Pour les voyageurs, le trajet Gyumri-Alaverdi ne peut se faire d'une traite. Une première marchroutka vous conduira jusqu'à Vanazor et de là une autre jusqu'à Alaverdi. Prendre la maroutchka ce n'est pas une question de confort ni de sécurité, mais d'approche de l'autre, si différent de soi. On s'assied (très serré) à côté d'une personne et l'on recueille, ou pas, un petit fragment de vie.
Syranush est professeur d'école. Elle a eu son dîplôme il y a une dizaine d'années. Elle n'a jamais eu de travail. En Arménie il y a presque plus de professeurs que d'élèves. Aller chercher un emploi dans une autre ville? Impossible, la rémunération est si dérisoire (150€) qu'il est impossible de louer un appartement en ville et de survivre. A Alaverdi elle donne un coup de main à sa maman en pleine saison, mais l'hiver est long et bien que les journées soient courtes elles n'en finissent plus. Je l'ai encouragée a apprendre l'anglais pour travailler à l'auberge, mais du courage elle n'en a plus beaucoup. Elles aussi ont beaucoup aimé le film.