Bandipur - La réserve naturelle

Publiée le 24/08/2017
Après un bon petit déjeuner dans le même petit restaurant que la veille au soir, nous partons pour la ville d'Ooty, dans la montagne. Sur le chemin, nous nous arrêterons à Bandipur, une réserve naturelle.

S'il ne pleut pas, nous voulons faire un safari pour voir des tigres ! 


Nous voilà donc à la gare routière pour prendre un bus. Je passe sur le fait que nous nous sommes d'abord trompés de gare, en allant voir les bus de ville au lieu des bus longs trajets. Après le train, donc, deuxième test dans les transports locaux. On s'y fait, on s'y fait... 

Sauf que le bus, ça saute. En plus nous sommes à l'arrière et il semblerait que les amortisseurs soient inexistants. Deux heures de tressautements réguliers nous attendent, pendant lesquelles je décolle littéralement de mon siège de 20 cm à chaque dos d'âne. Bon, c'est typique ! Mais nous comprenons alors pourquoi les indiens sont petits : ils doivent avoir les vertèbres tassées. 


Le paysage devient de plus en plus vert et sauvage. Le bus nous dépose au milieu d'une route, bordée de maisons en dur de couleur verte, comme une tentative de se fondre dans le décor. Le vert n'étant pas criard la tentative est assez réussie, même si cet agencement aléatoire laisse perplexe. La terre est rouge et boueuse ; il a plu pendant le trajet et on n'est pas à l'abri que ça recommence. Il y a des singes partout, ils investissent la route, les arbres, les maisons. Un cerf et trois biches traversent la route dans un sens et dans l'autre, selon le passage des voiture. Nous allons nous renseigner à la maisonnette qui indique "guichet", un cochon sauvage nous coupe la route ; nous avons deux heures d'avance. Ca tombe bien, de toutes façons le prochain bus ne passait que dans trois heures, donc une heure trop tard. Doucement, il se remet à pleuvoir. Nous nous abritons sous le porche d'une autre maisonnette, en face du guichet. S'il pleut à l'heure du safari, celui-ci sera annulé. On croise les doigts. Pendant ces deux heures, admire le paysage et on lit. Moi un livre policier trimballé depuis le Rajasthan que je n'avais pas encore eu le temps de terminer, Adrien les deux guides pour envisager notre journée du lendemain. 


La pluie s'arrête de tomber cinq minutes avant l'ouverture du guichet. Ticket en poche, nous montons dans un mini bus vert kaki, esprit camouflage. Chance : nous avons les premiers sièges, juste derrière le chauffeur et son immense pare-brise vitré. Personne pour nous masquer la visibilité. Si avec ça on ne voit pas au moins un singe, on sera bien déçus. En s'enfonçant dans cette végétation luxuriante et sauvage, on se dit qu'il serait facile de s'y perdre. Les roues du bus s'enfoncent dans la terre boueuse en creusant des sillons, ça secoue et le silence est imposé. On observe, attentifs. Un taureau sauvage nous coupe soudain la route avant de s'enfoncer dans les branchages ; c'est parti. On aperçoit des paons au milieu de troupeaux de biches et de cerfs aux bois majestueux bien symétriques, des piverts rouges, noirs et blancs, des oiseaux coureurs que l'on apparenterait à des poules faisanes, des perruches et un martin-pêcheur bleu turquoise et rouge, des mangoustes, une autre race de singes. Au détour d'un virage, le chauffeur arrête le moteur. Deux éléphants marchent à quelques mètres du chemin. L'un d'eux s'arrête et un éléphanteau apparaît, allant chercher quelques brins d'herbe à manger. La scène est paisible et voir des éléphants en liberté est un spectacle beaucoup plus appréciable que celui de les voir trimballer des touristes sur des nacelles. Ils remarquent notre présence parce que deux autres pachydermes arrivent, comme par curiosité. Ils ne sont nullement effrayés, même si au bruit du démarrage ils s'éloignent. Un peu plus loin, un taureau sauvage (le même?) marche le long de la route. À notre arrivée, il se met à distance mais reste campé face à nous, massif et immobile, comme dans l'attente d'un mouvement de trop. Je dirai qu'il n'est pas crédible dans ce rôle d'intimidation, parce qu'il a comme une petite frange à la D.Trump qui le rend sympathique plutôt que menaçant. Mais ce n'est que mon avis. 


Nous continuons le safari sans apercevoir de tigres, mais toute cette faune et surtout les éléphants nous ont ravis. Adrien est tout content, il a mitraillé comme un enfant. 


De retour au village, nous attendons sur ce même bord de route, les pieds dans la boue, le bus qui devrait passer. Selon le garde forestier, toutes les trente minutes. Effectivement, nous n'attendons pas longtemps, un bus surpeuplé arrive, dans lequel nous montons tant bien que mal pour nous mettre entre l'allée centrale et le marche-pied. Nous faisons donc une partie du voyage debout, pendant laquelle nous avons le loisir de tester notre souplesse aux rebonds. Au premier arrêt, nous nous précipitons sur les places tout juste libérées : nous avons 3h30 de route à faire, faut pas rigoler. 


La nuit tombe au fur et à mesure que le bus grimpe dans la montagne et que l'air fraîchit. Nous devons arriver à 20.30, alors nous sommes contents que le bus soit un peu loin rempli, nous pouvons être mieux installés. Même si bien sûr, les croisements à fond la caisse avec les autres véhicules (aléatoirement voiture, camions, motos) à flan de montagne nous inquiètent un peu, le trajet se passe bien. L'air se rafraîchit alors qu'on surplombe la vallée embrumée, c'est envoûtant. Le long de la route Adrien reconnaît des théiers et des caféiers. Avec plaisir, nous appercevons de nouveau des éléphants et des biches au milieu des manguiers, sur fond de rizières. Nous serpentons ensuite un moment à travers une forêt de bambou élancés en arcs jusqu'au ciel, brumeuse alors que la lumière décline. On se croirait dans un film d'angoisse. Ou dans une peinture japonaise en noir et blanc, sur laquelle manquerait seul un aiku calligraphié racontant la paix de l'âme.


Arrivés à Ooty à 20.45, nous nous dirigeons vers notre "Guest House". Il ne s'agit pas d'un hôtel, mais d'une Maison d'hôte tenue par une mère et sa fille. La dame nous accueille style "saut du lit", en chemise de nuit à fleurs et cheveux teintés au henné en bataille. Son fils, pull en laine et bonnet sur la tête, nous montre la chambre. Je n'ai pas précisé qu'à Ooty, dans la montagne, ça caille. Il fait 15 degrés ce soir et je sens que mes petits pieds nus dans mes sandales vont apprécier la paire de chaussette que je leur réserve pour tout à l'heure. Pour l'instant nous avons faim, mais nous avons dépassé l'heure du repas de 30 minutes. Cette gentille dame nous propose quand même un petit menu et quelques instants plus tard, nous sommes attablés dans le salon avec les bruits de cuisine en fond sonore. On hésitait à ressortir manger, mais après la journée de bus et avec cette fraîcheur soudaine, on est mieux "à la maison". Le repas est préparé rapidement et réchauffe Adrien qui n'en peut plus de ce froid. Le repas est bon et le petit thé que nous avons demandé termine bien cette journée, qui s'est encore étonnamment bien déroulée, pour une organisation de dernière minute. 

Mysore - petit déjeuner
Bandipur- Le taureau sauvage D. trump
Bandipur - les éléphants
Bandipur - les biches
Bandipur - les singes
Ooty - Guest House
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