondit du buisson et fondit sur le pain au chocolat. Mais, avant que Naso n'attrape la pâtisserie, un jet bleu sortit des armes des petits aliens noirs et dorés qui venaient de sortir. Le chimiste esquiva, mais resta figé devant les extraterrestres. Inquiet, KI bondit dès qu'il entendit le tir. Il trouva Naso figé de peur. Derrière lui, le banc et le pain au chocolat étaient froids et recouverts de glace. La tête dorée et circulaire d'un des mini-aliens pivota. Quand il parla, deux dômes en verre au sommet de son crâne s'illuminèrent lorsqu'il parla :
- Vous êtes inférieurs. Nous sommes les Kadels. Je suis l'Empereur des Kadels. La planète Terre sera atomisée et vous serez exterminés si vous ne réussissez pas à accomplir le défi suivant : si vous réussissez à créer la même réaction chimique qui se produit dans nos lance-glaçons, nous épargnerons votre planète.
La voix de l'Empereur des Kadels était ample, profonde, grave et métallique. KI eut l'impression que le monde devenait glacial autour de lui
.- Vous avez deux-cent-cinquante rels pour créer cette réaction, ajouta l'Empereur. Deux-cent-cinquante rels correspondent à quatre heures terrestres.
Et le minuscule alien disparut dans la soucoupe, non sans avoir lancé un minuscule chronomètre qui grandit jusqu'à avoir la taille d'un chronomètre humain. L'objet atterrit dans la paume de KI, et ce dernier y jeta un œil. Il semblait en or et était gravé de magnifiques symboles rappelant les glyphes des civilisations anciennes. Au centre, une aiguille rouge et fine trottait, tandis que, en dessous, un minuscule écran affichait : 03 H 58 M 33 S Naso et KI levèrent simultanément la tête en entendant un son étrange : la soucoupe volante s'était élevée au dessus du sol et grandissait. Elle atteint bientôt la taille du kiosque de la place B. Fulton et continua à grandir. La soucoupe s'arrêta lorsqu'elle eut la taille de trois terrains de rugby mis bout à bout. Alors, deux portes s'ouvrirent de chaque côté du vaisseau, et des centaines de Kadels en jaillirent, ayant maintenant taille humaine. Au même moment, une trappe gigantesque pivota sous le ventre de la soucoupe et un énorme canon en sortit. A la pointe de ce dernier, une lumière bleue brillait. Il tourna pour viser Naso et KI. La voix de l'Empereur retentit :
- Vous n'avez plus que 225 rels, soit trois heures trente minutes. Bougez où vous serez détruits !
KI jeta un regard à Naso, et ils bondirent vers la droite. Le canon ne tira pas, mais deux Kadels géants sortis des entrailles du vaisseau se lancèrent à leur poursuite et leur tirèrent dessus. Ils esquivèrent, et montèrent dans la vieille Renault cabossée de Naso. Ce dernier démarra dans un nuage de gaz d'échappement, ce qui surprit les Kadels, qui restèrent interloqués quelques instants. Naso en profita et appuya sur le champignon. La vieille guimbarde brinquebalante bondit en avant dans un couinement et un grondement spectaculaires. KI hoqueta en voyant le compteur de vitesse : 180 km/h ! Il se retourna et aperçut les deux Kadels qui fonçaient derrière eux. Heureusement, ils étaient arrivés à la faculté de la ville de Mel-Chemistry, située avenue Julius Kelp. KI bondit hors de la Renault, et Naso l'imita, pour se précipiter vers la porte et composer le code à toute vitesse. Mais, KI trébucha, et Naso continua à courir. Une fois à l'intérieur de la salle principale, Naso verrouilla la porte, piégeant son ami dans le hall, puis se réfugia dans la salle haute sécurité, qu'il scella.
Il mit quelques secondes à comprendre son erreur : une fois scellée, la
salle haute sécurité est hermétique, et rien ne peut ni sortir ni
rentrer. Naso était piégé. Puis, il constata que KI n'était pas avec
lui, et se rendit compte de sa deuxième erreur : sans KI, il
n'arriverait jamais à créer la réaction chimique, et encore moins dans
les temps. En plus, c'était KI qui avait le chrono, et, en scellant la
salle, Naso avait fermé la fenêtre de la porte hermétique, qui donnait
sur la seule horloge...
KI
reprit ses esprits quelque minutes après avoir été heurté par la porte
HS (Haute Sécurité). En se retournant, il vit les deux Kadels à travers
les portes vitrées de la faculté J. Kelp. L'un d'eux tenait une sorte de
chalumeau dans sa pince métallique. Le chimiste tourna la tête vers la
porte de la salle principale avec espoir. Fermée. A
clef. Il essaya de donner un coup de pied dans la porte, en vain. En se
retournant, il s'aperçut que les Kadels avaient presque fini de
découper la porte. KI sortit le chronomètre de sa poche : 2h50...
L'avenir de la Terre dépendait d'eux. Soudain, les deux aliens
arrêtèrent de découper et l'un d'eux lança :
- Humain Arnold KI ! Transmission en cours de la part de l'Empereur !
Puis, la voix plus grave de ce dernier retentit :
-
Alors, messieurs les savants ? Avez vous créé la réaction ? Il ne vous
reste plus que 110 rels... A peine deux heures et demi avant l'invasion
de votre jolie planète ! Alors, dépêchez-vous !
Le
chalumeau de l'autre Kadel reprit, et la porte fut coupée. Terrifié, KI
se colla à l'autre porte et donna des coups dans cette dernière. Sur le
côté d'un des Kadels, son lance-glaçons se replia et un tube prolongé
par une seringue se déploya. Son bras métallique subit le même sort que
l'arme, et un autre tube, moins long et plus large en sortit. KI frappa
la porte encore plus fort, mais le verrou électronique ne céda pas. le
tube le plus long se dirigea vers lui, et la seringue jaillit.
Lorsqu'elle se planta dans son bras, KI sentit le monde tourbillonner,
et vit un filet s'abattre sur lui, avant de perdre connaissance pour la
deuxième fois cette nuit...
Naso avait prévu une astuce pour créer la réaction, même s'il n'avait pas du tout prévu qu'il serait seul. Il avait emporté le pain au chocolat dont, à l'aspect, on aurait pu déduire qu'il avait passé plusieurs mois dans un congélateur. A l'aide d'une pince à épiler, il prit un copeau de glace bleuâtre et la passa au microscope. Des milliards de bactéries étaient en train de déambuler sur le morceau gelé. Décollant son regard du copeau, Naso sortit une boîte de Pétri et déversa du chlorure de calcium (CaCL2) et de la poudre de zinc (ZN), ainsi que quelques millilitres d'eau. Il ne se passa rien. Naso retenta l'expérience, mais sans zinc. Et là... L'écuelle se mit à chauffer !
KI ouvrit les yeux. Il était étendu sur une surface froide et lisse. autour de lui, il reconnut le paysage futuriste de la soucoupe volante. Au milieu d'une sorte de toile d'araignée, l'Empereur des Kadels resplendissait, dans son armure noire et or.
- Bienvenue chez nous ! Tonna l'Empereur. Nous avons vu que vous êtes fort en chimie ! Vous allez être conduit à Sarko, notre planète natale. Scan demandé !
Une lueur bleue se fixa sur le visage de KI et il il sentit comme si on le siphonnait.
Un Kadel le força à s'allonger sur une drôle de machine, comme une IRM. KI passa dans le tunnel et, en ressortant, vit que quelque chose sortait d'une cuve bleue…
Naso était sûr d'un point : il fallait de l'urée (NH2) pour la réaction. Mais il fallait aussi un autre produit, qui optimisait le froid. Du sulfate de cuivre (CuSO4) ? Où peut-être juste plus d'eau… Malencontreusement, il poussa du coude un flacon, qui répandit ses cristaux dans la boîte de Pétri. Et là, miracle ! C'était du nitrate de calcium Ca(NO3)2 ! La boîte refroidit tellement que, quand Naso posa un morceau de plastique dans le liquide, ce dernier se recouvra instantanément d'une couche de glace bleue ! Naso se rappela alors qu'il était piégé. Avait-il mis plus du temps imparti ? Peut-être. Il n'avait aucun moyen de le savoir.
KI bifurqua dans l'avenue Julius Kelp, puis entra dans la faculté du même nom. Il analysa rapidement la situation : la porte Haute Sécurité était verrouillée, et le reste de la salle de tous les dangers (radiations, poisons, acides) était dévasté, sans doute par les Kadels. C'est alors qu'il entendit un bruit : Tap tap tap tap. Il se tourna vers la porte HS. Le visage de Naso apparut derrière.
- Cet engin commence à faire un bruit bizarre, lança-t-il à son ami.
KI plissa les yeux.
- Naso. Tu. As. Oublié. Le. Verrou. Atomique. Fit KI, consterné.
En effet, une loupiote rouge clignotait au dessus du sas. Le Verrou Atomique était une sécurité qui empêchait la plupart des élèves de la faculté d'entrer dans la salle haute sécurité. Mais un Kadel avait tiré sur le boîtier qui contenait les composants électroniques et Naso était entré sans taper le code du Verrou. KI sortit un drôle d'appareil de sa poche. Une sorte de long bout de métal avec une loupiote verte au bout.
- Je vais déverrouiller la porte, Naso, dit KI, des tremblements dans la voix. Mais tu devras courir.
Sans attendre l'approbation de son ami, KI pointa le bout de métal sur la porte et appuya sur un bouton. la loupiote verte s'alluma tandis qu'un crépitement montait de l'appareil. la porte s'ouvrit et Naso courut vers l'extérieur de la salle, tenant la solution à deux mains. KI entra et prit sa place. la porte se referma.
- Que fais-tu, KI ? demanda Naso.
- Le Verrou Atomique est en surcharge. 5.000 rads vont envahir cette salle d'une minute à l'autre.
Il n'a même pas le temps de finir sa phrase que la pièce est baignée d'une lumière rouge. KI serre les dents et se recroqueville sur lui-même. Enfin, la lumière s'éteint, et Naso ouvre la porte d'un coup de pied.
- Salut, dit-il.
- Hello, répond KI en relevant lentement la tête. Brrr, ça picotait un peu.
L'Empereur des Kadels apparaît, téléporté dans la salle.
- Bien joué ! Les complimente-t-il froidement. Bravo pour cette réaction chimique !
THE END
Prochainement :
Naso fronce les sourcils.
- Quoi ? Demande-t-il, choqué.
- Cette bouteille doit exploser ! Votre vie en dépend !
Celui qui a dit ça est un petit homme sec et basané.
- Votre vie et la préservation du Temps lui-même !
