SALTA

Départ vers le nord ouest

A l’hostal de Corrientes il y avait une famille dont les deux enfants devaient avoir entre 7 et 9 ans. Ils étaient en voyage pour une année. Des suisses. Ils étaient plutôt sur la dernière partie de leur trip après avoir déjà fait toute l'Asie du sud est et la Tasmanie. Tous les jours un peu d’école malgré les protestations des deux bambins. Je trouve ça chouette et franchement je regrette de ne pas l’avoir fait quand mes enfants étaient petits. Bon après il faut pouvoir s’arrêter de bosser pendant un an mais je pense que, bien préparé, un voyage comme ça est possible. En tout cas ils étaient trop mignons les enfants et les parents très sympas. On a vraiment sympathisé au moment où je partais c’est dommage. 

Le bus est à l’heure. Tout se passe parfaitement. On m’avait dit que Salta était très prisé par les français et je constate qu’il y a déjà au moins 4 français dans le bus, C’est bien la première fois que je voyage ne serait-ce qu’avec des européens depuis Ibera. 

Je m’installe. C’est un bus qui n’a que des camas mais pas très confortables par rapport à ce que j’ai déjà testé. Le bus a l’air un peu vieillot.

Tout d’un coup je réalise qu’il n’y a pas de couverture ni d’oreiller contrairement à d’habitude en cama. Je demande quand même. Non non il n’y a pas. Merde mon gilet et ma couverture sont dans mon sac à dos qui est en soute. Je descends et je demande à avoir accès à mon sac. Le problème c’est que mon sac a été mis dans les premiers et on ne le trouve pas. Il y a des sacs partout on met le bordel dans la soute. Un autre mec arrive et râle en me disant que j’avais qu’à y penser avant. C’est vrai. Mais d’habitude il y a des couvertures alors bon. Je ne lâche pas. Il n’est pas question que je voyage en tshirt dans un bus à 12 degrés. Je comprends bien que je les emmerde car on était sur le point de partir. On finit par le trouver j’attrape ce qu’il me faut en 2 secondes. Ouf ! J’aurais dû prévoir comme je le fais d’habitude mais là j’ai zappé de sortir mes trucs avant de monter dans le bus. Et puis ils abusent vu le prix du billet de ne pas fournir ce qu’il faut. Bref ça se termine bien donc je ne me plains pas. 

Ce soir on a droit à une succession de films d’action. Ce qui est dommage c’est qu’il y a très peu de son et que la connectique pour brancher les écouteurs ne fonctionne pas. Bon les scénarios n’étant pas très compliqués c’est regardable sans parole. En fait on entend uniquement la musique dans les moments d’action parce que c’est plus fort. Et ça vient s’ajouter à la musique de fond qu’il mette dans le bus. Un vrai plaisir pour les oreilles et pour dormir... Tout le monde commence à allonger son siège et vraiment on peut les allonger comme dans un lit. Le seul problème c’est que ça s’allonge sur les jambes de la personne qui est derrière.  Je suis obligée de demander au passager devant moi de remonter un peu parce que là je ne peux même plus bouger mes jambes car j’ai son dossier sur mes genoux. C’est un français donc plus simple pour échanger.  On trouve un compromis, tout va bien.  La nuit se passe sans encombre. 

On arrive à Salta sous les nuages. Le paysage ici est complètement différent. On oublie la plaine et les étendues de la pampa. Ici c’est hyper verdoyant et montagneux. 

Découverte de Salta

L’arrivée est fraîche. Je n’avais pas eu aussi froid depuis la France. A tel point que je vais peut-être sortir ma petite doudoune. Il bruine mais rien de méchant. L’hostal est accueillant, j’ai un vrai lit dans un dortoir de filles. Le patio est un espace chill avec des matelas par terre et des lustres en forme de nuages. Une musique d’ambiance donne une petite note décontractée. On se sent bien à peine arrivé. Et le personnel est très sympa. 

Je me balade en ville jusqu’à la place principale qui est entourée de nombreux édifices coloniaux très beaux. Au milieu, un parc avec de superbes arbres. C’est vraiment très chouette ce coin. Je continue jusqu’au couvent situé plus loin. Il y a pas mal d’églises ici mais je trouve que dans l’ensemble, pour un pays aussi catholique, il n’y en a pas tant que ça. Et pourtant, j’ai l’impression qu’ils sont hyper croyants. Par exemple, l’autre jour dans le bus on passe devant une cathédrale et une dame derrière moi se signe. Dans les toilettes du terminal de Salta, j’ai même vu un graffiti sur la porte des toilettes « dio te amo ». Au début j’ai pas compris je pensais que c’était un message d’amour. En fait oui, c’en est un, mais pas le genre qu’on s’attend à trouver sur la porte des toilettes publiques. D’ailleurs, ça pourrait limite passer pour un pêché de faire un truc pareil. La personne qui a écrit ça ferait bien d’aller se confesser ;)

Les ruelles sont jolies et tranquilles avec la montagne en décor de fond. Je commence à comprendre pourquoi tout le monde se plait ici. C’est effectivement charmant et l’ambiance est agréable. C’est grand mais pas trop, animé mais pas trop. Avoir les montagnes à proximité c’ets plus agréable et ça me rappelle un peu Bogota. 

Il y a beaucoup de choses à faire ici et aux alentours. Je suis là pour 5 nuits. Ça me laisse le temps de visiter et de m’organiser pour la visite des environs. J’aimerais trouver quelqu’un pour partager une voiture. Je pense que c’est la meilleure option pour aller voir certains coins peu accessibles avec les collectivos. Je vais déjà faire le tri des lieux à visiter et chercher ensuite une personne avec qui partager.  

Grand ménage

J’ai porté l’intégralité de mon sac à la laverie du coin. J’ai poireauté un moment que ça ouvre. Le mec est arrivé, pas pressé, c’est pas grave si j’ouvre pas à l’heure me dit-il, tu as du temps non ? Oui oui et j’adore attendre sur le trottoir. 300 pesos pour toutes mes fringues, ça va. On discute et il me fait le guide touristique integral en me dessinant sur des minis bouts de papier tous les chemins pour aller au Salar ou au Chili ou à san pedro. Bref, je repars avec des cartes de toute la région. Il m’a même proposé de voyager avec moi, pour me protéger, parce que c’est plus sûr quand même. On a bien rigolé. Il a vécu un peu en France donc parle un mélange d’espagnol-français-anglais. Comme moi quoi sauf que moi ça serait plutôt français-anglais-espagnol ;)

Il me raconte aussi comment tout ce qui se dit autour des vins d’altitude de Salta c’est du marketing inventé par les français et les californiens. Les vins sont les mêmes qu’avant. Avant ils étaient vendus pour rien dans des bricks en carton, aujourd’hui ils sont dans de jolies bouteilles avec de jolies étiquettes mais c’est toujours la même chose dedans. Il me raconte aussi comment, pour fournir la demande étrangère, les vignerons du coin font venir du vin des autres régions d’Argentine tout simplement parce qu’ils ne peuvent pas vendre plus qu’ils ne produisent hein. Quand on vend le triple de sa production, faut bien aller chercher le vin quelque part. Et puis ils le mélangent avec autre chose. Bref c’est pas très catholique tout ça. Il m’envoie quand même acheter du vin dans une boutique à côté mais faut acheter le vin de Mendoza sinon c’est pas la peine. Ok ! J’ai compris.

Samedi c’est le jour du ravitaillement. Je vais au marché San Miguel. Je fais le plein de légumes pour tout mon sejour pour environ 6 euros. Sur le chemin je m’achète des gants en laine de lama vendus par une dame sur le trottoir. Ils sont super doux, c’est elle qui les fait, et ça m’a coûté 5 euros. Pas prévu dans le budget mais bon, j’en aurai probablement besoin à un moment et je n’ai plus de gants à Paris (enfin je n’ai que des gants dépareillés...).

Un peu de culture

Le MAAM, musée archéologique de haute montagne. Petit musée (on fait le tour en 1h) mais extrêmement bien fait. Il expose des objets incas et notamment deux momies d’enfants. Ils expliquent très bien comment et pourquoi les enfants étaient sacrifiés. C’est hyper bien mis en scène. Les objets sont particulièrement bien conservés. Il y a une momie qui avait été trouvée dans les années 20 et qui a disparu de la circulation pendant 80 ans. Elle a été la propriété de collections privées, illégalement, pendant toutes ces années puis est réapparue lors d’une exposition. Elle a alors fait l’objet d’une investigation et a finalement été récupérée et ramenée à Salta, sa région d’origine. Elle reste très bien conservée malgré quelques dégradations dues à une mauvaise conservation pendant toutes ces années. Son expression est incroyable. C’est vraiment bouleversant de la voir. 

L’autre élément notable de ce musée c’est l’exposition d’une autre momie d’enfant En réalité il y en a 3 mais ils sont exposés à tour de rôle pour une meilleure conservation. Ils ont été trouvés en haut d’un volcan à plus de 6000 m d’altitude. Les hautes montagnes étaient souvent des endroits sacrés. Il reste probablement beaucoup d’endroits inexplorés dans ces régions. Ils ont donc trouvé en 1999 3 momies d’enfants sacrifiés, une jeune fille de 15 ans, une de 6 ans et un garçon de 6 ans également. C’est celui qui est exposé actuellement. Cet enfant est minuscule, recroquevillé sous son habit tissé, les cheveux qui pendent derrière son dos. Les ongles sur ses petites mains brunes. C’est très perturbant. 

Les objets sont tous des objets de rituels funéraires. Des petites figurines, des caravanes de lamas, des poteries. C’est très joli. Ils expliquent comment les incas recréaient un monde avec ces objets qui étaient enterrés avec le défunt. Les sacrifices humains étaient souvent des enfants de haute lignée, choisis pour leur beauté et leurs qualités extraordinaires. Ils étaient mariés entre eux lors de la cérémonie pour resserrer les liens entre les communautés. Les sacrifices humains n’avaient lieu que pour des événements particulièrement importants. Les enfants buvaient un breuvage alcoolisé et, une fois endormis, étaient enterrés.

Les incas, avant les invasions espagnols, régnaient sur une grande partie de l’amérique du sud. Ils étaient très bien organisés et ingénieux. Ils construisaient des routes et des infrastructures qui leur permettaient de maitriser leur royaume. C’était un peu les romains de ce continent. Quand on pense à la destruction de cette civilisation et de leurs trésors par les espagnols, ainsi que le nombre d’objets qui ont disparus, c’est triste.

San Lorenzo

Aujourd’hui c’est dimanche donc c’est super calme. En plus demain et après-demain c’est férié donc tout est plus ou moins fermé pendant 3 jours. Pour une fois que je voulais m’organiser et aller me renseigner pour la suite de mes déplacements je vais devoir attendre et faire encore à la dernière minute. 

Je prends un collectivo pour aller à San Lorenzo me promener. C’est un village à quelques kilomètres de Salta avec des sentiers de rando, un torrent et un petit canyon. Depuis le haut du sentier que je prends on a une très belle vue panoramique sur toute la vallée de Salta. Malgré les nuages on voit loin. C’est vraiment la fin de l’été et ici il fait beaucoup plus frais et nuageux. J’espère que ce ne sera pas comme ça tout le temps. La balade est agréable. Il y a également le parc aux oiseaux que j’aimerais voir mais il est fermé et il faut prévenir de sa visite. J’ai envoyé un mail hier mais je n’espère pas avoir de réponse avant mardi...

Je finis ma journée tranquillement à l’hostal. Il y a un peu moins de monde que lorsque je suis arrivée. Ici ce sont principalement des voyageurs argentins. L’ambiance est très sympathique. Tout le monde mange ensemble dans la cuisine sur une grande table. C’est cool et ça permet de faire connaissance. Ce matin au p’tit déj un vénézuélien faisait l’animation. A peine arrivée à table il me questionne : mon nom, mon origine, où je vais... et il fait pareil avec chacun. Ensuite il fait les présentations. On rigole bien. Il a quitté son pays il y a 27 ans pour s’installer en Argentine. Et depuis 2 ans et demi il voyage. Il gagne sa vie dans chaque endroit où il passe pour pouvoir aller plus loin dans son voyage et le reste du temps il fait du volontariat pour pouvoir être hébergé. Pas de maison, pas de contrainte, la route d’un endroit à l’autre au gré de ses possibilités.

Le soir tout le monde se retrouve pour cuisiner et diner. Il y a une ambiance auberge espagnole que j’aime bien ici. On partage la même maison dans un esprit un peu communautaire et c’est agréable. Il est vrai que pour les quelques étrangères que nous sommes il est parfois difficile de se mêler aux argentins car on ne maitrise pas suffisamment bien la langue. Je dis les étrangères car en fait je rencontre beaucoup plus de femmes qui voyagent en solo en Argentine que d’hommes. Et quand il y a des hommes ils sont généralement entre potes ou en couple. Vraiment je ne m’attendais pas à cela. Je rencontre évidemment quelques hommes voyageant seuls mais ce n’est pas du tout la majorité. Alors que les femmes seules sont très nombreuses.

Cerro San Bernardo

Ce matin, réveil super tôt. Ici il y a toujours quelqu’un qui se lève ou qui se couche à toute heure. Difficile de dormir correctement. J’arrive au ptit déj pas réveillée du tout mais impossible de dormir plus. Et aujourd'hui il va faire beau, je ne veux pas râter une belle journée étant donné qu’il fait nuageux depuis mon arrivée. J’ai décidé d’aller en haut de la colline San Bernardo, la vue est imprenable sur la ville et avec ce temps ça sera parfait. Deux autres voyageurs me disent qu’ils y vont aussi. Je pars donc avec Ma Jo et Roy (le vénézuélien). La montée est ardue. Je n’ai pas compté les marches mais il y en a beaucoup. Il nous faut une bonne demi-heure pour arriver en haut. La vue est belle sur la ville. On voit assez loin. D’ici on voit bien que la ville est entourée de nature et de montagnes. 

On papote pas mal et j’essaie de travailler mon espagnol. Pas facile. J’apprends que Roy a écrit un livre sur son voyage. Il le vend en version numérique. Ca l’aide en partie à gagner sa vie, pour le reste il travaille et se débrouille. 

On revient à l’hostal pour déjeuner Cette marche nous a tous affamé. Après-midi chill dans le patio. Ce soir ils veulent retourner là-haut pour voir la vue de nuit. Je vais m’abstenir, j’ai eu mon compte pour aujourd’hui. 

J’ai mis une annonce sur deux groupes facebook de voyageurs en Argentine pour partager une voiture mais ça n’a rien donné pour le moment. Je sens que je vais encore louer toute seule. Il reste une journée, on verra.

En fin de journée je suis sortie pour profiter des derniers rayons de soleil. La lumière était vraiment superbe. J’ai pu prendre quelques belles photos. Surtout que maintenant je commence à mieux maîtriser mon appareil. Je suis allée jusqu’à l’église orthodoxe qui est vraiment magnifique ! Le ciel était en plus très beau ce soir. En revenant je passe par la grande place et j’entends de la musique. Je m’approche et il y a une troupe qui chante et danse, joue du tambour. Ils sont déguisés. C’est carnaval ici aussi. La coutume veut que l’on déterre le diable et pendant une semaine on fait la fête puis on l’enterre de nouveau. Très chouette moment et complètement imprévu. 

Ce soir la cuisine est animée. Tout le monde est là y compris quelques personnes qui étaient parties en excursion et qui sont revenues. On reste à table un long moment à discuter et à rigoler. Entre-temps, Julie, la française qui fait du volontariat à l’hostal, me dit qu’elle va à Cachi mercredi. Je lui propose donc de voyager avec moi. Il y a aussi probablement Roy qui viendra. Je lui ai proposé de l’emmener en échange de cours d’espagnol intensifs. Et un autre français, Félix, qui voyage à vélo la plupart du temps, pourrait aussi se joindre à nous. Je retrouve dans cet hostal un peu de ce que j’avais trouvé au Tetris. Mais ici c’est avec des argentins car il n’y a presque que des argentins. Mis à part un couple de français qui vient d’arriver et m’a donné des infos pour le salar. C’est cool. J’ai aussi eu des nouvelles de Tom et Nasta qui viennent de finir la Patagonie et qui filent au Chili. Il y a des chances qu’on se recroise là-bas :)

J’ai hâte de repartir. Cette halte à Salta était sympa mais la route me démange à nouveau. 

Longue marche pour rien

Une fois de plus, le Lonely Planet m’a fait défaut. Beaucoup de leurs infos sont obsolètes De mauvaises adresses, des lieux qui n’existent plus, des agences qui ont fermé. Franchement c’est pas sérieux. Aujourd’hui on est parti voir le centre artisanal, 7 km à pieds aller-retour, et on arrive il est en travaux et depuis un moment... La balade n’était pas désagréable mais bon. Nous en avons profité pour faire le plein au marché local pour notre petit road trip au sud de Salta. Départ demain matin à 9h. On est rentré crevé. En plus tous les Western Union sont fermés car c’est encore férié aujourd’hui. Pas très productive cette journée. 

INFOS PRATIQUES

Flecha bus : inégale compagnie j’ai l’impression selon les destinations. Là le billet &tait très cher, la bouffe pas terrible, le bus pas tr§s confortable.

Hostal Prisamata : très sympa. J’ai aimé le patio, la musique d’ambiance, le personnel très sympathique. Les dortoirs sont autour du patio donc c’est un peu bruyant, C’est dommage (entre ceux qui se couchent tard et ceux qui se lèvent tôt...) on a du mal à faire une nuit paisible. La cuisine est correcte même s’il manque quelques trucs à mon goût. J’aim bien la grande table pour prendre les repas qui est très conviviale. Il y a également un espace extérieur avec des tables.

Le ptit déj est comme d’habitude, sommaire. Les sanitaires sont propres et corrects. Il est très bien situé pour sortir car la rue juste derrière le Paseo Balcarce (rue avec que des bars et penas). Un peu plus loin du centre mais faisable à pieds quand même. A l’hostal on peut acheter la carte des excursions et louer des voitures. Il y a tout ce qu’il faut à côté.