Transit

Publiée le 05/11/2021
J'étais attendue à Erevan. Une semaine suspendue avant un nouveau départ. Le temps de redonner du souffle à mon projet, de resserrer les liens avec mes coloc, de cuisiner et de lire.

J'ai eu l'impression de rentrer à la maison,tellement l' accueil fut  chaleureux. J'avais dépassé la date butoire. Après avoir annoncé une semaine d'absence, j'en avais pris deux. C'était une fête de se retrouver:  Hovi'k  m'avait sonné les cloches plusieurs fois par SMS, Mona  m'avait préparé un plat iranien, Mikael voulait savoir ce que je pensais de son pays Gyumri et Teresa  m'avait préparé un lit tout propre. 

Mona
Une. Vie de galerienne
J'ai retrouvé la cuisine
Mikael
Wana

A L'auberge Wana à croisé deux compatriotes birmanes. Elles ont a peine 20 ans et sont en transit dans l'attente d'un visa pour le Royaume Unis où elles comptent faire leurs études. Leur pays est en guerre et toutes les institutions sont fermees. Elles ont apparemment quelques moyens de survie puisqu'elles ont loué une chambre individuelle. Elles ne sortent pas  et se font livrer les repas à domicile. Le papa a des rizières et la maman est une business woman  (export du riz). Elles sont très gentilles et me font goûter la cuisine chinoise que je trouve un peu grasse. Elle savent très bien faire cuire le riz. 

Teresa

Teresa  a vécu 20 ans à Saint Petersbourg où son mari a été tué par des voyous dans la rue (une rixe entre hommes alcoolisés ?). Elle travaille pour une entreprise de nettoyage. Il lui faut rembourser un emprunt de 500 euros pour une opération de la cataracte ratée. Elle tient un œil fermé et traine un mal de tête permanent. Elle est joyeuse et aime la fête. Elle tient absolument à ce que je vienne passer un week end chez elle.  J'y tiens aussi. C'est un peu loin.? Pas de souci, elle a un lit pour moi.

Birgita

L'alphabet armenien

Շնորհակալություն 

Merci


J'ai commencé à m'y coller. Pour botter en touche, je dirai que je manque de temps. 

SImon

L'histoire du violon

Son oncle, colonel dans l'armée russe, a participé à l'occupation de Berlin. Dans les décombres il a récupéré un violon en parfait état. Il en a fait cadeau à son neveu  qui étudiait au conservatoire. C'était un Amati. Simon l'a revendu 30 000 dollars  à un américain pour financer les investissements de  son entreprise (30 000 dollars c'était une vraie fortune en 85 en Arménie). Il a regretté l'entreprise (qui l'a ruiné) et le violon aussi. S'il l'avait encore aujourd'hui, il ne s'épuiserait pas sur les chantiers. 

Victor Hugo

Revenons à nos moutons

Pour aller de Noyemberian à Dilidjan, il faut passer par Idjevan. C'est à Idjevan  que j'ai vu mes premiers moutons. Je me suis arrêté à la ferme. Par chance j'ai pu enfin rencontrer Souren, l'armenien- francais qui, avec sa femme, est à l'origine de nombreux  projets de soutien à l'agriculture dans le Tavush et dans le Karabagh (voir étape "Nachla"). Très sympa et coopératif au telephone j'avais imaginé un petit bonhomme trapu avec des bottes en caoutchouc et un bonnet sur la tête.

J'ai rencontre un prince
Les Nations Unies a Erevan

Le fin mot de l'histoire

Pour moi le financement du projet "des moutons pour l'Arménie" me semblait flou. Dans l'article de presse, je n'y comprenais pas grand chose sur la répartition du budget entre Les Nations Unies, le Fonds armenien de France, ROM Selection, mais il me semblait globalement que la France soutenait l'agriculture du pays dans un projet solidaire ( 300 moutons de race pure plus le transport à des milliers de km, ce n'est pas rien).. En fait les 70 moutons d'Idjevan ont été finances par le Fonds arménien de France. 

Les 230 moutons restants et le transport ont été pris en charge par l'union Européenne et un projet de developpement Australien ROM Selection a simplement répondu a l' appel d'offre des Nations Unies (ce qui est bien écrit dans l'article) et encaissé l' argent qui a pu profiter aux eleveurs de Haute-Loire. En fait ce qui est trompeur dans l'article c'est le titre qui est ambivalent et le commentaire du vice Consul d'Arménie "ce projet est le symbole des bonnes relations  entre nos deux pays". L'Australie n'est pas citée. C'est vrai la région Auvergne a mis 10000 euros dans le pot et la France fait partie de l'Union Européenne. Enfin tout cela est un peu compliqué, mais méritait d'être posé. 




Merci à mes fidèles compagnons de route, Philippe, Marie, Suzanne, et Bernadette  qui me suivent pas à pas de France Leurs messages tendres, chaleureux me relancent m'encouragent à poursuivre ma route, lorsque j'ai des coups de fatigue. Merci aussi à tous ceux et celles qui me font régulièrement des petits coucous, pour les mêmes raisons. 

Le dernier coup de cœur de Philippe qui me va droit au cœur. Une musique de mots apaisante lorsque le monde gronde encore trop près. Mais ce monde naufragé, on s'y accroche encore. 


Voici l'étroit sentier de l'obscure vallée
Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais,
Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée,
Me couvrent tout entier de silence et de paix.

 J'ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma vie ;
Je viens chercher vivant le calme du Léthé.
Beaux lieux, soyez pour moi ces bords où l'on oublie :
L'oubli seul désormais est ma félicité.

Mon coeur est en repos, mon âme est en silence ;
Le bruit lointain du monde expire en arrivant,
Comme un son éloigné qu'affaiblit la distance,
A l'oreille incertaine apporté par le vent

Lamartine 


L'Iran me rattrape
L'Iran me rattrape
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