Puerto de Mogán ou la petite Venise Canarienne

Publiée le 10/06/2025
Derrières les brise-lames, à l'abri de la brise, nous brisons le mauvais sort et colorons notre voyage d'une nouvelle intimité avec la vie canarienne.

Nous abandonnons l’idée d’aller à la Gomera. Vraisemblablement, cette île avoisinant Tenerife à l'est, El Hierro au sud-ouest et La Palma au nord-ouest nous résiste ! Les vents et les courants ne semblent pas vouloir nous y emmener. Ok très bien. Nous visiterons alors quelques sites de Gran Canaria avant de remonter vers le nord direction Madera.

Notre destination du jour est Puerto de Mogán. Est-ce une bonne idée de rallier cette contrée située sous les vents de l’île de Gran Canaria ? C’est-à-dire, derrière l’objet (dans cet exemple, l’île) sur lequel souffle le vent. Pas sûre 😬. Sur 20 milles parcourus, nous recevons dans nos voiles 5, 6 BF jusqu’à 7 BF et filons sur un bon 6 nds. Partis comme ça, nous devrions arriver en début d’après-midi facile ! Les 5 derniers milles, le parcours est fastidieux et interminable. La pire nav’ psychologiquement parlant d’après Marvin qui pour la première fois depuis notre départ l'hiver dernier, songe réellement à rééquiper Yes Aï d’un moteur, fut-ce un hors-bord sur chaise… C’est dire ! 😮 Une grosse déconvenue si prêt du but, coincée dans la molle et la pétole, nous n’avons d’autre choix que de nous arrêter en chemin et de mouiller devant la playa Tasartico sur fond de bolders. Certes cet endroit est magnifique, mais après avoir passé toute l’après-midi à tirer d’usant et d’innombrables bords de près à une vitesse de 0.5 nds, jusqu’à 22 heures passé, la seule chose qui nous reste à faire est d’aller nous coucher ! 

Playa de Tasartico
Au petit matin sur un départ imminent

Une idée lumineuse et sage puisque le lendemain matin, une mignonne petite risée nous envoie d’un trait au port de Mogán sur un bord !  Merveilleux, la chance nous sourit enfin 😁 . Ce n’est pas trop tôt !

Cette navigation prend des airs de croisière et plus on avance vers le sud, plus les températures augmentent ! Depuis Las Palmas et jusqu’à Sardina Del Norte, on ne peut pas dire que la météo ait été fabuleuse. Et pour cause, les vents alizés créent un surprenant phénomène naturel appelé “la mer de nuages”. Ce vent pousse effectivement les nuages contre les versants montagneux du nord de l'île. Après avoir dépassé la Punta de la Aldea, la météo a changé du tout au tout. Dès lors, nous naviguons au plus près de la côte tout du long vertigineuses et peu fréquentée, dans lesquelles viennent s'intercaler quelques petites criques majoritairement constituées de galets. Certaines dorlotent tout de même les rares habitants du coin et les quelques touristes venuent s’extraire de l’agitation, avec un sable noir parfaitement assorti aux falaises et montagnes qui les entourent. Je retiens notamment une parmi toutes celles que nous venons de dépasser, il s’agit de la playa de Güigüi. Guismo, surnommée Guigui étant le nom porté par une chatte de la famille Le Lay … 😜 

Playa de Tasarte

Fin de matinée, début d’après-midi, nous contournons le petit port de Mogán et comme prévu, jetons l’ancre devant la Caleta de Mogán. Sans plus tarder, la chaleur est telle que nous nous jetons nous aussi à l’eau depuis la plate-forme improvisée du canot de sauvetage sur la jupe du bateau ou, depuis le roof histoire de s’essayer au salto. 21°C, c’est la température de l’eau que nous avons plaisir à goûter bien que le passage de bateaux touristes perturbent un peu notre petit festin. Ici, ça ne manque pas de prestations de la sorte : Tour en sous-marin jaune pour admirer les poissons, tour en charter pour profiter des paysages et reconnecter avec la nature en sirotant des bières et poussant la musique à fond 😂, tour en jet-ski ou en bouée-tractée pour vraiment prendre le temps de se détendre. ll existe aussi une navette entre le port de Puerto Rico plus au sud et le port de Puerto de Mogan avec un fond de verre. Bref, il y a de quoi s’amuser et s’émerveiller dans cette station balnéaire. 😁

Entre la playa de Veneguera et Puerto de Mogán
Des images en présage d'une jolie future découverte
La plage et le port
Yes Aï au mouillage devant la cale
Capture de Yes Aï sur fond volcanique

Pour redorer le tableau (en tout cas à mes yeux), je ne peux pas ne pas parler de celle qu’on appelle “la petite Venise des Canaries”. Des maisons blanches aux traits colorés avec beaucoup de plantes et de fleurs donnent en effet un cachet romantique au port qu’elles entourent. Un lieu surprenant qu’il est agréable de visiter une fois, puis deux, puis trois ! Le labyrinthe que forment les ruelles sont pleines de charme et chaque jour que nous passons ici, nous ne nous lassons pas de nous y perdre.

De la gaité matérialisée
Des arches resplendissantes
De romantiques petites places
Et allez, un autre exemple d'arches
"La petite Venise canarienne", on comprends pourquoi
Assortiment mural et végétal
Ce n'est pas de la poudre aux yeux, ceci est réel et existe vraiment
C'est à Puerto de Mogán et c'est de bon goût !
Tout autour du bassin de la marina
La main de l'homme dans la main de l'arbre
🥰
🥰
Plus profond dans la vallée, d'autres merveilles sont à découvrir
Des caroubiers en fleurs
En chemin vers le mirador de Puerto de Mogán
257 marches à monter pour admirer la vue. Yes Aï, le voilier tout à droite avant la marina
C'est bien lui,  ville d'accueil de plaisanciers en exploration

 À côté, il y a la  plage protégée par les digues, ce qui rend ses eaux calmes, idéales pour nager tous les matins avant ou après quelques postures de yoga. Dans cet autre monde vit une incroyable diversité de poissons multicolores. D’ailleurs, dans le pactol “prestations touristiques”, il est possible de casser son porte-monnaie en allant observer les deux épaves de Mogán à peine distants de 40 mètres près de la marina. Les deux bateaux furent coulés délibérément afin de développer le tourisme subaquatique 😅. Afin d’observer cette abondante vie marine, nous optons Marvin et moi pour le masque et le tuba 🤿 en choisissant pour site, l’espace derrière la digue ou la plage à l’est du port où il n’y a jamais personne. La prudence est de mise car nous sommes à la merci des vas et viens du ressac assez fort sur cette côte. Et comme astuce, nous imitons l’objet de notre observation. Tout comme les poissons, nous restons impavides et nous nous laissons entraîner par les courants. Je soupçonne certains d’éprouver de la curiosité et d’être attirés par ma chevelure flamboyante prenant dans l’eau des teintes orangâtres 😂. Tête sous l’eau pendant de longues minutes, je me sens comme un poisson dans l’eau ! Je me sens bien. En réalité, je me sens souvent plus proche de la vie aquatique que de celle sur terre. Devrais-je plutôt dire : ce milieu me rapproche de moi-même. Aucune agression extérieure ne vient perturber le calme qui est en moi. Au contraire, la vie qui m’entoure n’est que caresses à mon être et m’invite à trouver le chemin de mon âme, celui du bien-être incarné. Le poisson anges, le sar commun et le sar à museau pointu, le labre, l’étrange poisson trompette atlantique, poisson ballon de Marcronésie, le marbré, la mandole, la coquette (oui oui il existe bien !), Joël (oui oui, c’est bien son nom et celui-ci aussi existe bel et bien 😄 Mais il est si petit que nous n’avons pas eu le plaisir de l’observer !) etc etc etc. D'autres m'esquivent sans difficulté mais je ne connais pas encore leurs noms pour vous les présenter. Dans l’autre sens, je connais le nom de plusieurs autres espèces aquatiques résidents sur ce pourtour océanique mais nous n’avons pas encore eu la chance de les rencontrer. Je pense notamment aux tortues ou aux différentes sortes de raies. Certes, ces dernières j’en ai déjà rencontré dans ma vie, mais elles étaient terrestres et ne présentaient aucune caractéristique intéressante à observer et à rapporter 🤭.

Une coquette ? 😁
Une autre coquetterie faite de sable et de sel uniquement, réalisé par un homme charmant
Marvin déjà cocu

La deuxième nuit au mouillage, c’est Bagdad. Du grand n’importe quoi ! Dans la soirée du mardi 3 juin, une mer de vent s’est levée et a complètement chahuté le plan d’eau. Nous n’avons pas fermé l’œil de la nuit et envisageons dès le lendemain matin de remédier à cela en s'octroyant une nouvelle virée en voiture. Une fois le 4 roues réservés, les épreuves de préparation des bagages et acheminements de ces derniers en kayak vers le premier ponton du port effectué (respiration, on reprend la lecture), nous retrouvons à 18h30 la fiat panda qui nous attend sagement sur un parking voisin. Une version récente et améliorer que celle que j’ai fichu dans le fossé quelques années en arrière (RIP à toi petit pôt de yaourt sur roues), qui m’a valu la cervicalgie que je traine encore aujourd’hui et qui m'aura dès lors gratifié de l’inclinaison d’un cou de giraffe 🦒😭🤣

Bref ! C’est un départ sur les chapeaux de roues ! La Grande Canarie est parfois comparée à un continent en miniature en raison de la diversité de ses paysages et de ses climats. Il y a donc de quoi visiter et pour cela nous nous donnons presque 2 jours plein.

Ci-dessous, une nouvelle vidéo présentant les différents sites qui agrémentent avec magnificence notre temps passé dans les terres de cette île et qui, d'autre part, nous fait moins regretter notre décision de passer outre la merveilleuse Gomera. 


La Fortaleza de Ansite dans la municipalité de Santa Lucía de Tirajana. Ce sont trois rochers : la Grande Forteresse, la Petite Forteresse et Titana. Composés de nombreuses cavités, l’une d’entre elles présente une grotte traversante spectaculaire. Ce serait là que s'est déroulée la bataille finale entre les conquistadors espagnols et les indigènes. Autour, c’est un environnement rural avec des montagnes, des ravins, des barrages, des palmeraies canariennes et des cactus en tous genres. 🌵😍   


Barranco de las Vacas : Un très beau canyon sur la route entre la ville de Santa Lucia et d’Agüimes mais dont l’emplacement est non indiqué sur Maps.,. Mais nous le trouvons sans difficulté ! Nous devons nous garer sur le côté de la route dans un virage, passer par-dessus la barrière de sécurité et prendre un petit chemin en contrebas pour passer sous un pont. Ce canyon long de 50 mètres à peine est une curiosité naturelle avec des couloirs rocheux que nous regardons avec fascination. 


Nous nous rendons ensuite à Agüimes, une ville dont parle un site internet dont j’aime me fier pour trouver de beaux endroits à visiter, hors sentiers battus 😛. Il s’agit de l’un des premiers lieux peuplés après la conquête de l'île par les Espagnols en 1491. Cette ville a vu au cours des siècles passés, beaucoup de ses habitants partir vers le continent américain. Son centre historique très caractéristique, présente des ruelles avec des maisons aux murs typiquement canariens mais au lieu d’être blancs, ils sont ici très colorés. La Plaza de Nuestra Señora del Rosario est la place centrale dans le village historique. À l’ombre de l’église, c’est là que nous prenons une pause dans un café d’un genre également caractéristique canarien. Avant de repartir vers notre prochaine étape.


En chemin, nous tombons par hasard sur le Mirador Caldera Los Marteles. Il s’agit d’un cratère de volcan éteint faisant 80 mètres de profondeur et plus ou moins 550 mètres de diamètre avec une belle dorsale de dragon 🐲😻.Une caldera crée il y a au moins 1 million d'années par une éruption volcanique en contact avec les eaux souterraines. 


Nous naviguons euhhhh pardon ! Nous roulons à présent sur la GC-130 traversant une forêt de pins canariens dont quelques trouées nous offrent des vues époustouflantes sur la côte Est de l’île. Nous nous arrêtons et admirons la mer de nuage au-dessus des vallées en plus basse altitude et de l’océan. C’est en fait une accumulation horizontale de stratocumulus donnant l’illusion d'une mer calme et cotonneuse… 😌🌫️ 


Il est 14h30 et nous arrivons au Pico de las Nieves  ce qui signifie « pic des Neiges ». C’est le deuxième plus haut sommet de Grande Canarie avec ses 1950 mètres d’altitude. Il est le résultat de la seconde période de volcanisme sur l'archipel survenue au Pliocène (il y a environ 4,5 millions d'années) tout comme le Roque Nublo.


Le Roc Nublo, emblème de Gran Canaria ? Bah allons-y 😆

“Fait chaud quand même”, “Tu n’es pas un peu fatigué toi ?”. Nous entamons une marche sur le célèbre Camino Roque Nublo, prenons quelques photos de la vue, DES vues grandioses à 360°. Le mirador Presa de Los Hornos en est un exemple. C’est un barrage construit en 1933 à 1565 mètres d'altitude. Nous ne sommes pas émerveillés par cette construction en maçonnerie ordinaire mais par la biodiversité que celle-ci a créé autour. Les couleurs elles, qui parviennent à nos yeux sortent de l’ordinaire et sont d’un éclat indescriptible.


Sur la route vers le Roco Nublo, nous sommes passés sur une aire camping qui fera très bien l’affaire pour passer la nuit en tente. Elle porte le nom de Lianos de la Pez et est recouverte de pinèdes canariennes avec lesquelles cohabitent les fourrés de genêts et sauges, végétations typiques des sommets canariens. Après une douce nuit paisible, comme nous n’en avons pas eu depuis si longtemps, je suis la première à me réveiller et j’entends ce que je pense être le bec du pic frappant l'écorce d’un arbre à proximité. Quelle douce sonorité à mes oreilles engourdies par des mois de confrontation aux  bruits incessant du vent et de la houle sur l’instrument qu’est nôtre bateau 😓 


C’est déjà mercredi ? Quelle journée hier ! Et quelle journée il nous attend aujourd’hui ! Nous allons commencer tout doux pensons-nous en allant découvrir le village de Tejeda. Stoooop ! Arrête-toi ! Wouhho ! Such a beauDiful vue ! Le mirador Degollada de Becerra. Degollada ! ça fait penser au mot dégueuler ! C’est pas dis dis donc qu’il n’y ait pas un lien ! Car c’est un gigantesque ravin défini par les montagnes d'Almagria au nord et les montagnes de Mejoranas au sud.


Moins de 15 minutes plus tard, nous trouvons un mirador privé sur parking public dans le village de Tejeda se trouvant à 1050 mètres d’altitude au-dessus du niveau de la mer. De loin, il est magnifique dans ce décor montagneux. Nous n’attendons pas pour aller voir de plus près. Et nous ne sommes pas déçus. Dans un paysage de ravins et à l'ombre du rocher Nublo, ce village traditionnel canarien respire le calme.  Le charme des maisons sobres aux murs blancs aux toitures tuilées orange rivalise avec celui des petits jardins extérieurs regorgeant de pots de fleurs. Et nombreuses curiosités montrent le trait fantaisiste de ses habitants qui n’hésitent pas à décorer leurs habitats de pot de lait, de machine à coudre et je ne sais quoi d’autres !


2h plus tard, nous partons nous isoler un peu et pleurer un coup sur la vallée des larmes (Valle de las Lágrimas). Une route et plus particulièrement un itinéraire cycliste reconnu difficile à Gran Canaria. L’ascension est en effet réputée pour son terrain escarpé et impitoyable. La route est étroite et sinueuse, les paysages époustouflants et le sentiment d’isolement est vraiment présent ! Il ne faudrait pas tomber en rade ici au beau milieu de ces montagnes désertiques ou seules émergent quelques rétentions d’eau que nous n’aimerions absolument pas boire ! Tu m’diras, ce serait l’occaz de tester les filtres de nos gourdes OKO 😝 Personne, pas un chat un l’horizon si on peut parler d’horizon tant les façades rocheuses abruptes obstruent nos visions lointaines. Et pas de réseau du tout ! Oups,  et bah figure-toi que nous sommes sur la réserve ! Oups et bien on va réserver nos stocks de blagues pourries jusqu’à la prochaine station service ! 


Les 37km de route GC-220 avalés, nous trouvons du réseau pour lancer les paris et les estimations. Selon nos calculs, nous devrions tenir la réserve d’essence jusqu’à la seule station présente sur notre chemin retour vers Puerto de Mogán. Elle se situe à … Puerto de Mogán ! à … km d’ici ! 😁 Avant de jouer avec le feu, nous nous arrêtons au mirador Los Azulejos de Veneguera, un lieu où la nature s’est servie du feu et a mis les bouchées doubles dans l’art de la création artistique. Les parois des falaises occidentales du massif de l'Inagua sont la toile, l’érosion, le pinceau, la force de la nature, l’auteur alchimiste. Nous faisons face à de spectaculaires affleurements vert jade, ocre et rougeâtre visibles. Un résultat complètement dingue de processus hydrothermaux : la rencontre de la lave et de l'eau dans la formation de l'île il y a des millions d'années.

Et c’est ainsi que se termine notre road trip. Sur cette note aux couleurs délicates venues d’un lointain souvenir bouillonnant que garde visible et fait prospérer la Gran Canaria. Plus que quelques jours de repos avant une nouvelle aventure qui nous attend de pied ferme ! Disons plutôt, pour être dans le vrai que NOUS attendons de pieds fermes ! 😆 

Lundi 9 juin, alors que nous avons apprêté le bateau pour un départ le lendemain matin vers Madère, l’homme qui nous a offert le plan de la place gratuite au port, nous déconseille vivement de prendre cette direction. Selon lui et ses nombreuses années d’expériences, à l’heure actuelle c’est se jeter dans la gueule du loup que de se lancer dans une ascension nautique vers le nord ! Ce serait un exercice interminable voir même indétrônable pour nous mener à l’échec.  Les forts vents et courants contraires en cette saison ne nous permettraient pas d’atteindre la surnommée l’île aux fleurs. 

Nous prenons ses propos très au sérieux et renonçons rapidement à l’idée de rallier cette oasis verdoyante paradisiaque. C’est un renoncement difficile à encaisser mais nous y trouvons l’heureuse nouvelle de revenir sur notre plan initial. Celui de s’expatrier à La Gomera et de se perdre dans une végétation subtropicale comme nous n’en avons jamais vu auparavant.

Demain, c’est mercredi 11 juin, nous croisons les doigts pour que la magie opère et nous expédie d’un coup de baguette magique vers la destination que nous avons choisie il y a très longtemps déjà ! 

Bonne deuxième nouvelle : Je suis à jour sur mon journal de bord officiel AlloYesAï ! À tout bientôt chers lecteurs et lectrices ! 😁🥰

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