Cap vers le détroit Lemaire

Publiée le 05/03/2019
Notre challenge, en vent et en houle !

(suite du récit "Argentine"...)


Evidemment, le passage n'est pas célèbre pour rien ! Et, la suite des évènements nous remet bien vite à notre place. A la sortie du détroit, le vent - censé diminuer - s'intensifie de plus en plus. 30-35 noeuds au près auxquels s'ajoute un courant croisé (vennant ouest et sud) et doublement contraire à notre trajectoire est- nord est, et qui lève une grosse houle de 6 bons mètres ! Nous n'avons plus de trinquette pour nous aider au près, nous sommes passablement épuisés de la navigation antérieure et, fait encore plus alarmant, nous n'avons presque plus de gasoil ! Il est assez désespérant de se sentir si proche de son but et de voir qu'il est en train de nous glisser entre les doigts ! Clairement, nous n'avons pas prévu de rejoindre l'Anatartique et n'y sommes en rien préparé, sans chauffage, protection extérieure ni gasoil. C'est pourtant là-bas que semble vouloir nous envoyer Neptune ! La nuit noire et le froid mordant ajoute au côté dramatique de la situation.

A la sortie du dértroit

Nous ne savons plus trop comment, mais nous avons finalement réussi à se réfugier au sein d'une baie. Son petit nom, c'est Baia Aguirre ; et malgré le soulagement qu'elle nous apporta initialement, elle restera pour nous la "Baia INFERNA" ! Située à l'extrême sud du continent, elle apporte un mouillage de très bonne tenue mais ne protège en rien d'un vent qui ne semble jamais enclin à la modération. La météo nous promettant un bon 40 noeuds au mouillage le lendemain, nous tentons un départ, à minuit sous une nuit sans lune ni étoile. Il est censé y un peu de vent au travers, pas plus de 10 noeuds et de quoi rejoindre la fin du canal de Beagle. Finalement, on se prend 30 noeuds au près et après 2h d'effort et qqs 300 petits mètres parcourus, nous sommes obligés de rebrousser chemin, les réservoirs de plus en plus vides…

Repos = boulot ! Sinon, c'est non assistance à trinquette en danger

Les 40 noeuds prévus arrivent : l'antre de la Mutine est bien silencieuse lorsque nous lisons jusqu'à 67 noeuds à l'anémomètre. Le vent rugit dans les haubants mais Mutine ne dérape pas, bien empennelée (deux ancres mises but à bout) par son prévoyant capitaine. Tant mieux, nous sommes entourés de caillasse acérée et savons ben qu'aucune aide ne pourra nous être apportée dans ce bout du monde ostensiblement inhospitalier...

Le salut se présente à nous sous la forme d'un voilier nommé Rana dont les braves passagers - qui font route opposée à la notre, vers les Malouines - nous dépannent de 20L de gasoil ! Libération ! Nous levons l'ancre le lendemain à 5h et quittons l'enfer pour les beautés du canal de Beagle !!

Les photos ne leur rendent pas hommage :
Lever de soleil sur le canal de Beagle
Dans les eaux du canal, entourée de montagnes, cela grouille de vie !
Mouillage de Cambaceres Interieur : encore un coin de paradis
Si fiers de notre Mutine ! Qu'il est doux de la contempler...
Horde de chevaux sauvages à Cambaceres
Vers Puerto Haberton
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