Émotions fortes au Mont Bromo

Publiée le 28/11/2016
23-24/10/16 : Mont Bromo et alentours. Un de nos plus gros coups de coeur en Indonésie, que rien ne laissait présager vu l'enfer que ça a été d'arriver jusqu'à là bas.

> Arrivée au Bromo

Au départ de Solo nous avons pris un train durant 8h, car oui à Java, il y a des trains ! Ca rend les déplacements d'une ville à l'autre très simples et pratiques, on évite les bus publics qui s'accompagnent souvent de longues négociations et de trajets chaotiques.

A notre grande surprise, le voyage (en classe économique) s'est révélé être pas mal du tout. C'est aussi lié au fait que le train était loin d'être plein et qu'on pouvait s'étaler sur les banquettes, comme les locaux ^_^

Voyage dans le train

Pendant 8h, on traverse des paysages magnifiques, comme par exemple les rizières au pied du gunung Lawu, et on sympathise avec quelques locaux.

Jusqu'ici tout va bien. C'est en arrivant à Probolinggo que les choses se sont corsées.

Pour visiter le Bromo, il faut aller à la petite ville au bord de la caldeira : Cemoro Lawang. Et pour atteindre Cemoro Lawang, il faut prendre un bus depuis la moyenne ville la plus proche, Probolinggo. Ca parait très simple, mais comme le Bromo est un des sites les plus visités de Java, quelques personnes ont décidé de tirer profit de cette situation de manière bien malhonnête.

En arrivant à 16h à la gare de Probolinggo, on souhaite prendre un mini bus immédiatement pour rejoindre Cemoro Lawang, et pouvoir aller voir le lever de soleil dès le lendemain. Ainsi, si le temps est mauvais, ça nous laissera une 2ème chance pour voir le lever de soleil le jour d'après.

En sortant de la gare, nous sommes de suite assaillis par différentes personnes qui nous proposent des tours privés pour aller au Bromo. Nous, nous voulons seulement aller à la gare routière pour prendre le bus. On nous indique un petit bus de ville pour nous y amener, un "bémo", au tarif tout à fait raisonnable. On monte dedans, et au bout de quelques kilomètres, le chauffeur s'arrête en nous annonçant que la gare routière est ici, et en nous poussant quasiment dehors. On est surpris, on ne voit pas de bus, mais une fois dehors et le bus parti on comprend tout de suite la farce : le bus nous a déposé non pas à la gare routière mais dans une agence...

Le patron de l'agence vient vers nous, tout sourire, en nous disant qu'il gère les bus publics, et nous propose des places à un prix déraisonnables. Bien contrariés du piège dans lequel on vient de tomber, on use de peu de tact pour lui dire que ses prix ne sont pas ceux des bus publics, et que c'est normal étant donné que nous sommes dans une agence. Le patron nous dit que si nous ne le croyons pas, nous pouvons aller voir à la gare routière les tarifs, puisqu'elle n'est qu'à 300m. Qu'à cela ne tienne, Guillaume part d'un bon pas se renseigner pendant que je garde les valises. Le patron, voyant Guillaume appliquer son conseil, commence à me dire que si nous allons nous renseigner il ne pourra de toute façon plus nous vendre de billets, car cela pose un problème (lequel ? nous ne saurons jamais il ne veut pas me le dire). Je conclus que le plus gros problème est sans doute que l'on va constater que les prix sont moins chers en allant directement à la gare routière. A partir de là, le patron déboulonne complètement, c'est la première fois que l'on voit un indonésien s'énerver comme ça, il me hurle dessus de quitter son agence. Je prends donc les deux valises et entreprends de rejoindre à pied la gare routière, sauf qu'elle n'est en fait pas à 300m mais plutôt à 1,5km... Finalement sur le trajet je retrouve Guillaume dépité qui me dit qu'effectivement les prix sont moins chers à la gare routière, mais que le bus ne part que quand il est plein. Il est 18h, nous sommes 2, il fait nuit et nous savons très bien que nous ne trouverons pas les 12 personnes manquantes à cette heure là. Résignés et dépités, nous prenons une nuit d'hôtel pour retenter le lendemain.

Le matin suivant, nous nous rendons à la gare routière. Nous rencontrons d'autres voyageurs avec qui nous discutons. Nous sommes dans la même situation, le bus local ne part que quand il est plein, et nous sommes 5... Il manque donc 10 personnes. On nous propose de payer les places vides, mais ça fait tripler le prix du billet.

On se rend bien compte que l'on se moque de nous, qu'est ce que c'est que ce bus public où il n'y a pas un seul local ? où l'on paye pour les places vides ? Cela fait pas loin d'un mois que nous sommes en Indonésie et c'est bien la première fois qu'on voit ça. En vrai, cela n'a rien d'un bus public, c'est une nouvelle arnaque pondue pour soutirer de l'argent aux touristes. 

Nous tentons de trouver un autre bus, ou une façon de faire baisser les tarifs, mais c'est peine perdue, tout est verrouillé, nous sommes coincés. Il est 15h, il pleut averse, on attend depuis des heures et nous n'avons plus que le lendemain matin pour tenter d'aller voir le mont Bromo. 3 nouveaux voyageurs arrivent, et, résignés, nous payons pour les 7 places vides pour que le bus se décide à partir.

On a l'impression que c'est la fin des galères, mais en fait non. En arrivant à Cemoro Lawang, on nous demande de payer un droit d'entrée dans le village oO A nouveau, c'est du jamais vu... On paye le droit d'entrée et en arrivant, le mini bus essaye de nous déposer dans l'hôtel de son pote, et refuse de nous emmener là où nous lui demandons, ce qui faisait pourtant partie de la négociation. Dépités, nous rejoignons un hôtel à pied sous la pluie.

Le soir, nous découvrons que les frais pour descendre dans la caldeira, qui étaient il y a encore quelques années à environ 20.000 Rp/pers (1,4€), sont maintenant à 325.000Rp/pers (22€) car il s'agit d'un parc national. Vu l'entretien inexistant du site, ces frais semblent plus relever d'un nouvel exemple flagrant de corruption en Indonésie que des couts réels liés à la préservation... Hors de question que nous payions cette somme, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. J'ai entendu parler sur différents blogs d'un petit chemin permettant d'esquiver le péage et de descendre en douce dans la caldeira, on choisit donc de s'orienter sur cette option. Enfin, vu la météo catastrophique, on commence à se dire qu'il y a peu de chances qu'on puisse faire quoi que ce soit le lendemain. Ca parait bien trop dangereux de partir en rando à 3h du matin pour monter sur le point de vue sous des trombes d'eau. Le moral au fond des chaussettes, nous allons quand même jeter un coup d'oeil à la caldeira avant de partir se coucher, et le spectacle que l'on découvre est grandiose... Au bord de la caldeira (c'est une sorte de grand cratère résultant d'une ancienne explosion du mont Bromo) nous apercevons le mont Batok en premier plan, et le mont Bromo crachant de la fumée juste derrière, et c'est une vraie claque. Nous allons finalement nous coucher en espérant que la météo soit plus clémente le lendemain.

Premier aperçu de la caldeira du mont Bromo

> L'ascension de "King kong hill"

2h30 le réveil sonne. Ça devient une habitude quand il s'agit de voir un lever de soleil maintenant. On avale un petit déjeuner et let's go ! A 3h nous quittons la guesthouse, et la une première surprise nous attend : le ciel est complètement dégagé, on voit toutes les étoiles et les nuages ont disparu pendant nos quelques heures de sommeil ! C'est complètement inespéré, et ça nous motive pour attaquer l'ascension de "King Kong hill", une montagne dominant la caldeira et permettant d'avoir un beau point de vue. Les lumières de nos frontales respectives nous guident en direction de la sortie du village. L'air est frais mais pas pour longtemps car nos corps chauffent rapidement sur les pentes escarpées nous menant au point de vue. La faible zone d'éclairage des frontales nous permet de bien nous concentrer sur nos pas et ainsi de ne pas percevoir la difficulté réelle de la pente, une bonne chose à cette heure si matinale, car 400m de dénivelé au milieu de la nuit ce n'est pas une partie de plaisir.

Nous avons choisi la solution la plus économique pour l'ascension, à savoir nos jambes. Mais il est possible de louer les services d'un muletier, de se faire transporter en moto ou en 4x4 pour atteindre le point de vue. 

Ca grimpe fort mais nous ne devons pas ménager nos efforts pour arriver à temps et contempler le spectacle. 

Il faut croire que nous nous sommes levés un peu tard, car les premiers rayons commencent à pointer avant que nous atteignions le point de vue.

Enfin nous y somme, quel décor magnifique, nous avons une vision panoramique de la caldeira avec le mont Batok au premier plan et le volcan Bromo fumant, somptueux. Ce point de vue nous permet de voir loin aux alentours et d'entrapercevoir au loin le volcan Semeru qui domine Java avec ses 3676m.

Le vent est très frais, malgré les polaires et les coupe-vents, on grelotte un peu. Nous nous sommes arrêtés entre les deux points de vue les plus connus, ce qui fait que finalement il y a assez peu de monde avec nous.

Nous restons une bonne heure jusqu'à ce que le soleil soit assez haut dans le ciel pour bien nous réchauffer, profiter de la superbe lumière pour faire photos et vidéos. 


Cemoro Lawang
Mont Bromo et mont Batok
La caldeira
Mont Bromo et mont Batok

> La descente dans la caldeira

Il nous faut maintenant descendre dans la caldeira. Nouveau coup de chance : l'accès à la caldeira était interdit il y a encore 2 semaines, en raison de l'activité trop importante du Bromo qui crache des cendres de manière conséquente, mais depuis quelques jours on peut de nouveau y accéder.

Hors de question de payer les frais exorbitants qu'on nous a annoncés pour descendre dans la caldeira, nous redescendrons donc à Cemoro Lawang à pied puis prendrons le petit chemin caché.

Mais c'est sans compter que l'aventure ça passe aussi par des expériences inédites et des rencontres fortuites. Nous nous faisons accoster par deux conducteurs de scooter, qui nous proposent de descendre dans la caldeira avec eux par un chemin permettant d'éviter les frais d'entrée, moyennant une somme tout à fait correcte. Nous choisissons donc la manière la plus fun: passagers sur des motos pilotées par des locaux en passant par une route tortueuse mais bitumée qui nous amène à la lisiere de la caldeira.

Le décor est juste dingue, lunaire, c'est absolument magnifique. On rentre par le coté opposé de la caldeira par rapport à Cemoro Lawang, et cette partie là est beaucoup plus verte que l'autre, coup de chance que nous y soyons passés.

Et là, plus question de routes ou de chemins, c'est sur un sol de cendre que nos pilotes posent les roues, ça zigzague, c'est presque comme dans des dunes et que c'est fun !! Ca me rappelle mes premiers tours de roue à motocross dans la foret landaise. Un vrai Paris-Dakar


Dans la caldeira
Dans la caldeira
Nos pilotes
Au pied du mont Bromo

> L'ascension du Mont Bromo

Finie la rigolade, les moteurs des motos se coupent et c'est le moment de se mettre en route vers le bord du cratere du Mont Bromo.

Troisième gros coup de chance : l'accès du cratère était fermé les dernières semaines à cause de l'activité du volcan, et il a rouvert aujourd'hui même ! 

C'est un paysage de dunes cendreuses qui accompagne nos pas jusqu'au pied des marches de l'escalier menant au cratère. C'est une attraction vraiment touristique où locaux et visiteurs se mêlent dans le même effort. Pas facile de marcher sur ce sol cendreux.

La vue du cratère se mérite et au fur à mesure de l'ascension de l'escalier, les marches se dessinent de moins en moins à cause de la cendre. Les sacs sont lourds mais la récompense en vaut la peine ! Son, odeur et images c'est le cadeau que nous offre le Mont Bromo. Nous apercevons les colonnes de fumée s'échappant du centre du cratère. Nous percevons de très légères vibrations instantanément accompagnées de grondement sortie de terre. Impressionnant c'est le mot. Vraiment unique.

Le Bromo est le volcan parfait, comme on le dessine étant enfant. Une montagne avec un gros cratère, un trou au fond et de la fumée qui s'échappe. Le spectacle est merveilleux et nous fait nous sentir tout petit.

Ce poste d'observation reste assez précaire, nous avons le cratère d'un coté, et le le vide du bord du volcan de l'autre, nous évoluons sur des crêtes et le sol, tout en cendre est très friable. Des barrières ont été érigées pour empêcher les visiteurs de tomber dans le cratère, mais elles ont été ensevelies sous les cendres et ne font maintenant plus que 20-30cm de haut...

Nous nous rendons encore plus compte de la dangerosité du lieu quand d'un coup, le vent tourne et qu'un nuage de fumée soufrée arrive vers nous accompagné d'une pluie de cendre.  Ça pique les yeux et la gorge, on tousse, on ne voit plus qu'à quelques mètres. Plusieurs personnes se hâtent pour redescendre dans un petit mouvement de panique. C'est difficilement respirable certes, mais quand on voit la profondeur du cratère le moindre faux pas ne pardonnerait pas, et on a peur se faire bousculer par les gens affolés qui bousculent pour redescendre précipitamment. Nous nous écartons pour éviter la bousculade. Le spectacle est toujours aussi fascinant, et on apprécie notre chance en se rappelant que la veille il était impossible de monter sur le volcan, l'activité ne le permettait pas. Nous repartons donc heureux et plein de belles images dans les yeux.

Paysage lunaire de la caldeira
Au bord du cratère
Le cratère
Le cratère
Les barrières ensevelies sous les cendres
Bord du cratère
Juste avant le blackout
Vue sur la caldeira depuis le Bromo
Bord du cratère
Autel au bord du cratère
Travailleur du Bromo
Paysage lunaire
Travailleur du Bromo
Paysage lunaire

> Ascension du mont Batok et retour à Cemoro Lawang

Après être redescendu du mont Bromo, Guillaume, toujours aussi fougueux et plein d'énergie veut grimper le mont Batok :) L'ascension s'annonce raide, et je suis déjà bien fatiguée (déjà 7h que nous sommes partis de l'hôtel) donc je m'installe au pied du petit temple hindouiste de la caldeira et le laisse relever ce défi tout seul.

L'attaque est très raide, on comprend rapidement pourquoi personne ne s'aventure sur le voisin du Bromo. Il ne lâche pas l'affaire et persévère sur un petit sentier censé permettre d'accéder au sommet. Finalement le chemin devient de plus en plus dangereux, et il décide de stopper son ascension à moins de 100m du sommet pour ne pas prendre de risques inconsidérés.

Nous finissons ensuite de traverser la caldeira pour rejoindre Cemoro Lawang. Nous empruntons le fameux chemin secret pour ressortir de la caldeira, avec une petite appréhension, celle de se faire pincer, mais finalement nous arriverons sans encombre.

Petit fait amusant : Guillaume a découvert par hasard que le sol de la caldeira "sonne creux". Quand on jette une grosse pierre à terre, on entend clairement un gros écho en dessous, à se demander ce qui s'y trame...

Mont Bromo
Mont Bromo et mont Batok

> Retour à Probolinggo puis Surabaya

A peine rentrés à l'hôtel, nous nous hâtons de prendre une douche, il parait qu'un bus est quasiment plein et nous ne voulons pas le louper. Effectivement, 15 personnes sont réunies pour partir, on est serré comme des sardines dans le mini bus où on n'aurait pas eu l'idée de mettre plus de 10 personnes, mais au moins ce coup ci nous ne payons que le tarif normal.

Arrivés à Probolinggo, nous prenons un train pour aller à Surabaya, la grande ville la plus proche où nous devons prendre notre avion pour aller à Kuala Lumpur. Le trajet en train est beaucoup moins sympa que la fois d'avant, nous ne trouvons pas de place pour les valises car le train est complet, Guillaume reste donc avec nos bagages entre deux wagons, à coté des toilettes. Heureusement ce coup ci le trajet dure moins de 2h.

Arrivés à Surabaya, nous nous rendons à la petite guesthouse où nous avons réservé une nuit, les commentaires sur tripadvisor étant plutôt bons. Et là, c'est la désillusion. Ce sont des vraies chambres chez l'habitant, et chez l'habitant, dans ce cas présent, c'est plutôt le gros bazar. La propreté laisse un peu à désirer mais on peut s'en accommoder pour une nuit. En arrivant, la gérante, désolée, nous dit qu'elle n'a qu'une seule  chambre avec un lit 2 places. Ne comprenant pas trop le problème, nous lui disons que ça ira très bien. Elle emmène alors Guillaume dans la chambre, et moi dans un dortoir oO J'insiste en lui disant que nous allons dormir dans la même chambre, elle finit par céder. Ce que j'ai pris pour un problème de compréhension au départ n'en est en fait pas un : Guillaume et moi n'étant pas mariés, il s'avère dérangeant de nous laisser dormir dans la même chambre. La chambre n'est pas dingue, et on ne peut pas la fermer de l'extérieur, on laisse donc tout ouvert en partant manger. Mais le pire reste à venir : la chambre dispose d'une grande fenêtre donnant sur la rue et recouvrant tout un pan de mur, par dessus laquelle est placé un store. Quelle n'est pas notre surprise de découvrir qu'en fait il n'y a pas de fenêtre, mais juste un trou béant dans le mur, donnant sur la rue et recouvert d'un store....

On est pas des maniaques de la sécurité, mais là c'est un peu fort le café quand même. On se console en se disant que nous ne sommes là que pour une petite nuit puisque nous partons le lendemain à 6h pour l'aéroport. Evidemment nous sommes réveillés à 4h du matin par l'appel à la prière de la mosquée d'en face, sans fenêtre, peu de chance d'y échapper. On part aussi vite que possible de cet endroit dès le matin pour rejoindre l'aéroport.

Toutes les photos, et en haute définition, c'est par ici : http://etin.yourphototravel.com/fr/carnet-de-voyage/chapitre/mont-bromo-3540/#cemoro-lawang

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7 Voyages | 28 Étapes
Bromo Tengger Semeru National Park, Ranupani, Kabupaten de Lumajang, Java oriental, Indonésie
Étape du voyage
Début du voyage : 16/10/2016
Liste des étapes

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