Mysore - le Palais / la ville

Publiée le 22/08/2017
Le matin, pendant qu'Adrien dort encore, j'en profite pour me faire les ongles. Ce n'est pas parce que nous sommes dans un pays rude qu'il faut en oublier d'être présentable.

On prend un petit déjeuner-repas dans un nouveau restaurant. Tellement minuscule qu'on se demande si c'est bien là : il y a quatre tables de 2, une vieille dame à l'entrée, et la cuisine au fond. Tout ça dans l'espace restreint d'un kebab français. Mais pourquoi pas : il y a les certificats TripAdvisor affichés fièrement et on est rassurés de croiser un couple d'européens tatoués en repartir l'air satisfait. Ce "restaurant" est spécialisé dans un seul plat : le Masala Dosai. Il s'agit d'une crêpe pliée en deux (qui a l'épaisseur ici d'un pancake), cachant un mélange de petits légumes et oignons, et accompagnée d'un chutney à la noix de coco. Tout ça bien chaud, à manger avec les doigts. Bon. 


L'idée c'est de toujours manger / donner / recevoir avec la main droite. La main gauche est par définition "gauche", donc pour les tâches peu gratifiantes. Cela fait 15 jours que je respecte scrupuleusement la coutume et voila que je mange avec la main gauche. Que voulez-vous, je suis impure. 


Rendons néanmoins à César ce qui appartient à César : c'était excellent. Meme si je ne me suis pas risquée à manger le chutney noix de coco, au cas où il aurait été préparé avec de l'eau. J'aurai dû, Adrien en a mangé deux et il a survécu. 


Nous allons ensuite visiter le Mysore Palace. Depuis le décès du Maharadja en 1974, son fils habite toujours le palais. Nous prenons un guide parlant anglais, à qui il manque la moitié des dents, ce qui rend son élocution pour le moins compliquée ... Cela ne nous empêche pas de découvrir un endroit magnifique, où chaque pièce est plus extravagante que la précédente : miroirs, plafonds en Teck de Birmanie sculptés, portes en argent massif, mosaïques de fleurs, marbre incrusté de pierres précieuses à la façon du Taj Mahal, et couleurs kitsch. C'est splendide, mais on se croirait dans Astérix, Mission Cléopatre, tellement les couleurs paraissent surréalistes. Les colonnes ont l'air de morceaux de polystyrène extrudé et peint, tandis que les pièces du décor semblent en carton-pâte.


Après le palais, un tuk-tuk nous amène dans le dédale des ruelles et nous montre un atelier de fabrication d'huiles essentielles. Nous assistons à la fabrication des bâtons d'encens: une vieille femme les roule un par un, au rythme de 600 par jour. Heureusement qu'elle est confortablement installée par terre à même le carrelage. On nous fait sentir ensuite de nombreuses huiles : ylang-ylang, bois de santal, tea-tree, musc blanc... et on décide d'en prendre chacun deux. Mais les prix sont exorbitants... ce sont des prix européens bien sûr. Alors là, astuce du jour que nous allons réitérer longtemps : nous faisons mine d'être de jeunes étudiants, avec peu de budget, et disons que les prix (20% pour les étudiants) sont trop élevés pour nous. Avec nos têtes de déçus mais résignés, après vingt minutes dans le magasin, nous remercions et nous partons. Avant de passer le pas de la porte, le responsable de l'atelier nous rappelle: ok pour une dernière négociation qui nous convient ; je crois qu'on aura été ses seuls clients de la journée. On repart avec 4 flacons de 10ml dont deux de bois de santal, pour à peine 30€. On vérifiera ensuite sur internet: le santal coûte en moyenne 20€ les 5ml. Youhou !! On ne se sera pas faits arnaquer à chaque fois (ci-après, récit de notre arnaque du jour). Enfin on espère. 


Puis, quelques ruelles plus loin, nous assistons à la fabrication des beedies. Un vieil homme assis par terre roule des feuilles sèches avec du tabac à l'intérieur, les ficelle, les met dans un panier. Elles seront regroupées en lots de 24 pour faire des mini paquets, dont nous achèterons un lot avant de partir. 


En face, on aperçoit des hommes qui travaillent dans ce qui semble être un atelier ouvert sur la ruelle : ils sculptent des tables en bois de rose. C'est superbe, surtout quand on sait qu'il faut de 4 à 6 mois pour faire une table. Un détail cependant : le bois est sculpté et incrusté d'éléments en plastique blanc, qui forment une frise florale. Jusqu'à présent, on nous avait vendu ces éléments comme étant du marbre, mais aucun moyen de vérifier une fois que les objets sont terminés et polis. 


Le tuk-tuk nous emmène ensuite dans un magasin spécialisé dans la soie. La ville de Mysore est effectivement connue pour ses soieries. Les étalages sont colorés, et je me laisse tenter par une étole dans les tons de bleu, que je négocie avec l'argumentaire étudiant pour ne payer finalement que 13€. Youhou !! On en reparlera plus tard, mais je me suis faite arnaquer. En réalité, il s'agit de viscose, ou d'un truc comme ça. Tant pis. J'aurai payé pareil aux Galeries Lafayettes. 


Nous repartons pour découvrir un marché local plus grand, indiqué dans notre guide comme immanquable. Nous en prenons alors prend plein les yeux et les oreilles : L'Inde des films c'est encore celle-là. Une explosion de couleurs, de senteurs, de sensations ; de l'or des saris des femmes aux étalages des marchands, on confond les denrées et les fleurs multicolores. Ca crie, c'est flamboyant, ça vend à tue-tête et ça bouscule. Comme le train, mais à l'air libre. On se laisse porter par le flot continu de gens qui passent dans tous les sens, on passe devant des étalages de noix de coco, de gombos, de grenades, de mini citrons, de bananes. On reconnaît des caramboles et des pommes-cannelle. D'autres fruits exotiques nous laissent perplexes, mais les étalages de pyramides poudreuses nous ramènent à la réalité en nous éblouissant de couleurs. Rouge, orange, bleu, vert... on ne sait plus où regarder. Des montagnes de fleurs fraîches glissent des étalages et embaument le marché, blanches, jaunes, roses, en collier, en panier... c'est vivant et étouffant, ça nous attrape et nous entraîne sans qu'on sache où s'arrêter. 


Avant d'aller dîner, on passe par l'hôtel. Nous avons pris la pluie après le marché, comme pour bien nous rappeler que c'est la Mousson et Adrien voudrait se changer. On en profite pour faire le test du fil de soie : on coupe un fil de l'étole et on le brûle au briquet. Si ça crame, noircit et que ça sent le brûlé, c'est que c'est de la soie. Si ça se recroqueville en petite boule dure, c'est que c'est du synthétique. Je vous laisse deviner le résultat. On dîne dans un petit restaurant de quartier, à une rue de l'hôtel. Deuxième repas sans couverts de la journée et de nouveau succulent. On se régale pour 3€ à deux. Sur le chemin du retour, les gens nous saluent, on voit qu'ils sont étonnés et fiers de trouver des européens dans ce quartier assez populaire. Une nouvelle journée qui finit bien. 

Mysore - repas du midi
Mysore Palace, ou le Palais de Cleopatre
Fabrication des beedies
Travail de sculpture sur bois de rose
Le marché
Le marché
Le marché
Mysore - repas du soir
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