Oups!

Publiée le 05/07/2022
Je ne sais plus où je vous ai laissés. Le temps a passé et des choses se sont passées. Je me retrouve en juillet à Gyumri en Arménie et mon improbable projet de film. Comment en suis-je arrivée là dans ce monde en bascule ?

Nous nous sommes quittés, il me semble au Festival du court métrage à Clermont. C'était en février. Depuis l'eau a coulé sous les ponts, puisqu'il y a encore de l'eau et des ponts. Je me retrouve aujourd'hui à Gyumri, avec quelques difficultés à suivre le rythme de mes amis arméniens qui sont partis en film, tambour battant. Les arméniens sont surprenants : j'ose avancer que je n'ai pas le budget. Ils bottent en touche en m'annonçant qu'ils ont commencé de tourner le film et que tout va bien. Conclusion. Je me retrouve productrice d'un film avec un tout petit budget. Faire avec des bouts de ficelles, on connaît en Arménie, alors nous allons ficeler. Enfin... nous allons essayer, sachant qu'à l'impossible nul n'est tenu. 



L'avion

J'ai pris l'avion, première concession. Heureusement j'ai été accompagnée avec beaucoup de bienveillance jusqu'à l'ultime barrière par mon parisien de frère  spécialiste des questions aéronautiques. Il fallait bien ça. "Jusque là tout va bien". 4h30 pour arriver à Erevan en Asie Centrale. 3 fois moins cher qu'en bus et en bateau. Le monde de demain n'est pas pour demain. Le Covid ? On s'en fou. 300 personnes entassées comme des phoques sur la banquise sans masque.

C'était une compagnie Moldave. Le pays, le plus pauvre de l'Europe virtuelle, débordé de réfugiés ukrainiens,  un pied sur le champ de bataille,fait ce qu'il peut. Nous sommes arrivés sans encombre malgré 2h de retard au départ. Pour moi c'était plutôt bien, . Pour les mamans avec les bébés c'était plus compliqué.

Ana
Je suis rentrée à la maison
Sergei et ma tasse.

Serguei est fils d'un mineur et d'une institutrice. Ses parents ne sont pas hostiles à l'annexion de l'Ukraine. "Soutiennent" serait peut-être un mot un peu fort étant donné les dommages collatéraux. "Les anciens" sont pour la "Grande Russie". Les jeunes, cultivés, intelligents et travailleurs (ils ne sont pas tous comme ça) veulent tout simplement vivre. Quitter leur pays et leur famille est un arrachement mais ils font ce choix. Sergei travaillait dans une multinationale qui a "delocalisé". Elle a des filiales en Europe. Il pense s'installer au Portugal "parce que là bas la vie n'est pas chère et qu'il y a l'océan Atlantique" . Il n'est donc pas au bout de ses rêves. L'Armenie est toujours une plaque tournante vers l'espace Schengen,mais les russes ont occupé la place des iraniens tout aussi doués. Ils ont peut-être plus de chance. La couleur de leur peau y serait-elle pour quelque chose ?  

Délit d'initiés

Fuite dans les ministères russes. Le projet poutinien suite à l'échec de Kiev: Occuper  la partie est de l'Ukraine, pour l'accès à la mer dAzov et la mer Noire., et laisser  la partie ouest coupée de ses accès maritimes, sous le regard attristé et sans doute compatissant des voisins l'Europe (les derniers mots sont des commentaires personnels). 

Je me souviens

.Depuis que l'équilibre fragile entre l'Europe et les Pays de l'Est n'est plus tenu, je retrouve avec émotion ces visages que j'ai regardés intensément. Sur leur traits je pouvais lire l'énergie mais aussi une certaine gravité que donne une histoire difficile, et la volonté d'aller vers des jours meilleurs. C'était il y a 6 ans à Kiev et à Poltava. Les bombes tombaient déjà sur le Donbass, mais c'était trop loin. On n' entendait pas. Et puis le Donbass est la propriété d'un oligarque ukrainien, Rinat Akhmetov, fils de mineur (encore !) qui possède un des joyaux de notre patrimoine sur la Côte  d'Azur. Les ukrainiens  sont   des voyous (j'ai pu le vérifier) , mais pas tous (j'ai pu le vérifier). 

Kiev en 2015
Dans le métro
Pourtant la guerre était là

Les oligarques ukrainiens

La différence entre un oligarque russe et un oligarque ukrainien : un oligarque russe, s'il n'est pas en prison ou au cimetière est dans la main de Poutine comme un jeu d'osselets. Un oligarque ukrainien est  nationaliste et donc solidaire du président. Il participe à l'effort de guerre. De là, dire que le président est dans leurs mains... Dans cette Ukraine si riche en ressources naturelles et en terres agricoles, si les caisses de l'état sont vides, à qui la faute ? L'Ukraine n'est pas une démocratie.  Le mode de gouvernement nous rappelle le  Moyen âge en France : les seigneurs déversaient leur or dans les caisses du roi pour aller bouter les ennemis hors de France. Son empire du Donbass dépecé, Rinat Akhmetov pourra aller prendre quelques temps de repos dans sa villa des Cèdres au Cap Ferrat. Sauf erreur, elle n'est pas mise en vente .

Retour à Erevan, l'atelier de Martiros.
Juste en face de l'entrée
Une délicieuse après midi
L'autoportrait en cours
Plutôt réussi non ?
L'homme à la serpillière
Je suis, un peu triste, rentrée par les rues d'Erevan
Street 51, c'était la fête
Un regal
Il fallait bien repartir
1 commentaire

jurassic

Ah tu a rattrapé le temps perdu!
Très sympa. tu vas faire un tabac à Daniel Benoist!
Bise

  • il y a 2 ans