Gunung Rinjani let's go !

Publiée le 11/01/2017
12-14/11/2016 : Ascension du Rinjani (3726m) sur Lombok par Guillaume

PRELUDE A LA PERFORMANCE

Un des symboles de l'Indonésie, ce volcan représenté un défi de taille pour moi qui suis novice en marche à pied (du moins en haute montagne puisque depuis le début du séjour nous avons fait quelques ascensions de volcans mais moins hauts).

J'ai donc quitté Caroline et Pauline pour me rendre sur l'île de Lombok, et plus précisément à Senaru le village de départ de ce trek de 3 jours sur le Mont Rinjani.

La classique photo de groupe du départ

> JOUR 1

Départ matinal pour atteindre le premier camp avant le coucher de soleil. Un Belge, une canadienne, et deux Finlandais sont au départ avec moi. Le reste du groupe nous rejoindra à un camp intermédiaire lors du repas de midi. Malheureusement pour eux, le rythme va être assez élevé pour nous rattraper. Qu'elle n'est pas ma surprise quand j'apprends que 3 toulousains sont dans ce groupe. Grosse ambiance en perspective !!!

La mise en marche est laborieuse puisque notre guide doit trouver un porteur en catastrophe étant donné qu'un membre de son staff est malade. Une heure de perdue, on va devoir mettre du rythme pour atteindre le camp cité lors du briefing matinal.

Le départ est enfin donné, nous avons 4 porteurs pour acheminer le matériel nécessaire à la construction du campement et assurer les repas. Équipés chacun de deux paniers sur le dos, il me font déjà de la peine quand je vois le dénivelé que l'on doit avaler aujourd'hui: 2000m D+

Nous évoluons dans la jungle jusqu'au 1er camp ou nous mangerons, la météo est parfaite jusque là, mais elle ne va pas rester aussi clémente.

Pause déjeuner avant les trombes d'eau

Le repas terminé, la pluie fait son apparition. Pas le petit crachin, la grosse pluie tropicale qui transforme le sentier en rivière, et la moindre déclivité du terrain en cascade. Mon poncho n'aura pas même tenu une heure. On est parti pour une bonne après midi galère avec le brouillard qui s'installe malgré la densité de végétation dans cette jungle. Slipery, very slipery je n'ai que ça en tête. On est tous dans la même galère, le groupe se soude à mesure que notre guide commence à montrer des signes de faiblesse ! Hallucinant, il nous demande de limiter notre rythme, pour attendre les porteurs. 
Le doute commence à s'installer. Je pense à abandonner ... Moralement c'est difficile, le corps détrempé, les chaussures transformées en éponges. On fait une pause, notre guide s'étire. On se regarde tous, le découragement est palpable. Je me dis que si le lendemain la météo n'est pas meilleure c'est retour au pied du volcan ... On croise les doigts.
Pas le temps de traîner, on veut se mettre au sec au plus vite pour trouver le réconfort de la tente. Le guide indique à la tête du groupe la distance jusqu'au prochain abri. Nous sortons de la jungle et passons les 2000m d'altitude, nous sommes maintenant entourés de hautes herbes. La pente est raide et nous évoluons sur un sol cendreux, vestige de précédentes et lointaines éruptions.La pluie se calme et c'est sur cette note positive que j'atteins enfin l'abri. La tête du groupe est déjà là en train de grelotter et de se changer.
D'un commun accord nous concluons qu'il est impossible de continuer pour nous étant donné la météo et l'heure tardive. Lorsque le guide arrive, une bonne dizaine de minutes plus tard, nous lui expliquons notre choix qu'il approuve ensuite.
En guise de petit déjeuner nous aurons 641m de dénivelé le lendemain pour atteindre le cratère. Et pas un seul mètre de plat. Les porteurs installent nos tentes sur une large crête usée par les précédents et actuels randonneurs. Le site est également une véritable décharge et c'est tellement dommage ... On en reparlera en photos plus tard dans l'article.
Le repas du soir nous est servi dans nos tentes respectives. En petit veinard j'en ai une pour moi seul, comme un prince avec un bonnet en guise de couronne. Et oui ça caille à 2000m ...

> JOUR 2

Le jour se lève, une bonne nuit de sommeil sur tapis fin. Les jambes répondent bien, le dos est en place. Et surtout la météo est parfaite, un grand ciel bleu !! Le rêve. On prend un pancake nature en guise de déjeuner et c'est parti sur les coup de 7h. La vue est splendide, je peux même apercevoir l'île de rêve où se trouvent Caroline et Pauline. Elles paraissent minuscules vues d'ici les îles Gili.
La montée est raide mais je m'accroche. Arrivé au cratère c'est la première récompense de la journée. La vue est tout simplement somptueuse, grandiose, bellissima !! Le cratère, avec en son centre le volcan Barujani et ses magnifiques couleurs offrent un spectacle merveilleux.

Au sommet du cratère à 2461m

Pré-requis incontournable pour descendre au pied du lac et donc continuer vers le camp de ce soir : qu'il ne pleuve pas et que le sol soit assez sec. Notre guide vérifie et c'est la deuxième bonne nouvelle, let's go !!! L'aventure continue. Notre guide nous informe sur la dangerosité de la descente. Nous aurons une pensée pour un malaisien mort la semaine précédente sur ce passage. Chaque pas est millimètré, c'est vraiment raide et par endroit cela ressemble à de l'escalade. Heureusement seulement sur de courtes sections. Notre guide nous fait passer un à un sur les passages les plus délicats. Des rambardes jalonnent certaines portions de la descente et nous aident fortement. On profite de la vue sublime pour faire des photos. Le lac est à notre portée maintenant, impressionnant, il atteindrait les 400m de profondeur par endroit.

Notre ami Finlandais dans la vertigineuse descente
Un porteur à l'oeuvre avec les fameux paniers
Pause de circonstance pour fêter le retour du beau temps
Profitez de la vue sur le sommet du Rinjani

Notre guide nous propose une courte pause pour faire un plongeon. On se jette en compagnie du groupe pour tester l'eau. Et elle est froide, mais heureusement un membre du groupe (un Finlandais) nous ouvre la voie avec son slip Superman, no comment :-) La baignade terminée c'est en direction des sources d'eau chaude que le groupe se met en marche. Le lac est en forme de croissant de lune car il entoure un volcan et sur un de ses côtés, il est de couleur dorée. La raison est simple, du souffre s'échappe depuis des conduits naturels en surface. Les couleurs sont magnifiques, jolie tableau. A nouveau, on se retrouve sur un site abimé par les déchets et les passages répétés des touristes, c'est dommage mais ça reste jolie.  

Le volcan Barujani en fond entouré du superbe lac
Les sources d'eau chaude vue par notre guide
Contraste de couleur en aval de la source d'eau chaude

Nous ferons une halte en retournant quelque peu sur nos pas pour le repas de midi au bord du lac. On reprend des forces, car du dénivelé nous attend cet après midi pour atteindre le camp d'ascension du sommet à 2600m. J'en profite pour faire des photos du volcan, des petits temples avec offrandes et du lac au reflet doré. Sur les berges du lac, des locaux pêchent, d'autres sont massés sous des tentes. Ma question qui restera en suspend : mais que font tous ces gens ici ?

Un temple au bord du lac à 2000m

Pour atteindre le dernier camp avant le sommet c'est toujours aussi raide avec quelques passages dans la brume. Le vue est de nouveau magnifique puisque nous somme remontés au niveau du cratère pour longer l'unique crête qui mêne à ce fameux camp de base. La lumière se fait de plus en plus rasante, les nuages entourent le super volcan. Une sorte de micro climat s'installe avec une ceinture de nuage autour du lac. Les porteurs installent le camp sur un petit plateau de lave solidifiée. C'est une succession d'immenses plaques comme vous pouvez le voir sur les photos. Le point de vue est vraiment sublime mais c'est réellement vertigineux. Je profite du coucher de soleil avec le groupe, en préparation du lever à 2h pour profiter du lever de soleil au sommet du Rinjani à 3726m. Nous attaquerons les derniers 1100m de dénivelé le lendemain puis terminerons la journée par la descente finale vers le village de Semballun.

Ascension vers le camp de base avec nos porteurs
Le camp de base à 2639m
Coucher de soleil sublime sur notre camp
Le camp de base sous la lumière de la fin de journée

> JOUR 3

Le réveil sonne, je n'ai pas dormi étant donné mon impatience et mon stress. On grignote un bout vite fait, on s'équipe de nos lampes frontales et on y va. Il fait vraiment froid, mais pour la montée je m'équipe légèrement pour ne pas être trop en transpiration. J'ai dans mon sac de quoi me couvrir et surtout me changer au sommet pour ne pas être gelé en regardant le lever de soleil.
Pour l'ascension finale, seul un porteur et notre guide nous accompagnerons. Le porteur délesté de ses paniers dicte immédiatement un rythme très élevé. Nous décidons avec les autres français de partir tranquillement. Le guide reste avec nous et on apprend que le porteur qui accompagne la tête du groupe n'a que 15ans, et c'est déjà une machine ...
Nous rattrapons la tête du groupe au bout d'une grosse demi heure pendant qu'ils font une pause. Mais à trop attendre on prend vite froid alors je décide de continuer immédiatement. Le rythme du groupe de tête est bien moins rapide et à mesure que l'on prend de l'altitude la hiérarchie du groupe change. Notre ami belge si fort les précédentes journées commence à accuser le coup, tout comme la canadienne qui l'accompagne habituellement. Le groupe de francais reste à son allure sans pause, mais à un rythme constant.
Pour ma part je suis scrupuleusement le porteur dans la nuit noire, sous la lueur de ma frontale, avec les deux finlandais et les deux suedois.Je dois vous préciser que l'on évolue​ sur de la cendre. C'est comparable à du sable. Pour vous donner une idée du ressenti, imaginez la montée de la Dune du Pilat pendant 3 heures. Chaque pas n'est en fait qu'un demi. La difficulté est bien réelle et musculairement c'est dur. Personnellement, malgré l'altitude je n'ai pas senti un quelconque manque d'oxygène ou une baisse de mes performances. On commence à distinguer les formes des crêtes au fur et à mesure que le soleil pointe le bout de son nez. On aperçoit le sommet bien plus haut mais je ne préfère pas trop regarder et me concentrer sur mes pas. C'est difficile mais pas insurmontable, le mental commence à bien travailler.
Le groupe se désunit de plus en plus, je ne prends plus de pose de peur d'attraper froid. La température doit avoisiner les 5°C et nous somme encore à une bonne demi heure du sommet. Je pense à la vue qu'il doit y avoir depuis là-bas, il n'y a plus qu'un suédois avec le porteur et moi. Arrivé à 300m du sommet le suédois craque un peu. J'ai envie de me faire plaisir et veux absolument arrive premier du groupe. Et vous me croirez ou pas on a fait la course avec le porteur. Pas de sprint, c'est impossible dans les cendres, mais le rythme s'est bien élevé. Lui en tong et chaussettes du haut de ses 15ans et moi en mode touriste vaniteux. Le bilan est simple il a gagné d'une bonne longueur. Et quel bonheur de checker avec lui au sommet !! On y est enfin. Difficile à décrire tellement on domine l'île de Lombok. Au loin un champ de panneaux solaires, les plages, le lac avec son volcan, le chemin de crêtes que l'on vient d'emprunter. Mais surtout le cratère du volcan Rinjani, éteint. Mythique.
Je me change pour être au sec et ne plus avoir froid. Je vois beaucoup de monde congelé mais avec les affaires sèches que j'ai dans mon sac c'est top pour moi. L'expérience du Mont Valier avec mon père m'avait servi de leçon. Je me met torse nu pour changer de tee shirt et la les commentaires fusent. Je rigole mais je n'ai eu froid que 15s sur le sommet, juste le temps de m'équiper de ma polaire et de mon coupe vent.
On se prend en photo au sommet quand le reste du groupe arrive enfin. C'est la récompense ultime pour immortaliser ce petit exploit. Je reste de longue minutes à observer le soleil se lever, les couleurs deviennent de plus en plus chaudes et on découvre le vrai visage du cratère. Le reflet orangé puis la terre ocre friable apparaissent.

Le sommet du Mont Rinjani au lever de soleil
La photo incontournable
On domine le "petit" lac depuis le sommet
Une partie du groupe au sommet
Les intempéries ne sont pas venues à bout de la plaque
Le cratere du Mont Rinjani endormi

Les silhouettes deviennent foule, car oui il y a du monde au sommet, c'est la bousculade pour faire la photo officielle avec la plaque montrant le nom et l'altitude du volcan.
Le temps de la récupération et de la dégustation de petit gâteau est fini, il faut redescendre au camp de base pour charger les sacs et terminer cette randonnée.

Le guide peut cocher une ascension en plus a son compteur
Marée humaine sur l'étroit sommet ...

La partie la plus amusante est incontestablement la descente puisqu'on glisse dans les cendres et pour le coup un pas en fait une bonne dizaine. Petits sauts et glissades contrôlées c'est fun !! On se rend enfin compte du dénivelé englouti en 3h30. Il est déjà presque 7h du matin.
Après cet épisode de glisse, on déjeune, enfin arrivés au camp de base. On prend ensuite la direction du chemin retour mais sans pluie cette fois. On retrouve la chaleur, finis la polaire et le coupe vent. 

La redescente dans les cendres, hyper fun !!!
Un petit aperçu de la pente et de la vue sur Lombok
Le finlandais en pleine descente
La vue était vraiment terrible, les couleurs d'une autre planète ...

Des singes font leur apparition au camp et sans surprise ils nous volent un ananas. C'est dommage, pas de dessert pour midi ...
La descente se fait sans encombre, le plus dur est passé mais pas le plus long. C'est interminable. Le Belge ouvre la voit, il est costaud le jeune. Tout le monde suit mais sans un mot, nous sommes rincés !! Paysages de hautes herbes. Le guide nous indique que cette face était plus simple mais moins jolie pour l'ascension. Une pause déjeuner rapide avec les classique fried noodles. Et c'est la dernière heure que l'on entame.
Je me remémore avec les français les bons moments passés au sommet et la marche passe plus vite. Nous arrivons au lieu de départ, enfin d'arrivée. Accolade générale c'est fini enfin. 11h de marche usante dans le froid, puis la chaleur.
Sacrée expérience de côtoyer un volcan de cette trempe sur son sommet. Record personnel d'altitude à 3726m maintenant. Je ne dirais pas que je ferai mieux bientôt, j'ai besoin de poser les chaussures de randonnée quelques temps.
Et surtout ce que je ne sais pas encore lorsque j'ai terminé cette randonnée c'est que je ne reviens pas chanceux. 48h plus tard je passe d'une performance notable à un état maladie avancée, fièvre, ventre explosé ... A suivre dans le prochain article.
Peut être la rançon du succès ?! ....

Les trois Toulousains au niveau du camp de base. Une sacrée ambiance !
3 commentaires

Timothée

TimEtCam

Bravo à toi, on a pas pu faire cette ascension pour cause de problème au genou mais ça donne envie ! Je me demande comment font les locaux pour faire ce genre de rando en tongs... Ils craignent rien. Et bon rétablissement du coup !

  • il y a 7 ans

Pascalinette

Tout d'abord bravo pour la performance. Et ensuite bravo pour le récit : j'ai rêvé et j'ai souffert.
Merci pour les photos car c'est sûr je ne ferai pas l'ascension hormis peut être en montgolfière
A bientôt

  • il y a 7 ans

PaulineGuillaume

Merci pour vos félicitations, en étant sportif régulier c'est difficile mais pas infaisable. Effectivement les porteurs sont en tong avec des vêtements classiques. Ils mettent des chaussettes avec leurs tongs pour le sommet car il fait dans les 0-5°C. Mieux vaut avoir un bon équipement de randonnée, des affaires de pluies, une trousse médicale et surtout de quoi s'alimenter régulièrement parce que les repas sont frugaux. Et pour les réserves d'eau pensait vraiment aux cachets de micropur pour purifier l'eau. J'ai été malade à cause de ça ...

  • il y a 7 ans