Albanie

Publiée le 23/06/2022
2 semaines et demie en Albanie, dont une partie à vélo

Nous entrons en Albanie en fin de journée le samedi 4 juin, et retrouvons les mosquées quittées en Bosnie. Première étape à Skodra, où nous trouvons un petit camping au fond d'une impasse. Nos compagnons sont poulets, chèvres, lapins. Les enfants sont ravis!

Nous visitons la ville le lendemain. Nôtre  première impression dans ce nouveau pays est la décontraction. En cette matinée ensoleillée les terrasses des cafés sont bien remplies, les familles et les couples déambulent dans les rues piétonnes du centre historique, la balade est agréable. A quelques rues de là  des vendeurs investissent les trottoirs: tabac en vrac, vêtements deuxième main  cireurs de chaussure. Un homme attend devant un pese personne. Le prix du café au bar est de 50 cents. Le niveau de vie ici est bien inférieur à celui du Montenegro voisin. Dans les rues les gens circulent beaucoup à vélo et des vieilles Mercedes d un autre âge croisent des 4×4 flambants neufs où manquent les plaques d immatriculation.

A Skodra, beaucoup de vendeurs de tabac en vrac…. Prix bas assurés!

Après cette étape nous faisons route vers le Nord dans les Alpes Albanaises. Pour y arriver nous empruntons des petites routes sinueuses, peu fréquentées, remplies de nids de poule. Nous ne traversons que peu de villages et apercevons en contrebas de temps à autre un hameau ou une petite ferme. Sur la route nous voyons notre première tortue que nous nous empressons de sauver. Nous en verrons régulièrement lors de ce séjour albanais. En fin d’après-midi l’orage approche. La première ville que nous traversons, avec ses vieux immeubles décatis de l’époque de la dictature socialiste, ponctués ça et là de d’hotels kitchs flambants neufs, prend  des allures fantomatique sous la pluie qui arrive.

Quelques kilomètres plus loin les montagnes majestueuses se dessinent, la neige bien campée sur les sommets. Nous remontons un torrent jusqu’à notre destination finale, qui est au bout de la route: Valbone. 

Pour 10 euros nous bivouaquons à côté d’un restaurant qui nous laisse accès à ses toilettes et sa douche moyennement propre, mais nous sommes au cœur des montagnes et au plus près des sentiers de randonnée.

Vallée de Vallebone
Vallée de Vallebone

Ici les touristes viennent pour la randonnée entre les villages de Valbone et Teth, village le plus enclavé d’Albanie. Entre les deux, un col à gravir à 1759 mètres, soit près de 1000 mètres de dénivelé positif.  Un randonneur y a perdu la vie quelques semaines auparavant, je ne suis pas rassurée mais nous decidons d’y aller et de rebrousser chemin en cas de difficulté. Quelques kilomètres après le village nous croisons de veilles fermes en pierres, entourées de leur potager. Ici pas d epicerie, les gens vivent en autarcie. Nous commençons ensuite l’ascension dans la forêt. Après trois heures de marche nous croisons un petit bar où trois hommes s’affairent à préparer la saison touristique. L’un d’eux nous propose de nous arrêter, et insiste devant notre refus, précisant qu’il nous offre les boissons! Cette hospitalité albanaise, vis à vis des touristes en général et en particulier envers les enfants, nous la goûterons souvent dans ce pays: prix spécial pour les enfants, petits plats en plus au restaurant. Et souvent une belle occasion de rentrer en contact. Notre albanais est très mauvais mais on croise beaucoup de gens qui parlent anglais.

Le reste de l’ascension vers le sommet est raide sur des sentiers rocailleux, puis un sentier en balcon avec en prime une petite zone enneigée. Mon vertige me joue des tours tandis qu'Olivier et les enfants passent sans difficulté. Nous arrivons quand même au sommet, et le retour se fera sur le même sentier sans difficultés pour moi. Comme quoi tout est dans la tête !

Vallée de Vallebone
Col entre Vallebone et Teth

Après la montagne nous faisons route vers Berat, avec un petit crochet décevant au bord de la mer. Nous pensions trouver une plage sauvage et ce n’est qu’une succession de parasols  à louer...

Berat est une très belle ville, dont le centre historique garde une architecture de l’époque de l’envahisseur turc au 15 eme siècle. De part et d’autre de la rivière Osumi, sur deux collines,  deux  quartiers se font face. Leurs maisons blanches aux grandes fenêtres descendent en terrasse.  On s’y perd dans des petites ruelles pavées aux odeurs de jasmin. Les pergolas avec de vieilles vignes apportent de l’ombre dans les petits jardins. Sur les hauteurs de la ville une magnifique citadelle abrite encore un quartier habité, ainsi qu une beau musee d’art orthodoxe.

Nous nous préparons également pour notre périple albanais à vélo: trouver un endroit où garder le camion, vérifier les vélos, préparer les sacoches. Des orages assez forts retarderont notre départ de 24 heures... mais finalement nous nous élançons, direction le canyon d’Osumi!

Berat
Tour à vélo, J1, c’est parti…!

Nous partons tôt en ce premier jour de vélo pour éviter les fortes chaleurs. Nous nous échappons rapidement de la ville, la route remonte la rivière Osumi, et la circulation est peu dense. Première étape de mise en jambes de 50 kilomètres.  Et en plus on a déjà des petites côtes.  Pour Youenn, c est plutôt facile malgré ses deux sacoches, les filles sont elles impressionnantes et avalent les difficultés. Le temps est menaçant en fin d étape à Corovode, nous essuyons une pluie orageuse et décidons de prendre une nuit d’hôtel. 

Le lendemain nous commençons par une petite ascension pour surplomber la rivière qui se trouve dans un canyon assez impressionnant.

Plus loin nous descendons vers la rivière, les enfants en profitent pour une petite baignade matinale. La route continue encore quelques kilomètres, puis se  continue en piste. Des Allemands nous rejoignent en vélo électrique avant que nous nous y engagions. Ils viennent nous parler et nous expliquent qu’ils ont essayé de la prendre en sens inverse, mais qu’ils ont du faire demi tour malgre leur camping car 4×4. Ils nous expliquent que la piste est de mauvaise qualité avec des ornières et de la caillasse. Nous hésitons mais pour rejoindre Permet, notre prochaine étape, c' est soit cette piste de 25 kilomètres, soit on fait demi tour vers Berat notre point de départ, et ensuite un grand détour par une grosse route. On préfère tenter, quitte à pousser ou marcher un peu. 

Canyon de l’Osumi, vallée de Berat
La piste entre Corovode et Permet

Les premiers kilomètres sont gérables,  nous remontons toujours la rivière,  les petites grimpettes sont difficiles car rendues plus instables avec les cailloux. Mais après 45 minutes sur cette piste, c’est une véritable ascension qui commence. Pas d' ornières qui nous gênent, mais des pourcentages assez abruptes, des petites pierres. Impossible pour les filles de monter à vélo. Pas facile pour nous non plus avec nos bagages. Nous sommes trop engagés pour faire demi-tour, nous serons les dents et nous relayons pour monter les vélos un à un, par petits tronçons. Nous connaissons l’existence de petits villages, au pire nous pourrons bivouaquer et trouver de l eau.

La piste entre Corovode et Permet
La piste entre Corovode et Permet
La piste entre Corovode et Permet
La piste entre Corovode et Permet

Nous croisons  en tout trois ou quatre véhicules. Cette ascension nous semble interminable, nous commençons tous à fatiguer. Nous finissons par croiser deux motards Allemands, que nous interpellons pour les interroger sur la suite de la piste. Ils nous annoncent, un grand sourire sur le visage  que nous sommes tout proche d une petite auberge, et qu' après cela, le col n est plus très loin.  Nous reprenons de l' énergie et rejoignons en une dizaine de minutes La fameuse auberge.  Une petite construction en bois, entourée d’un grand potager et d’une serre, avec la maison en contrebas. Un couple âgé d’une soixantaine d'années nous installe à  l’ombre, nous sert des boissons fraiches et propose un repas avec les légumes tous frais du jardin: salade grecque, byreck (feuilleté) aux épinards,  et en dessert yaourt et miel également maison. Un régal ! Nous remplissons le livre d’or de l’auberge. Passage surtout de personnes en 4×4 ou en motos, mais aussi quelques cyclistes !

Pause repas à l’auberge au milieu de nul part…

Apres cette pause méridienne la plus appréciée du périple, nous finissons l’ascension  quasiment sans pousser  les vélos. Les paysages sont grandioses. Des montagnes à perte de vue, des sentiers pour les bergers. Nous traversons un.joli  hameau de maisons en pierre, puis commençons la descente.

Descente vers Permet, attention aux moutons !

La descente s’avère plutôt très technique et pas de tout repos, mais quand même moins fatigant que de pousser les vélos ! 

Nous décidons de nous arrêter avant de rejoindre la route car en fin de descente nous trouvons le bivouac idéal, au bord de la rivière et avec un point d’eau de montagne. Parfait. En plus les tentes ne sont pas trop visibles  de la piste.

On se lave avec casseroles et gobelets derrière des buissons, on cuit les pâtes avant la tombée de la nuit et on s’’enfonce dans nos sacs de couchage. Repos bien mérité ! L’étape au final aura quand même fait 36 kilomètres.

Bivouac avant Permet
Descente vers Permet

Le lendemain nous plions le campements et sommes prêts à 08h30. Parfait pour commencer avant la chaleur. Nous terminons les quelques kilomètres de piste  en pente douce jusqu'à la route. La nature est magnifique, la rivière,  des prairies, nous croisons quelques bergers et leur troupeaux.  Le calme. Je suis  nostalgique de quitter un tel environnement, la perspective de retrouver la civilisation est peu réjouissante,  pourtant les difficultés que nous avons traversées sont encore fraîches dans nos esprits.

Fin de la piste, près de Permet

NOus atteignons Permet en milieu de matinée, faisons une pause-café et courses dans cette petite ville. Le centre est animé en cette matinée, les terrasses sont bien remplies.

La route ensuite est relativement plate, nous remontons une rivière. Elle vient juste  d etre refaite, l asphalte est tout propre. Nous avançons bien, et en début d apres midi nous avons deux passages plus conséquents à grimper. Nous arrivons à  Carshove assez tôt dans l apres midi, mais décidons d'y chercher un bivouac au  vu de la configuration de la route ensuite. 

Entre Permet et Çarshovë
Entre Permet et Çarshovë

Carshöve est un petit village, mais nous y trouvons un restaurant qui indique qu' il fait également camping. Nous dechantons assez rapidement en découvrant l' emplacement, arrière fond du  restaurant où est garé un vieux camion partiellement envahi de végétation. On a à peine la place de planter nos deux tentes, pour couronner le tout il n ' y a pas de douche. Nous en improvisant une derrière une bâche accrochée à des branches.

Plus loin dans le village nous nous installons en terrasse dans une petite auberge plus sympathique. Nous prenons une boisson et jouons au Ouno le reste de l apres midi. La patronne nous offre bientôt de délicieux Byreck au fromage, puis son fils se propose de nous emmener à la rivière pour une balade.  Il a 9 ans et parle très bien anglais, mais quand les mots manquent il faut parfois recourir aux mimes, l occasion de franches rigolades. Il est le seul enfant du village, et son institutrice vient tous les jours pour lui depuis Permet à 30 kilomètres...  

A la nuit tombée nous regagnons notre étrange camping, mais sommes malgré tout bien contents de cette étape et de nos rencontres.

Notre “guide” à Carshove

Après Cashove la route file vers la Grèce dans une vallée magnifique. C’est plat, ciel d’azur, aucune circulation, le plaisir total du voyage à vélo. On s’attend à monter vers Leskovik par la suite… mais c’est un véritable col de 12 km qu’on affronte pour grimper à 1000 mètres ! On atteint la ville à midi juste à temps pour s’abriter d’un terrible orage avec une pluie de grêlons.  

La suite jusqu’à Korce s’est une route de montagne qui serpente dans la forêt, des clairières et des pâturages. Très peu de villages. À chaque troupeau de moutons on ralentit pour repérer les inévitables chiens de berger qui montrent les crocs ; heureusement le berger n’est jamais très loin.

Comme partout en Albanie on tombe sur des anciens blockhaus éparpillés dans la campagne. Le dictateur communiste Henver Oxa était complètement parano et persuadé que l’Occident, et notamment l’Italie, projetait d’envahir l’Albanie. Il y en aurait plus de 7000 comme ça !

On trouve 2 campings sur la route. On arrive au premier sous la pluie et le froid. On aurait bien pris un bungalow mais tout est pris par un groupe de touristes en voyage organisé qui voyagent à vélo électrique, suivis par un van avec une remorque pour leur faire passer les côtes… On a vu plusieurs groupes comme cela sur la route (anglais, allemands, etc…). 

Le lendemain c’est soleil, et un bel accueil  dans un petit camping où nous sommes les seuls. L’accueil des albanais est particulièrement chaleureux, la plupart des voitures nous font des signes amicaux, dans la rue on nous aborde fréquemment pour nous demander d’où on vient, et nous souhaiter la bienvenue en Albanie.

Apres 6 jours de vélo nous arrivons à Korce où nous faisons une pause d’un jour dans une ville très agréable. On a particulièrement apprécié la visite du musée d’Art Médiéval. On a loué un appartement à des particuliers, et là encore l’accueil est très chaleureux et on repart avec des petits cadeaux.

A Leskovik
Un des innombrables blockhaus qui parsèment la campagne albanaise
Départ de la 6eme étape vers Korce
Musée des Arts Médiévaux à Korce
Musée des Arts Médiévaux de Korce, les Sœurs Orthodoxes en forces !
Avec nos hôtes à Korce

Le 8 jour nous reprenons la route, qui débute par une vallée bucolique et très peu habitée. On sait d’après la carte que l’on va grimper vers le 30eme kilomètre…  Mais pas comme ça ! Des passages à plus de 10 %, sous le cagnard, et ça n’en finit pas. Tout le monde s’entraide, Youenn descend aider ses sœurs régulièrement, je tracte Eva sur les  passages difficiles… et le paysage grandiose en haut du col nous récompense. 

On s’arrête le soir dans le seul village de la vallée, Moglice. Un bar, une épicerie. On arrive à dialoguer en anglais avec la fille de l’épicière. Pas de plan évident pour dormir… La bande de gamins du village comprend le problème et nous trouve un endroit où poser nos tentes. On est un peu l’attraction du village. A part des cyclistes égarés il ne doit pas y avoir grand monde à s’arrêter !

Entre Korce et Moglice
Entre Korce et  Moglice (Trouvez Lucie !)
Bivouac dans le petit village de Moglice, on attire les spectateurs…!
Au bar de Moglice
Vallée encaissée entre Moglice et Gramsh

Les 2 derniers jours sont moins difficiles, quelques côtes mais moins longues ; on fait même une étape de 60 km. On parcourt des vallées plus larges et habitées, où les gens cultivent, cultures très diversifiées avec beaucoup de fruitiers. 

Lundi 20 juin, on rejoint Berat après une boucle de 400 km. Les 3 champions n’ont pas démérité et sont content d’arriver au camion. Mais ce voyage à vélo a été une vraie respiration, le voyage en fourgon c’est quand même pas pareil…!

Arrivée à Berat, la photo souvenir!
Arrivée à Berat, la photo souvenir!
Arrivée à Berat, la photo souvenir!

On reprend donc la route en fourgon vers la Grèce, avec une halte à Gjirokaster, ville ottomane bien préservée inscrite à l’Unesco. On commence à voir quelques familles de touristes français… on approche de la Grèce et des vacances scolaires !

22 juin, 30 km plus au Sud, on passe le poste frontière grec.

A Gjirokaster
1 commentaire

gouffy

Sommes contents d'avoir enfin réussi à vous suivre...avions perdu la trace du site!!L'Albanie donne envie: le paysage, les habitants, l'atmosphère...Photos superbes, super les enfants, vous êtes tous rayonnants!! On vous embrasse;;bonne suite du voyage Gouffy

  • il y a 2 ans