Roumanie

Publiée le 22/08/2015
Près de trois semaines passées dans un seul pays. La Roumanie est bien plus grande que prévue.

Samedi 1er aout

Sur le ferry, on remarque le plat de la Roumanie. Le ferry est à moitié chargé: 3 gros camions, une dizaine de voitures et nos 4velos. 

Le passage à la frontière roumaine se fait avec une simplicité déconcertante: le douanier parle un peu français,  mais il est surtout amusé voir débarquer des cyclotouristes parlant roumain (Annecy et Sébastien ont vécu 9 mois en Roumanie). 

1ere ville roumaine,  Bechet . Une chose nous saute tout de suite aux yeux: il y a une seule route bitumée et tous les autres rues adjacentes sont en terre battue,  ou pire, en sable... Le vent est maintenant de face, les kilomètres à venir vont être longs.... on voit toujours des carioles  mais aussi un cavalier, sans selle, galopant à toute vitesse. Ou sommes nous arrives?

 On atteint difficilement en fin d'après midi dans un petit village, Grojdibodu. Prenons une bière et demandons aux locaux un endroit calme, nature, ou dormir. On se fait vite repéré,  malgré nous. On a pas le temps de poser nos fesses sur les chaises qu'un petit vieux à fait volte face et s'est joint à nous. C'est Florea  (prononcez Florine). Il nous offre 4 bières,  et on a pas le droit de refuser. On rencontre son petit-fils, Roger, un gaillard de 18 ans, parlant peu anglais et au caractere à prime abord un peu impulsif. Une tension emerge vite entre lui et Clement: lui n'arrive pas a se faire comprendre en roumain et Clement pense qu'il s'énervé parce qu'on arrive pas a comprendre. On discute et le grand-pere nous invite à mange chez lui, le soir même. Il regrette de ne pas pouvoir  nous heberger, mais nous avoir à dîner le rendrait très heureux. On accepte; AnneCé et Sébastien nous avaient parle de la grande hospitalité dont faisaient preuve les roumains. Preuve est faite une heure après avoir débarque en terres roumaines.

On arrive donc chez lui, et on fait connaissance de sa femme, Santa . Sa maison est très modeste: la seule arrivée d'eau courante est celle du puits, il n'y a pas de salle de bain, ils utilisent des toilettes seches rustiques, les fenêtres sont simples vitrages et s'ouvrent par l'extérieur,  le mobilier est très réduit (un lit ici, une vieille gazière la, des plaids en guise de rideaux...). Ils ont un jardin ou poussent quelques legumez, des poules et des cochons. On sent le fossé entre notre maison et la leur. Ça fait un peu mal de se dire qu'ils nous accueillent à bras ouverts, avec autant de gentillesse et de bonté alors qu'ils ont si peu. C'est bouleversant de sincérité.  On commence le repas et des gens arrivent, au compte goutte: certains sont des amis, d'autres le frère ou la soeur de. On boit de la biere, on mange des mici (prononcez mitchi), des sortes de boulettes de viandes, on rit, on sourit , on danse. Les mots deviennent presque superflus.

Au fil de la soirée,  on en découvre plus sur ces gens. La barrière de la langue ne nous empêche pas de ressentir toute la tristesse de Florin et Sanza: ils ont perdu leur fille (et donc la maman de Roger) dans un accident de voiture. Du coup, inconsciemment peut-être, AnneCé et moi (Laure) sommes un peu plus choyées par la grand-mère. Leur fille aussi avait les yeux bleus. 

Florea et John, un ami de la famille, essaient de nous trouver un coin ou dormir. Non, pas au stade. Non, pas à l'école non plus. On dormira ici, chez eux. Ils feront de la place, parce que non, ils ne veulent pas qu'on dorme n'importe où.  On s'endort vite, à 4 dans la même chambre, deux sur le lit, et deux sur les matelas gonflables. 

75 km au compteur.

notre chambre pour la nuit
il n y en a pas beaucoup qui ne mangent pas.
le robinet chez Florea

Dimanche 2 août

9h, réveil. On sait ce qui nous attend: encore de la générosité à plein poumon. Une nouvelle tete à table: Patrick, un ami de la famille, electricien et grand buveur de biere. On nous offre le petit-dej: un café turc (très bon, et c'est dire pour nous qui sommes amateurs de thé ), des tomates,  du pain, du fromage, de la charcuterie et ... du vin fait maison. Il est encore un peu tôt mais on joue le jeu et on goûté le vin avec de l'eau pétillante (Spritz). Débarquent alors Aurel, un grand gaillard au regard tout doux, et son fils Soy. Aurel nous explique qu'il est boulanger et passe 3 mois de l'année à Turin pour se faire un peu plus de sous. 

A peine le petit dej fini, le barbecue est lancé. Nous qui pensions partir pas trop tard, c'est raté...  on ne peut pas refuser, c'est fait avec tant de gentillesse. Encore des mici, du poulet, de la pastèque, et de la bière bien sûr. 

On clôt cette rencontre par une photo de groupe. On s'embrasse plusieurs fois, on se prend dans les bras. Un lien s'est créé. 

On décolle vers 14h pour Turnu Magurele. Et le long de la route, on repense à toutes ces personnes qu'on a rencontrées la veille, on rattache les brides d'information qu'on a sur elles et on dresse un portrait de chacune d'elle. 


Florea, le patriarche, et Sanza sa femme:

"Money, no problem." Toujours prêt à sortir un petit billet pour les autres. Il a travaillé dans les bateaux. Il a perdu sa fille dans un accident de voiture, du coup il héberge et veille sur son petit-fils Roger. Il s'est montré très genereux, attentionné et paternel envers nous 4. L'alcool aidant, on a eu droit à beaucoup de bisous sur les joues de sa part. Avec son chapeau de paille et ses lunettes de soleil, il avait un sacré look. Sanza est la femme de Florea, beaucoup plus discrète,  mais c'est elle qui fait tourner la maison. Elle ne mange pas en même temps que nous, elle picore ici et là un biscuit, une pastèque.  Elle s'est montrée très attentionnée envers AnneCé et Laure, par exemple en nous prenant par la  main pour aller aux toillettes (attention au chien mechant).  Sanza a 63 ans; Sanza aux cheveux rouges, comme dans Game of Thrones.


Roger

Enfant sans parents. On a comprit que sa mère était morte dans un accident travail de voiture.  Mais où est son père ? Il pourrait vivre dans la maison de ses parents mais il prefere etre chez Florea et Sanza. Hyper actif mais aussi hyper attentionné, il pourrait remuer tout le village pour répondre à notre demande. "Tu veux de la moutarde?" "Oui, pourquoi pas" et le voilà parti une fois, deux fois, trois fois meme. Pour la douche, il semble ne pas trop comprendre. Un copain lui explique que les Européens de l'Ouest veulent prendre une douche tous les jours, à l'eau potable et chaude, le tout dans une cabine carrelée. On finira dans le poulailler avec une casserole d'eau chaude. Autre fait marquant, il est sûrement le seul du village à ne pas boire une seule goutte d'alcool. 


John (prononcez Yohn) et Leo

Il travaille dans la viande en Roumanie, et ramasse des fruits en Espagne plusieurs mois par an. Il aime danser avec Laure et AnneCé. C'est le cuistot de la soirée. C'est aussi le père de Leo, 17 ans, 5 litres de coca par jour. Leo a fierement ramené une grosse sono pour la soirée,  il reste debout à côté, à jouer le DJ. Il ne parle pas, ne bouge pas, sauf pour augmenter le son un peu plus chaque fois, même le matin au petit dej. Il arbore toujours un grand sourire.


Aurel

Il a deux grandes paluches en guise de mains. Il est posé, calme. Parler avec lui est facile et plaisant. Clément lui a demandé si un jour il pourrait lui apprendre à faire du pain, au cas où.  Et bien sûr,  il a dit oui et a meme adoré l'idée.  On a pris son adresse, et on compte bien lui envoyer de nos nouvelles.


Patrick

Pas marié, mais il a une concubine, qu'il dit pouvoir quitter quand il veut. Électricien,  fermier, viticulteur, il fait tout lui même.  Il a un enfant, quelque part au Canada, mais chut, apparemment c'est taboo. Il est sur qu'il pourrait le reconnaître dans la rue: lui aussi aura une moustache. Dernières choses,  il a le tétanos et un poster d'Annie Duperey jeune. 

Florin héberge un couple de Roumains en échange de tâches diverses. C'est fréquent en Roumanie. La femme fait vieille, voûtée, marquée et est toujours à l'écart.  L'homme est maigre, ivre de notre arrivee à notre départ. D'après Patrick, il bat sa femme.  


La journée s'acheve un peu après Turnu Magurele, triste ville avec un seul hôtel beaucoup trop cher. On y rencontre Christine et Gérard, deux collegues profs, cinquantenaires en tandem et remorque faite maison (normal pour un prof de techno

Nos hotes, Sansa et Florea
Patrick est fier de nous montrer sa jolie maison
La cave de Patrick. De l alcool, et aussi des conserves donnees par l union europeenne
Et enfin, l arriere cour de la maison de Patrick. Ca va tres loin, avec chevaux, poules, potager.

L'ete, n'hésitez pas à demander aux gens du village pour dormir dans la cour d'école ou les stades de foot.  Il y a souvent de l'eau, c'est plat, frequent et secure. 

Dans une cour d ecole, il y a forcement des enfants!

Lundi 3 août

Petite nuit de repos dans les jambes, on décolle direction Giurgiu, 110 bornes plus loin. Le vent ne faiblit pas, la route est de plus en plus nivelée . La fatigue s'accumule. Clément propose même de prendre le bus, pour nous épargner un temps. Finalement on s'arrête à la mi journée et à mi chemin à Zimnicea, ville aux rues en angle droit. On boit un coup avec AnneCé et Sébastien bien sur, mais aussi Oriane et Charles, couple franco-quebecois, qui voyagent avec des vieux vélos achetés en brocante, et un sac à dos en guise de bagage. Un peu de Québec ce soir, le voyage devient plus grand encore.

60 km au compteur

Mardi 4 août

On décolle à 14h, et Laure creve une une heure plus tard... ah les aléas du vélo. C'est pas toujours facile mais ça fait partie du voyage. On répare ca fissa, sur le bord de la route, et sous les yeux amusés  d'un papy roumain qui  repartira avec le bout de caoutchouc. 

On roule toujours avec le vent de face. On avoisine les 16km/h. On est loin des 22km/h du début du voyage. C'est 30% plus dur. On se fait doubler par 2 jeunes Serbes qui sont partis de Belgrade. 

Oriane et Charles nous rejoignent en cours de route. On roule à 6, les gamins dans les villages nous crient des "holà!", tendent leur main vers nous pour qu'on tape dedans. On doit faire rire les passants... Avec AnneCé et Sébastien, on lance une idee: prendre le train à Giurgiu pour Bucharest, y passer une journée,  puis reprendre le train pour Cenovoda. Ainsi, on visiterait la capitale et on s'épargnerait quelques 100 km contre le vent. 

On pose nos tentes sur le stade de foot de Slozebedia. On y rencontré Pietr, ancien policier maintenant à la retraite. Il préférerait qu'on dorme près du poste de police, parce que c'est éclairé.  Mais le stade est calme. Il y a deux joggers, et deux chiens, qui nous observent. On prend l'apero: bière,  cacahuètes,  piment, ail (ail=antibiotique), petits feuilletés... on prépare en même temps le repas: pâtes aux légumes. La suite de la soirée est nettement moins rejouissante: intoxication alimentaire pour Laure, assez violente puisque même l'eau ne passe pas... on dort comme on peut,  entre deux crises...

55 km au compteur



Convoi exceptionnel...de velos
Usine a brique maison
Stade de foot Roumain, et les francais qui y poussent. Personne n est malade pour le moment.

Mercredi 5 août

Ce n'est pas une cyclotouriste, mais deux, qui sont malades! AnneCé aussi a eu une nuit difficile. Petr revient pour voir comment on va. Il repart et revient 5 minutes plus tard avec quelques medocs. Bon gré mal gré, on remballe tente et duvet. On reporte l'expédition à Bucharest, aujourd'hui le but est juste d'aller à Giurgiu et y trouver un hôtel le temps de se refaire une santé. On a déjà testé l'an dernier les intoxications alimentaires sans se reposer et ça ne donne rien de bon. 

En sortant du stade de foot, avec nos vélos tout chargés et les filles toutes cassées, les policiers décident de faire un contrôle d'identité. Hop, ils prennent nos passeports et vont les contrôler dans leur bureau. Assez longtemps pour que les filles piquent du nez. Normal vu leur état.  

Petr se moque de l'exces de zèle des policiers. C'est un homme bon, généreux.  Il appelle un hôtel à Giurgiu pour nous, et accepte même d'y emmener Laure et AnneCé en voiture. Arrivés à 13h dans la chambre, une douche et au lit! Grosse sieste réparatrice pour Laure (13h30-18h30...) et visite de la ville pour Clément.  

10 km au compteur 

Jeudi 6 août

Grosse sieste et grosse nuit de sommeil. Apparemment le corps avait besoin de ça! Ça va déjà nettement mieux, on se rehydrate, on mange bouillon et riz. Il faut un peu de force car aujourd'hui, on prend le train de 15h17 gare de Giurgiu Nord pour aller à Bucharest. 4 km séparent notre hôtel de la gare. Celle ci est miteuse: imaginez une gare sans quais, et avec des herbes folles le long/dans les voies. Le train arrive, et on est surpris de sa taille: seulement 2 petits wagons, encore plus courts qu'un TER. On enleve les sacoches du velo, ce sera llus simple pour monter le velo dans le train (surtout sans quai...)

Train international. gros matos

Une fois installés dans le train, les deux controlleuses viennent nous voir: on doit payer à bord le supplément vélo.  L'une nous dit 45 lei, et l'autre annonce 35 à AnneCé et Sébastien. Ça sent l'entour-loupe! Le guichetier nous avait dit 10 lei par vélo, alors non, on paiera pas plus.  L'une d'elle passe un coup de fil, et revient vers nous le visage crispé de vexation. On paie au final 20 lei pour nos deux vélos.  

Eh oui, la Roumanie c'est aussi ca; tout l'un ou tout l'autre; des gens adorables comme Flora,  et des arnaqueurs...

Deux heures après,  nous voilà Bucharest! A part quelques immeuble qui tombent en ruines, la capitale ressemble à n'importe quelle autre grande ville européenne. On a même droit à des pistes cyclables! Ce soir chaque couplé dort de son côté chez un hôte WarmShower (communauté d'entre-aide entre cycliste). Le notre s'appelle Sorin, un trentenaire dentiste qui possède son propre cabinet. Il nous le fait visiter, c'est beau, propre, il y a un piano dans l'entrée. Il nous présente ses 4 employées et nous explique qu'il a 9 crédits sur le dos. Comme Flora,  il a son homme à tout faire, Émil, qui finit de retaper son appartement, juste en dessous du cabinet. 

Sorin nous fait un rapide tour de la ville en velo: on passe devant le palais de la ville, 2nd plus grand bâtiment au monde après le Pentagon américain. Direction maintenant le Fire Club, le bar ou Sorin va tous les jeudis depuis 5 ans avec ses copains. It's boys' night! On prend les commandes, on se présente,  on discute. Ces 4 Roumains ont tous faits des études longues et ont maintenant des postes importants. On en apprend plus sur le communisme, et pour eux c'est clair: le communisme a tue leur pays, et tous les personnes qui adhérent encore à ce regime doivent mourir, afin que ces idées, cette mentalité disparaissent. Et ainsi la nouvelle Roumanie pourra émerger. 

Sorin, artistic dentist. Un sacré gars, fier de son pays.
Bâtiment connu: la maison du peuple. 2eme plus grand bâtiment du monde après  le pentagone.

Vendredi 7 aout

Apres une toute petite nuit, on part visiter la ville a pied (ca fait du bien aussi!) avec Anne Ce et Sebastien. On a aussi achete nos billets de train pour Ceravoda, pour retourner sur notre Euro Velo 6.


13 km au podometre

Changement de pneu arrière. Le vieux était à 2 doigts de lâcher.  Au passage, devoilage  de roue.
La gare de Bucharest. On avait pas vu de pubs depuis longtemps. Ici, on est servi.

Samedi 8 aout

RDV 13h a la gare du nord de Bucharest. Maıs avant petit dej avec notre hote Sorin: on parle de son prochain tour de velo dans les iles britanniques. Une photo souvenir et une promesse de lui offrir a notre tour un resto, cette fois a Saint Malo. Rendez vous est pris pour Juillet 2016. ;)

Une fois dans le train, on sait qu'on doit payer nos supplements velo. On avait paye 20 LEI pour le 1er trajet. La, les controleurs en demandent 45, pour un voyage a peine plus long... impossible de discuter. Meme le policier a bord du train n'a aucun pouvoir: les controleurs sont les patrons, point barre.

Une fois arrives a la gare de Ceravoda, on rit jaune. Oui, il y a bien un quai, mais pour quitter la gare, il faut soulever les velos sur un mini pont en bois lui meme monte sur des briques. Tiendra? Tiendra pas? On remet quelques briques en place, et on y va, les uns apres les autres ... La passerelle tient, malgre le poids de nos velos.

Le decor a change, c'est nettement plus vallonne, plus sauvage. Et toujours ces dechets, qui persistent et signent ... Nous voila dans la Roumanie de l'Est.

On trouve un  peu plus loin notre coin dodo au fond d'un champ, a l'abri des regards.

40 km au compteur

C'est un market classique en Roumanie. Avec ça et les petits producteurs de fruits et légumes,  on mange bien et simplement.

Dimanche 9 aout

Aujourd'hui on a visite la Roumanie profonde. Vous voulez savoir a quoi ca ressemble ? ...


Imaginez une longue route de macadam de mauvise qualite, coincee entre  une plaine et un petit coteau. Vous etes en velo, et vous pestez un peu parce que vous avez le vent dans le nez. Vous pouvez le sentir contre vous, et le voir aussi faire tourner les pales des eoliennes, celles que vous croisez a longueur de journee et quı sont legion ici. Les eoliennes vous tournent le dos, mauvais signe: la journee va etre longue.

Si vous levez le nez, vous pouvez voir des dizaines de passeraux, as de la voltige, ils vous passent au dessus, volent parfois quelques secondes presque a vos cotes: des hirondelles, des geais, des moineaux, des martins pecheurs, des herons, parfois une buse, un faucon. Ne regardez pas trop longtemps en l'air, la route n'est pas lisse: bosses et ornieres vous font gigoter sur votre selle. Gardez les yeux sur la route, ca vaut mıeux.

Le long de cette route, il y a des poteaux en bois, ceux qui tiennent les cables du telephone par dizaine. Certains pendent bas. Vous voyez que ca a ete installe, abime par la meteo ou l'usure du temps , puis rafistole. Vous les suivez et ils vous amenent a un petit village. Il s'est construit le long de la route, et toute rue adjacente sera forcement en sable: le bitume sert uniquement pour la grande route. Les maisons se suivent, elles sont vieilles, abimees, il manque souvent des fenetres. Mais ici, maison rime toujours avec jardin. Chacun a son lopin de terre avec tomates, pommes de terre, concombre. Assez pour etre un peu plus autonome, et surtout ne pas depenser le peu d'argent recu.

Dans ce village, vous ne passez que quelques secondes mais tout le monde vous voit. Les gamins quı jouent vous sourient, vous crient des 'Hola!',  parfois vous tendent une main pour taper dedans (pensez alors a freiner un peu!), les vieux vous sourient ou bien vous regardent d'un air etonne, et les autres vous font parfois un signe de la main. Vous etonnez, vous amusez. Vous sortez de ce village aussi vite que vous y etes entre. 

La route continue, elle grimpe, puis descend. Vous longez maintenant un grand terrain vague, ou chevaux, vaches, oıes et herons cohabitent. Il n'y a pas de cloture. Ils broutent ou deambulent paisiblement: Tout est calme, le vent semble avoir disparu un instant: C'est reposant. 

Vous pedalez a votre rythme, parfois une vieille Dacia vous double, elle roule a peine plus vite que vous. Plus loin, c'est vous quı doublez une cariole tiree par un cheval. Son cavalier a le visage brule par le soleil, le vent, mais est serein. Il est la, avec son cheval, fidele et obeissant. Un petit signe de tete de vous et de lui quand vous vous croisez, et vous continuez votre route.

A peine plus loin, alors que vous longez un nouveau champs, vous entendez d'abord des aboiements de chien, puis vous les voyez: 4 gros chiens qui vous foncent dessus. Vous savez maintenant ce qu'iıl faut faire: vous freinez et posez le pied a terre. Ils n'aboient plus et s'arretent net. Vous entendez quelqu'un crier. C'est le berger qui les rappelle a l'ordre. Les chiens retournent pres de leur maitre et des moutons. 

Vous reprenez votre route, et decouvrez d'autres villages isoles, ou le temps semble s'etre arrete et ou les gens s'etonnent de voir des jeunes rouler sur des velos bizarrement charges...


75 km au compteur

Ils font sécher les haricots blancs.

Lundi  10 Aout

On file aujourd'hui vers Macin. Le paysage est un peu plus desertique maıs a un certain charme.

Arrıves a Macin pour le repas du midi, on en profite pour faire quelques courses dans un vrai supermarche. Ca faisait longtemps! Il faıt deja chaud, on improvise une petite sieste, maıs les 38 degres, bien qu'a l'ombre, nous reveillent vite. On repart, les jambes sont lourdes, les voitures roulent vite et pres. Pas tres plaisant dans les montees ... 

On s'arrete vers 18h acheter quelques legumes a un local: ce soir c'est ratatouille ! Un sac rempli de legumes pour meme pas 1 € (4 LEI). Ah et aussi une bouteille de biere de 2,5l pour ces messieurs. On part chercher notre coin dodo. On grimpe sur une colline, on pousse les velos tout en haut. On apercoit au loin l'Ukraine.

65 km au compteur

La, en bas, notre coin dodo.

Mardi 11 Aout

On se reveille un peu apres le soleil. Aujourd'hui, on va a Tulcea, a environ 50 km, pour y prendre un bateau! On part tot, d'une part pour eviter le vent et d'autre part pour acheter en avance les billets. 

On a bien fait: pas un souffle de vent, mais de belles montees, plus ou moins raides, plus ou moins longues. On avance pourtant vraiment bien, ca redonne le moral ! On boucle 13 km en 30 minutes. On a la peche apparemment! On se donne, on appuie sur les pedales. A 11h30 il nous reste 18 km a faire.

A 13h, on est arrive a Tulcea. L'entree dans la ville se fait par une zone industrielle. Tulcea est une ville portuaire. On va au resto: un plat de poisson pour deux, du riz, de la puree, et des profiterolles (des faux...)

Clement et moi filons ensuite trouver notre coin dodo hors de la ville. On grimpe encore une fois une colline, qui surplombe la ville. On est a 138m d'altitude. On a du pousser le velo tout le long du chemin. Quel fardeau! Clement est passe un peu trop pres des antennes telephoniques perchees sur la colline. Resultat les cameras de surveillance l'ont detecte et un message disuasif s'est enclenche... Pour la discretion, on repassera .... On a file se cacher un peu plus loin et on a attendu... Le message a contınue un bon moment...

 Il en faut peu pour se monter le bourichon : juste apres que le message du haut-parleur se soıt enclenche, on a entendu des sirenes de police et un helico passer dans le coin ... C'est pour nous tout ca ?!

A 20h, on est toujours la haut et personne n'est venu nous voır... Okay, c'est bon, on monte la tente et dodo ! 


63 km au compteur

Ici, en haut, camping sauvage.
Les vivres arrivent au bout de l'Europe.

Mercredi 12 Aout

En une heure dix de temps, on a range notre nid et pris notre petit dejeuner. On quitte notre colline et on retourne en ville, profiter d'internet avant le bateau. Rediger notre voyage prend du temps, on le fait a l'envie et aussi quand on peut: trouver une bonne connexion internet n'est pas facile... Un the, un cqppuccino et on ecrit ... Notre bateau part a 14h. On embarque a 12h45, et ca fourmille deja de partout. Les gens entassent bagages, glacieres,, sacs de 10 kg de poivrons, de pommes de terre, matelas, lits, climatiseurs, moto, ... Ca transporte de tout. On ne trouve pas de place pour s'assoir, on attend par terre. Par la suite, des chaises ici et la se liberent. 

Le bateau part: on a 4h de trajet sur le Danube jusqu'a Sulina et la biere coule deja a flot! 

Le paysage change progressivement: les roseaux se font plus present, les routes et les voitures disparaissent. Le trajet n'est pas direct. il y a 4 arrets entre depart et arrivee. Au premier arret, c'est le branle-bas de combat: il faut laisser sortir certains passagers, en laisser entrer d'autres, et pareil pour les cargaisons. Du pont, on voit des climatiseurs flotter jusqu'au quai et des sacs de legumes voler entre terre et mer. Il faut faire vite, le bateau doit repartir.

On debarque a Sulina vers 18h, La ville se compose de 2 rues princıpales, paralleles entre elles et au Danube. Le bateau est le seul lıen avec la vılle et le reste du monde. Il arrıve tous les 2 jours avec son lot de tourıstes, de legumes et fruıts, de poıssons et d'objets en tout genre. Assez pour faıre vıvre locaux et gens de passage.

On fıle trouver une chambre chez l'habıtant puıs on va se baıgner dans la Mer Noıre, au bout du vıllage, a 20 mınutes a pıed. On clot cette journee par une soupe de poısson et un papanası (prononcez papanashe).

Jeudı 13 aout

On se repose, on profıte de la mer, on prepare la suıte du voyage ... 

Grenouille, mangeuse d'insectes, régale toi!

Vendredı 14 aout

Aujourd'huı c'est VTT ! Dırectıon Sfantu Gheorge, a 32 km de Sulına. La route n'est pas une route de bıtume, non c'est plus une pıste qu'autre chose, pleıne de caılloux et de sable. On longe un canal du delta, on voıt beaucoup d'oıseaux (un vol de pelıcans meme !), des vaches en lıberte, des chevaux sauvages. Le paysage est magnıfıque, c'est vert, c'est pleın de vıe, Aux 3 dernıers kılometres, les caılloux dısparaıssent et le sable regne. On descend du velo. et on pousse le velo quı s'enlıse ... C'est le cagnard et on avance a petıt pas... C'est pas ınsurmontable maıs c'est pas non plus tres plaısant. Heureusement ce n'est que pendant 3 kms...

Pause repas bıen merıtee; des fruıts, de la Radler, des glaces. On est rejoınt par Anne Ce et Seb et on fıle au campıng, deja bıen remplı. 

39 km au compteur

Entre Sulina et Sfantu Gheorghe.
Pousser ces vélos dans le sable, c'est approcher les 2km/h.

Samedi 15 août

Reveil sous la chaleur au camping de Sfantu. Un taurillon deambule tranquillement  entre les tentes... 

Aujourd'hui, on profite de la mer et du calme avant de reprendre la route. 


10 km au podometre

Dimanche 16 aout

On se reveille tres tot ce matin: on a un bateau a prendre pour Mahmodia. Il decolle a 7h. On range tout a la hate; les moustiques sont aussi de la partie ... 

On arrive presque une heure avant le depart. On a de quoi s'assoir et de quoi manger, tout va bien donc ! Ce trajet parait et est moins folklorique que le premier; c'est principalement des touristes a bord. Pas de climatiseur, de sacs de poivrons ou de matelas ... On s'occupe comme on peut pendant ces 3h30 de voyage sur le Danube: on regarde le paysage, on lit, on ecrit un peu, on picore. 

L'arrivee sur la terre ferme signifie deux choses : on quitte cette fois le Danube pour de bon (Ciao Euro Velo 6!), et on se dirige maintenant vers la 2nde partie du trajet: Istanbul ! 

On roule beaucoup avant de tomber sur un monsieur qui vend ces legumes: on repart avec plus de 2kgs (tomates, oignons, poivrons...) pour a peine 2,5euros...

On dort sur un plateau surplombant des lacs. C'est calme et il est a peine 18h, impec'!


80km au compteur

On prends l'aspi d'une charette.

Lundi 17 Aout

Petit dej pris apres quelques kilometres faits a jeun, a Juridlovca, considere comme un des plus beaux villages de Roumanie... Sorin, notre hote a Bucharest, nous avait parlé de Juridlovca et surtout de Portitia, juste en face, en bateau, un must see. A vrai dire on en a un peu marre des touristes et de la mer, alors on decline et on continue à avancer direction le sud ! 

On a retrouve nos chauffards roumains et les routes imparfaites, les petits etals de legumes et de fruits le long de la route.

La fin de journee approche, tout comme Constanza, grosse ville touristique de la cote roumaine, et, petite surprise, l'orage!  On decide de ne pas avancer plus, histoire de pouvoir trouver un coin ou dormir paisiblement avant la pluie. Une plage au loin, beaucoup de voitures, des restaurants,... ca va pas etre facile ce soir! On arrive quand meme a se trouver un petit coin avec vue sur la mer. Il est 19h. La tente est montee, la douche est faite, le repas en cours de cuisson. Tout va bien pour nous, jusqu'a l'arrivee d'un cinquantenaire bedonnant et de son chien. Il explique en roumain qu'on a une heure pour deguerpir sinon il appelle la police. Et qui dit police dit amende. On est apparemment sur un terrain prive, qui appartient a son boss. L'orage approche, la nuit aussi. Chercher un coin ou dormir dans le noir n'est pas chose facile...que faire? on passe le repas a reflechir... S'il pleut des cordes, la police ne viendra surement pas. On pourra toujours filer le lendemin tres tot, vers 4h, pour eviter de se faire reveiller par la police...

Par chance, il se met a pleuvoir entre 20h0 et 22h. On se croit sauves! Sauf que la pluie cesse vite, et on entend notre bonhomme hurler quelque chose. Ni une ni deux, on range tout a la hate, en esperant juste que la pluie voudra bien attendre un peu avant de retomber... Le vieux bourru a gagne, il fait nuit, le ciel est couvert et on est sur nos velos.

On s'arrete au resto pas loin, pour quelques conseils. Il nous indique une petite route juste en bas ou le camping est autorise! Il est 22h30 et nous voila a monter pour la seconde fois nos tentes ...

75 km au compteur


A côté de l'antenne, c'était notre premier coin dodo, avant d'être bousculé par un gardien.

Mardi 18 aout

Apres une nuit mouvementee et orageuse (orage qui a d'ailleurs eclate un peu avant 4h du matin...), on part a jeun, en attendant de trouver un petit quelquechose sur la route. Au final on a rien trouve et on a atterri 35 kms plus loin, a Constanza. La route etait encore une fois tres frequentee; elle desservait Mamaia, ville ultra touristique, royaume du beton, "beaufland" en puissance.

On trouve un resto turc en ville : il n'est pas midi et on meurt de faim (les dattes c'est tres bon, mais ca calle pas !). On s'en met plein la panse: hoummous, lahmajun, backlava, ayran ... Un pur bonheur! Vivement Istanbul pour en manger davantage!

On repart le bidon plein, on a beaucoup plus d'energie et on s'enerve moins sur les camions et voitures qui klaxonnent dans nos tympans. La petite route qu'on voulait prendre pour ainsi eviter la departementale chargee n'existe pas ... On rebrousse chemin, filons au lac pour trouver notre coin  dodo ! Oui, oui, le p'tit papy l'a dit: on peut dormir au lac.

Ah oui, mais non en fait. Une grande affiche trone a l'entree du lac "no camping here" avec en plus le montant des amendes si vous desobeissez...

On demande a un local, il nous montre un jardin, avec une tente... ici c'est chez Romulus, qui bosse dans les bateaux. 50 LEI (=12,50euros) pour 4, on prend! Le bonhomme est sympa, il parle anglais, francais, nous offre le repas, le petit dej, la boisson. On passe notre derniere soiree en Roumanie avec un Roumain qui a voyagé et qui a des choses a raconter. La Roumanie se termine aussi bien qu'elle a commencée.

65 km au compteur

Et voilà notre ami Romulus. Carrure de camionneur,  voix haut perchée quand il ne parle pas sa langue.

Mercredi 19 aout

On se reveille au son des trains. On range notrer petite maison, et on savoure le petit dej: omelette aux lardons et aux legumes, et ciorba (soupe turque). On profite encore un peu de l'hospitalite de Romulus pour nettoyer nos velos. Au final on quitte les lieux vers 12h30. Pendant que Seb et AnCe patientent au lac, Clem et moi filons au petit magasin on on s'etait arrete la veille pour tenter d'y retrouver mon kway, que j'ai oublie...  Miracle, il n'a pas bouge! Tant mieux, parce que ca n'aurait pas été coton d'en retrouver un  dans le coin ...

On est a 28 km de Mangalia et  a 38 de Vama Veche, la frontiere avec la Bulgarie. Avec le vent dans le dos, les kilometres defilent; 45 bornes en un peu plus de 2heures! Pause repas rapide a Vama Veche, ville de la jet set et de la fiesta. On epuise nos derniers LEI et on quitte pour de bon la Roumanie. "La revedere" a tous ses contrastes, ses papanasi, ses chiens errants, ses vieilles Dacia, ses nombreuses bieres pas cheres, ses etals de legumes et de fruits, ses collines, ses brises incessantes, ses chauffards, ses gamins souriants, ses eaux degoutantes, ses oiseaux par milier, ses champs d'eolienne... 

On passe la frontiere. Nous revoila en Bulgarie. Elle nous accueille comme elle est; sauvage. On roule 23 km durant avant de trouver un semblant de vie; un petit village ou on achete eau et nourriture, et une carte du pays. On dort un peu plus loin, dans un champ, au calme.


75 km au compteur

8 commentaires

JennyEmericMichelle

Mon cœur....je suis touchée..par FLOREA et SANZA....tant d'hospitalité et de gentillesse, auriez vous ça ici en France?....Je suis pas sûre....vous garderez un souvenir ému de chacune de ces personnes, ....vous êtes mes HEROS et je vous aime (Mum)

  • il y a 9 ans

JennyEmericMichelle

et ça va mieux ton intoxication alimentaire? (Mum)

  • il y a 9 ans

cs

Salut Laure et Clément
Merci pour ce récit passionnant et dépaysant. On s'y croirait !
Bon courage sur le vélo !
J'ai hâte de lire la suite....
Christophe ( A former colleague from Evreux ... )

  • il y a 9 ans

JennyEmericMichelle

je lis et relis votre passionnante aventure, vous me faites quelques frayeurs quelques fois....tjrs passionnant à lire, drôle, émouvant et les photos sont magnifiques....J'adore ce blog, notre fil d'Ariane et je vous aime (Mum)

  • il y a 9 ans

helenedom

Je rejoins mon collègue Christophe, vos récits sont tout à fait passionnants! Je regarde très souvent votre blog pour suivre vos aventures, profitez bien de votre voyage :-) Hélène (qui a d'ailleurs hérité des 5B, anciens 6B, en PP en plus, spécial dédicace à toi Laure ;-))

  • il y a 9 ans

etienne

Nous lisons ce blog toujours avec beaucoup de plaisir, quelle belle histoire! Roulez léger :)

  • il y a 9 ans

Bebelle

Lire vos aventures est un véritable bonheur. Je devine entre vos mots certaines difficultés et pas mal de galères mais vous tenez bon la barre.
Je vous félicite pour votre ténacité et votre courage.
Bon vent mes amours!

  • il y a 9 ans

Fanny

Magnifique étape !

  • il y a 9 ans
14 Voyages | 46 Étapes