La traversée de l'île du Nord

Publiée le 31/03/2019
Whakatane - Wellington, 535 kilomètres, 7heures de route, et tout cela en auto-stop. C'est le challenge qui nous attends pour cette nouvelle journée chez les Kiwis ...

Sortir de Whakatane ... un dimanche

Pour parcourir les quasiment 600 kilomètres qui nous séparent de Wellington, nous avons décidé de lever le camp dès 9h du matin, et marcher le long du canal pour traverser le pont et rejoindre la SH30, direction Rotorua. 

Pour de longues distances comme celles là, mieux vaut mettre toute les chances de vos côtés, surtout lors d"un jour de fin de semaine comme le dimanche, où il n'y a pas un chat sur la route. Les Kiwis restent en famille généralement. Pour cela nous nous étions fixés plusieurs étapes clés sur la route pour Wellington, ce qui pouvait potentiellement nous faire progresser rapidement, surtout si l'on reste sur les grands axes. 

Vers 10h une première voiture s'arrête, pour nous déposer à une intersection entre la route du Nord vers le Coromandel, et la route de l'Ouest qui s'enfonce dans les terres vers Rotorua. 

1h plus tard, une seconde voiture nous fais signe de monter. Au volant un jeune garçon de 17 ans (ils ont le droit de conduire seuls à partir de 16 ans) avec sa copine du même âge qui se rendaient à un repas de famille dans un bled entre Whakatane et Rotorua. 

Quand ils nous ont déposés, on n'imaginait pas ce qui nous attendait ... 

Perdu au milieu de nul part

Sincèrement, je pense qu'on a dû perdre 2 ou 3 heures sur notre planning initial à cause cette étape. 

On était dimanche, personne sur la route, rien autour, sous une soleil de plomb. On était là à attendre assis par terre à côté de la route, en essayant de s'abriter de l'ombre comme on pouvait à côté de nos sacs. 

Dès qu'une voiture approchait hop on se mettait debout en tendant le pouce, mais la seule attention que l'on a eu était un coup de klaxonne pour nous encourager. 

Enfin une voiture daigne s'arrêter et nous proposer un "lift" et nous rapprocher de Rotorua. Ouf sauvé ! 

Comme un air de déjà vu ...

Après plus d'une heure de route avec ce père de famille qui allait rendre visite à sa famille sur les bords d'un des lacs de Rotorua, le voila qu'il nous dépose devant le parc de Hell's Gate ... que nous avions quitté 2 jours plus tôt pour aller à Whakatane. 

Une fois déposé, nous nous sommes mis en tête de rejoindre Rotorua vu la chance que l'on avait eu jusqu'à maintenant. Sac sur le dos, nous voila en train de marcher au soleil au bord de la route, dans l'une des région les plus chaudes de Nouvelle-Zélande, en quête d'une voiture qui voulait bien nous venir en aide. 

Soudain une voiture pétaradante s'arrête. Son conducteur, un vieux monsieur nous propose de nous déposer plus loin à l'intersection de la route qui mène tout droit à Rotorua. Assis devant, je ne comprenais pas un mot de ce qu'il me racontait. J'ai donc utilisé la très célèbre technique du "je souris et hoche la tête". Je me suis même autorisé à rigoler lorsque j'ai cru comprendre une blague qui m'a faite ... mais quand j'y repense je ne suis pas totalement convaincu que s'en était une. 

Après un dernier coup d'auto-stop et grâce à un jeune étudiant Népalais qui retournait en ville, on arrive enfin à Rotorua, il est 14h lorsqu'il nous dépose sur le parking du parc Te Puia. 

Pas le temps de se restaurer, il faut continuer si l'on veut atteindre Wellington avant la nuit. On se remet donc en marche en direction le sud de Rotorua, route sur laquelle on avait fait du stop pour le parc de Waiotapu. 

La chance nous sourit enfin. À peine 30 minutes de marche, une voiture nous klaxonne et fait demi-tours pour nous prendre au passage. Une femme de 40 qui vient d'acheter sa voiture et à décider de la tester nous propose de monter à bord. 

il est 14h30 lorsque l'on quitte (enfin) Rotorua, direction le lac Taupo, prochaine étape de notre périple. 

C'est aux alentours de 16h que notre conductrice avec qui on a bien sympathisé, décide de faire un arrêt et nous montrer un peu la ville du lac de Taupo. Bonne idée puisque l'on crevait de faim ! 

Les filles sont allés au Subway, quand à moi je n'ai pas pu m'empêcher de prendre le Bucket familial de Tenders chez KFC. Puis direction la plage pour manger et se relaxer. 

C'est à ce moment là que notre nouvelle amie nous dit qu'en faite elle a déjà passée sa maison, mais comme on nous étions fort sympathique elle a décidé de continuer plus loin et nous emmener aussi loin que possible pour tenter de rattraper le temps que nous avions perdu dans la matinée. 

Le repas terminée, elle n'avait pas envie de nous laisser à Taupo et à donc appelée son ou sa mère (je ne sais plus trop) qui vit au sud du lac, pour passer les voir et par la même occasion nous déposer le plus au sud possible. Un geste qui nous est allé droit au coeur. 

Nous voila donc reparti pour bon bout de chemin. 

Rencontre d'un 3ème type

C'est finalement à Turangi, un peu moins de deux heures de route de Taupo, que nous quittons notre amie qui nous a été d'un grand secours. Seulement voila, un nouveau problème se pose, nous sommes à la moitié du chemin et il est 18h, il nous reste un peu plus de 2heures avant que le soleil ne se couche. 

Pas de temps à perdre, nous nous remettons en route en quête d'un nouveau conducteur qui aurait la gentillesse de nous prendre en stop. 

15 minutes à peine après avoir laissé partir notre amie, voila qu'une nouvelle voiture s'arrête, avec à son volant un homme, au look de biker, pied nu, avec des tronçonneuses et autres outils du construction dans son coffre et sa remorque. Un dilemme se pose: est ce que l'on monte avec ce monsieur au risque de se faire découper, ou bien au contraire on le remercie gentiment et on espère que quelqu'un d'autre s'arrête ? 

Je monte donc devant et Juliette à l'arrière, puis nous voila parti pour une longue route en direction de Wellington. On commence à discuter de notre périple, de notre vie. Il est à son compte et à plusieurs business dans toute la Nouvelle-Zélande, donc obligé de parcourir centaines de kilomètres chaque semaine afin de se rendre sur ses différents chantiers. 

Mais le plus drôle c'est ce qui est venu après: je ne me souviens plus exactement comment on en est arrivé là, mais il a commencé à me parler de sa vie avant le boulot. Il faisait parti d'un gang néo-zélandais très dangereux parait-il, mais a souhaité quitter cette activité pour se consacrer et sa famille et la mettre en sécurité. Il m'a également avoué faire des courses automobiles illégales, à la Dominic Toretto. Sur un week-end, il avait gagné 42 voitures (parce qu'il avait remporté 42 courses), dont la dernière en date a été gagnée à la suite d'une course entre Rotorua et Wellington, où il avait mis 3h, sachant qu'il y a 453 kilomètres entre les deux villes ... je vous laisse calculer la vitesse. 

Bref une rencontre incroyable où j'ai pu échanger en toute transparence avec un inconnu. C'est ce qui m'a donné gout au stop, le fait de rencontrer des gens de toutes horizons et d'échanger avec eux. On se rencontre que le monde n'est pas si pourri que les médias peuvent nous laisser croire. 

J'ai tellement été pris dans la discussion que je n'ai même pas admiré le paysage ni la fameuse "Montagne du Destin" qui se trouve dans le parc du Tongariro. 


Une nuit dans un endroit glauque

Il est presque 20h lorsque l'on descend de la voiture, à une intersection, au milieu de nul part, en montagne. Le soleil ne va pas tarder à se coucher et il faut que l'on trouve soit une voiture, soit un endroit où dormir. En regardant sur la carte, je vois que la prochaine ville est à 1h et quelques à pied de notre positon, pas le choix il faut y arriver avant la nuit. 

Au fur et à mesure que l'on marche, des voitures passent mais aucune ne s'arrête. C'est à ce moment là que je commence à regarder où poser ma tente. Malheureusement, tous les terrains aux alentours sont privés, donc barbelés, et je n'ai pas très envie de me prendre un coup de fusil. 

Ça y'est la nuit tombe et nous n'avons fait que la moitié du chemin jusqu'à la prochaine ville. Il fait nuit noir et décide donc de sortir ma lampe et l'accrocher sur mon sac pour que l'on puisse être vu, et pas percuté dans le dos. Mais aucune voiture ne passe, Il est 20h45

Quand tout à coup, au loin, venant face à nous, des phares et une voiture qui s'arrête de l'autre côté de la route. Un homme descend pour vérifier son coffre de pick up et que tout son matériel est bien accroché. Je ne suis pas certain qu'il nous ai vu donc décide de l'interpeller. En effet il nous avait pas vu et nous demande donc où est ce qu'on se rend comme ça en pleine nuit, avant de nous dire que la prochaine ville est à un peu plus de 45 minutes à pied de notre position, et propose donc de nous y déposer. Sauvés. 

Le pick-up nous dépose donc dans la ville de Hunterville, dans un espace de camping gratuit où il est possible de passer la nuit. L'endroit est très glauque, le seul bâtiment ouvert avec de la lumière c'est le bar, et les gens qui rodent autour ne donnent pas envie de s'y aventurer. On va donc jeuner ce soir. 

Une fois les tentes montées, direction le lit pour une courte nuit. 

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