Santiago

Publiée le 13/04/2020
Capitale chilienne, en pleine ébullition pour cause de mouvement social !

Jour 1

Retour sur Terre après cette escale paradisiaque à Rapa Nui...

Du coup aujourd'hui c'est jour de courses. Il se trouve que l'hostel est près du Mercado central, le grand marché couvert. Bon il n'y a que du poisson, et des restaurants avec des rabatteurs bien soûlants, mais le bâtiment historique vaut la peine de se faire em.... 

Et tout autour des marchant ambulants de fruits et légumes, et même une épicerie à l'ancienne!

Jour 2

Pas trop vite le matin, doucement à midi^^ J’ai toujours mal au bide, mal qui m’a empêché de dormir une partie de la nuit (plus les ronflements du voisin brésilien, même son pote lui tapait dessus pour que ça s’arrête^^). Du coup je laisse Loïc faire la lessive. 

A 15h nous avons rendez vous avec Valpo’top pour un tour du quartier historique. 

On débute avec un petit peu d’histoire et de géologie. 

Avant les conquistadors, vivent sur les terres du Chili entre autres les Mapuche, le peuple de la Terre en VO. C’est un peuple de grands et costauds guerriers qui vivent en harmonie avec la nature. Ils ont stoppé l’incursion des incas vers le sud. Ceux-ci n’iront pas plus loin que l’actuel Santiago. Les incas étaient les romains de l’Amérique du Sud (désolée pour les comparaisons récurrentes avec les romains, mais j’ai été latiniste passionnée dans ma jeunesse^^). Ils ont construit un empire de plus en plus grand, avec un réseau complexe de routes qui ramènent toutes à Cuzco (nombril du monde en inca, il me semble).

Et puis Christophe Colomb découvre l’Amérique, enfin st Domingues. Il y était presque!

Les conquistadors débarquent pour coloniser/envahir, suivant le côté où ont se place. La fondation de Valparaiso se fait aux alentours de 1540, le temps de descendre pour envahir le reste du continent avec les moyens de l’époque. Puis c’est au tour de Santiago, construite sur les ruines incas et l’ancien emplacement du camps conquistador. Toujours à la recherche de l’El Dorado, les conquistadors concluent qu’il n’y a rien d’intéressant au Chili (contrairement aux mines d’argent de l’Argentine par ex). Il y en a un qui lui « recherche la gloire plus que le reste », c’est Pedro de Valdivia. Il décide d’explorer au sud et gagne quelques territoires sur les Mapuches. 

Et c’est là que l’on entend parler du Vercingetorix indien! Valdivia décide d’enlever des enfants Mapuches pour les élever en petits espagnols et avoir des alliés parmi les indiens Mapuche (exactement comme les romains faisaient!). Mais comme ils ont tué les parent du jeune Lautaro, celui ci décide d’apprendre un maximum des conquistadors pour se venger. A 17 ans il réussi à s’échapper et organise la résistance Mapuche. Valdivia perd la guerre, Lautaro le tue et mange son cœur d’après la légende (ça fini mieux que pour notre arverne préféré quand même).

Ensuite pendant trois siècles il ne se passe pas grand chose... enfin si. Les gros tremblements de terre détruisent les bâtiments historiques, ce qui fait que l’architecture espagnole de Santiago se résume à un bâtiment.

Point géologie maintenant. Il y a des terremotos tous les jours car le Chili est sur une zone de subduction. A partir de 4 sur l’échelle de Richter on peut le ressentir, pour l’instant on ne s’est pas fait secouer! Il y en a un de 8 tous les 10 ans, là c’est plus sérieux et le dernier date de 2010. Oups.... heureusement toutes les constructions sont para-sismiques.

Bref juste avant l’indépendance, Santiago c’est 8 pâtés de maison sur 10, le reste c’est la ville de Recoleta. Aujourd’hui, la ville comprend 32 communes indépendantes. 

En même temps que lArgentine, le Chili combat l’Espagne pour son indépendance, aidé par le fameux San Martin! Puis l’ont découvre des mines de  salpêtre, composant de la poudre à canon et le Chili passe de colonie agricole pauvre à état riche.

Au 19e siècle, l'objectif est de s’agrandir. Les terres patagoniennes sont disputées entre les anciens alliés chilo-argentin. Ensuite ils poussent le conflit au nord et combattent le Pérou et la Bolivie lors de la guerre du Pacifique. C’est comme ça que le pays gagne les régions andines du nord riches en cuivre (que la Bolivie devient très pauvres sans accès à la mer) et l’île de Pacque!

Pour l’histoire contemporaine, on verra plus loin...

La visite commence par le Mercado central tout en poutres de fer, et on passe devant la gare dessiné par un petit gars qui a fait une tour à Paris. En traversant la rivière Mapucho, nous arrivons à Recoleta et son immense marché couvert de verduras, fruits et légumes.

Direction le centre ville par les rues piétonnes les plus fréquentées du monde. Situées dans le quartier des affaires et des ministères elle en voit passer des costumes cravates! Aujourd’hui c’est dimanche mais en semaine il y encore plus de vendeurs ambulants (petit boulot incontournable ici même si c’est illégal), de musiciens de rue et d’hommes politiques qui vont dans les « cafés con piernas ». Un endroit charmant où Strauss Kahn aurait aimé boire son expresso, car les serveuses sont en robe courte voire en sous vêtements!  On n’a pas fini de lutter contre les pervers machos !!

Pas le temps de redescendre en pression, car on aborde la Casa de la Moneda, et donc l’histoire de la didacture. 

La casa est le palais présidentiel, et le 11 septembre 1973 l’armée la bombarde (seul fois de l’histoire ou l’aviation chilienne a servi). 

Dans les années 60 la populations est très pauvre, tout le monde n’a pas accès à l’école et ne mange pas tout à fait à sa faim. Dans ce contexte, le premier gouvernement socialiste et élu démocratiquement se constitue en 1970 et c’est un médecin de Valparaiso Salvador Allende qui est le président. 

En pleine guerre froide çà ne plait pas aux USA, surtout qu’il est question de nationaliser les mines appartenant à ce moment à des entreprises américaines. Donc au bout de 3 ans, l’armée supervisée par la CIA organise le coup d’état et fait circuler des rumeurs pour discréditer Allende. Celui ci a vent des menaces qui pèsent sur lui et nomme Pinochet, qu’il connaît de Valparaiso, comme chef des armées. Erreur car Pinochet est dans le coup. Le jour du coup d’état, il pose un ultimatum à Allende, soit il se rend soit l’armée attaque. 

Finalement les civils sont évacués, et 20 personnes restent dans le palais avec le président qui prononce alors un dernier discours à la radio. Il refuse de se rendre par « fidélité au peuple chilien ». La suite vous connaissez, 30 ans de dictature, de tortures et de disparitions, pour une fin de vie pépère comme député à vie. Et oui Pinochet et ses collaborateurs n’ont jamais été jugés, les familles de victime n’auront jamais réparation. Alors en guise de commémoration, tous les 11 septembre, les gens déposent des fleurs devant la petite porte du palais où Alliende est rentré pour la dernière fois. 

Dans la continuité nous nous dirigeons au centre culturel Gabriela Mistral, ancien QG de Pinochet pendant qu’il exerçait le pouvoir vu que le palais présidentiel était détruit. 

Vous n’avez jamais entendu parler de Gabriela? Moi non plus, pourtant elle a eu un prix Nobel de littérature, et ce avant notre copain Pablo Neruda. Je pense que c’est parce qu’elle était ouvertement lesbienne, féministe et socialiste très active dans les années 30 à 50. 

Sur les murs du centre les chiliens ont collés plein d’affiches. Il y a le chien Mata Paco, chien noir au bandana rouge. C’est un chien de rue qui suivaient toutes les autres manifestations avant qu’il meurt de vieillesse en 2015. Depuis il est devenu culte en quelque sorte. Il y a aussi des portraits en mémoire des victimes (et la liste aussi). « Une lesbienne de moins » peut-on lire sur certains. On peut également voir des tracteurs en mémoire de l’agriculteur militant mapuche Camilo Catrilanca. Assassiné d’une balle dans le dos en 2018 pendant qu’il conduisait ledit tracteur. Et partout des yeux qui pleurent du sang, pour les éborgnés avec le message « nous ne voyons plus mais nous pouvons toujours crier ».Il y a des dessins humoristiques et satiriques, par exemple un jeu de fléchette avec la tête du président, tout n’est pas triste! Mais ça m’a moins marqué...

Nous n’allons pas plus loin car notre guide pense qu’il y a des échauffourées un peu plus loin vu le peu de voitures qui passent. Il préfère être trop prudent. Pas loin du centre culturel il y a des véhicules anti émeute (stationnés 365j par an). Le guanaco c’est le gros avec les canons à eau et le putois c’est le petit qui envoie les lacrimo.

Non loin du centre les murs sont fraîchement repeints de gris. Ce serait les militants d’extrême droite qui aurait agi la nuit pour couvrir les graffiti. Ils organisent des contre manifestations pour le maintient de la constitution ultra libérale, en étant de plus en plus armés. Ils s’appellent les capitalistes révolutionnaires, en plus d’être racistes ils pensent que l’état doit laisser gérer le privé dans tous les domaines. Moi ça me parait complètement con, ils défendent le libéralisme dont ils sont victimes puisque les chiliens les surnomment les fachos pauvres! Et si tu es pauvre ici tu ne te soigne pas, des gens meurent avant d’avoir les sous pour un spécialiste. On dirait qu’ils répètent les arguments d’autorité avec lesquels ils se sont fait laver le cerveaux, arguments venant de ceux qui ont vraiment intérêt à ce que ça ne change pas.

Notre guide a pu répondre à toutes nos questions sur le mouvement social en cours. On a bien sûr qu’une version des faits, et tous les chiliens/habitants de Santiago ne sont pas impliqués. Mais comment ne pas se sentir concernés quand on est sensible aux injustices comme Loïc et moi? En plus nous sommes partis en pleine réflexion sur la réforme des retraites et les politiques mises en place depuis que l’on vote. Si l’on est pessimiste, le Chili actuel c’est la France du futur.... 

De plus, dès la première journée de manifestation l’armée a été envoyée pour rentrer dans le tas et le couvre feu décrété. Malgré les démissions de carabiñeros, toute la police et l’armée sont derrière le gouvernement. Leur retraite est la seule à être garantie et à 3x le smic chilien par mois. Coïncidence, je ne crois pas. 

En face des forces de l’ordre, pas de casseurs. Les plus fous sont en première ligne avec casque + bouclier pour protéger l’arrière du cortège, plus pacifique. Eux même disent qu’ils n’ont rien à perdre car tout à déjà été volé. 

Pour protester contre le couvre feu, les habitants ont tapé sur des casseroles depuis chez eux plusieurs soirs d’affilé. Au moment où j’écris, nous avons entendu 45min de concert de casseroles bien qu’il n’y ait pas de couvre feu. Les vacances sont terminés et pas mal de monde est rentré déterminé!

Bilan des manifestations 

-La police tire avec des billes de plombs entourées de plastique, parfois à bout portant: 400 éborgnées.

-Les camions anti émeutes roulent sur les manifestants, la police tire sur les street médic et les ambulanciers, des gens sont torturés en garde à vue 30 morts.

-Et je ne compte pas les blessés et le nombre de viols...

Toute cette violence rappelle des mauvais souvenirs aux plus vieux....

Et il se dit que la journée nationale des droits de la femme le 8 mars (et non pas la « fête de la femme une épilation du sillon inter fessier achetée une rose offerte ») va être très animée. 

Il y a referendum le 26 avril pour une nouvelle constitution et une assemblée constituante. Mais les élections sont encadrées par l’armée, majoritairement de droite et extrême droite. Ce qui fait dire à notre guide que les résultats pourraient être truqués.  En prime, pour être adoptée la nouvelle constitution doit satisfaire 2/3 des constituants. Le tiers restant peut tout bloquer donc ce n’est pas gagné. Nous allons suivre tout ça de près!


Pour finir sur une note plus... apaisée on va dire,“El derecho de vivir en Paz” de Víctor Jara (assassiné sous Pinochet pour son engagement politique). Une des chansons préférée des manifestants.

Jour 3

On continue à faire du jus! Un peu d'organisation, de carnet de voyage,et bien sur la siesta! Sans oublier le goûter diabète dans un des petits café du quartier où l'on est. Pourquoi diabète? Parce que les parts sont énormes, lo mejor c'est le brownie de 4 étages garnie au manjar (le dulce de leche chilien). Miam!

Là où nous logeons c'est un quartier proche du centre, mi branché mi populaire. Les étudiants ont pris l'habitude de s'installer sur les trottoirs pour vendre quelques affaires et pouvoir mettre de la manteca en los espinacas. On peut acheter des fringues, des cagoules et bandanas fait main pour les manifs, des dessin et stikers d'artistes et... des spaces cakes ou des cigarettes déjà roulées dans le plus grand des calmes! 

Nous en profitant pour prendre en photos devant lesquelles notre guide nous a amené hier. Ce sont des fresques réalisés par les grapheurs les plus importants du Chili.

Jour 4

Direction le Musée de la Mémoire et des Droits de l'Homme, pour en appendre plus sur la période de la dictature. Je sais ce n’est pas très joyeux, on n'en a pas fini de bader dans cette grande ville mais c’est le musée le plus recommandé. La visite est très axée sur les exactions commises par le régime. Combien y avait-il de prisons, comment fonctionnaient-elles. Comment s'est passé le coup d'état. Qu'est ce qu'étaient les "interrogatoires", ou plutôt les cruelles séances de torture sur plusieurs jour... Un mémorial est installé avec les photos de toutes les victimes et les disparus. J'ai l'impression de visiter à nouveau la galerie sur les camps de concentration du Mémorial de Caen. Quand on dit que l'histoire est un éternel recommencement!

En montant d'un étage, nous apprenons comment la mobilisation citoyenne est venue à bout petit à petit du régime de Pinochet. Il abandonne le pouvoir suite à sa défaite au plébiscite de 1998. Bien que les partisans du non devait la faire plus ou moins en cachette, la campagne pour le référendum a été très joyeuse paradoxalement.

 Nous avons trouvé étrange qu'un dictateur se mette soudain à prendre en compte l'avis du peuple .... l'essentiel c'est que la démocratie soit revenue avec les élections présidentielles de 1990. Devant l'écran qui montre des images de la cérémonie d’investiture et en hommage aux victimes, il y a un couple de jeunes chiliens qui essayent de retenir leurs larmes...

Bon,ben, voilà voilà il est 13h on va se faire un petit gueuleton la vie continue quoi...

En se promenant la veille nous avons repéré un restaurant avec la plus grande cave, au Chili, de vin chiliens (et les chaussettes de l'archiduchesse sont-elles sèches).

Dégustation de vin, sans passer par les attrapes touristes

Au restaurant Bocanariz il est possible d'avoir 3 verres en dégustation. A deux ça fait 6 je vous apprends rien bande de petits malins. Certes à Bocanariz on ne passera pas une heure à parler des arômes de mûres du vin ni de l'histoire du cépâge. Quoi que... en revanche on peut choisir parmi plusieurs thématiques comme les vins de bords de mer, d'altitude, les Carmènères (ancêtre du Cabernet importé au Chili et redécouvert en 2011), haute gamme ect. Avec les explications du serveurs nous avons mangé en prime un très bon menu du jour bistronomique.

Ensuite direction notre prochaine étape, à Valparaiso le port de Santiago. Il faut une heure et demie de bus pour y aller. J'ai encore rien vu du trajet. D'habitude je profite des voyages pour écrire, ce n'est pas comme ça que le blog va avancer!

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