Turquie

Publiée le 01/07/2019
Une semaine en Turquie de Marmaris à Cesme en passant par l'intérieur et Izmir

Turquie

450 km Marmaris - Akyaka - Yatagan - Aydin - Torbali - Izmir - Cesme

J'ai prévu de passer une semaine dans l'Ouest de la Turquie pour aller ensuite à Chios, une des plus grandes îles de la Mer Egée, tout près de la Turquie, puis Athènes d'où je récupérerai le Nord du Péloponnèse jusqu'à Patras, pour aller ensuite vers les Balkans.

De Marmaris à Cesme

J'arrive le 20 juin au matin, en provenance de Rhodes, à Marmaris, petit port très paisible et verdoyant. La différence avec la Grèce, qui est seulement à quelques kms, est frappante.

Je retire l'équivalent de 100 € en livres turques, que j'achète 110 € à un guichet Western Union. Je n'insiste pas.

Je fais mes premiers kms sur une terre qui m'est complètement inconnue, dont les gens parlent parfois d'une manière alarmiste. Inutile de vous dire une fois de plus que cela m'est apparu encore totalement infondé.

Par contre il fait chaud, et dans la longue côte à la sortie de Marmaris je m'arrête sur le bord de la route, apercevant une petite cascade qui descend de la montagne et finit dans une rigole à 2 m de la chaussée.

Ce que je n'ai pas vu, c'est la mousse qui a inévitablement poussé à cet endroit, sur laquelle je fais avec mon vélo un dérapage non contrôlé qui finit pour mon vélo et moi les quatre fers en l'air.

Douleurs au dos et plaies aux coudes, mais le vélo n'a rien.

Je repars, non sans avoir rempli mes bouteilles de cette eau fraîche bien méritée.

Tout au long de la semaine il va faire chaud, aux alentours de 35 degrés, voire davantage (41 une journée). J'adopte une conduite qui va se révéler pas mal du tout. J'ai un contenant de 4 l entre tous mes bidons et bouteilles, que je renouvelle 1 fois, ce qui me fait 8 l que j'écluse sans difficultés ; par ailleurs quand je vois un point d'eau (robinet ...) j'enlève mon t-shirt et mon chapeau et je les trempe dans l'eau: quel bonheur de se rafraîchir !

J'arrive le soir à Akyaka, ville accidentée et assez touristique de bord de mer. Je suis surpris du grouillement d'une population très jeune, qui se baigne en masse dans la mer, moyennement propre au demeurant.

Toute une activité de croisière côtière sur des petits rafiots bigarrés s'est développée : ça donne à Akyaka un petit charme certain.

La végétation dans la ville est luxuriante.

J'ai trouvé un logement super confortable dans un hôtel à un prix défiant toute concurrence.

Cela va être le cas tout au long de mon séjour, car il est hors de question de faire du camping sauvage dans ce pays : la Jandarma (c'est le nom de la gendarmeri) veille ! Par ailleurs il n'y a aucun camping.

Départ le lendemain en direction de Yatagan, à 80 kms. Je me tape pour commencer une côte de 9 kms avec une différence de niveau de 900 m, ce qui fait du 10 / 100. Sur ce coup-là il n'y a pas que Mustapha k'est mal (jeu de mot: Mustapha Kemal, héros de l'indépendance turque), il  y a aussi Visant k'est très très mal. Je suis sur le point de repartir à Marmaris, mais ma fierté reprend le dessus. Je fais des pauses tous les 500 m, je bois ... et j'arrive en haut.

La suite est du billard: 20 kms de descente jusqu'à Mugla, une grande ville où je m'arrête me restaurer après avoir acheté chez un cycliste délicieux une chambre à air que je me suis fait voler quelque temps auparavant.

Quelques petits achats au marché coloré et actif que je découvre, avec des femmes en tenue traditionnelle qui discutent et proposent leurs légumes.

Je pars requinqué vers Yatagan, 30 000 habitants, que j'ai repérée sur la carte, bien placée par rapport à mon itinéraire. J'y arrive vers 16 h, et là surprise ! Il n'y a pratiquement rien : aucun café, aucun hôtel, aucun restaurant ; juste un alignement de commerces dans une rue sans fin.

Je me renseigne dans un bar qui ne sert pas de bière : des jeunes filles font semblant de ne pas comprendre ma question de savoir si je peux trouver un logement.

Un homme d'une quarantaine d'années s'approche de moi, comprend ce que je veux. Il parle bien l'anglais. Il appelle quelqu'un au téléphone et m'annonce qu'il m'a trouvé un logement pour une nuit (2 si je le souhaite), compte tenu de son statut d'élu de la ville.

Il essaie de m'expliquer le chemin, mais préfère en définitive m'accompagner avec son vélo sur 1 km. Nous arrivons dans un endroit gardienné, avec barrière, gardien et guitoune, et nous pénétrons dans un parc très propre et verdoyant, avec de vieux immeubles très bien entretenus.

L'immeuble dans lequel je suis logé est quasiment luxueux (les chambres le sont). Il s'agit en fait d'un ensemble appartenant à la société propriétaire de la Centrale Thermique que j'ai aperçue en arrivant à Yatagan.

C'est la seule activité de Yatagan, et pour cause ! (je ne le saurai que 5 jours plus tard): les rejets de l'usine ont empoisonné quelques années auparavant la population de Yatagan et la nature environnante.

En attendant, je suis reçu comme un roi, et je passe un excellent séjour, avec babouches, tongues, sels de bain ...

Le 22 juin départ vers Aydin, une grande ville de plus de 100 000 habitants : je découvre qu'en fait les villes ne comportent aucun lieu de vie collective en dehors des bars masculins, qui s'alignent, intercalés entre des commerces et des entreprises : un peu tristounet tout ça. Les femmes sont sans doute au fourneau mais aussi au champ, comme j'ai pu le constater, même le dimanche ; elles viennent en ville dans une charette tractée par un cheval : on se croirait dans le Léon des années 1950.

Une voix diffusée en pleine campagne en bord de route me fait sursauter : je crois d'abord qu'il s'agit d'un hommage à Yann Fanch Kemener, décédé quelques semaines plus tôt, ou la performance d'un frère caché des sœurs Goadec; mais non, c'est l'appel à la prière depuis la mosquée dont on aperçoit le minaret.

Le léonard que je suis a encore trouvé un hôtel économique dans la périphérie de Aydin que je quitte au petit matin du 23, en direction de Torbali qui est ma dernière étape avant Izmir.

Les 30 premiers kms se déroulent "les mains en haut du guidon" comme disait notre père. Il n'en va pas de même des 50 suivants que je n'avais pas du tout anticipés. La route se transformant en autoroute, il faut contourner par un petit massif montagneux. Je m'y égare, mal conseillé par Maps Me, et quand je trouve mon chemin il faut que je revienne 10 kms en arrière dans la montagne et que je prenne, bien conseillé cette fois par un jeune villageois, la direction d'un village pas évident d'accès puis d'un deuxième carrément inaccessible à vélo pour moi.

La pente est voisine sur certaines portions de la piste de 15 / 100, et je pose le pied une dizaine de fois.

Je finis par arriver à Sirince au bout de la piste, et j'arrive brusquement sur la place du village où se tient une fête: tout le monde est là, ça papote, ça se désaltére dans les deux tavernes.

Dans l'une d'entre elles un haut-parleur diffuse "one more cup of coffee" de Bob Dylan avec la voix sublime de Emmylou Harris en arrière-plan, puis "no woman no cru" de Bob Marley: petite pensée pour ma chère petite sœur et pour Gwen.

Je m'offre une pause Amstel (c'est leur bière préférée), et j'entame les 17 derniers kms vers Torbali (dixit le serveur) qui deviendront en fait 40.

J'arrive à 17h45, avec 5h de retard sur mes prévisions.

Hôtel avec douche et climatisation bien appréciées.

Le dimanche 24 juin arrivée tôt dans l'après-midi à Izmir, 2 millions d'habitants, qui rompt avec l'ambiance plutôt triste que j'ai connue les jours passés: ville occidentalisée s'il en est, très jeune, avec les portraits omniprésents de Mustapha Kemal qui sont là pour rappeler que nous sommes en Turquie. C'est intéressant de voir les 3 faces de la Turquie.

J'y passe 2 jours de repos bien venu, flânant un peu sur les marchés et dans les rues, puis je pars le 26 pour Cesme (prononcer "Tchesmi"), dernière étape de mon séjour en Turquie.

Je rencontre par 41 degrés un couple de belges, Sarah et Raphaël, tourdumondistes pour 3 ans.

Au moment de se quitter, la roue du vélo de Raphaël reste engluée dans l'asphalte.

Cesme, ville balnéaire fréquentée par une clientèle turque d'Izmir. Jolie ville, commerçante.

Je rencontre un franco-turc qui m'explique l'histoire de Yatagan et celle de Aydin, que j'avais trouvée un peu morte; et pour cause ! l'Université qui en constituait la principale activité a tout simplement été fermée.

Je loge dans un petit hôtel super nommé Coz Eren (et pourtant nous sommes à Cesme).  Certainement la plus belle halte depuis longtemps, avec un petit déjeuner qui tient au corps.

Départ pour Chios, à 1 h de ferry, en fin d'après-midi.




Marmaris
Végétation luxuriante à Akyaka
Petits rafiots pour la croisière côtière
Femmes prenant le frais les pieds dans l'eau à Akyaka
Serkan et son fils
Marché à Mugla
Logé comme un prince à Yatagan
Une échoppe de vaisselle turque avant Aydin
Mustapha Kemal, partout
La piste, avant Sirince
Le bar de Sirince avec les 2 Bob qui m'accompagnent
Izmir l'occidentale
Location de voiture risquée
Incontournable R12
Derniers gardiens en Turquie
La Jandarma
Bougainvillées à Cesme
4 commentaires

PierreToc

Hello mon cher Vincent,
J'espère que tu es désormais parfaitement rétabli de ta chute ... tu as du te faire une petite frayeur.
Lire ton récit est toujours un grand plaisir.
Bonne continuation à toi Vincent (le prince du Yatagan - ça sonne bien) !!! ;-)

  • il y a 5 ans

clairec

Hello Cher Vincent !
Merci merci pour ce voyage que l'on fait (un peu) à travers le récit de tes aventures...lire des mots comme : fraîcheur, bar, bière, mer, accueil...me ravit et m'encourage à penser que ce voyage est bien multiple et varié avec cette alternance d'énormes efforts à fournir et de doux moments de réconfort. Bises à toi !

  • il y a 5 ans

PatouBrest

Deux de nos chansons culte, cher grand frère!! ?. Un plaisir de te lire et de s imaginer les paysages que tu traverses. A très bientôt !

  • il y a 5 ans

marylippe

Encore Bravo vincent pour ces belles aventures que tu nous fait partager. Et pour ces belles photos. Bonne route.
Phil et Maryline

  • il y a 5 ans