Le guide francophone arrive et après avoir bien discuté, il nous annonce un tarif hallucinant pour l’Indonésie : 300€ pour deux jours. On lui dit que ce ne sera qu’un jour mais demain car je suis souffrante. Agathe retourne se coucher et Benjamin s’enquiert d’aller faire les petites courses dont la carte SIM (car l’hôtel a un problème et n’a pas internet en ce moment).
Le midi, on se rend à un restaurant à côté de notre hôtel et nous rencontrons deux français. En discutant avec eux, nous nous rendons compte qu’ils voulaient faire la même chose que nous le lendemain avec un guide et que le leur est réservé et pas cher du tout. On prend donc le contact du guide pour savoir si on peut se rajouter (la journée pour deux nous coûtera finalement 35€ donc c’est parfait !!!). On fait encore le tour du quartier pour trouver d’autres pharmacies mais on tombe finalement sur un médecin qui nous dit d’aller voir « Dokteur Stella » plus loin. Celle-ci n’ouvre qu’à 16h donc on prendra une coupe glacée à la mangue dans un café en face : petit délice !
On retourne ensuite un peu avant 16h car premier arrivé, premier servi ! Petit moment très drôle avec les secrétaires qui n’ont JAMAIS eu à échanger avec des touristes. Beaucoup de regards interloqués et de fous rires avec elles. Docteur Stella (anglophone heureusement) arrive peu de temps après et nous apprend que j’ai un champignon dans l’oreille et que le tympan n’est que très légèrement inflammé. Les gouttes antibiotiques que je mettais faisaient donc plus de mal que de bien… oups ! Elle nous montre même l’intérieur du conduit auditif grâce à un système relié à un téléphone portable avant de passer 10 minutes à laver l’intérieur de mes deux oreilles pour seulement 15€ !
On retourne ensuite à l’hôtel pour se reposer et bien évidemment, nous avons pris le temps d’annuler le guide à 150€ (on a préféré les 35€…).
On finit la journée par un plat typique du royaume Toraja : le Pa’ Piong. On avait dû le commandé en avance car cela cuit pendant 4 heures dans un bambou et c’était délicieux.
Les deux français (Vitoria et Florent) nous rejoignent avec le guide anglophone et après avoir récupéré notre scooter du jour, on part dans le Sud sur de petites routes goudronnées à travers les rizières. Ce sont nos premières rizières et nous sommes totalement éblouis. On s’arrête pour observer rapidement les femmes repiquer le riz avant de repartir sur nos scooters. On arrive ensuite dans un petit ensemble de maisons traditionnelles dont les toits ont une forme très particulière. En fait, les Indonésiens de cette région étaient précédemment de grands voyageurs et donc de bons constructeur de bateaux et ils ont donc réutilisé leur savoir pour la fabrication des toits. Notre guide nous prête des tissus torajah pour couvrir nos jambes avant de se rendre au village un peu plus haut. On est pas tous très doué pour les nouer alors il nous aide un peu. Deux paires de branquignoles…
Le village est juste au-dessus. Il y a plein de scooters et quelques voitures. Dès notre arrivée, un cochon accroché à des bambous est sacrifié en deux secondes. À côté cuisent des bambous remplis de viande, sang et légumes. C’était le plat qu’on avait gouté la veille qu’on voyait en train de se cuire. La boucle est bouclée !
Le village est rempli de mondes et de cris de bêtes prêtes à être sacrifiées : buffles, buffles albinos et de nombreux cochons. Beaucoup plus de touristes que nous pensions mais une majorité de locaux. On attend dans un espace réservé pour les touristes où on mangera quelque peu.
Puis il est midi, l’heure de la procession. Le cercueil est maintenu dans un petit édifice portatif. Les porteurs secouent d’abord violemment le mort pour le « réveiller ». Après ce grand ramdam, toute la famille se met sous une grande bande de tissu et ils font le tour du petit village, précédés d’hommes avec étendard. De beaux buffles accompagnent cette procession.
Tout le monde se rassemble ensuite sur la place pendant que le cercueil est monté à l’étage d’une construction faite à cet usage (avec grande difficulté à la maison). Chaque villageois est à une place spécifique pour assister aux funérailles tout autour de la place avec les chefs de chacun magnifiquement habillés.
Un prêtre se met ensuite au niveau du cercueil et relate la vie et les faits du défunt. Il explique ensuite les règles des funérailles pour honorer le défunt. D’ailleurs, plus il y a de gens, plus cela fait rester le défunt parmi les invités. On pense que cela engendre la joie des familles à avoir un maximum d’invités même si ce sont des touristes.
Suite à cela, il y a eu un moment de silence puis un buffle qui attendait depuis une heure à côté a été attaché au niveau de la place. Un premier homme a essayé, sans succès, de lui trancher la gorge puis un deuxième fut beaucoup plus efficace. Une large giclée de sang partit sur la gauche, le buffle titubant. Quelques secondes plus tard, il était écroulé par terre sans vie. S’ensuit alors la découpe de l’animal dont les morceaux seront redistribués à tous les convives présents (locaux uniquement et heureusement).
Nous repartons tranquillement pendant que les différents villageois se rendent auprès de la famille endeuillée et leur font des offrandes.
Nous nous arrêtons ensuite dans un restau au bord de rizières pour boire un peu avant de reprendre la route vers un arbre dédié à l’enterrement des nourrissons. Lorsqu’un enfant sans dentition meurt, seul un jour de funérailles a lieu puis ce dernier est enveloppé dans différentes couches de tissu et feuille avant d’être introduit dans les replis de l’arbre et recouvert d’une porte en fibres.
La journée n’étant pas terminée, le guide nous amène à Palawa, un grand village traditionnel mais ce dernier est en pleine prière donc nous repartons avant d’y entrer véritablement. On s’essaiera au décrochage d’avocat en lançant des bâtons avec des enfants mais ce fut un échec pour tous.
Il nous conduit ensuite à un lieu nommé Bori. À cet emplacement se dressent de grands monolithes dressés en la mémoire de riches personnes de haut rang. Pour édifier ce genre de monolithes, la famille peut sacrifier jusque 60 buffles en un jour et un buffle albinos est obligatoire.
Le guide nous fait ensuite passer par un autre chemin pour retourner en ville manger tous ensemble. Les rizières se succèdent sous les lumières lointaines du coucher du soleil. La journée nous aura comblés de toutes parts.
Aujourd’hui nous enfourchons notre scooter mais sans guide. Notre premier arrêt est en ville : le marché de Bolu. Tous les 6 jours a lieu une grande vente de buffles (et autres cochons et poules). On trouve le marché lorsque les buffles albinos partent, déjà embarqués dans des camions. Le nombre de buffles sur place est impressionnant. Malheureusement, les pauvres bêtes sont toutes retenus par un anneau aux naseaux qui leur maintient la tête en hauteur. Ça doit être un vrai calvaire pour elles…
Nous prenons ensuite la direction de Bori que je voulais voir avec de plus belles couleurs. Nous en profitons pour faire des arrêts sur la route dont une cave avec ossements (avec une maison typique en construction qui était impressionnante) et une initiation imprévue au repiquage de riz pour Agathe. Cette partie aura fait l’attraction de tous les locaux passant en scooter. Agathe en est ressortie toute boueuse pour le reste de la journée.
Nous prenons ensuite la direction des rizières de Batutumonga pour nous restaurer avec une magnifique vue : objectif réussi !
Nous nous rendons à la forêt de bambou de Kumila pour nous balader tranquillement. Nous sommes un peu déçu car nous pensions la forêt beaucoup plus dense mais le lieu était très relaxant.
Nous reprenons la route en revenant tranquillement vers Rantepao en faisant un dernier arrêt en chemin : le cimetière de Pana. C’est l’un des plus vieux cimetières prenant place dans la roche. On y retrouve également un arbre pour les nourrissons dont nous voyons, cette fois très clairement, les différentes portes où ont été dissimulés les corps des nouveaux-nés.
On se rentre ensuite doucement avant que la nuit tombe.
Le jour commence un peu bizarrement car Agathe est pris de vertige et se prend les murs dans la chambre. On décide de ne partir que quand elle se sent parfaitement bien. On ne saura jamais si c’était les médicaments ou un problème au niveau de l’oreille.
Pour ce dernier jour, nous avons un très bon tips donné par Vitoria et son homme. En effet, ils sont partis pour deux jours de trek et ils ont commencés au milieu de nulle part dans de très belles rizières. Ils nous ont donc envoyé le point GPS pour que nous puissions nous y rendre. En effet, il n’y a personne car la route est un peu interminable. Par contre, cela vaut clairement le détour. Les rizières sont dans une sorte de petite vallée. Tout est vert. Nous croisons quelques enfants mais aucun scooter de touristes à l’horizon et même peu de locaux car nous sommes vraiment à la fin de la route. On s’est donc posé pour profiter de ce lieu idyllique accompagné par le doux bruit de l’eau qui ruisselait entre les rizières. Big up à nos deux récents amis !!!
Puis on va visiter le site de Lemo. On y croise le guide francophone que nous avions annulé puis on se balade sur le site. Une des tombes est en train d’être creusée donc le sol est jonché de gravats. De nombreuses statuettes sont présentes. Ces statuettes sont faits à l’image des défunts et sont régulièrement rhabillées par les familles. Une personne n’a le droit à une statue après sa mort que si 24 buffles ont été sacrifiés lors de ses funérailles.
On s’arrête dans un restaurant près de la route principal avec encore une belle vue sur des rizières. On aura même le droit à de bons desserts pour une fois.
On reprend la route vers Rantepao. Nous arrivons lors d’une éclaircie à Londa, une zone de tombeau dans une cave naturelle. Un homme nous guide avec une lampe à pétrole à l’intérieur de la cave et nous explique les coutumes locales liés aux tombeaux ainsi que les trois niveaux de classe (qui ont lieu encore aujourd’hui comme en Inde).
Puis on décide de rentrer et aller se poser dans un café vu que j’ai été vaseuse tout au long de la journée.