Croatie - Serbie

Publiée le 08/09/2025
3 au 7 septembre Une virée en Croatie et en Serbie entre vélo et train.

Croatie - Hrvatska (HR)

Les étapes : Kopacevo - Vukovar 

Changement de cap à la dernière minute motivé par une traversée du Danube en cinq minutes sur un petit ferry pour nous rendre à Mohacs (un pont est en construction et sera opérationnel en 2028). Notre dernière nuit en Hongrie était à 13 km de cette ville. Le rivage qui nous y menait ressemblait à une longue langue de sable qui nous a donné envie d’y bivouaquer pour la nuit. Nous voulions ensuite passer à Mohacs le lendemain pour faire quelques courses avant de poursuivre pour la Serbie que nous aurions atteint dans la journée. Il se trouve que Mohacs est sur l’autre rive… on décide tout de même d’y aller car nous avons encore des florints à dépenser et ils ne nous serviront plus une fois parvenus chez les Serbes. Il se trouve qu’arrivés de l’autre côté, nous découvrons qu’il y a une alternative à l’eurovélo 6 pour atteindre Belgrade et qu’elle passe par la Croatie. L’idée de parcourir un autre pays nous tente bien. Le temps d’un café-croissant-wifi, de télécharger les traces et les cartes nécessaires au parcours  et de faire quelques courses, et nous voilà repartis sur nos vélos direction la Croatie que nous atteignons au bout de 24 kilomètres. L’entrée dans le pays se fait le long de barbelés qui démarquent un « no man’s land » entre la Hongrie et la Croatie. Il y en a aussi entre la Croatie et la Serbie : des enclaves, des bouts de territoires que les pays frontaliers se disputent encore. La frontière est matérialisée par deux barrières, une cabane en bois et deux drapeaux, nous voilà en Croatie ! Nouvelle langue, retour à l’euro 💶.


Où trouver de l’eau à Mohacs (HU) ?

À défaut d’avoir fait ma rentrée scolaire genevoise, j’ai pu faire la hongroise le lundi 1 septembre ! Nous cherchions une fontaine pour remplir nos gourdes lorsque nous croisons un jeune homme à qui nous posons la question. Après avoir réfléchi quelques instants, il nous demande de le suivre et nous voilà après cinq minutes avec nos vélos dans la cour d’une école. Il nous présente rapidement au directeur et nous amène directement à la cantine. Comme il est midi, ça grouille d’enfants affamés. Nous faisons le plein d’eau sous le regard amusé de tout ce beau monde… Le jeune homme est instituteur et c’est le jour de la rentrée ! 

Nos deux étapes en Croatie seront roulantes et très loin des villes touristiques de la côte adriatique. Ici, c’est champs à perte de vue et vignobles. Nous goûtons à leur vin et profitons de la vie simple au milieu des autochtones. On profite des quelques plages de sable pour nos pauses de midi : pique nique, sieste et lecture.


Serbie -  Србија (SRB)

Étapes : passage de la frontière à Backa Palanka - Novi Sad - Belgrade - Niš - Pirot - passage de la frontière à Dimitrovgrad côté serbe.

Nouveau changement décor et d’écriture (ici on écrit en cyrillique 😅😅) dès le passage de la frontière…. Une vraie douane où on nous demande nos papiers d’un air méchant. On n’a pas envie de rigoler, notre premier contact serbe ne sourit pas du tout.

Sur les premiers kilomètres, on roule sur une nationale. Les Serbes conduisent vite et sont moins inquiets des cyclistes. Heureusement, on rejoint très vite une voie cyclable qui nous mènera après soixante kilomètres à Novi Sad, deuxième plus grande ville du pays derrière Belgrade, plus de 300 000 habitants.

Notre deuxième contact avec l'autochtone serbe se fait un peu plus tard, sur un chemin de traverse après 25 kilomètres à pédaler sans croiser personne. Comme on a réussi à obtenir quelques dinars serbes à Budapest, on sort du tracé en direction d’une église dont on distingue le double clocher…il doit bien y avoir quelque chose par là-bas. On se retrouve très vite dans un boui boui qui vend des glaces aux couleurs vives … on commande deux limonades car c’est la seule chose que je sais dire et qui a l’air d’être comprise…. On se retrouve avec deux fois un demi litre d’une boisson verdâtre très sucrée pour l’équivalent de 2€…. Délicieux 😜… et le gars est super sympa !


L’entrée dans Novi Sad est tout de suite plus stressante. Beaucoup de voitures, du monde de partout, et nous sur nos vélos avec une vision à 360 en permanence. Nous cherchons la gare car l’étape de 80 km qui mène à Belgrade est principalement sur route, donc dangereuse, et visiblement peu intéressante. Nous décidons donc d’y aller en train. Arrivés devant l’immense gare, on constate qu’elle est fermée 🫤. Un tragique événement a eu lieu en novembre 2024 : l’auvent de la gare s’est effondré et a tué une quinzaine de personnes dont un enfant de 6 ans, et ce, deux ans après la rénovation ! L’auvent qui s’est effondré (initialement non prévu) avait visiblement été ajouté à l’arrache. Depuis, la gare a fermé ses portes. Devant les barrières, des photos et des tas de peluches y sont déposées, j’en ai les larmes aux yeux. Les noms des victimes sont indiqués. Cet événement a aussi provoqué une grave crise politique initiée par des étudiants. Il y a à peine deux jours, le 1 septembre 2025, des milliers de gens manifestaient encore dans les rues du pays contre le régime corrompu de Vučić, l’actuel président. Un couple de suisse que nous avons croisé en sortant de Croatie a d’ailleurs renoncé à parcourir les grandes villes serbes sous les recommandations de leur ambassade… qui est d’ailleurs aussi la mienne ! On leur a conseillé d’éviter les manifestations, du coup, ils évitent les grandes villes 😳. Quant à nous, nous nous arrêtons finalement à Novi Sad pour la nuit et partageons un match de l’euro de basket en direct sur les terrasses des cafés qui ont chacune leur écran pour diffuser Serbie- Turquie. La Serbie perd de cinq points… match très serré 🏀 ! 

On découvre aussi un centre ville agréable avec de beaux bâtiments et prenons le temps d’une belles balades dans les rues animées.


Belgrade

Depuis Novi Sad, nous avons dû aller jusqu’à la gare de Petrovaradin pour prendre le train pour Belgrade où nous arrivons en 40 petites minutes. La gare est très moderne et s’inscrit dans un projet de rénovation de la ville plutôt surprenant. La sortie de la gare est rock'n roll en vélo… de grosse artères et de multiples présélections et enchevêtrements . On se retrouve très vite dans un quartier hyper moderne avec de  grands immeubles flambant neufs avec au centre une tour de 150 mètres de haut. Il y a de gros chantiers de partout, ce qui ne nous facilite pas la vie. Nous apprendrons plus tard que la volonté de la capitale est de créer un quartier qui s’appellerait « le Dubai des Balkans » 😳, on vous laisse imaginer la chose ! Sinon la ville est interessante, avec des quartiers très différents : forteresse avec vue surprenante au coucher du soleil sur le Danube et le nouveau quartier. Le soir, quartier bohème et ses ruelles pleines de restaurants et de bar. A l’ouest de la ville, nous nous rendons en bus (les transports publiques sont entièrement gratuits dans la ville depuis le 1 janvier) dans un quartier à l’architecture dite «brutaliste», divisé en «bloks» numérotés. A l’époque de la Yougoslavie, chaque bloc avait sa vie de quartier autonome avec commerces et écoles. On pouvait parvenir jusqu’à ses 16 ans sans jamais avoir quitté son bloc ! Ces blocs étaient délimités par de très Grands Boulevards toujours présents. Dans les années 70, il y avait un fort sentiment de communauté au sein de ces blocs. Il y a eu ensuite, dans les années 90, des ghettos qui se sont formés. Aujourd’hui, les choses sont encore bien différentes, c’est un quartier en pleine restructuration dans lequel un centre commercial très en vogue a été implanté. Les mentalités aussi sont en pleine mutation : un mélange d’ancien et de nouveau, d’ouverture d’esprit et de fermeture d’esprit, de prospérité et de criminalité. C’est d’ailleurs l’impression que donne tout le nouveau Belgrade. Nous avons trouvé des articles très intéressants à ce sujet.

L’ensemble architectural de la ville est quant à lui très hétéroclite : des bâtiments soviétiques austères, des immeubles ou des structures très vétustes voir en ruine, de vieux bâtiments historiques convertis en d’autres choses et quelques beaux bâtiments historiques rénovés. Beaucoup du patrimoine du pays a été détruit dans les différents conflits ce qui donne à cette ville une âme bien étrange. 

Nous avons peu eu l’occasion de discuter avec des Serbes : la grande majorité ne parle pas l’anglais. Nous avons cependant eu le plaisir de rencontrer dans le train un cycliste serbe qui parlait bien anglais : Slobodan. Il part tous les samedi rouler sur les sentiers de son pays. Sa mère était fan de chansons françaises : Edith Piaf, Mireille Mathieu, Enrico Macias et Gilbert Becaud dont il a entendu la chanson « Nathalie » toute son enfance ! Un personnage bien sympathique qui nous a parlé de son pays et des itinéraires vélos que nous pouvons prendre.


De Niš à la frontière bulgare

Nous rejoignons Niš en sept heures de train depuis Belgrade. Départ à 7.30, arrivée à 14.30. Le train roule en moyenne à 30 km/h avec des piques à 110; il y a 54 arrêts ! Niš n’est pas à proprement parler une ville qui nous transporte mais nous tombons le soir du festival de la bière qui se loge à l’intérieur d’une petite cour : excellentes bières, pain et saucisses, concert de blues rock en live… il ne nous en faut pas plus pour être heureux de notre étape d’un soir.

La route de Niš à Pirot est une belle surprise car nous avions quelques appréhensions. Nous sommes sur une grosse nationale, mais comme on roule un dimanche, il y a très peu de voitures et elles sont très vigilantes. Les motards nous saluent au passage. Le revêtement est impeccable. Nous retrouvons enfin du relief, remontons une gorge et traversons 14 tunnels avant d’arriver. Nous sommes ravis de cette journée malgré la chaleur. Depuis quelques jours, c’est canicule dans la région : 32 degrés en moyenne.  


Le train

Et oui, nous avons pris le train 🚃 ! Le projet initial était de prendre le train de Belgrade à Sofia et gagner ainsi une semaine à rouler sur des routes inadaptées aux vélos. La réalité est que les trains serbes s’arrêtent à Niš pour les passagers et que la voie ferrée qui va jusqu’en Bulgarie est uniquement réservée au transport des marchandises. Les seuls trains qui sortent de Serbie vont au Monténégro, allez savoir pourquoi !?

Les gares entre Belgrade et Niš auraient mérité à elles seules un album photos. Hormis quelques exceptions, elles sont complètement en ruine et la végétation y a repris ses droits. Pourtant, à chaque arrêt, des gens montent et descendent.


Le Danube : itinéraire d’un fleuve d’un pays à l’autre

Le Danube , 2850 km de long, a longé notre parcours depuis Linz en Autriche . Il prend sa source en Allemagne et après Belgrade, il continuera sa route sans nous jusqu’à la mer noire car nous bifurquons vers la Bulgarie pour rejoindre ensuite Istanbul. 

Qu’avons-nous vu du Danube sur les 1100 km que nous avons parcourus en sa compagnie ? Et bien pas tant que ça ! Le Danube se fait discret sur la plupart du parcours, il joue à cache cache derrière des immenses rangées d’arbres sur des kilomètres. La vélo route s’en éloigne aussi puis y revient, mais il reste en filigrane. Nous le retrouvons surtout dans les grandes villes où il fait partie du paysage urbain. Notre route est plutôt parsemée de champs, de petits villages où une église règne au centre, et souvent rien de plus. On voit la vie rurale, des gens hors du temps. La beauté de ce voyage est là, loin des grandes capitales, au cœur de la réalité et de la vraie vie. 


En Autriche : c’est là que nous faisons sa connaissance, la piste cyclable le longe véritablement. Il y a d’ailleurs beaucoup de monde sur cette portion autrichienne : qui se ballade à la journée ou pour quelques jours. La piste est large et agréable à rouler. On se sent chez soi.

En Hongrie, on longe des allées de petites maisons qui de l’autre côté du sentier, ont un petit bout d’accès au fleuve. Ces bicoques sont plus où moins en état et habitées par des gens de classe très moyenne. Les plus aisés ont investi dans du gros gravier qu’on retrouve sur le sentier et sur lequel on galère bien avec nos deux roues…De temps en temps, une habitation toute neuve qui fait tache à côté des autres. Parfois on voit apparaître une langue de sable à l’air d’île déserte, et on s’y arrête volontiers pour une baignade ou une nuit sauvage.

En Croatie, on retrouve des vignes et la chaleur de la campagne quand il fait plus de 30 degrés. On goûte d’ailleurs à l’un de leur vin blanc un soir : fruité et bon. Le long du chemin croate, on voit beaucoup de maisons en ruine ou désaffectées : c’est une partie particulièrement touchée par la guerre durant laquelle une part de la population avait été déplacée. Elle n’est jamais revenue. Il y aussi ceux qui sont partis en espérant trouver une meilleure situation économique dans les grandes villes où le tourisme offre plus d’opportunités de travail. Nous sommes surpris à Vukovar de voir un hôtel de dix étages idéalement situé au bord du Danube complètement en ruine. Il reste à trôner là comme un vestige du passé attendant qu’on décide de son sort.

En Serbie, on passe de portions de route loin du fleuve à de belles pistes goudronnées où on devine le Danube au loin. Les lieux parcourus sont moins  cossus que dans les pays voisins. Le Danube, c’est aussi un fleuve frontière. Lorsqu’on est en Hongrie, on roule d’un côté et on se dit : « Regarde, sur la rive d’en face c’est la Slovaquie ! » et  lorsqu’on longe le fleuve du côté croate, on a un œil sur la Serbie ! Nous dirons au revoir au Danube à Belgrade car nous bifurquons vers le sud-est en direction de la Bulgarie.

Le Danube c’est la tranquillité qui dort sur son passé de guerres et de conflits, dérangé par les immenses bateaux de croisière et qui accueille aussi une faune d’une grande diversité…. sans oublier les moustiques 🦟🦟 qui adooorent Jean-Luc 😁.


Mais encore….

- Nous nous régalons de très bons produits frais achetés sur les marchés ou auprès des particuliers rencontrés sur la route : tomates délicieuses, fromages proche de la fêta plus ou moins salé ou « mature », raisins, prunes font partie de nos pique-niques quotidiens.

- A la gare de Petrovaradin, pas de rampe ou d’ascenseur pour rejoindre le quai. Quand Jean-Luc arrive avec les billets et me dit que nous avons cinq minutes, j’apprends à descendre les escaliers avec mon vélo en 20 secondes et à remonter les vélos à deux (un qui tire, l’autre qui pousse) en 45 secondes. On rentre dans le wagon vélo in extrémis….. et il n’y a pas vraiment de place pour eux 🤭.

- À Niš, notre studio, (oui, en Serbie il n’y a pas vraiment de camping et on loue des studios entiers pour 25€ la nuit 😳), est au 3ème étage et l’ascenseur tombe en panne pile au moment où nous sommes dedans avec toutes nos sacoches … il fait 32 degrés, nous sommes ravis  de tout monter à pied …. Vélos compris 😫.


8 septembre, nous sommes en Bulgarie. L’arrivée dans le pays a été très folklorique mais on vous racontera tout ça dans l’étape, sur la Bulgarie. Je vous propose juste un petit quizz dont vous aurez la réponse aux prochaines news.

QUESTION : 

«Après la douane bulgare que nous traversons au milieu des voitures et des camions, nous avons le choix entre plusieurs options pour rejoindre  Dragoman qui se trouve à 15 kilomètres. Laquelle choisit- on ? »

A : Une route avec de gros pavés dont l’itinéraire est très flou sur les supports que nous avons à disposition.🫤

B : On prend l’autoroute avec les vélos car elle est directe. 😅😅

C : On pleure et on appelle nos mères. 🤪

Mohacs, ferry obligatoire pour accéder à la ville.
Joli pont sur le Danube
En Croatie
Frontière serbo-croate, une vraie douane !
Devant la gare de Novi Sad
Novi Sad, belle découverte que cette ville
Novi Sad de nuit.
1ere fin de journée à Belgrade
Quartier moderne
Tramway local
Quartier bohème
Belles églises et bâtiment communiste
Parlement et l'emblème du Block 33
Belgrade by night
Petit mix
Fête de la bière à Nis
1 commentaire

Max

xamlartem

Coucou 🤜🤛
On ne se lasse pas de vous lire 🙏🏻
Vous êtes trop trop fort les Quinquas
Prenez soin de vous 🤗

  • il y a 3 mois