Jour 5 - Sucre, la ville blanche

Publiée le 22/09/2019
Nous nous retrouvons dans la ville de Sucre pour faire une pause citadine avant le séjour en Amazonie.

Nous arrivons comme prévu à 5h du matin, dans cette petite ville où il fait déjà très bon à cette heure-ci. Nous sommes redescendues à 2750m, d’où ce temps plus doux.


Un taxi nous amène jusqu’à l’auberge, agréable et localisée dans une très belle bâtisse. Elle a une cour intérieure couverte où se passent les repas, des coursives donnant sur une terrasse ouverte à l’étage et un jardin en fond au milieu duquel sont étendus des hamacs et posés des fauteuils d’extérieur confortables. Aucun bruit dans ce petit espace de jardin à part le chant des oiseaux. Vous n’y croirez pas si je vous dit que c’est l’équivalent de 6€ la nuit.


Nous commençons la découverte de la ville par le musée du Crétacé. Improbable d’aller voir des dinosaures à l’autre bout de la planète quand il y a tellement d’autres choses à voir en une seule journée, me direz-vous. Seulement ce petit musée est incroyable. Situé à proximité d’une entreprise de construction et d’une usine de fabrication de ciment, il s’est construit suite à la découverte improbable de traces de pas de dinosaures précisément sur ce site de construction. En creusant la montagne à la recherche de matériaux pour faire du ciment, les entreprises on affaissé un pan complet de la montagne et découvert une plaque verticale de 115m de haut et 1.5 km de long abritant plus de 12000 empreintes de pas de 8 espèces de dinosaures. 

Cette plaque était à l’origine horizontale, mais les mouvements de sol et la tectonique des plaques l’on faite se redresser et ont ainsi créé une montagne. Pourquoi autant de traces ? Parce que ce sol, lorsqu’il était à l’horizontale, bordait un lac d’eau douce où venaient s’abreuver tous les animaux. Ces traces de pas convergeaient donc toutes vers un point d’eau. Ce patrimoine est actuellement en cours de classement « site protégé » par l’UNESCO, parce qu’il s’agit à ce jour du plus grand recensement de traces et d’espèces au monde. On aurait en effet découvert deux nouvelles espèces de dinosaures grâce à ces empreintes, en faisant des recoupements avec les ossements existants aux États Unis et en Chine. 


Nous repartons ensuite nous promener dans la ville, visiter le centre et le couvent San Felipe, qui est aussi un collège. Superbe, entièrement blanchi à la chaux, nous accédons aux étages et aux toits facilement. La vue sur la ville est surprenante : on y découvre des maisons cossues avec patios intérieurs, des toitures terrasses aménagées, des rooftops derrière de grandes vitres. Les maisons sont terminées, les façades soignées, les toitures propres. On est en sandales et t-shirt, il fait beau et l’air est léger. La population semble profiter de cette ville comme lieu de résidence secondaire et le rythme est moins effréné qu’à La Paz.

Nous profitons ensuite de cette journée pour aller au musée de l’artisanat indigene, situé en haut d’une rue de Santa Cruz extrêmement raide... ! Dans ce petit musée, rien d’ostentatoire. Une description des modes de tissage utilisés par les femmes andines, une lecture des motifs représentés une fois à l’endroit, une fois à l’envers ; un petit parcours à travers huit salles où se côtoient musique traditionnelle, costumes et masques de parades, chaussures de danses, poteries et toiles tissées. Le travail réalisé est d’ailleurs incroyable de précision : il s’agit pour ces femmes de tisser 1cm de toile par jour. Aucun tissage ne se ressemble, tous sont uniques, également dans le choix des couleurs de fils qui sont souvent rouges ou oranges. Ces œuvres d’arts valent par ailleurs un certain prix, puisqu’elles sont représentatives d’un savoir-faire unique au monde et transmettent des traditions orphelines. Lorsque nous arrivons dans le musée, une tisseuse est en plein travail sur un cadre de 1m50 par 1m. Elle n’en est qu’au 1/5e de la toile et crée des scènes directement sorties de son esprit en croisant un à un des fils noirs et oranges, assise par terre. Nous lui demandons combien de temps est-ce qu’il lui faudra pour terminer la toile : 3 ou 4 mois.

Nous décidons ensuite d’aller manger une glace sur la place principale, avant de rentrer à l’auberge où nous prendrons nos maillots de bains pour aller à la piscine/spa/sauna du quartier. La piscine est petite et familiale et semble même être le lieu d’une sortie scolaire lorsque nous arrivons. Cependant c’est bien la première fois qu’on peut dire que nous avons vraiment de l’eau agréablement chaude ! Jusqu’à présent nous avons subi toutes nos douches avec une pression quasi nulle et de l’eau ou tiède ou bouillante. Ce petit moment de détente est bienvenu, surtout que le lendemain nous nous levons à 6.00. Rebelotte, la pampa n’attend pas ! Nous passerons la journée dans les aéroports locaux : Sucre - Santa Cruz (30 min) ; Santa Cruz - La Paz (1h00) ; La Paz - Rurenabaque (30 min). Comptez dans tout ça 2h d’escale à Santa Cruz, 5h d’escale à La Paz... ça tombe bien, j’adore les aéroports.

Après la piscine, nous retournons préparer nos sacs et allons manger dans un restaurant proche de l’auberge. Nous assistons à un spectacle de costumes et de danses traditionnelles qu’Alexandre a eu la bonne idée de réserver en ce soir de 21 septembre. Ici, le début du printemps est célébré par la fête de l’amour. Le restaurant a donc décoré chaque table d’un ballon rouge en forme de cœur et d’une bougie, pour créer une ambiance feutrée. Chaque couple de sortie est sur son 31, une petite rose à la main. Rien de plus kitch, mais c’est l’ambiance latine. Chacun y va de son selfie « sortie en amoureux », la bouche en cœur et le flash en plein dans les yeux. Le spectacle est superbe, les danses et les musiques un peu redondantes mais les costumes tous plus beaux les uns que les autres. On rentre ensuite à l’auberge, qui fête aussi - bien sûr - la fête de l’amour : le patio s’ouvre désormais sur un nouvel espace bar-discothèque, qui était fermé et invisible en journée. Les lumières clignotent, les guirlandes de ballons rouges ornent la porte d’entrée et l’espace du patio, un vigile filtre les entrées, la musique est à fond : c’est parti jusqu’à 3h du matin minimum. L’avantage de notre chambre, c’est qu’elle se trouve au bout du jardin, donc isolée du bruit. Pour l’instant, on s’installe pour prendre un coca et danser, histoire de profiter un peu de l’ambiance avant le départ du lendemain. 

0 commentaire