Journée à Gori, Uplistikhé, la cathédrale de Samtavissi en Kartlie, Metekhi

Publiée le 21/01/2020
rencontres

Chez Nana le couple de polonais est arrivé, Pietr et Anya. Une autre devrait arriver ce qui devrait faire une joyeuse troupe. Nana est bien une championne du CouchSurfing.

J'arrive à Didubé quelques minutes trop tard et dois attendre 09h. Sans indication ce départ est caché mais en fait c'est facile : Prendre la sortie basse de la station et accéder au marché par le tunnel, prendre à droite sur la place l'allée ouverte du marché jusqu'au fond et prendre à droite après des étals de fruits et légumes (à l'époque) vers la sortie du partking. A droite la station d'essence, on y est.

Dans le bus qui attend l'heure, des marchands ambulants (boissons, biscuits maisons, objets divers) passent sans cesse et j'apprends vite à dire « ara gmadlobt » (prononcez ara madloba) pour « non merci » et pourtant je trouve l'objet qui va changer ma vie, un simple outil pour enfiler le fil dans le chas de l'aiguille, et oui à 56ans, la vue baisse.

Donc pour 4 lari et 86 km plus loin j'arrive à Gori à la gare centrale qui jouxte un marché.L'hiver approche, le marché est rempli de voiture pleine de souches de bois à vendre. 

La Koura coule au bord, je fais le tour du marché pour rejoindre à la forteresse qui ne présente par un grand intérêt mais qui offre une belle vue sur la ville. 4 jeunes y pique-niquent, 3 militaires prennent le soleil et je suis le seul touriste.

A son pied se trouvent la statue Héroique ansi que le monument aux héros géorgiens de la guerre, Le mémorial est composé de huit statues de guerriers assis en cercle sur des blocs de pierre taillés sculptés entre 1981 et 1985 par le sculpteur géorgien Giorgi Ochiauri , Elles étaient placées alignées autour de la tombe du soldat inconnu dans le parc Vake à Tbilisi. Elles ont été déplacées en 1989 au pied de la forteresse de Gori.


Cathédrale de Gori

Je redescends sur la cathédrale qui a pour histoire d'être d'origine catholique.


Petit point d'histoire, Staline, le musée

Petit point d'histoire, Gori est la ville natale de Staline et fut cependant bombardée par l'armée de la Fédération Russe lors de la guerre russo-géorgienne de 2008 dont l'enjeu était l'acheminement du pétrole et du gaz. Le gouvernement géorgien a ensuite adopté la Charte de la Liberté, qui énonce clairement le retrait des symboles soviétiques et nazis… des statues et des monuments. En 2010 une grande statue de bronze représentant Joseph Staline devant l’Hôtel de Ville de Gori a été retirée secrètement dans la nuit alors que l'ancien dictateur soviétique demeure toujours très populaire dans le pays et en raison de la forte demande de la population locale, en particulier des personnes âgées, qui ont une certaine nostalgie de l’époque de l’Union soviétique, la restauration de la statue sera débattue en décembre 2012 et la municipalité de Gori décidera de restaurer la statue en 2013.

Je continue donc vers le musée dévolu à Staline où je trouve une jeune guide qui parle français. En visitant le musée elle m'indique que sa maison a été bombardée par les russes. Le musée vaut le détour en ce sens qu'il est tout à la dévotion à Staline même si en fin de visite quelques vitrines abordent les goulags et le débat existe depuis 2010 sur une évolution du musée. Parmi les pièces exposées, un bulletin de vote de Staline sur lequel il indique être géorgien, une photo avec Romain Rolland et une tabatière offerte par le PCF. Nous visitons ensuite le wagon dans lequel il se déplaçait puis sa maison où il vécut peu de temps. C'est une petite maison qui se compose de deux pièces, la plus petite pour le propriétaire, la plus grande pour la famille Staline.

Uplistikhé (-1000 bc) ville troglodyte

Je vais ensuite déjeuner dans un bar sur la place attenante, viande de porc grillée, salade de tomates et Puri.

Puis je négocie un taxi 50 lari pour rejoindre Uplistikhé , la cathédrale de Samtavisi et me déposer à Métékhi où je suis attendu par la famille d'un ami. Uplistikhé, cité troglodyte m'impressionne car on y trouve quelques milliers d'années avant notre ère toute l'organisation d'une société avec le palais,un théâtre, une prison, des logements, des canalisations et rigoles pour l'eau. Tout est creusé dans la roche. L'entrée était à 3 lari et il y faisait un vent terrible qui arracha mes lunettes et que je cherchais quelques longues minutes. Je me suis promené longuement sur le site empreint de beauté, de puissance. Il existe un défi sur le site, retrouver le rocher en forme de tête d'homme, je l'ai trouvé en fouillant chaque recoin.  Uplistikhé fut un haut lieu païen,  connut son apogée de 600 av. J.-C. à 337 apr. J.-C en étant sur la route de la soie et fut habitée jusqu'au début du 20ème  siècle, désertée à la suite du tremblement de terre de 1920.

l'église d'Atémis Sioni

Nous repartons et en route je rajoute 20 lari pour aller visiter à 10km l'église d'Atémis Sioni*, église orthodoxe géorgienne du VIIème siècle dans la vallée du Tana. . Le nom « Sioni » vient du mont Sion à Jérusalem. Cette fois-ci je suis en jean et je peux entrer sans problème. Petite déception car elle est en travaux avec des échafaudages partout mais je devine les fresques du XIème, les arches et la coupole.

Cathédrale de Samtavissi

Nous repartons pour Samtavissi qui se trouve proche de l'Ossétie du sud protégée par la Fédération Russe depuis 1991. La Cathédrale est en zone neutre et je dois passer un poste militaire géorgien sans aucun soucis si ce n'est que je me fais rappeler à l'ordre pour avoir pris une photo du militaire. La cathédrale du XI-ème siècle est superbe à l'extérieur mais close et j'apprendrai le soir qu'il suffisait de demander la clé à une voisine.  L'église de Kashveti à Tbilissi, construite en 1904-1910 est en fait une parfaite copie de cette cathédrale. J'en fait le tour, elle est imposante, la cour montre des fouilles par endroit et je découvre la tombe d'un célèbre  lutteur géorgien de sambo, Vano Nickolov Gamkhitashvili. Au retour de nouveau le contrôle militaire cette fois-ci plus approfondi pour s'assurer que nous ne ramenons rien dans le pays.

Metekhi, chez les parents d'un ami

J'arrive à Metekhi, mon taxi n'a pas de monnaie et j'en trouve par chance à la pharmacie. Leçon à retenir, toujours avoir le prix de la course sur soi. Je passe par l'église également en travaux mais les échafaudages vont durer car l'argent manque. Une femme qui garde l'église me conduit chez Lado et Tsiuri, les parents de mon ami quand nous croisons Tsiuri et Tamara leur fille qui descendent d'une marchroutka. Je passerai un magnifique moment dans cette belle famille dont je conserverai beaucoup de souvenirs, des échanges sur nos lectures, une histoire de la Géorgie coincée entre Turquie et Iran, qui finit par appeler à l'aide la Russie Orthodoxe qui finira par les avaler, Chevardnadzé géorgien et ministre des affaires étrangères de l'URSS qui s'est opposé en 1989 aux militaires pour ne pas envahir l’Allemagne de l'Est et en 1992, qui revient dans son pays pour une autre aventure compliquée. La Georgie était menacée de tous les côtés, l’épopée de la première année de la Géorgie indépendante avec de multiples ethnies aurait pu tourné au drame mais il s'accrocha ensuite au pouvoir. Viendra ensuite en 1998 l'URSS qui n'est plus présente, les gens ruinés en 1 jour avec l'abandon du rouble sans conversion. Tout était vendu pour survivre, tout, bijoux, électro-ménager et pour  cette famille le retour à la terre dans la ferme familiale à Métékhi. Il s'agit d'une ferme de village avec ses cinq superbes cuves à vin de 5000 litres enterrées dans la cave et une autre encore plus importante pas encore mise à jour. J'ai goûté et apprécié la cuisine de Tsuri, appris à manger des Khinkalis sans perdre le jus, dégusté les alcools de Lado, chacha de prune et grapa de raisins. J'ai des étoiles dans les yeux et  repu,  la nuit est la bienvenue après une telle journée.

0 commentaire