Deux jours de trek à Sapa

Publiée le 12/02/2018
On surnomera cette étape mud days. Trek de deux jours et une nuit à Sapa et ses alentours.

Nous passons donc la nuit dans un slipping bus. On quitte nos chaussures à l'entrée et on prend une couchette, couverture fournie. Des petits tapis sont disposés sur le sol, certainement pour prévenir les chutes des couchettes hautes. Guillaume se demande à juste titre comment on peu aller en chaussettes dans des toilettes de bus étant donné qu'il est difficile d'uriner droit dans ce genre d'endroit. On découvre avec soulagement que des claquettes sont fournies à l'entrée des toilettes. Les Vietnamiens à l'avant du bus parlent fort mais on s'endort sans difficultés, l'avantage d'avoir des journées fatiguantes ! Le bus s'arrête à 4h30 environ à Sapa, mais on dort encore deux heures dans le bus. Vers 18h30 on vient nous chercher pour nous emmener dans un hôtel où on ne dormira pas. On y prend une douche et un petit déjeuner, puis on nous laisse quartier libre jusqu'à 13h. On en profite pour visiter un peu la ville, mais inutile d'y passer beaucoup de temps, elle est sans grand intérêt. 

En sortant de l'hôtel,  une dame en costume nous aborde avec son panier sur le dos. Elle nous demande d'où on vient, nous montre qu'elle sait dire trois mots en français, nous prend le petit doigt (bizarre mais on se laisse faire) puis nous propose d'acheter des produits 'handmade'. Elle a tout un tas d'écharpes, des bracelets... Le routard nous déconseille d'acheter quoi que ce soit à Sapa, ville très touristique où les Vietnamiens gagnent bien leur vie. Il est préférable d'acheter dans les petits villages alentours où vivent des minorités ethniques qui comptent beaucoup sur les touristes pour gagner de quoi se nourrir. On suit donc ces conseils et on ne lui achète rien, même si on comprendra plus tard qu'elle venait certainement d'un petit village voisin, on ne peut pas acheter des produits à tout le monde. Elle continue malgrés tout à nous suivre en nous disant qu'elle va nous faire visiter la ville. Deux autres vietnamiennes viennent en renfort, nous proposant chaqu'une ses produits, mais celles là lâchent vite l'affaire, la première continue à nous suivre. Je fini par sortir un petit billet (quelques centimes d'euros) en lui demandant si elle a quelque chose à me proposer pour ce prix là. Elle me tend un bracelet, un peu déçue, puis repart. On s'amuse par la suite à voir les touristes suivis d'une ribambelle de vietnamiennes tantant de leur arracher quelques dongs.

 La seule chose intéressante à faire à Sapa est le mont Ham Rong. Le passage pour y accéder est payant et il n'y a aucune explication en anglais, mais c'est mignon et ça nous fera passer le temps. On passe par un jardin d'orchidées, rien n'est en fleur bien sûr car nous sommes en hivers ici aussi, mais les orchidées sont joliment présentées. On continue à grimper par plein de petits chemins qui passent entre des rochers noirs, en essayant de trouver le sommet. On fini par y parvenir mais la vue n'est pas exceptionnelle, il y a du brouillard. Effectivement, des français que l'on a croisé à Hanoï nous ont dit avoir eu du brouillard à ne plus rien voir 30 m plus loin. On n'en n'est pas là, donc on se considère chanceux. En redecendant, j'essaie une tenue traditionnelle Hmong pour l'équivalent de 2€.  La dame qui prette les costumes me prend en photo sous tous les angles. Elle ne doit pas voir beaucoup d'européenne en tenue Hmong! Jusque là on n'a vue que des asiatiques les essayer. J'imagine qu'elle va bien en rigoler avec ses collègues !

On retourne à l'hôtel, un peu en avance, se réchauffer devant un bon feu. Le personnel est en train de manger un repas de fête. Un monsieur nous propose des morceaux de gâteaux. On a ainsi la chance de goûter le Bang chung, qu'on ne trouve qu'au moment des fêtes. Il s'agit d'un gâteau salé de riz gluant à l'intérieur duquel on trouve de la poitrine de porc salée et poivrée ainsi que des graines de soja. On goutte aussi à un gâteaux qui nous semble être composé uniquement de riz rouge. Ce même monsieur nous expliquera par la suite que les arbres que nous voyons passer en permanence sur les scooters sont des branches de fleurs de pêcher, qui servaient autrefois à repousser les fantômes, et que l'on garde maintenant par tradition à la fête du Têt, et des mandariniers, pour apporter chance et bonheur au foyer. Par chance il parle un peu français, ça aide à comprendre ! Après s'être bien nourris des parts généreuses de gâteaux de riz, on se met à table.  Beignet de champignons, riz et viande nous sont servis, délicieux. On en profite aussi pour goûter le vin du pays. Un vin rouge pour Guillaume, un vin blanc local pour moi, fait à base de riz. Le monsieur me prévient que c'est un vin fort, je prends quand même, et ça me fait l'effet d'un digestif de chez nous !

Une guide locale, Ly Mai, vient nous chercher, et on est partis pour une rando avec deux anglais. Nous sommes rapidement rejoints par trois dames vivant également dans les villages autours de Sapa. Nous  nous dirigeons vers les  villages Lao Chai, où vivent des minorités Hmong, et Ta Van où vivent des minorités Zay. Notre guide nous donne à chacun un bâton en bambou dont on comprendra plus tard l'utilité. Effectivement, on en arrive rapidement à marcher sur des chemins très boueux dans des forêts de bambous, puis les premières rizières apparaissent. On prend quelques photos avant de se lancer sur la traversée périlleuse des rizières. Pas de chemin tout tracé ici, on fait confiance aux locaux pour nous montrer les passages les plus sûrs sur les rebords boueux des champs inondés. Une des dames qui nous a rejoint, Que (le 'e' est accompagné de deux accents  sur son prénom), vient m'attraper le bras à chaque fois que ça se complique. Je n'ose pas lui dire que je ne suis pas plus rassurée quand elle me tient, elle est bien plus petite que moi, et je suis à peu près sûre de l'entraîner dans ma chute si je dois tomber. Mais elle est adorable, je me laisse faire. En chemin je la vois ramasser des fougères et fabriquer un truc avec, j'essaie de regarder mais je comprends qu'elle ne veut pas que je vois. Plus tard, elle m'offre un cœur en fougère, et un cheval à Guillaume (voir photos). On parle de différentes choses, les températures qu'il fait dans nos pays respectifs, la composition de nos familles, et j'en profite pour leur poser des questions sur leur vie. Notre guide fait régulièrement le trajet jusqu'à Sapa pour acheter des vêtements. Quand il peut, c'est son mari qui l'emmène en scooter car le chemin à pied est long 3-4h environ. Elle vit de son métier de guide, et les autres dames qui nous accompagnent vivent du commerce. Un peu plus loin on croise deux buffles dans les bambous, la photo est difficile car nous sommes dans une boue bien glissante, on tente quand même (voir plus loin). Fini la boue la guide nous dit que maintenant c'est facile, et nous entamons une belle côte. L'anglais désespère en me disant 'She said easy!'. Arrivés à un village, Que nous dit qu'elle nous quitte ici car c'est là qu'elle habite. Elle nous expose ses produits fait main et on ne résiste pas, on lui achète deux écharpes, certainement pour une belle somme pour elle car mal négocié mais tan pis, c'est pour la bonne cause. On continue notre chemin en accélérant un peu car la nuit tombe et nous devons rejoindre notre homestay (sorte de maison d'hôtes). 

On arrive enfin, et on se met rapidement à table, certainement le meilleur repas jusque là, avec des nems, du riz bien sûr, différentes viandes assaisonnées, des cucurbitacées bien cuisinées et des pommes de terre. Avec ça, le maître de maison nous propose le fameux vin de riz dans des petits verres. On trinque en disant 'shi may', ou quelque chose qui y ressemble, et on boit cul sec, puis on se sert la main. Le monsieur n'y va pas de main morte, et il en perdra sont anglais dans la soirée. C'est l'heure de la douche et là, on prend son courage à deux mains. En effet, même en hivers les habitations ne sont jamais fermées. Donc aux alentours de 0°C et une forte humidité ambiante, on n'a pas envie de se déshabiller. La douche à une fenêtre ouverte qui donne sur la porcherie dehors. Heureusement l'eau est chaude si on ne traine pas. On se rabille rapidement et chaudement pour aller se coucher sous une couverture et deux couettes, sur un lit dur, comparable au moelleux d'un tapis de sol sur du béton. Le mur est ouvert sur l'extérieur au dessus de moi et je sent tout l'air froid me tomber sur la tête. On s'endort rapidement malgré le froid et la forte odeur de feu, qui a envahi la chambre, par des trous de la taille de balles de pingpong, qui donnent sur la salle d'à côté.

Réveil à 7h30 pour entamer la remontée vers Sapa, après un petit déjeuner composé de crêpes au sucre et au miel. On croise cette fois d'autres touristes mais aussi et surtout les rayons du soleil qui se reflètent dans les rizières inondées. Il faut dire que février n'est pas la période idéale pour visiter les rizières. Certaines sont rouges, du a une petite plante qui recouvre la surface de l'eau. Les paysages sont magnifiques. On en arrive à nouveau à traverser les rizières. Devant nous, un espagnol qui a refusé les cannes en bambous se casse la gueule et galère à remonté. Il a de la boue jusqu'au genoux. On tente de ne pas subir le même sort, vivent les bâtons en bambou ! On croise une rivière et on en profite pour nettoyer nos chaussures pleines de boue, le pantalon ça attendra !

Sur le chemin on croise un monsieur avec un très gros pied. La guide nous le montre du doigt en rigolant. Elle avait déjà eu la même réaction avec une sourd muette en rigolant parcequ'ils ne pouvait pas parler avec des mots. Je me dis alors que les personnes handicapées doivent vivre un enfer au Vietnam, ou alors la culture vietnamienne à tandance à dédramatiser. J'espère sans trop y croire qu'il s'agit de la deuxième solution.

Des cannes à sucre étalées dans un petit commerce me tente, on en prend une pour goûter, c'est frais et bon, mais on recrache les fibres immangeables avec l'exemple de notre guide. Plus loin, notre guide nous montre dans un autre petit commerce un petit éléphant en tissus teinté avec une plante, l'indigo que l'on a vu poussé dans les rizières. Je craque et en achète un après une petite négociation. On nous offre des nouilles pour le déjeuner puis on remonte à Sapa en mini bus. Une fois arrivés, on offre un pourboire généreux à notre guide qui nous offre des cadeaux en retour. Elle nous fait remplir un formulaire de l'agence pour avoir notre avis sur le trek. Au moment d'écrire son nom, elle me dit qu'elle ne sait pas lire ni écrire q et qu'il faut donc que je demande à l'hôtel comment l'écrire. Tout le monde ne va pas à l'école dans ce pays. On récupère nos sacs et on nous emmène vers notre slipping bus. En attendant le bus je tombe sur une des guides qui a manger avec nous à l'homestay, on discute un peu et elle me montre le marché où elle tient un stand, l'occasion de lui acheter un petit quelque chose pour 10 000 Dong, puis on est partis pour 5h de route pour Hanoï.

Le chauffeur conduit dangereusement, comme au Pérou, mais ça ne semble déranger personne. Finalement le bus bus de nuit c'est pas si mal, on ne voit pas ce qu'on risque ! Arrivée vers 23h. Heureusement, notre hôtel et déjà réservé. Il n'y a plus qu'à se trouver un petit quelque chose à manger, et à acheter des bouteilles d'eau. Il faut savoir, quand on voyage au Vietnam, que l'eau du robinet n'est certe pas potable pour nous les européens, mais que certaines eaux minérales ne le sont pas non plus. On achète donc des eaux de marques recommandées dans le routard, autant pour boire que pour se rincer la bouche après le brossage de dents. De retour à l'hôtel, il nous semble tellement confortable face à ce que l'on a vécu à Sapa ! Mais dommage, on découvre que l'eau chaude et le chauffage ne fonctionnent plus...

Rue principale et commerçante de Sapa, très boueuse mais pas moins charmante pour autant.
Comme à Hanoï, les trottoirs sont pris d'assaut par les vendeurs en tous genres
Au fond dans le brouillard, la montagne du mouchoir du dragon
Costumes traditionnels Thaï (minoritée vietnamienne)
Essayage de costume Hmong
Trois de nos accompagnatrices devant les rizières
rizières innondées
Cochons sur la route boueuse
Rando dans la boue et les bambous
Bufle dans les bambous
Machine à broyer le riz
Rizières
Réalisations de Que en fougère
Rizières rouges
Jeunes hommes qui tirent le bois de chauffage jusqu'au village
Bord de rizière
Épluchage de canne à sucre
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