Car la route la plus courte serait de passer par le Sud de Madagascar. Mais c'est aussi la route des dépressions et si on peut éviter de se prendre 40 nœuds (même au portant) c'est mieux.
En passant par le nord de Madagascar et en descendant le Canal du Mozambique, nous pouvons aussi bénéficier de quelques abris en cas de mauvais temps. Et puis on compte bien profiter de Nosy Be et des îles alentours.
Le 17 octobre semble un bon timing pour partir. Mais une tempête tropicale nommée "Chenge" se trouve pile sur notre passage.
Pourtant la saison cyclonique commence officiellement le 15 novembre : pas très rassurant tout ça !
Enfin le 25 nous prenons la mer. La Réunion nous dit au revoir avec un bon 30 nœuds, une belle houle croisée et une escouade de dauphins.
c'est ensuite trois belles journées au portant avec 15-20 nœuds qui s'enchainent.
On passe le Cap d'Ambre au nord de Madagascar la nuit du quatrième jour : sans lune à cause des nuages, avec un courant contraire de plus de 2 nœuds qui crée des vagues bizarres, et 34 nœuds au portant. Un peu flippant quand même d'autant qu'avec la fatigue je vois des feux de pêcheurs partout.
Enfin vers minuit nous rejoignons nos amis du bateau Essentiel au mouillage juste après le cap.
Aussitôt arrivés nous sommes abordé par les pirogues des habitants des villages voisins qui viennent échanger mangues, bananes, langoustes ou calamars contre des masques et tubas, des leurres, du café, du thé, de l'huile ou du savon.
Cependant, on ne s'attardera pas à Madagascar. Nous sommes déjà bien avancés dans la saison et nous ne tenons pas à expérimenter le passage d'un cyclone. Une bonne fenêtre météo se présente pour descendre à Richard's Bay (notre destination). On va la prendre.
Pour le moment c'est une brise thermique qui nous porte. A bâbord le matin (brise de terre), à tribord l'après-midi (brise de mer) : c'est sur ce rythme que nous déroulons pendant 3 jours la côte nord de Madagascar.
Arrivés dans la partie étroite du canal du Mozambique, les choses se corsent un peu car les courants se mettent de la partie.
Pour nous, marins de Méditerranée, les courants restent un grand mystère. Même après trois ans de navigation hauturière.
Nous ne savons pas les reconnaitre en visu. Seulement en se fiant aux prévisions du modèle Copernic.
Et des prévisions demeurent des prévisions. Du coup avec notre routage basé sur ces prévisions, nous avons bataillé plus d'une demi journée contre le courant avant de comprendre qu'on perdait notre temps et que pour passer il fallait le contourner par le sud.
Comme quoi, en bateau, on apprend tout le temps…
Pour finir c'est une ligne droite vers Richard's Bay, notre destination, sous les grains et avec un courant favorable de plus de trois nœuds. Là on a compris : ça avance !
A l'arrivée, un groupe de femmes célèbrent l'anniversaire de l'une d'entre elles. Elles se prennent en photo devant notre bateau. Du coup je les invite, tout naturellement, à venir prendre la photo SUR le bateau.
Dès le lendemain de notre arrivée, nous partons en voiture voir l'arrière-pays. Nous imaginons des savanes sèches et des déserts.
Les zèbres broutent dans de belles prairies. Les singes jouent dans les arbres.
Et lors de cette première ballade, je m'offre le luxe de glisser depuis le passage en rondins de bois qui traverse la rivière.
Quand on sait qu'il y a des pythons, des crocodiles et des hippopotames dans l'eau, je vous laisse imaginer ma panique.
Je sens que ce pays n'a pas finit de nous étonner.
Bienvenue en Afrique du Sud !