Mercredi matin

Publiée le 19/05/2017
La qualité de ville créative de Londres tient en grande partie de sa richesse culturelle et artistique dispersée dans toute la ville et à chaque coins de rue : retour sur l'histoire du Street London.

Un même lieu pour des styles de vie très différents.


Mercredi 12 avril, 10h



Nous voilà rassemblés sous une statue de chèvre sur Brushfield Street, devant le marché Old Spitalfields. Arrivés en avance, on prend une dizaine de minutes pour explorer les lieux qui semblent renfermer énormément d’histoires différentes. On se trouve à East End, les grands bâtiments en verre de la City sont tout près et plus imposants que jamais, mais on aperçoit aussi des vieux bâtiments en brique rouge tantôt délabrés tantôt recouverts de graffitis colorés et très récents. Finalement, le lieu accueille aussi un marché : zone commerciale avec une floraison de diverses commerçants, artisanat, street food, prêt-à-porter, boutiques souvenirs, on trouve de tout. Quartier riche et quartier pauvre à la fois qui témoigne de la cohabitation entre des styles de vie très différents. Ce mélange urbain est assez unique. Tout le monde est arrivé, la visite va pouvoir commencer.


La City
Marché de Old Spitalfields

Alternative London : une belle découverte


C’est avec ce genre de démarche pour un tourisme alternatif que l’on comprend mieux pourquoi Londres mérite le titre de ville créative. Alternative London s’évertue à proposer un tourisme local et cohérent qui s’intéresse à l’histoire sociale de la ville pour une expérience réaliste et contextualisée dans les rues de East End que Londres. L’idée est de proposer un business modèle durable pour les artistes du quartier en créant un cercle vertueux : ce sont les artistes qui font découvrir leur quartier, les bénéfices dégagés permettent de sortir de la précarité et parfois de la clandestinité en réinvestissant dans du matériel et en obtenant le droit de s’approprier certains espaces muraux.


Street art au détour d'une rue

Un lieu de rencontres culturelles


La visite nous conforte dans l’idée que ce quartier renferme bien des histoires différentes à raconter. Au-delà de la proximité entre la City très riche et des populations très pauvres et précaires, ce lieu connait un renouveau culturel en permanence. Réfugiés français, puis réfugiés juifs de Russie et de Pologne et enfin Brick Lane devient le cœur du quartier indien grâce au développement d’une multitude de restaurant servant du curry. On y trouve d’ailleurs un exemple très rare : une église qui au fil du temps a accueilli les trois religions monothéistes. Un bel exemple d’hétérogénéité culturelle.


Street Art, East End, London

Le Phoenix qui renait perpétuellement de ses cendres.


A l’image de Londres, le quartier connait des crises mais se reconstruit grâce à ces crises de manières innovantes. Le quartier est complètement détruit lors des bombardements qui ont lieu lors de la Seconde Guerre Mondiale. Le quartier se reconstruit partiellement et une maison qui au début du XXe ne valait pas plus de 1 000 £ vaut aujourd’hui environ 6 millions £. Pourtant tout n’a pas été reconstruit et les Bomb sites, vestiges de la guerre sont aujourd’hui le cœur de créative hubs qui accueillent de très nombreux street artistes. Les locaux se réapproprient l’espace. De la même manière, à la suite de la crise de 2008, qui touche particulièrement l’Angleterre et dont la City est l’emblème, les locaux regorge de créativité pour dénoncer le système à l’origine de la crise : c’est ainsi qu’apparait sur les toits Crunchy de l’artiste Ronzo, monstre qui engloutit l’argent pour devenir toujours plus opulent. Le street art s’intensifie encore : c’est pour la population le moyen de montrer que même sans argent l’espace et la ville leur appartient et de faire un doigt tendu à la City.


Crunchy par Ronzo, Invader et Shepard Fairey

Le Street art dans l’East end : pourquoi?


Les intérêts du street art sont nombreux, en plus de ceux susmentionnés il y a l’intérêt de l’exposition pour tous (pas besoin de devoir se rendre dans une galerie), pas de hiérarchisation des œuvres, le « frisson de l’instant » puisque les graffitis sont réalisés très vite, aucune censure et aucune restriction de taille. Le street art est aussi le jeu de l’éphémère en permanence évolution contrairement aux œuvres figées et mortes. En termes de technique, la bombe est de mise mais il existe de nombreuses techniques différentes et il faut savoir se montrer ingénieux et créatif pour s'approprier les lieux et réaliser des œuvres dans des conditions plus ou moins bonnes en raison du temps, de l’accessibilité des lieux et du caractère parfois illégal des graffitis.


Pelvis par Shok-1

Ouvrez l’œil et levez la tête


Dans ce quartier, l’abondance d’œuvres est déconcertante. On passe forcément à côté de quelque chose : il faut savoir levez les yeux pour regarder sur les panneaux de signalisation (Clet Abraham), au dessus d’un poteau (Jonesy) caché dans un mur voire sur des toits (Christiaan Nagel), mais aussi par terre. Il faut toujours bien ouvrir l’œil au risque de passer à côté d’artistes tels que Stik, Roa, Minty ou même Banksy.


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