La matinée a été calme. Nous avons attendu Bartek, le cousin de Barbara qui, après réflexion et étude de l'arbre généalogique est en fait son neveu.
Bartek est arrivé, il travaille à Varsovie et ce fut un joli moment de rencontre. maman a donné l'ordre à Bartek et Barbara d'entretenir le lien qui existe depuis 106 ans entre la famille polonaise et les descendants de la famille polonaise ayant émigré en France; C'est très émouvant.
Nous avons passé une heure et demi ensemble et nous sommes séparés avec la promesse de la visite de Bartek à Nice chez Barbara en septembre 2025.
Puis Bartek est reparti travailler et nous sommes allées manger. Voici quelques spécialités polonaises:
Sur les conseils de Bartek nous sommes allées nous promener au Lazienki park. Celui-ci a été construit au XVIIème siècle. La royauté venait s'y baigner. Il est situé à 4 km du château Royal de la vieille ville, on y arrive par la Trakt Krolewski.
Le roi Stanislas Auguste Poniatowski l'avait acquis pour y créer plusieurs édifices: une orangeraie (Stara Pomaranczarnia) , un amphithéâtre, une petite maison blanche (Bialy Domek) et le Palac Na Wyspie (Palais sur l'eau) qui était l'ancienne résidence royale.
Ce parc occupe 76 hectares.
Le Palais est une résidence royale de style baroque, il a été construit autour de 1680. Des collections royales y sont exposées, tableaux et œuvres d'art et il contient une salle de bal parait-il "somptueuse".
Il est construit sur une île artificielle.
La royauté venait se baigner ici. A l'origine il s'agissait d'un établissement de bain.
Il y a dans ce parc d'autres palais et monuments; La Petite Maison blanche, le palais Myslewicki, une nouvelle orangeraie, un temple dédié à Diane, un temple égyptien dont une partie a été détruite pendant la guerre, un château d'eau, un ermitage etc... nous n'avons pas exploré le Parc Lazienki en profondeur...
Une statue de bronze représente le compositeur et pianiste polonais. A ce sujet il y aurait dans Varsovie 12 bancs sur lesquels on peut écouter des compositions de Chopin. Nous ne les avons pas cherchés... Une autre fois!
Chopin a vécu de 1810 à 1849. La sculpture date de 1907 mais en raison de tergiversations et de la première guerre mondiale elle n'a été coulée qu'en 1926. Bien sûr les allemands l'ont dynamitée mais le moule avait été conservé et a survécu à la guerre. Il a permis d'un couler une réplique.
Nous avons fait une petite pause dans le restaurant du parc. Barbara m'a fait remarquer que ce restaurant porte le joli nom de Trou Madame.
Nous avons rejoint l'hôtel. Barbara voulait faire du sport et maman une petite sieste. J'en ai profité pour m'offrir une petite séquence souvenirs.
Devant notre hôtel se trouve l'immense place Pilsudskiego, anciennement place de Saxe puis place de la Victoire. Elle s'est même appelée Place Adolf Hitler mais ça on n'est pas obligés de le retenir. Son nom actuel date de 1990.
Au milieu de la place est installée la flamme du soldat inconnu.
Et derrière ce lieu de mémoire on trouve un très joli parc..
Jean-Paul II est venu ici en 1979. Le 2 juin il y a prononcé une homélie devant des milliers de fidèles dans laquelle il a demandé implicitement à ses compatriotes de s'opposer au gouvernement communiste. Ce moment fut fondateur des luttes qui ont suivi et de la création de Solidarnosc.
Je suis venue à cet endroit en 1983, à l'époque du syndicat Solidarnosc et des luttes du peuple polonais pour la démocratie. C'était une époque incroyable où les manifestations spontanées surgissaient d'un seul coup dans les lieux emblématiques des grandes villes. L'espoir et la vitalité du peuple polonais étaient immenses. Pour empêcher les rassemblements sur cette place le gouvernement ordonnait des travaux. Des trous étaient creusés pour rien, rebouchés et creusés un peu plus loin. La place était donc toujours en chantier et impraticable.
En regardant cette croix je suis projetée 42 ans en arrière. Elle symbolise le voyage de Jean-Paul II et la force qu'il a donné au peuple polonais.
A cette même époque les polonais installaient des croix de fleurs au sol symbolisant ainsi leur résistance et leur désir de liberté. Ces croix étaient détruites régulièrement sur ordre du gouvernement mais le lendemain elles renaissaient.
A l'issue de mon séjour en 1983 mes amis polonais m'ont demandé de ramener ces petits papiers en France pour prouver que le peuple polonais luttait. Ils circulaient de la main à la main, sous le manteau. J'ai eu très peur d'être fouillée lors du passage de la frontière entre la Pologne et l'Allemagne de l'Est. Je n'avais pas leur étoffe de héros! mais j'ai réussi à faire passer la frontière à ces précieux slogans!
La vie était dure mais l'espoir était là, les polonais étaient courageux et combatifs, c'était une incroyable leçon de vie pour moi, occidentale élevée dans le capitalisme.
Après cette petite séquence émotion je vous raconte ma petite anecdote de la soirée. J'ai trouvé difficilement des cartes postales. Ma sœur m'a dit avec un sourire en coin "mais personne n'envoie plus de carte postale". Bon j'en ai dénichées, je me suis installée dans un café pour les écrire tranquillement; Puis je suis allée à la poste que m'avait indiqué la vendeuse de cartes. En fait il y a des magasins "agréés" qui vendent des timbres mais vu mon niveau de polonais, impossible de les identifier. Bref, la vendeuse m'a dit que je devais aller à la poste "ouverte 24h/24". La belle aubaine car il était 19H. Là j'ai fait une petite expérience qui m'a beaucoup amusée. Il faut prendre un ticket, j'ai donc eu le numéro 35. Un monsieur s'est approché de moi et m'a parlé en polonais, je lui ai dit (en polonais s'il vous plait) que je ne comprenais pas. Il m'a montré un ticket abandonné derrière le distributeur mais je n'ai pas compris. Je suis allée m'appuyer sur le mur avec les autres patientes personnes car, au guichet, nous en étions au numéro 8. Le jeune homme à côté de moi s'est dirigé vers la machine pour prendre le ticket abandonné, il s'agissait du numéro 17. Il est revenu vers moi en riant, me l'a montré, et devant ma mine déconfite m'a donné le sien, numéro 27! j'avais gagné 8 places! j'ai ri. J'ai attendu une heure et ai renoncé car nous en étions eu numéro 11. J'ai donné mon ticket numéro 27 au monsieur qui venait d'entrer et avait gagné le numéro 53. Il m'a vraiment beaucoup remercié, il était trop content!!! Et j'avoue que j'ai pensé que je me sentais un peu, pendant cette heure d'attente... à l'ère soviétique! J'ai appris plus tard que les retraités viennent à la poste retirer leur pension ce qui peut expliquer la longueur de l'attente ce jour là.
Bon... les cartes postales sont là par contre je ne sais ni quand ni d'où elles seront envoyées! mais elles le seront, promis, bonne nuit!