Namur - Aachen

Publiée le 26/07/2023
Une première étape de 130 kilomètres, par la Meuse, l'Ourthe et les Trois Frontières. Vous y découvrirez une révélation sur le cyclimse, un comptable sympathique et une recette merveilleuse !

Pour ce long voyage, ou plutôt ce voyage d'une durée standard mais qui débouche sur une longue période à l'étranger, j'ai cru bon de m'équiper de deux sacoches supplémentaires. Tada !

Plus bleu que bleu !

Bon, je dois admettre que le poids supplémentaire se sentait un petit peu par rapport à mes voyages précédents. Qui voyage avec un ordinateur, deux paires de chaussures, un kit de réparation d'ordinateurs et un haut-parleur Bluetooth ?


Mince, déjà 8h45. Je dois rejoindre Pierre-Antoine à cette heure-là, qui m'accompagne les 15 premiers kilomètres, pour me porter secours en cas de problème mécanique précoce. Je démarre, il est déjà en haut de la côte pour venir me chercher. Dans la foulée, on se dépêche d'aller rejoindre Tom, qui nous attend à quelques kilomètres de là, sous l'Enjambée.


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À ce moment-là, c'est parti. Avec mes deux acolytes, je sais que je vais arriver à Liège en deux temps trois coups de pédales. Au pont de Namêche, Pierre-Antoine nous fausse compagnie, avec les formules d'usage, et je le remercie pour la bonhommie et l'efficacité de sa présence. Nous continuons à deux jusqu'à une petite pause 30 kilomètres plus loin.

Regarde, on est déjà à plus de la moitié du chemin vers liège (44/73).

C'est là que Tom me propose un Haribo. Une révélation: les cyclistes aguerris mangent des bonbons ? Heureux, je mets un gummy bear, une fraise et une tutute dans ma bouche et cette nouvelle information dans ma tête. On repart d'une traite vers la Cité Ardente.

Arrivés à Liège plus vite qu'il n'en faut pour prendre de photo, une avale un repas frugal et nos chemins se séparent: Tom doit rentrer à Namur, à vélo, où d'autres devoir l'appellent. Je le remercie grandement de m'avoir accompagné ce bout de chemin et nous prenons chacun la route qui nous conduit à la suite de nos journées respectives. Pour moi, 55 kilomètres vers Aachen, prévus pour être un peu plus vallonnés qu'en bord de Meuse. En quittant Liège, je croise inopinément la sœur d'une ancienne coloc qui fait un petit jogging en bord d'Ourthe. Nous nous donnons des nouvelles respectives du type "Je vais m'installer à Namur où j'ai trouvé une maison depuis le Pérou -Moi je pars pour un an en Suède à vélo. Tu vas à Namur ? Va à la masse critique les gens sont chouettes, puis il y a un super magasin de vélo, etc." Nos chemins se séparent et je reprends ma route vers la partie pentue de mon trajet du jour. Avant les côtes fatidiques, je tombe face à un avertissement dissuasif.


Y en a qu'ont essayé. Ils ont eu des problèmes.

Mais, du courage plein les mollets (il parait qu'ils travaillent même si je ne les sens pas trop), je décide de m'avancer tout de même vers Herve, où je me donne pour mission de savourer un deuxième diner puis une tasse de café, méritée après un faux plat montant de 22 kilomètres (n'est pas Tom ou Pierre-Antoine qui veut).


Herve, ses Pierres, ses frites artisanales de père en fils, ses fleurs,...

Arrivé à Herve, après avoir acheté un paquet de bonbons pour suivre à la lettre les derniers conseils prodigués par Tom, je m'installe sur un banc de pierre en face d'une société fiduciaire. L'homme qui travaille dans le bureau sort et me lance un "Monsieur, vous pouvez venir manger à l'intérieur si vous voulez". Je me dis que les comptables aussi (je suppose qu'il est comptable, mais je n'en ai aucune certitude) peuvent être des gens sympathiques. Tout en le remerciant, je lui réponds que je suis bien installé dehors et qu'il fait très bon, mais vraiment merci beaucoup c'est très gentil de votre part.


Mon repas terminé, je file vers un café littéraire que j'ai aperçu un peu plus haut dans la rue principale, "Chez Lison". J'y déguste un café dans une tasse et avec une cuiller magnifiques, pour lesquels je ne manque pas de complimenter Lison (je suppose qu'il s'agit d'elle, ce qui se confirme quand elle m'explique qu'elle a ouvert il y a quelques mois). Au cours de notre discussion, elle m'indique que, comme un signe du destin, bien avant d'avoir cette idée elle s'était fait faire un tatouage avec une pile de livre sous une tasse de café sur l'avant-bras, et me le montre comme preuve de ce qu'elle raconte. Nous nous séparons sur ses bons mots et je reprends ma route.


...et ses ... !

Après Herve, ça monte et ça descend, sur des Ravel dignes de celui que je prenais le matin pour aller à l'école, jolis, bordés d'arbres. J'en profite pour passer quelques coups de fils importants, à mes deux grands-mères chères à mon cœur et à ma sœur. Un peu plus loin, à Aubel, je croise un accordéoniste qui joue sur sa terrasse. J'hésite à m'arrêter, mais l'hésitation a duré trop longtemps et je n'entends déjà plus sa valse. Il faut apprendre à ne pas hésiter quand on voyage à grande vitesse v vélo prime.


À 12 kilomètres de Aachen, je confirme à Luisa, qui m'héberge ce soir, que je serai là pour 19h, car il ne reste que peu de kilomètres. Puis j'ai été surpris. Par une route qui monte jusqu'à un tournant. Qui cache une autre route. Qui monte jusqu'à un tournant. Qui semble mener à une route un peu plate. Mais c'était un leurre car c'était un faux plat, qui de plus en plus devient un vrai pas plat. Et pas dans le sens qui m'arrange. Si proche du but, je ne m'attendais pas à ça. Je regrettai ces bagages inutiles. Un kit de réparation d'ordinateur ? Un haut-parleur ? Deux paires de godasses ? Qui a besoin de tout ça pour monter pareille côte ?


Les côtes, ça arrive comme ça parfois sans prévenir. Puis y a plus qu'à les monter..

Arrivé en haut, je me souviens d'être déjà venu aux Trois Bornes (ou Trois Frontières) où se rejoignent l'Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas. Il y a longtemps, lors d'un camp patro. Peut-être à Sippenaeken.


C'est haut, mais il y a des arbres qui barrent la vue. À Namur, on couperait tout ça !

Plus qu'à dévaler une interminable -mais très jouissive - pente jusqu'à Aachen. À l'entrée de la ville, je croise Raphaël, un cycliste allemand qui me fait remarquer que je voyage avec mon violon. Nous échangeons sur la musique -il joue du saxophone - et il me montre le chemin à travers Aachen pour rejoindre Luisa. J'y arrive à 19h10.


Chez Luisa, après une douche et des étirement soigneux que mon merveilleux kiné m'a prescrit, je propose de cuisiner pour tout le monde (c'est-à-dire elle et Vincent). Iels acceptent de bon cœur, n'ayant rien prévu à manger à part un peu de pain sec. Je décide de partir sur une ratatouille avec riz et lentilles, pour refaire le plein d'énergie. Après de rapides courses, je me lance dans la cuisine d'un plat merveilleux dont voici la recette, pour les plus curieux et curieuses:


Pour 3 personnes:

Deux verres de riz

Un verre de lentilles béluga (mais ça marche aussi avec des vertes ou des brunes, mais pas des corail !)

3 poivrons, 2 petites courgettes, 1kg de tomates

1 ognon (si si, il y a eu une réforme en 1990 ! ), 4 gousses d'ail

Estragon (2 cuiller à café), laurier (2 feuilles), romarin (un peu parce qu'il en restait plus beaucoup mais faudrait en mettre plus)

  1. Fil rouge: les tomates en morceaux dans une casserole, puis l'ail coupé, l'estragon à même les légumes, le laurier et le romarin en bouquet garni (ou dans une infusette de thé en métal, tu vois, une boule ou quoi)
  2. Fil vert: couper les courgettes en demi rondelles et saler pour faire perdre un peu d'eau
  3. Fil blanc: lancer la cuisson du riz si c'est du riz complet qui prend 45 minutes, il est temps ! Dans deux fois son volume d'eau, donc 4 verres.
  4. Fil de toutes les couleurs: couper les poivrons en lanières et faire revenir dans une poêle avec les ognons. Salez légèrement.
  5. Fil de lentilles: en fonction de la lentille que vous avez, lancez la cuisson des lentilles, dans assez d'eau.
  6. Retour aux courgettes: une fois les poivrons cuits ou presque si on les aime un peu croquants, les mettre dans le fait-tout, rincer les courgettes et faire cuire les courgettes à la poêle.
  7. Si tout va bien les tomates c'est un couli trop bon qui goûte fort l'estragon (miamiamiam). Couper tous les feux, mettre tous les légumes avec les tomates, servez du riz, des lentilles et des légumes à chaque convive. Se resservir abondamment (ou prétexter qu'on n'a plus faim pour qu'on ne pense pas que vous ne vous resservez pas parce que c'est pas bon).


Ah et pour les puristes: j'ai pas trouvé d'aubergine au magasin. Mais j'imagine que je ferais comme pour les courgettes.


En tout cas, mon hôte et mon hôtesse ont trouvé ça bon et j'espère qu'il et elle se sont dit que j'étais un bon invité (j'aurais pu dire hôte, mais ça aurait embrouillé inutilement l'histoire).


Bon, comme disait Émile Zola, cité par Michel Jacqmain, allons au lit.

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