Paysages grandioses et rencontres ont été les deux ingrédients phares de notre grande boucle turque.
La Turquie des grands espaces
( du 24 septembre au 23 octobre) Étapes 1 : Anatolie centrale : terres des moutons, des chiens et des R12 (Istanbul) - Yenisehir - Lac Bakras Çayi - Eskisehir - Beylikova - Sivrihisar- Ilica - Yukari Sebil - Sereflikoçhisar - Örtaköy via Lac Tüz Gülü -
La route et les paysagesDepuis notre départ d’Istanbul, nous sommes catapultés dans un autre monde, beaucoup plus sauvage, proche de la nature et des grands espaces. Les trois premiers jours, il nous faut rejoindre Eskisehir aux portes de l’Anatolie. On roule beaucoup sur la bande d’arrêt d’urgence de voies rapides qui ressemblent à des autoroutes. C’est roulant, ça avance bien et les véhicules se montrent attentifs. Des klaxons bienveillants pour nous signifier qu’ils arrivent et pour nous saluer. Même les voitures qui arrivent sur la voie d’en face nous klaxonnent gentiment, sourire aux lèvres, tout contents de nous dire bonjour. Le premier jour de reprise est difficile, on doit rejoindre un plateau qui se trouve à 800 m d’altitude. La chaleur, le bruit de la route et les gaz d’échappement me retournent l’estomac. J’en chiiiie un peu pour arriver au bout de l’étape.Sur ces trois journées, on parcourt aussi des portions plus rurales : des champs couleur or, des cultures, deux petits lacs. On bivouaque sur l’une des rives de l’un d’eux au milieu de nulle part. Passé Eskisehir, la route devient magique : de grands espaces, des paysages variés dont certains bercés par un vent léger. Les couleurs de l’automne sont encore timides, le ciel est bleu, les températures agréables et la route asphaltée, du bonheur à chaque coup de pédale. On se croirait un peu dans l’ouest américain que Jean-Luc connaît un peu. On roule en silence, parlant peu, comme pour préserver ces espaces magiques et se laisser pénétrer en profondeur par leur calme et leur douceur. Premier coup de cœur pour Tuz Gülü, un lac salé. La route qui y mène est aride et sauvage. On monte jusqu’à 1220 m avant de redescendre et l’apercevoir au loin : il se situe à 905 m. Une grande flaque blanchâtre traversée par une seule piste étroite et accessible aux vélos seulement ! Les couleurs sont incroyables bien que le ciel soit nuageux quand nous entamons la traversée : couleur rouge terre pour la route, bleu gris sur une des rives et au loin, sur la rive opposée, des montagnes s’y reflètent dans un mélange de vieux rose, de blanc et de bleu. Après avoir roulé la moitié des 7 km à parcourir, le soleil vient sublimer ce paysage déjà fantastique. Un beau cadeau de la nature que nous apprécions, les roues enfoncées dans la route sablonneuse… il a beaucoup plu la nuit précédente et nos deux roues creusent d’épais sillons en avançant ! Une fois de l’autre côté, nous passons nos vélos au karcher afin de se débarrasser du sel collant et d’être reçu sans problème dans l’hôtel de la ville toute proche. Les chiens Sujet déjà abordé, nous vous avions parlé des chiens des villes plutôt patauds : ils dormaient sur le bord des routes et nous regardaient d’un air nonchalant. Nous avons découverts les bergers d’Anatolie, les gardiens des troupeaux. Il y a aussi ceux qui traînent dans les villages et les hameaux de ces vastes étendues, souvent errants et n’appartenant à personne. Ceux des troupeaux portent des colliers avec de gros piques pour se protéger des loups, les autres non. Ces chiens sont plutôt haut sur pattes et très impressionnants. Couleur sable, ils se fondent dans le paysage et se mêlent aux tons chauds et dorés des champs; s’ils ne sont pas avec leur troupeau, il est parfois difficile de les repérer. Au repos, ils sont allongés sur le flanc et on ne les aperçoit qu’à la dernière minute quand ils lèvent leur museau pour aboyer. Sur les routes et les sentiers de l’Anatolie, ils peuvent se montrer très agressifs. Même si on n’en croise pas en permanence, leur présence potentielle plane dans l’atmosphère, il faut être très vigilants. La majorité du temps, ça se passe bien. Notre première rencontre a été un peu nerveuse, mais nous nous étions préparés à les rencontrer, c’est un sujet récurent chez les voyageurs qui traversent la Turquie. Dès qu’on les voit accourir en aboyant, on descend illico de nos vélos, avançons à pas d’homme. Nous faisons bouclier avec nos montures et leur parlons calmement pour qu’ils comprennent que nous ne représentons pas un danger, c’est pas gagné ! Ils gardent le troupeau comme nos patous dans les Alpes. Lors de ce premier face-à-face, nous n’avons aucune possibilité de sortir de là, on est coincé entre la voie ferrée et le champ où il y a justement les moutons. Heureusement, nous apercevons un berger. Il arrive à dos d’âne et met un temps à faire obéir les canidés. Nous sympathisons un peu avec lui, il est curieux et visiblement content d’échanger un peu avec nous, même si la communication reste difficile. Il est Afghan. Quand nous reprenons notre route, les chiens se montrent dociles et apaisés. Quelques kilomètres plus loin, nous croisons un deuxième troupeau ! Argh ! Le berger est au loin, les chiens ne nous ont pas encore entendu, le vent nous est favorable. Cette fois-ci, nous avons une échappatoire : un chemin sur la droite qui nous fera faire un beau détour pour arriver au prochain village. Nous filons silencieux sur nos vélos en laissant les chiens derrière nous. Au fil des jours, nous constatons qu’il y a toujours un berger avec le troupeau : un berger avec son âne et son portable ! Ce sont des situations faciles, il suffit de se manifester au loin auprès du berger en le saluant.Le danger vient de deux autres catégorie de chiens : ceux qui errent dans les villages et hameaux et ceux qui sont dans une cour où le portail est resté ouvert, ce sont les plus virulents; heureusement, ils sont souvent attachés à une chaîne ! Voici deux épisodes avec chacune des catégories.
Un jour, nous voulons rejoindre le centre d’un petit hameau par une ruelle quand un groupe de cinq chiens se manifestent en aboyant. Pied à terre, pas d’homme, calmes, nous leur parlons calmement. Ils continuent à nous suivre en aboyant tout en restant à distance d’un mètre. Nous revenons sur nos pas en poussant toujours nos vélos, les chiens nous encerclent et nous guident vers la sortie : un devant, un de chaque côté et deux derrière. On ne moufte pas, c’est eux qui décident 😅.Autre épisode un peu plus musclé avec un chien qui sort d’un portail resté ouvert en montrant les crocs. Il est extrêmement agressif, grogne, s’aplatit sur les pattes avant, il est prêt à mordre 😱. Pied à terre, il nous tourne autour et nous nous protégeons avec nos montures. Je fais plusieurs arc de cercle avec mon vélo car il essaie de me choper par derrière. Je reste concentrée et calme, c’est pas le moment de paniquer ! D’un coup, il mord dans une sacoche arrière, je sens la puissance de sa mâchoire quand il la troue. Je continue à avancer en crabe, Jean-Luc est juste devant. Quelques mètres plus loin, comme nous nous dirigeons toujours vers la sortie, il lâche l’affaire. On remonte sur nos vélos sans nous retourner, laissant les aboiements derrière nous. Mes mollets réalisent qu’ils ont eu chaud ! La R12Si vous vous demandez ce que sont devenues les R12 de vos parents ou de vos grands-parents (selon votre âge !), et bien, ne cherchez plus, elles sont toutes ici. Elles vivent leur meilleure vie. Personne ne les contrarie avec leur bas de caisse rongés, leur carrosserie rouillée et cabossée, leur peinture délavée par le soleil, leurs phares qui piquent du nez. On en croise partout, version berline ou break (la «Toros » pour les connaisseurs 😆).
Étape 2 : La Cappadoce (Uçhisar)Autre très belle étape, même si plus touristique. Nous sommes à 1300 m d’altitude et nous voyons au loin le Mont Erciyes qui culmine à 3916 m. Nous arrivons à Uçhisar, où nous poserons nos sacs durant trois jours, en Cappadoce en fin de journée et on est immédiatement baigné dans les couleurs d’un coucher de soleil sur les pics rocheux et le “château”, un haut rocher en tuf rempli de petites cavités pour les pigeons. Un beau spectacle qui nous plonge dans une toute nouvelle atmosphère. Les jours suivants, nous découvrons les différents sites. Le vent, l’eau et le temps ont sculpté les paysages et les ont rendus extraordinaires : grands plateaux, vallées et vallons, de vrais décors de cinéma. On y voit des cônes, certains appelés cheminées des fées, des pics coiffés d’un chapeau rocheux, des falaises, elles aussi coiffées d’une collerette blanches, des rochers en forme de champignons, arrondis et lisses, certains très phalliques dans une vallée baptisée «la vallée de l’amour ». On trouve aussi des façades qui ressemblent à de grandes tentures, blanches ou légèrement rosées en fonction de la lumière de la journée, car ici, le soleil change les teintes de la roche au gré de son parcours. Dans cette immensité, l’homme y a aussi apporté sa touche : habitations troglodytes, fresques, chapelles et églises creusées dans la roche dont une particulièrement surprenante : l’église aux Colonnes, un spectacle qui nous laisse sans voix. De nombreux pigeonniers aussi, les fientes étaient utilisées comme engrais. On ne se lasse pas de se promener au milieu d’autant de merveilles. Il fait encore bien chaud et c’est très agréable.Un matin, nous partons tôt pour assister au décollage des montgolfières au lever du soleil. Sur le site, il y a comme une magie qui opère, un quelque chose d’onirique. Regarder ces gros ballons se préparer à partir, comme de grosses lanternes géantes éclairées de l’intérieur nous rapproche de l’enfance et de ses contes de fée. On se laisse éblouir et envelopper par cette belle histoire racontée dans le silence du soleil qui pointe à l’horizon. Il était une fois, dans une vallée lointaine éclairée par des ballons de toutes les couleurs, un jeune prince ….Pour terminer notre visite de la région, on s’offre une journée de VTT, accompagnés par un guide local. Un super moment à rouler à la découverte de trésors cachés dans les falaises tout en zigzaguant au milieu des vallons et sur les rondeurs de ce paysage féerique.
Étape 3 : De la Cappadoce à la Grèce, direction la mer Egée
(Uçhisar) - Aksaray - Basgötüren - Konya - Yenidogan - Sarkikaraagaç - Egirdir - Burdur - Sagolassos - Lac de Salda - Pamukkale - Nazilli - Aydin - Izmir - Selçuk - Kusadasi
Après la Cappadoce, qui sera le point le plus à l’est où nous irons en Turquie, nous reprenons nos vélos pour entamer la route de retour qui nous mènera jusqu’aux îles grecques. Les paysages sont beaucoup moins sauvages et on roule beaucoup au bord des routes. Le parcours est jalonné de très belles étapes où nous passons rarement plus d’une nuit.
Entre Uçhisar et Konya, il y a 250 kilomètres que nous décidons de faire en trois fois : c’est en partie une grosse départementale roulante entourée par de beaux paysages. C’est l’ancienne route de la soie, celle qui menait jadis en Perse à dos de chameaux. Le deuxième jour, le vent souffle quasi de face à 30 km/h (et plus en rafale) et ralentit notre course. Arrêt au caravane sérail de Sultanhani qui date 1229 et très bien restauré. On arrive bien fatigués à la fin de la journée. On se lève tôt le lendemain car le vent est prévu plus tard dans la matinée. A 9.00, les rafales commencent, il n’y a rien qui les arrête car nous sommes sur un grand plateau à la végétation aride. Il nous reste 70 kilomètres à parcourir, la journée s’annonce pénible 😕. A la croisée d’une route qui arrive d’un village, une camionnette transportant une cagette de colombes s’arrête et nous propose spontanément de nous amener à destination 😳. Un ange est passé. En deux minutes, on charge les vélos pour parcourir en moins d’une heure la route qui nous mène à Konya. A 10.30, nous sommes assis à une table basse sur le trottoir avec deux brioches et deux thés, une petite pluie commence à tomber. On apprécie ce moment à sa juste valeur. Nous avons tout le reste de la journée pour visiter la ville et une de plus, car Konya en vaut la peine.
Rencontre avec Ali les bons tuyaux, un érudit prof à l’université et vendeur de tapis 🧐 qui nous a arrêté en chemin. Il nous propose de prendre un thé et nous donne plein de bons plans. Grâce à lui, nous pouvons assister à une cérémonie des derviches tourneurs : une vraie connexion entre corps et esprit. Majestueux.
A partir de Konya, on grimpe dans les montagnes et traversons plusieurs cols. On continue à rouler entre 1300 et 900 mètres d’altitude jusqu’au Lac de Salda, pour ensuite redescendre vers la mer. Le froid arrive un peu vers la mi-octobre : les températures sont plus fraîches la nuit et le matin mais le ciel reste bleu et le soleil est bien présent le reste de la journée. Dès 11h, on retrouve des températures estivales allant jusqu’à 25 degrés.
Sur les hauteurs, nous nous rendons encore au Lac D’Egirdir, le quatrième plus grand lac de Turquie avec sa presqu’île longue de deux kilomètres balayée par le vent. On se balade aussi à Burdur et explorons les magnifiques vestiges de l’antique cité de Sagolassos située à 1700 m, posons notre tente à deux pas des Maldives turques au lac de Salda à 1140 m et redescendons vers les bassins d’eau turquoise de Pamukkale à 320 m : une étape de 116 kilomètres en pente douce pour y aller 🚴. Pamukkale, littéralement «le château de coton», est formée d’une roche calcaire appelée aussi travertin. Un phénomène naturel fait que l’eau s’évapore et laisse une couche blanche sur la pierre. Des bassins se sont creusés et donne un ensemble magique. On enlève nos chaussures et on marche sur cette blancheur tout en trempant nos pieds dans les vasques remplies d’eau claire et tiède. On a l’impression d’une immense banquise dont nous sommes les pingouins éblouis. Au crépuscule, les couleurs changent et donnent à ce lieu une toute autre dimension.
Il nous reste encore 200 kilomètres pour rejoindre la côte égéenne et prendre un ferry pour la Grèce. On a du mal à quitter ce pays et on joue un peu les prolongations. Après un très bel accueil dans une famille à Aydin, on prend le temps d’aller à Izmir depuis Selçuk : Jean-Luc a découvert que son arrière grand-père est originaire de cette ville 🤗. On prend le « Izban » aller-retour pour y passer une nuit et une journée : 160 km de gagnés ! Izmir est la plus européenne des villes que nous avons eu l’occasion de visiter. Une nouvelle fenêtre sur la Turquie. Bien que ce soit la troisième plus grande ville du pays, Izmir est agréable à vivre. Le bazar est un endroit où il fait bon se balader. On se pose sur les différentes petites places arborées, le temps d’un thé ou d’un repas sur le pouce. Retour ensuite à Selçuk pour visiter le mythique site d’Ephèse avant de rejoindre le bord de mer le lendemain à Kusadasi pour une dernière baignade dans la mer encore chaude et une dernière nuit turque. Le soleil brille, il fait beau, les pluies annoncées depuis trois jours ne semblent pas arriver.
La Turquie c’est aussi :
La gentillesse des gens
Une des belles découvertes de la Turquie, ce sont les rencontres avec les Turcs et leur incroyable gentillesse et hospitalité. Plus nous nous enfonçons dans le pays, plus les rencontres sont surprenantes. Le thé est une institution : il est servi très noir avec deux sucres sur le côté. Prendre un thé dans les différents endroits que nous croisons fait toujours partie du programme de la journée. Prendre le temps, être au contact des gens, ça fait partie de ce que nous aimons en voyage. Nous avons appris quelques mots d’usage en turcs, ils sont inscrits sur le haut de ma sacoche de guidon et je pense que ça aide à créer le premier contact. Les gens nous sourient et ils semblent surpris de l’entrain que nous mettons à nous exprimer dans leur langue.
Très souvent, quand nous nous asseyons pour prendre un thé quelque part, il nous est difficile de le payer 😳 il y a toujours quelqu’un pour nous l’offrir ou nous en apporter un quand nous sommes posés quelque part. Un jour, alors que nous étions assis dans une ville un peu plus importante, nous mangions notre brioche journalière assis sur une petite esplanade face à une banque quand une employée sort avec un plateau sur lequel étaient disposés deux thés et deux cafés, au choix. Adorable 🤗. Les gens engagent facilement la conversation, intrigués par nos vélos. Ils aiment bien savoir d’où nous venons et si nous aimons leur pays. Ils baragouinent un peu d’anglais ou d’allemand pour avoir travaillé quelques temps en Allemagne.
Difficile de retranscrire ici tous les moments passés auprès des villageois rencontrés au hasard : il y en a eu à chaque fois que nous étions loin des villes. Leur accueil a été incroyable et cela nous a toujours beaucoup touché. Voici un échantillon :
> En fin de journée, nous arrivons dans une petite ville où les hôtels répertoriés ont tous mis la clé sous la porte. Il en reste un qui est noté cinq étoiles sur Google map ; 🤔 étonnant vu la ville. Quand on arrive, le bâtiment existe toujours mais on se retrouve face à un magasin de motos. Le motard qui nous accueille nous explique que maintenant ils font dans la moto et qu’il n’y a plus d’hôtel 🥹. Il passe néanmoins deux coups de fil puis nous regarde : «Revenez dans trente minutes, une chambre sera prête.» Génial ! Le temps d’aller manger une pide* au fromage dans le seul boui-boui ouvert du coin, on ne trouve que ça mais tout est fait maison et on se régale, et nous voilà installés au deuxième étage de l’ancien hôtel pas cinq étoiles. Les vélos dorment en toute sécurité au côté de grosses cylindrées ! Le prix demandé est dérisoire.
* La pide est une sorte de pizza turque de forme allongée : elle ressemble à une barquette de LU en format XL. Elle peut être au fromage mais aussi à plein d’autres choses !
> Un jour où le ciel est particulièrement menaçant, on demande l’autorisation de manger pour notre pause de midi sous la toiture d’une coopérative agricole, il n’y a rien d’autre aux alentours. Une minute plus tard, on se retrouve avec deux thés, deux couronnes de pain et un paquet de biscuits après que les trois employés nous aient sorti une table et deux fauteuils pour que nous soyons bien installés 🥹. C’est bête, mais nous sommes très émus d’autant de gentillesse, et il se trouve que nous n’avions plus de pain car aucune boulangerie ne s’est trouvée sur notre chemin depuis le matin.
> Plus tard, on est toujours à la recherche d’une boulangerie pour le repas du soir : nous ne savons jamais où nous allons atterrir et s’il y aura de quoi faire deux-trois courses. Nous nous renseignons auprès de deux hommes rencontrés au mini market famélique d’une station service. Du coup, ils nous demandent de les suivre et nous escortent en voiture vers le centre du village où ils nous laissent devant une échoppe à thé 🧐…. tout commence toujours avec un thé 😅. Quelques instants plus tard, le patron revient avec un grand plateau plein de bonnes choses à manger : fromage frais, olives, tomates, beurre, une pâte beige sucrée appelée Halva et du pain en forme de galette moelleuse. Comme on cherchait du pain, il a dû penser que nous n’avions pas mangé ! Se joignent à nous quelques hommes du village sortis de nulle part; ça rigole, ça se cherche, il y a toute une animation autour de nous. Impossible de payer quoi que ce soit 🥹 et on repart même avec un doggy bag et deux pommes.
> Parfois, en fin de journée, on cherche un endroit pour planter notre tente. Il n’y a pas d’hébergements dans les hameaux que nous traversons. C’est là qu’on nous offre un balcon en tapis au-dessus de la salle de prière dans une mosquée après avoir mangé chez l’imam, ou une chambre dans une maison de campagne chez un vieux monsieur qui nous prépare un super petit déjeuner, ou encore, on met à notre disposition un appartement dans le village. Une très belle soirée et matinée aussi auprès d’une famille turque dont le père est plein d’humanité et d’humour. Grâce à Google traduction, on peut discuter de tout et n’importe quoi dans une belle ambiance très conviviale. Parmi les accueils, un Warmshower dans une famille adorable qui nous ouvre leur porte à Aydin : Osman, sa femme Ayla et leur fils Ata Deniz. Lui était prof de français, cela facilite les échanges. Des personnes très intéressantes avec qui nous partageons un très bon moment.
Une excellente cuisine
Autre point positif de cette grande boucle turque est la cuisine. Très variée, riche en légumes, poulet, poisson, fromages de la famille de la fêta, yaourts (j’ai appris que ce mot vient d’ailleurs de la langue turque), pains divers, brioches du matin : on se régale. Super fruits aussi : en fonction de la route, figues, raisin sucré, pastèques, melons, tout est au top. Après Konya, c’est la saison des fraises de montagnes (octobre !), on en achète sur la route, un kilo pour 4€, et on se régale. Ensuite, c’est la récolte des pommes : on nous en d’offre en chemin. Il y a aussi beaucoup de cerisiers dans la même région, mais ce n’est plus la saison. Chaque portion de notre parcours à ses arbres fruitiers. Après des hectares de pommiers et de cerisiers, nous voici longeant des noyers, puis des cognassiers et des grenadiers sur la route de Nazilli. En arrivant sur Aydin, ce sont les champs de coton, les figues et la récolte des olives. A Izmir, dont le nom grec en Smyrne, c’est encore le raisin.
Avec un plat, sont très souvent servies trois petites assiettes : tomates coupées finement et assaisonnées, yaourt- concombre, rondelles de cornichons et petits piments verts ou rouges 🥵. Parfois aussi une salade d’oignons blancs bien épicée. Les desserts sont très sucrés, on n’est pas fan même si je craque régulièrement dans la région de Konya pour le «sutlaç», le riz au lait. Un soir, on nous offre un dessert tiède : une pâte brunâtre à base de miel, farine et sucre… un régal et une bombe énergétique 😋. Pour les boissons, c’est Ayran (boisson à base de yaourt) à chaque repas et thé servi à longueur de journée, toujours convivial. C’est à chaque fois un plaisir de s’asseoir avec les locaux dans une échoppe à thé.
L’eau facile à trouver
En Europe, c’était les fontaines ou les cimetières qui nous procuraient l’eau nécessaire. En Turquie, ce sont les mosquées. Comme il y en a partout, quand on arrive dans un village, on cherche la mosquée : entre robinets pour les ablutions et les «tuvalets», il y a de quoi faire. Les cours des mosquées sont d’ailleurs notre endroit de prédilection pour nos pique-niques : on y trouve toujours une table, de l’eau et un portail à l’abri des chiens. Nous inaugurons notre gourde pour filtrer l’eau, indispensable. À plus de 900 mètres d’altitude, on trouve aussi régulièrement des fontaines à l’entrée des villages où sur la route. Les habitants eux-mêmes viennent y chercher leur eau. À filtrer aussi. Comme elle a un petit goût de terre, on ajoute des quartiers de citron ou de mandarine et c’est parfait. On a d’ailleurs cette habitude depuis le début du voyage !
On achète aussi de l’eau en bouteille, mais c’est moins écolo.
Pour conclure
Vous l’aurez sûrement compris, la Turquie est un gros coup de cœur ❤️. Nous y sommes restés cinq semaines et nous la quittons à regrets. C’est certain, nous reviendrons dans ce pays pour terminer la boucle commencée et flirter avec les frontières syriennes, iraniennes, arméniennes et géorgiennes.
Demain matin, jeudi 24 octobre, nous prenons un ferry pour la Grèce où nous pensons rester une semaine afin de remonter la côte sur une partie de l’euro vélo 8 : le projet n’est pas encore bien défini; cela dépendra aussi de la météo. Ensuite, ce sera la remontée de l’Italie depuis les Pouilles. Côté temps, hormis quelques rares exceptions dans les montagnes, nous sommes encore en t-shirt et nous avons pu nous baigner dans la mer le dernier jour 😋.
Merci encore pour vos retours. A tout bientôt 🤗. Je posterai qqch après la Grèce.
Coucou 🤜🤛
Une super aventure la Turquie,!!
Tu nous fais découvrir des sites insolites ,et, tu couché sur le papier toutes les images et tes émotions, et, pour nous, c’est une vidéo qui défile sous cette écriture intuitive .
Un cadeau , merciii !!!🙏🏻
À bientôt
MERCI ! Vous nous avez fait redécouvrir la Turquie... Et les Turques ! On ressent à la lecture le plaisir que vous avez vécu durant ce séjour de 5 semaines. Photos magnifiques . Profitez bien.