Un bateau blanc sur la mer noire

Publiée le 03/09/2021

Je suis sur le bateau. Vous assisterez au départ mais sans doute pas plus. Une fois partis, je devrais être coupée du monde. Mais le départ en soi est déjà toute une aventure

Ils m'ont renvoyée au cabanon

J'étais seule. Pas vraiment tranquille dans ma grande solitude. Et puis un autre voyageur est arrivé avec un gros sac à dos et une guitare.

C'était Samuel

Il essayait d'ouvrir la porte du bâtiment que l'employé avait refermé à clé derrière lui. Il repartait, sans doute perplexe. et un peu inquiet. Je l'ai appelé pour lui transmettre la consigne que l'on venait de donner. C'était Samuel, le miracle du jour. Il a 19 ans, originaire de Dresde, il part pour une année de volontariat à Tbilissi.

Nous avons franchi ensemble les étapes du parcours du combattant

qu'est l'embarquement sur un Ferry pour la Géorgie. La peinture de Nata, bien emballée était suspecte. Il a fallu la déballer, donner des explications, puis la remballer. La guitare de Samuel était suspecte, il a fallu la sortir. Il en a profité pour gratter quelques notes à la compagnie de grognons.

Là où l'affaire devient compliquée

2 anges gardiens nous ont pris sous leur aile, le jeune responsable de l'embarquement sur le Ferry, nous a détachés du groupe et pris en charge jusqu'au bateau. Dans les escaliers- échelles il allégeait le sac derrière moi. Classe🤗 A la réception sur le bateau une "dama" m'a mise sur le flanc après avoir consulté mon test PCR. Le bateau allait avoir beaucoup de retard et mon délai était trop court. Les Géorgiens contrôlent tout à la minute près. Si on n'est pas dans les clous retour à la case départ. Ça commence à bien faire...

J'ai enfin compris le deal : soit je prenais le risque de dépasser les temps et je revenais par le même bateau, soit je refaisait un test PCR demain sur le bateau pour 25 euros. Je n'avais pas compris le deuxième volet et elle s'arrachait les cheveux à l'idée que j'allais payer 100 euros pour le voyage de retour. Lorsque mes neurones se sont remis en place. Le stress devait les avoir quelque peu brassées j'ai évidemment pris l'option 2.. Je n'avais pas les euros. Samuel m'a tout de suite proposé de payer. Je lui ai donné des grivni, il n'en n'avait pas. On a commencé à faire pot commun c'etait bon signe.

L'affaire s'est finalement conclue

Par un petit casse croûte dans ma cabine. Mon coéquipier mourrait de faim et j'avais fait une petit salade avant de partir

Le voyage s'annonce bien

Je viens d'apprendre que je serai seule dans ma cabine. On pourra y déposer sa guitare et la cagnotte. Nous sommes voisins, mais le lit d'au dessus dans sa cabine est occupé. 175 euros pour traverser la mer noire, nourrie logée dans une cabine privée,il n'y a rien à dire.

Tout le confort moderne

L'espace doit être compliqué à partager avec un inconnu, surtout si l'inconnu tombe avec moi🙄

Ça y est c'est parti 8 h plus tard

Vaxtang

Encore une belle rencontre. Un plan pour faire le trajet pour Tbilissi dans le camion des cochons (vivants). Dommage ce ne sont pas des moutons.

Aujourd'hui 5 septembre je suis arrivée dans le Caucase, À Tbilissi en Géorgie exactement. Une fabuleuse traversée. Avec Samuel nous sommes tombes d'accord, nous aurions bien fait un ou deux jours de plus sur le Vilnius. Flash back

Le soleil s'est levé

La nuit à été delicieuse, pas un bruit et la sensation d'être sur un île à la dérive. La soirée de la veille avait été bien arrosée grâce à Vaxtang. Tout de suite le coup de foudre, un regard si doux, une curiosité, une attention à l'autre que l'on rencontre rarement et puis des silences qui en disent long. Il conduit 400 cochons vivants d'Ukraine à Tbilissi. Un travail de galérien. Les cochons ça mange, ça boit, ça chie et ça pue. Il gère tout cela avec l'air d'un seigneur.

Ce doit être affreux pour les cochons.

Lorsque nous sommes passés au milieu des camions en repartant c'était irrespirable. J'espère que mes montons ne sont pas venus en bateau et puis c'était en mars, il ne faisait pas une température de 30 degré. Je ne mangeais déjà plus de cochon, je persiste et je signe. Non je ne me suis pas encore convertie à l'islam.

La Crimee

A la première heure Samuel est venu me chercher tout excite. Il avait une surprise pour moi sur le pont. Il m'a entraînée en courant dans les escaliers. La surprise, c'était la Crimee.

La cuisine ukrainienne, un delice

Au petit déjeuner Kacha (céréales différentes chaque jour) et verre de petit lait (le petit lait du fromage), une assiette salee (bon la saucisse on a oublie), du the, du beurre et du pain.

Le déjeuner

Il y a toujours une petite soupe (soupchik), une salade de légumes frais, et un plat avec viande ou poisson +cerales+légumes. Et un dessert, du thé comme boisson.

Après le petit déjeuner nous avons passé la matinée accoudés au bastingage, éblouis par le soleil, à regarder la Crimee s'éloigner et les dauphins faire leurs clowneries. . J'ai raconté à Samuel l'histoire de Chamil et de l'enlèvement des princesses russes dans leur palais d'été en Géorgie... et puis d'autres encore. Il adore les histoires, moi aussi.

Et puis, il y a eu le dessin et la musique

Il m'avait passé une commande : un pett dessin en souvenir. J'aime bien les commandes, c'est stimulant. Le sujet était trop évident lorsqu'il est venu s'installer devant le hublot de ma cabine pour travailler sa guitare. J'ai sorti mes aquarelles et je me suis lancée (pas bien loin) au son de la musique de Satie et d'autres que je ne connaissais pas.

Un peu bricolé comme toujours

Un petit bonus

Il a tout emporté, il ne m'a rien laissé,. Quel bonheur !

Et puis il y a eu les couloirs

Labyrinthe peu extricable dans lequel on se perd (enfin moi)

Et puis la lecture

Il doit y avoir 6kg de livres dans le sac de notre voyageur. Camus, Stephen Zweig, Thomas Mann..La liseuse, il n'en veut pas, il aime le contact du papier. . et puis à 19 ans, le lourd, c'est léger.

Je n'ai pas le temps de lire

Je suis trop occupée à ne rien faire,

Les hommes boivent, boivent et mangent

Le bateau ne bouge pas d'un pouce, mais certains tanguent. Ils ont l'alcool gai. Ils s'etrelgnent, s'esclaffent. Leurs yeux brlllent. Leur travail est tellement dur (ils peuvent conduire 12h de suite leurs monstrueuses machines sur des routes peu carrossables) que ces 24h en suspens est un espace temps hors du temps. Je les ai longtemps regardé garer leurs camions. Il ne doit pas y avoir plus de 15cm d'espace entre les remorques,je suis épatée. Samuel a fini la soirée avec eux. Ils n'avaient pas un mot en commun, mais ils se sont bien compris. Ce matin il avait un peu mal à la tête. Les chauffeurs lui ont commandé un concert pour le soir.

Vaxtanvg n'a rien bu. Il a travaillé avec ses cochons depuis 6h du matin. Il est las et fatigué, ce n'est plus le même. Lorsque je l'interroge il me dit que tout va bien, que les cochons vont bien. En tous cas on ne les entend pas. Je suis un peu inquiète pour le concert du soir. La guitare classique ? Je ne suis pas sûre que c:est ce qui soit attendu. J'ai un peu peur pour la très belle guitare.

Là mère et l' enfant

Sur les 80 passagers nous sommes 4 femmes... Enfin il y avait une autre. Tout le monde l'avait vue, sauf moi. Il y a aussi les petites mains qui passent derrière tous les débordements. Leur travail est énorme car il y a quelques dommages collatéraux. Elles regardent cependant ces hommes en goguette avec bienveillance. Si on ne les avait pas, que ferions nous ?

Une partie de bras de fer

Le concert

Le public était distrait. Il voulait du lourd et n'avait que du léger. Le guitariste s'est adapté. Il a remplacé les arpèges par quelques accords bien envoyés. Nous avons dansé avec l'incroyable Serguei, éléphant man à la souplesse de danseuse orientale. Il a fallu malgré tout défendre la guitare contre les guitaristes amateurs qui voulaient s'en empoigner. Vaxtang surveillait, un peu en retrait, près à intervenir. Quelle belle soirée, dans la nuit sur le pont au milieu de nul part.

Terre!

Les goélands ont glissé près du hublot. La terre était donc proche..

L'arnaque des tests

Le test PCR de 72h que j'avais fait à Odessa était valable jusqu'à 13h le jour de l'arrivée. A 8h du matin, il ne restait qu'une heure de navigation. Nous avions passé la journée d'hier à attendre le test PCR maison (vous vous souvenez qu'on nous avait bassine pour nous expliquer que nous risquions d'avoir passé le délai à l'arrivée et qu'il avait fallu payer pour en avoir un autre, sinon retour à la case départ). Le test nous ne l'avons jamais eu. Par contre un document paraphé par le ministère de la santé Ukrainienne en bonne et due forme attestant que nous avions eu le test. Un vrai faux en quelque sorte.. Ce document exceptionnel n'a coûte que 25 euros à tous les passagers.

BATOUMI

Je suis arrivée dans le Caucase, un peu plus de 3 semaines après mon départ. J'ai peut être été un peu vite.

Si je ne m'étais pas trompée sur la date de mon départ en commandant mon billet pour le 3 septembre au lieu du 28 août, je n'aurais jamais rencontré Samuel.

Étape précédente

Retour à la case départ

Étape suivante

En route pour Tbilissi

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3 commentaires

Maurice

Putain comme c"est bon de voyager .... dans mon canapé. Tous les jours un imprévu.

il y a 3 ans

Rainette

Et ce n'est pas fini ! En fait ce n'est que le début de l'histoire, parce qu'en fait, ce que j'aime c'est raconter des histoires,mais des histoires vraies, alors il faut aller les chercher dans le vrai monde bise

il y a 3 ans

jurassic

La suite! La suite! Frérot

il y a 3 ans