Île de Pâques

Publiée le 13/04/2020
Une semaine envoûtante sur la mystérieuse Rapa Nui

Jour 1

ZZZzzz..... Ah on amorce la descente ?! Trop fatigués par la "nuit" à l'aéroport nous avons pas vu filer les 6 heures d'avion. L'île en dessous se rapproche petit à petit, l'aile parait frôler un petit Puy de Pariou et nous voilà déjà sur le plancher des Moai. 

Le hall de l'aéroport resemble à un bâtiment polynésien traditionnel, du moins à l'image que l'on s'en fait. Le temps de récupérer nos sacs et payer l'entrée du parc (un parc naturel chilien sans droit d'entrée ne serait pas un vrai parc chilien!), nous sommes attendus dehors avec un collier de fleur!

L'accueil par le gérant du camping et sa cousine se poursuit par un petit tour en voiture d’Hangao Roa. Ils nous montrent les bassins naturels pour se baigner, le marché... et nos premiers Moai !!!!!!

Hanga Roa est la seule ville de l’île et concentre les boutiques et services en tout genre (souvenirs, plongée, supérette...). Tous les hôtels et autres logements pour les touristes sont dans la commune, autrement les habitants vivent aussi dans des hameaux dispersés sur toute l'île. Ou presque! 

L'installation camping se fait sous un soleil de plomb. Après un mois passé en Patagonie avec nos affaires chaudes et longues, ça fait tout drôle de se retrouver tout suants en short. Les jambes sont un peu trop blanches et poilues, même pour Anaïs! Une bonne lessive s'impose aussi...

En fin d'après midi nous sommes prêts pour une première balade, Nous passons devant notre deuxième Ahu, autel cérémonial sur lequel se dressent les Moai. Encore aujourd'hui ces espaces sont sacrés, tant sur le plan archéologique que spirituel. Pour ces raisons, il est interdit d'y monter même si la majorité des Ahu ne servent plus aux céréomonies.

Les moais c'est bien, avec une glace c'est encore mieux! Malheureusement elles ont fondu trop vite, ce qui a fait le bonheur des chiens errant venus lécher les flaques sucrées à nos pieds. On est vite allés à l'eau pour se débarbouiller et là nous avons eu une révélation: c’est notre première baignade dans l'océan pacifique et ça a quelque chose de magique! (on a rien d'autre à faire que rêver éhéhé comme dirait Gilbert Montagné).

Là où on fait trempette, c'est le point de départ des surfeurs et body-board. C'est peut-être le seul spot de l’île, alors on en profite pour faire un peu de surf juste avec notre corps. En ressortant on admire les surfeurs au soleil couchant et les tortues! Tortues vertes et tortues imbriquées viennent manger dans le ressac, même si souvent elles passent à la machine à laver des vagues et se cognent sur les humains qui sortent de l'eau. Comme nous avait dit le gérant du camping, elles sont pas du tout impressionnées et font leur petit train-train imperturbables.

Volcan, baignades, fleurs tropicales... il n'y a pas de doute, on ne va pas arrêter de penser à la Réunion car cette première journée nous rappelé la douceur de vivre sur un petit caillou perdu dans l'océan. 

Jour 2

Afin de profiter à fond de l'île, nous avons fait un programme aux petits oignons. Aujourd'hui c'est tour de la côte nord à vélo. Nous avons loué les vélos au camping parce que c'est les moins chers de l'île. On comprend pourquoi car ils ne ont pas entretenus, la chaîne est rouillée et le pédalier aussi.... Mais on est contents de rouler! 

A voir, il y a tout un tas de grottes d'ahu su une boucle d'environ 20km.

Jour 3

Il est temps de faire le plein de fruits et légumes pays! Nous partons faire un tour au marché en centre ville. Tous les matins les producteurs se garent sur le côté, avec l'arrière du pic-up plein d'ananas ou de légumes. Passion, ananas, bananes, flan au lait de coco et purée de banane ou poee c'est bon c'est dans le panier. On a aussi reconnu les melons-poire, mais le nom Rapa Nui on ne l'aura pas retenu! C'est étrange de voir des gens typés polynésien parler tantôt espagnol. Ici les phrases sont tantôt en polynésien, tantôt en espagnol. En plus, les noms des légumes sont différents de ceux du continent. Bref nous avons une nouvelle langue à apprendre. 

Cela donne des dialogues du genre:

"- Iorana (salut). Vous avez des papa dulce (tentative de traduction franspagnole de patate douce)?

-Ah vous voulez des nompolynésienquonapascompris?

-Euh non des... les grandes papas oranges ou blanches.

-Ah, vous voulez des camote? (nom chilien)

-Oui c'est ça, Maururu (merci)!"


Pour ménager les coups de soleil, nous attendons le début de la fin de l'après midi pour aller visiter la côte sud. Et à pied, parce que les ischions nous interdisent de reprendre le vélo. On commence par Ana Kai Tangata, une grotte avec des peintures rupestres

Ensuite, direction le volcan sacré Rana  Kau et le village religieux d'Orongo qui est à son sommet.

Jour 4

Le jour tant attendu de la plongée est arrivé! Nous partons en bateau avec Damian et Camila pour deux plongées sur des récifs coralliens et un moai artificiel immergé.

Au port nous croisons les pêcheurs qui rentrent de leur sorties. Juste devant nous, ils étêtent et éventrent de gros thons big eyes bien dodus. Ce qui appâte des ENORMES tortues vertes peu farouches. Elles ont failli mordre le pied de notre camarade de palanquée américaine qui se rinçait les pieds.

En plongeant on espère recroiser les tortues.... Mais au final il y a tellement de corail que les poissons sont plus dilués qu'à la réunion. Une petite déception sur le plan de la faune qui est largement compensée par le corail à perte de vue et en canyon dans lesquels on se faufile. 

Ce soir, nous avons prévu de voir un spectacle de danse traditionnelle. En rentrant de la plongée nous nous faisons une bonne dose de patates douces sautées et un ananas en dessert. Une sieste le temps d'éliminer l'azote des plongées, et nous sommes tout frais pour faire un tour en ville avant le show. 

On en profite pour faire quelques emplettes spéciales peau en détresse: baume à lèvre au miel de l’île, et vrai monoï de Tahiti. Et oui la polynésie française n'est qu'à 5h d'avion,avec une ligne régulière. Dans le camping, il y a beaucoup de tahitiens embauchés comme saisonniers. C'est réconfortant de parler un peu français, l'accent tahitien en plus. Nous n'avons pas pensé à leur demander si ils se comprennent en parlant polynésien avec les pascuans. Chaque île a ses variantes, mais est-ce que la base commune suffit à se comprendre?

J'en était là de mes réflexions quand je me suis rappelé que j'ai vu des Rapa Nui au festival Andes-Forez il y a 20ans!!! Ouh la vieille! A l'époque la communauté de commune où ma mère travaillait organisait ce festival, Moi j'avais 8 ans et je passais mes journées la-bas avec elle, et c'était génial! Une autre raison pour laquelle j'aime tant l'Amérique du Sud je pense. Bref, je vais essayer de demander si il y a des gens qui se souviennent de leur passage à Courpière, où il avait fait un moai pour la ville!^^

Chut ça commence!

On a demandé au chef, pour Courpière... Il ne connait pas personnellement ceux qui y sont allés. Tant pis! On se couche avec des musiques et des hakas plein la tête... 

Jour 5

Aujourd'hui, nous reprenons notre tour touristique de l'île. direction le circuit nord est de l'île. Nous louons un scooter à l’hôtel d'à côté, c'est parti ! 

Ensuite nous arrivons à la carrière des moai. Enfin un petit peu d'ombre pour se remettre, ça cogne très fort ici mais il n'y a presque pas d'arbres. Une forêt au sommet, quelques palmiers sur la côte et l'on a fait le tour. 

Une fois rafraîchis par la pause nous partons à la découverte des fameux moai. Certains sont couchés au sol, d'autres debout et ont juste la tête qui dépasse de la verdure comme s'il était à la piscine et avaient à peine pied. On a fait exprès de traîner en suivant une visite d'un tour privé, car malheureusement il n'y a pas de panneaux ni de visite guidée du site. Cela nous permet d'apprendre qu'il y a eu que 3 styles de moai successifs, c'était une représentation très classique finalement. Au début ils sont taillés sur le dos à flan de volcan, puis ils sont mis sur leurs pieds et calés afin de tailler le dos et faire les finitions. Ensuite ils étaient emmenés aux 4 coins de l'île pour rejoindre les ahu. Certains se sont cassé la figure, au sens propre comme figuré, et finisse à plat ventre par terre avant d'arriver à destination. Il n'y a qu'un seul site qui était destiné à produire les moai, en raison du caractère sacré du site. Ils étaient quand même passionnés pour s’embêter avec autant d'étapes!

Mais comment bouger les moai jusqu’à la côte? Il y a eu 5 hypotèses testées en archéologie expérimentale: en radeau de bois, avec un palan ect. Il  y en a une qui expliquerait pourquoi en cours de route les moai se cassaient le nez à plat ventre, en plus elle colle aux légendes voulant que le moai marchait jusqu'à l'autel. C'est notre préférée et c'est celle là :

Jour 6

Avant dernier jour sur l'île,déjà! Pour ne pas avoir de regrets, j'ai réussi à convaincre Anaïs d'aller faire le lever de soleil à Tongariki. Nous voilà reparti sur notre fidèle destrier, le brave vieux scooter, dans la nuit noire. Je roule doucement car l'on risque de se prendre les chevaux qui traversent n'importe comment, pas du tout inquiets des voitures. Arrivés à l'Ahu Tangariki, il est 6h30 et  il fait encore nuit noire. Parfait pour observer les étoiles. Le site est censé ouvrir à 7h pour les visiteurs et photographes qui veulent voir les moai juste devant le levé de soleil. Comme souvent l'heure est théorique, on attend un petit peu et l'afflux de touriste arrive. Quand les gardiens ouvrent le portail ils lâchent les lions dans l'arène!

Malheureusement la météo n'est pas avec nous... il y a des gros nuages qui cachent le soleil et rendent le spectacle moins impressionnant. Il y a aussi les autres touristes qui gâchent le plaisir en se posant debout juste devant nous, qui étions tranquillement installés pour le petit déjeuner avec vue. Histoire de marquer le coup je passe juste devant un groupe pour prendre une photo. Là une mamie anglaise râle et jelui fait remarquer que "you just did the same to me". Et toc! Anaïs se fou de moi mais au moins il feront attention la prochaine fois!

Ensuite nous prenons la direction de la plage Ovehoe, une petite crique aux airs de plage de Robinson Crusoé, dont le sable est rosé. L'eau est un peu froide donc on se rabat sur un concours de moai en sable. On ne saura pas qui a gagné car j'ai cassé le mien et celui d'Anaïs en voulant rajouter les chapeaux... 

De retour au camping, nous faisons un peu de cuisine pour compenser ^^ Au menu patate douces en deux façons et ... ananas bien sur! 

Arrive le moment où l'on doit faire les sacs..... toutes les bonnes choses ont une fin. En étant prêts aujourd'hui nous pourront profiter à fond de notre dernière matinée à l’île de Pacques.

Ensuite direction la ville pour une dernière visite et séance shopping. l'objectif pour moi c'est de trouver des timbres à offrir à mon père et pour elle trouver une robe ou un paréo. Dans toutes les échoppes, les mêmes moai made in china, fais ch@#¤! La mission shopping est pas si facile! Mais elle a le mérite de bien nous balader dans tout le village.

Nous sommes même rentrés dans un magasin de musique, le vendeurs nous a montré et fait essayer à Anaïs les différents ukulélé. C'était super intéressant, heureusement que ça ne rentre pas dans le sac parce que l'on allait craquer.

On pique une tête, bien mérité après le shopping éreintant, puis direction le traditionnel restaurant de fin d'étape. Sur les conseils des locaux nous allons à Tataku Vave pour profiter de la terrasse en apéro coucher de soleil et du ceviche de thon aux portions généreuses. Et l'on est pas déçus! Nous avons choisi pour le ceviche un poisson local dont le nom ressemble à mahi-mahi (mais ça c'est du tahitien...) qui est frais et fondant un délice! le tout servi dans un coquillage bénitier. Nous n'avons vraiment pas envie de partir.

Au passage nous avons appris que Tataku Vave signifie "compter les vagues". C'est une coutume des marins de l'île en rentrant au port pour attirer la chance (pour les prochaines sorties ou arriver sans se faire retourner par les vagues on ne sait pas).

Jour 7

On se lève tôt pour aller à la rencontre des tortues en snorkelling et aller au musée des moai avant de prendre l'avion. Au matin elles s'approchent du bord pour manger les algues et les déchets de poissons que leur jettent les pêcheurs. 

On aurait dit qu'elles nous attendaient car nous tombons directement sur elles et un gros banc de poissons. Il y en a même une qui s'est cognée contre Anaïs, qui ne bougeait pas pour l'observer. Elles ne sont vraiment pas dérangées par les humains. Au total nous en avons vu 3, et failli perdre l'appareil photo que les vagues ont fait sortir de la poche de mon short. C'est pas passé loin que l'on rentre sans....

Revoir des tortues reste quand même quelque chose de magique!

Pas le temps de niaiser, direction le musée!

L'exposition nous renseigne sur l'île de Pacque et la culture polynésienne dont le peuple Rapa Nui est issu. 

La Polynésie est une zone géographique comprise entre la Nouvelle Zélande, Hawaï et l'île de Pacques. Comme on peut le voir dans le dessin animé Vaiana, les polynésiens ont exploré l'océan Pacifique d'îles en îles à l'aide de catamarans. Excellents navigateurs, ils avaient pour tout moyen de se repérer le savoir oral transmis par les anciens et éventuellement des cartes des étoiles, îles et courants. Elles étaient faites en macramé, les coquillages représentant les îles, les cordes les courants. Le navigateur Cook avait amené avec eux des navigateurs polynésiens. Plusieurs fois il a essayé de les piéger en leur demandant en pleine mer où se trouvait le navire. A chaque fois les polynésiens ont su se repérer grâce aux étoiles, en plein territoire inconnu.

C'est comme ça que le peuplement de lîle de Pacques a commencé entre 400 et 800  ap JC. Il s'en est suivi l'apogée de la culture Rapa Nui entre 1200 JC et 1680 ap JC. Les moai représentent le Mana (c'est le pouvoir surnaturel qui animait le fonctionnement des activités quotidiennes). Faisant face au village, ils le protégeaient de leur regard et sont a l’effigie des anciens. Pour cela ils construisirent des statues de pierre à l'effigie des anciens, Ils sont aussi un symbole de la puissance de la tribu.

A partir de 1680, on observe un déclin de la biodiversité sur l'île. Surexploitation, catastrophe naturelle? Les historiens ne savent pas (peut-être plusieurs causes à la fois). Ce qui est sur c'est que la diminution en aliments et le bois pour naviguer plongea l'île dans le chaos et provoqua une guerre tribale. Elle décima une partie de la population. Les tribus jugées inférieures et chargées d'extraire les moaï de la roche et de les traîner jusqu'aux Ahu se révolta. L'ensemble des Moaï sont renversés à ce moment là, car c'est une manière de se venger sur l’ennemi en privant sa tribu du Mana des moai. En même temps, le culte de l'Homme-Oiseau et du dieu Make Make, déjà existants, prennent plus d'importance.

Le 5 avril 1722, un dimanche de Pâques, le navigateur hollandais Jacob Roggeveen découvrit Rapa Nui. Il écrit que l'île laissait une impression de pauvreté extrême et d'une grande stérilité. D'autres visiteurs européens ont suivi, dont le fameux Capitaine Cook. Certaines furent terribles, comme les raids esclavagistes qui emmenèrent la quasi-totalité de la population dans des exploitations de guano au Pérou. Avec ces raids et les maladies importées par les missionnaires, il ne restait plus qu'une centaine d'habitants en 1877. Les grands prêtres porteurs de la tradition et capables de lire l'écriture Rongo Rongo sont morts. C'est pour ça que l'île est si mystérieuse, une partie du savoir ancestral s'est perdu avec les guerres tribales et l'autre avec la colonisation.

 Le Chili annexe l'île en 1888, l'île est louée en 1897 à une compagnie britannique pour l'élevage des moutons. A cette époque un français, JB Dutrou-Bornier, arrivé avec les moutons s'était approprié l'île et déclaré roi. Les habitants l'ont supporté pendant 7 ans avant de l'assassiner. Ce n'est que durant les années 60 que les choses s'améliorent, en 1966 que les Pascuans deviennent citoyens Chiliens ! En 1967 la construction d'un aéroport international contribue grandement au désenclavement de l'île et à son développement rapide avec le tourisme.

Du point de vue archéologique, un pas importants fut accompli avec l'expédition norvégienne de Thor Heyerdhal, en 1955, qui amena les archéologues professionnels à s'intéresser à l'île. Suite à cette campagne de fouille, les premiers moai sont restaurés grâce aux travaux du norvégiens, du père Sebastian Englert qui exercçait sur l'île et était passionné de culture Rapa Nui.


L'île mystérieuse s'est formé par la convergence des laves de 3 volcans, issus d'un seul point chaud. Le volcan le plus jeune est celui le plus haut et où l'on a grimpé, ce volcan c'est Tere Vaka.

Dans les roches volcaniques, les Rapa Nui ont taillé les fameux moai. Au total on en a retrouvés 887. 397 sont restés inachevés dans la carrière, 92 sont tombés sur la route et 288 sont arrivés sur leur ahu.


Il est temps de dire au revoir à ceux qui ont veillé sur nous au camping toute la semaine et reprendre l'avion direction le continent....

Au moment de partir, une grande nostalgie, lassitude, on ne sait pas trop quoi, nous prend. On était tellement bien ici.... C'est comme repartir de la Réunion une deuxième fois. Cela réveille en nous des souvenirs d'île paradisiaques et d'aéroport triste.

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