CHILI - État d’urgence, manifestations et complications

Publiée le 03/11/2019
Une fin de séjour compliquée au Chili !

La fin de notre voyage au Chili ne s’est pas déroulée comme prévu, en raison des évènements survenus au Chili durant cette période. 

État d’urgence et couvre feu

Le 18 octobre, à la suite de manifestations à Santiago, le Président chilien Pinera décrète l’état d’urgence et fait intervenir l’armée pour réguler les manifestations. Un couvre feu est instauré à Santiago et Valparaiso, entre 20h et 7h du matin. Pendant ce laps de temps, aucun véhicule n’est autorisé à circuler et les habitants doivent rester chez eux. 

À Iquique, là où on se trouve, il y a également des manifestations mais pas encore de couvre feu. On est censé partir le lendemain pour le parc Isluga et on espère qu’on ne sera pas embêté. 

Pourquoi des manifestations ? À l’origine, le mouvement est un mouvement étudiant, pour protester contre l’augmentation du prix du ticket de métro dans la capitale. Cependant, ce problème n’est que l’arbre qui cache la forêt et la situation a rapidement dégénéré, dans un contexte politique et social tendu, où se mêlent les problématiques de pauvreté, corruption et injustices, sur lesquelles plane toujours l’ombre de l’ancienne dictature chilienne. 

L’envoi de l’armée des les premiers jours pour réprimer les manifestations a très certainement envenimé le conflit, faisant redouter aux chiliens le retour des pratiques militaires qu’ils ont connues sous Pinochet. L’intervention de l’armée dans ce type de situation est une première depuis 30 ans et démontre le niveau de tension entre le peuple et son gouvernement. Le Chili, sous un aspect moderne et occidental est, semble-t-il, miné par une crise latente dont certains expliquent qu’elle résulte de dizaines d’année d’un libéralisme à tout crin. J’en termine en précisant que, des les premiers jours de la crise, le bilan s’élevait déjà à 11 morts, des magasins pillés et brûlés et l’ensemble du métro de Santiago inutilisable. J’arrête là l’analyse de cette situation qui me dépasse mais me laisse malgré tout un profond sentiment de malaise, notamment face à la violence à laquelle les dirigeants chiliens ont eu recours, contre leur peuple. 

Nous avons finalement pu partir pour le parc Isluga et ce n’est que le soir, en écoutant les informations et en échangeant avec d’autres résidants de l’auberge que l’on réalise que la situation ne va faire qu’empirer : la plupart des vols sont annulés, les bus suspendus, et la situation à Santiago s’aggrave et s’étend aux autres villes. 


Quitter Iquique

Le 21, on décide de se rendre à l’aéroport le matin afin d’avoir des informations sur notre vol qui doit décoller le soir même, à 23h. On se doute que le vol va être annulé, dans la mesure où il nous ferait atterrir à Santiago en plein milieu du couvre feu. Or, arrivés à l’aéroport, la compagnie nous informe qu’en l’état actuel des informations dont elle dispose, les vols sont maintenus et ne seront annulés que si le couvre feu est reconduit. Même si on est certains que cela sera le cas, impossible d’être recasés sur un autre vol, la compagnie refuse. Retour à l’auberge ou on prépare nos affaires comme si on allait partir, en sachant pertinemment qu’on ne partira pas. Super. 

À 18h30, bingo, le vol est annulé. C’est reparti pour l’aéroport (à 40 minutes de route), où on attend 2 heures pour pouvoir parler à un agent qui accepte finalement de nous recaser sur un vol le lendemain matin. 

On rentre en taxi à l’auberge. Entre temps, le couvre feu est aussi tombé à Iquique ; on fait donc le trajet sans croiser une seule voiture et on se fait également contrôler par les militaires, en pleine démonstration de force puisque les chars sont sortis. Mais en tant que touristes, on ne risque rien. 

Le 23, on quitte Iquique pour se rendre à Santiago. On craint que la situation là bas ne soit chaotique, surtout à l’aéroport où se massent plus de 5000 personnes bloquées par le couvre feu et les annulations de vols, mais on ne veut pas rater nos vols internationaux et on espère pouvoir partir plus tôt du Chili, en négociant avec les compagnies aériennes. Notre avion décolle presque à l’heure, direction Santiago


Santiago de Chile

On arrive à 16h à Santiago. Ma première impression à l’aéroport est plutôt bonne puisque je m’attendais au chaos et finalement, tout semble normal, à part quelques espaces où des lits de camps sont installés, inhabituel- mais pratique ! On sort sans problème et on prend un taxi pour le centre. 

Santiago à l’air d’une ville très jeune et dynamique, avec beaucoup de parcs, d’universités et de street art. Avec le fleuve qui passe dans la ville, Santiago a des airs de Berlin ! Si on omet les nombreux tags, les tas de cendres et les dégradations, on pourrait presque oublier qu’il y a eu des émeutes. Mais il est encore tôt ! 

Le lendemain on sort pour trouver à manger (pas évident car presque tout est fermé, en particulier les supermarchés puisque certains ont été pillés). On sent encore les restes des gaz lacrymogènes qui ont été lancés, tout le monde tousse et a les yeux bouffis, nous compris. On décide de continuer un peu malgré tout pour avoir au moins le sentiment d’avoir vu autre chose que les murs de la cour de l’auberge, si mignonne soit elle. 

Il est encore tôt mais les gens commencent déjà à se rassembler et les militaires sont de plus en plus nombreux. On décide de rentrer. L’après-midi on assiste, depuis les fenêtres de l’auberge à quelques affrontements entre manifestants et policiers. 

Le soir, c'est notre dernière soirée ensemble, les suisses ont préféré rentrer plus tôt car il n’y a malheureusement pas grand-chose à faire et, après plusieurs jours à tourner en rond dans l’auberge, je les comprends ! Pour ma part, je dois attendre, mon visa pour l’Australie ne me permet pas de partir plus tôt. 

Je profite des deux jours suivants pour me balader dans les quartiers calmes de Santiago, très jolis, et avancer sur mes démarches de travail. Les journées sont, bien entendu, rythmées par les manifestations, bruit de casseroles, tirs et survols d’hélicoptères. Je n’en verrai pas plus, n’ayant aucune velléité de carrière en tant que reporter de terrain (et n’ayant surtout pas envie de me prendre un tir de balles de défense ni un coup de canon à eau). 

Il est maintenant temps de dire au revoir au Chili et à l’Amérique du Sud, direction l’Australie ! So excited !!! 

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