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Publiée le 16/03/2020
Déjà 1 mois et demi que j’ai commencé mon volontariat à la Fondation Heifer. Je profite de l’occasion d’avoir accompli ma première mission de terrain dans la province El Oro pour vous raconter un peu mon quotidien.

Fundacion Heifer Ecuador KEZAKO ?

C’est avec enthousiasme que je me rends tous les jours à pied au bureau de la fondation situé dans une petite maison d’un quartier animé.


J’y retrouve mes collègues, une bonne équipe dynamique et plutôt jeune dirigée par une mini-tyran mais avec une bonne dose de rire et de musique on échappe à la pression. Mon statut de volontaire me permet aussi de prendre les choses avec philosophie et de me maintenir en dehors du stress ambiant.

La fondation est une branche indépendante 100% équatorienne d’une fondation américaine et intervient dans le pays depuis 25 ans déjà. Une prouesse dans un contexte politique qui n’a pas toujours été favorable aux ONG, nombre d’entre elles ont du quitter le pays ou suspendre leurs activités durant le mandat de Correa l’ancien président. Celles qui s’opposent aux grands projets miniers sont particulièrement victimes de répression encore à ce jour.


Pour en revenir à Heifer, l’organisation est spécialisée dans les projets d’agroécologie et d’entreprenariat rural. Ils travaillent dans différentes régions du pays Paramo Andins, Mangroves de la côte et Bosque Seco du sud d’où les équipes techniques travaillent. Je trouve leur méthodologie vraiment intéressante dans le sens où les projets sont construits de manière participative avec les communautés, sont pensés dans le respect de l’environnement en lien avec des pratiques agroécologiques génératrices de revenus et sont tous sensibles au genre.

Genre c'est quoi ma mission ?

C’est sur ce rayon que j’interviens en appui à la chargée des programmes de formation et du genre. Ma mission première est d’évaluer la mise en place du plan d’action genre de chaque projet, à savoir les actions permettant la participation pleine et entière des femmes sont-elles mises en place ? ces dernières ont-elles des activités qui leur permettent de générer des revenus, les formations leurs permettent elles d’occuper des postes à responsabilité et d’exercer un pouvoir de décision, hommes et femmes sont-ils sensibilisés aux enjeux de genre.
Cela semble assez élémentaire de notre point de vue français (quoique…) mais les témoignages que j’ai reçu jusqu’à présent montrent à quel point le machisme est ancré et néfaste. Nombre de femmes sont assignées aux tâches du foyer ou exercent en tant qu’aides non rémunérées dans les travaux agricoles. Dans ce contexte l’homme est bien souvent perçu comme seul pourvoyeur de la famille, il contrôle les revenus et donne les permissions à sa femme.  Les cas de violence a minima psychologique sont nombreux.


A la rencontre des associations de producteur.trice.s

Toutes les associations de producteur.trice.s que nous soutenons s’engagent à respecter les valeurs fondamentales d’Heifer dont l’équité de genre fait partie. Mais pour certaines le changement de culture est un long chemin à parcourir et les femmes elle-mêmes s’excluent des milieux trop masculinisés par peur, manque de confiance en elles-mêmes, manque de reconnaissance de leurs pairs, manque de temps à consacrer en plus du travail et des tâches ménagères.
Ces situations que je découvre m’invitent à creuser la réflexion sur les causes profondes des inégalités entre hommes et femmes et à remettre également en question les limites que je m’impose parfois à moi-même en essayant d’y débusquer ce qui relève de facteurs structurels.

En tout cas je suis très bien entourée dans ma réflexion par des collègues bienveillantes, très professionnelles et engagées dans la lutte pour les droits des femmes. C’est édifiant !

En plus de ce travail d’évaluation qui me permet d’aller à la rencontre des communautés et de découvrir les projets qu’elles portent j’appuie aussi la fondation dans l’écriture de projets pour l’UE (et oui cela me poursuit même à des milliers de kilomètre) et des activités ponctuelles liées à la mise en oeuvre de la stratégie genre : campagne de com dans les réseaux sociaux, organisation d’une rencontre des femmes rurales (que le Corona nous force à repousser :( pour le moment).

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