Capitulo 9 - Aguas Calientes, une ville en eaux troubles

Publiée le 24/11/2016
Sur les rails du Machu Picchu

Petite ville située au pied du Machu Picchu, c'est le point de départ pour tous les touristes pour y monter. Après six heures de combi (gros van) à la conduite sportive depuis Cusco , nous arrivons à Hidroelectrica, la centrale hydroélectrique (d'où son nom n'est ce pas) sûrement la plus fréquentée au monde. En effet, c'est de là que partent les touristes qui ont opté pour le chemin des écoliers, laissant les treks plus longs à d’autres pèlerins. De là, deux heures et demie de marche le long des rails de train, en pleine végétation tropicale, le long d'une rivière, permettent de relier le village aux Eaux Chaudes. Sur le papier, aucun souci. Seulement, dans la série des boulettes de voyage improbable: après la pluie dans le désert à Huacachina, la grève de l'ensemble d’Aguas Calientes contre les compagnies de train de la région et contre la Direction Régionale du Ministère de la Culture ayant lancé un projet de “Centro de Interpretacion” (ne demandez pas, on ne sait toujours pas trop en quoi cela consiste désolé). Résultat, plus de train entre Aguas et Hidroelectrica, donc la seule possibilité est de marcher, ce qui ne convient pas à tout le monde, surtout ceux qui arrivent avec leurs valises roulettes… Deuxième conséquence, bien plus importante et impressionnante: l'ensemble de la ville s'est mobilisée pour cette grève. Nous arrivons donc dans un village aux airs de bout du monde, enfoncé entre de grandes montagnes verdoyantes, dans une ambiance que nous connaissons malheureusement assez bien en ce moment: des militaires et des policiers postés un peu partout. Dans la rue principale un peu trop calme traversée par les rails des fameux trains,chaque restaurant, chaque tienda est fermé et annonce “que vive la grève”, “fermé pour la grève”... Nous découvrons au fur et à mesure de notre première déambulation que chaque rue est déserte, mis à part des forces de l'ordre. Nous arrivons finalement sur la Plaza de Armas où les habitants du Machu Picchu Pueblo (deuxième nom de la ville) se sont réunis pour se faire entendre et débattre. La place est simplement bondée et résonne au son des tambours et du fameux refrain repris pour l'occasion “el Pueblo, unidos, jamas seran vencidos” (le peuple, unis, jamais ne sera vaincu). Nous trouvons finalement notre hébergement, situé en hauteur par rapport à la place (l'hôtel Llaqta Wasi, recommandé pour la vue!) d'où nous sommes aux premières loges (de jour comme de nuit) pour entendre l'ensemble des chants et discours revendicatifs.

Petit point sur l'implication et l'organisation de cette grève. Ville principalement touristique, une fois les restaurants et les tiendas fermés, il n'y a plus rien pour les touristes pour se nourrir (point qui a la capacité d’angoisser certaines personnes. Oui, ok, NDF). Qu'à cela ne tienne, les grévistes, soucieux de renvoyer une image correcte de leur ville, organisent sur la Plaza de Armas une grande soupe populaire pour… tout le monde. Nous nous retrouvons donc assis sur un bout de trottoir, en train de manger avec tout le reste de la population, locale comme internationale. En plus, c'est jour de match, alors forcément! Deuxième point, l'implication de la mairie. Sur la façade de celle-ci, deux banderoles:

“Par décret législatif, le Maire et les conseillers municipaux ne peuvent participer à des actes de protestation. Cependant en tant qu'autorités élues par le peuple, ils viennent encourager le dialogue auprès du conseil des ministres et le congrès pour trouver une solution aux justes demandes du peuple. Vive la grève!”

“Les services de la mairie sont suspendues les 15 et 16 novembre 2016, à l'exception des services basiques (propreté publique et sécurité), en précisant que les jours non travaillés pourront être récupérés”

Message clair, s'il en est!

Nous avons quand même pu accéder à la merveille du monde péruvienne, la cité inca du Machu Picchu. Après trente minutes de plat le long du Rio, où nous avons nourri toutes les mouches de sable du coin (sérieusement, marchez couverts, ces #*!&€ piquent longtemps), nous sommes arrivés au Puente Ruinas, où sont situées les premières des 1756 marches pour atteindre le lieu de villégiature des rois incas. François a essayé de les compter mais par manque de souffle, a fini par se fier au bon vieux guide des routards, sans aucun placement de produit. Une fois là haut, on repère assez vite ceux qui sont montés en bus, tout pimpant tout frais, et les autres. Bref. Étant en saison basse, nous avons eu la chance d'avoir très peu de monde sur le site même, nous laissant appréhender par la sérénité des lieux et le savoir-faire des maîtres tailleurs de pierre (pas de ciment, pas de liant, simplement de l'imbrication, à la manière de Lego de plusieurs tonnes pour certaines pièces). Aucune information sur le site, ce qui présente l'avantage de ne pas le dénaturer, mais où on pourrait rester sur sa faim. Heureusement, Diane avait tout prévu et repéré, à Cusco, un musée retraçant la “découverte” du site et détaillant ses différentes composantes (la casa Concha, 20 soles l'entrée, recommandée!). La cité est impressionnante, tant par sa taille que par la qualité de son intégration à la montagne. Située sur une sorte de plateau en selle de cheval, c'est un véritable exercice d'équilibristes. Les plateaux d'agriculture, restanques péruviennes, se situent à flanc de falaise. L'eau, acheminée du mont Wayna Picchu, parcourt presque un kilomètre pour alimenter l'ensemble de la ville grâce à 16 fontaines. À 2800 mètres d'altitude, sur une sorte de pic, ces “““sauvages””” d'il y a six siècles avaient l'eau courante. Hop, petite dose d'humilité.

Nous redescendons, après avoir dit au-revoir à ce site mythique et aux quelques llamas ayant la charge de la qualité de la pelouse.

Retour vers Cusco, chemin inverse. Comment? Le chauffeur, ne nous ayant pas trouvés à Hidroelectrica, est parti sans nous? Ah, bien, très bien! Et qu'est ce qu'on fait, alors? “On ne s'inquiète pas, on nous envoie un autre chauffeur, dans une voiture blanche, qui devrait être là d'ici cinq à dix minutes!”. Après une heure et demie d'attente, bien remontés, en voulant à tous les dieux de toutes les religions et ayant maudit sur cinquante générations ces deux chauffeurs bien peu professionnels, voyant presque tous les autres bus partis, nous décidons de négocier notre retour auprès du prochain qui nous proposera de monter avec lui. Et parfois, le hasard...Il s'est avéré qu'on est tombé sur Marco-Antonio, le Fanjo disco. Sur fond de musique des années 80 (“la mejora epoca de la musica no?”), nous vivons en direct (et de près, de très très près) ce qui pourrait être une étape de rallye. Doublant combis, bus, tricycles motorisés et autres machines à moteurs, passant par des chemins de terre, du bitume correct, des coeurs de village ou encore à travers des carrières en exploitation (“no detenerse, riesgo de caida de piedras”, ne pas s'arrêter, risque de chute de pierres), nous arrivons une heure plus tôt que prévu, en étant partis deux heures plus tard. Soulagés de toucher terre, nous rejoignons notre auberge, La Bohème, situé dans le quartier de San Blas (aux airs Croix Roussiens selon Diane) et oh que oui c'était mignon et oh que oui, ça nous a fait du bien. Et oh que oui, celui qui en rira peut bien venir faire un tour en voiture au Pérou!

lama, cabri, Machu
2 commentaires

TitiLenzi

le lama... et le dalaï lama ! attention : quand lama pas aimer, lama cracher

  • il y a 8 ans

bd

un kilomètre à pied, ç'a use pas que les souliers !

  • il y a 8 ans