Nous abandonnons l’idée d’aller à la Gomera. Vraisemblablement, cette île avoisinant Tenerife à l'est, El Hierro au sud-ouest et La Palma au nord-ouest nous résiste ! Les vents et les courants ne semblent pas vouloir nous y emmener. Ok très bien. Nous visiterons alors quelques sites de Gran Canaria avant de remonter vers le nord direction Madera.
Notre destination du jour est Puerto de Mogán. Est-ce une bonne idée de rallier cette contrée située sous les vents de l’île de Gran Canaria ? C’est-à-dire, derrière l’objet (dans cet exemple, l’île) sur lequel souffle le vent. Pas sûre 😬. Sur 20 milles parcourus, nous recevons dans nos voiles 5, 6 BF jusqu’à 7 BF et filons sur un bon 6 nds. Partis comme ça, nous devrions arriver en début d’après-midi facile ! Les 5 derniers milles, le parcours est fastidieux et interminable. La pire nav’ psychologiquement parlant d’après Marvin qui pour la première fois depuis notre départ l'hiver dernier, songe réellement à rééquiper Yes Aï d’un moteur, fut-ce un hors-bord sur chaise… C’est dire ! 😮 Une grosse déconvenue si prêt du but, coincée dans la molle et la pétole, nous n’avons d’autre choix que de nous arrêter en chemin et de mouiller devant la playa Tasartico sur fond de bolders. Certes cet endroit est magnifique, mais après avoir passé toute l’après-midi à tirer d’usant et d’innombrables bords de près à une vitesse de 0.5 nds, jusqu’à 22 heures passé, la seule chose qui nous reste à faire est d’aller nous coucher !Une idée lumineuse et sage puisque le lendemain matin, une mignonne petite risée nous envoie d’un trait au port de Mogán sur un bord ! Merveilleux, la chance nous sourit enfin 😁 . Ce n’est pas trop tôt !
Cette navigation prend des airs de croisière et plus on avance vers le sud, plus les températures augmentent ! Depuis Las Palmas et jusqu’à Sardina Del Norte, on ne peut pas dire que la météo ait été fabuleuse. Et pour cause, les vents alizés créent un surprenant phénomène naturel appelé “la mer de nuages”. Ce vent pousse effectivement les nuages contre les versants montagneux du nord de l'île. Après avoir dépassé la Punta de la Aldea, la météo a changé du tout au tout. Dès lors, nous naviguons au plus près de la côte tout du long vertigineuses et peu fréquentée, dans lesquelles viennent s'intercaler quelques petites criques majoritairement constituées de galets. Certaines dorlotent tout de même les rares habitants du coin et les quelques touristes venuent s’extraire de l’agitation, avec un sable noir parfaitement assorti aux falaises et montagnes qui les entourent. Je retiens notamment une parmi toutes celles que nous venons de dépasser, il s’agit de la playa de Güigüi. Guismo, surnommée Guigui étant le nom porté par une chatte de la famille Le Lay … 😜Fin de matinée, début d’après-midi, nous contournons le petit port de Mogán et comme prévu, jetons l’ancre devant la Caleta de Mogán. Sans plus tarder, la chaleur est telle que nous nous jetons nous aussi à l’eau depuis la plate-forme improvisée du canot de sauvetage sur la jupe du bateau ou, depuis le roof histoire de s’essayer au salto. 21°C, c’est la température de l’eau que nous avons plaisir à goûter bien que le passage de bateaux touristes perturbent un peu notre petit festin. Ici, ça ne manque pas de prestations de la sorte : Tour en sous-marin jaune pour admirer les poissons, tour en charter pour profiter des paysages et reconnecter avec la nature en sirotant des bières et poussant la musique à fond 😂, tour en jet-ski ou en bouée-tractée pour vraiment prendre le temps de se détendre. ll existe aussi une navette entre le port de Puerto Rico plus au sud et le port de Puerto de Mogan avec un fond de verre. Bref, il y a de quoi s’amuser et s’émerveiller dans cette station balnéaire. 😁
Pour redorer le tableau (en tout cas à mes yeux), je ne peux pas ne pas parler de celle qu’on appelle “la petite Venise des Canaries”. Des maisons blanches aux traits colorés avec beaucoup de plantes et de fleurs donnent en effet un cachet romantique au port qu’elles entourent. Un lieu surprenant qu’il est agréable de visiter une fois, puis deux, puis trois ! Le labyrinthe que forment les ruelles sont pleines de charme et chaque jour que nous passons ici, nous ne nous lassons pas de nous y perdre.
À côté, il y a la plage protégée par les digues, ce qui rend ses eaux calmes, idéales pour nager tous les matins avant ou après quelques postures de yoga. Dans cet autre monde vit une incroyable diversité de poissons multicolores. D’ailleurs, dans le pactol “prestations touristiques”, il est possible de casser son porte-monnaie en allant observer les deux épaves de Mogán à peine distants de 40 mètres près de la marina. Les deux bateaux furent coulés délibérément afin de développer le tourisme subaquatique 😅. Afin d’observer cette abondante vie marine, nous optons Marvin et moi pour le masque et le tuba 🤿 en choisissant pour site, l’espace derrière la digue ou la plage à l’est du port où il n’y a jamais personne. La prudence est de mise car nous sommes à la merci des vas et viens du ressac assez fort sur cette côte. Et comme astuce, nous imitons l’objet de notre observation. Tout comme les poissons, nous restons impavides et nous nous laissons entraîner par les courants. Je soupçonne certains d’éprouver de la curiosité et d’être attirés par ma chevelure flamboyante prenant dans l’eau des teintes orangâtres 😂. Tête sous l’eau pendant de longues minutes, je me sens comme un poisson dans l’eau ! Je me sens bien. En réalité, je me sens souvent plus proche de la vie aquatique que de celle sur terre. Devrais-je plutôt dire : ce milieu me rapproche de moi-même. Aucune agression extérieure ne vient perturber le calme qui est en moi. Au contraire, la vie qui m’entoure n’est que caresses à mon être et m’invite à trouver le chemin de mon âme, celui du bien-être incarné. Le poisson anges, le sar commun et le sar à museau pointu, le labre, l’étrange poisson trompette atlantique, poisson ballon de Marcronésie, le marbré, la mandole, la coquette (oui oui il existe bien !), Joël (oui oui, c’est bien son nom et celui-ci aussi existe bel et bien 😄 Mais il est si petit que nous n’avons pas eu le plaisir de l’observer !) etc etc etc. D'autres m'esquivent sans difficulté mais je ne connais pas encore leurs noms pour vous les présenter. Dans l’autre sens, je connais le nom de plusieurs autres espèces aquatiques résidents sur ce pourtour océanique mais nous n’avons pas encore eu la chance de les rencontrer. Je pense notamment aux tortues ou aux différentes sortes de raies. Certes, ces dernières j’en ai déjà rencontré dans ma vie, mais elles étaient terrestres et ne présentaient aucune caractéristique intéressante à observer et à rapporter 🤭.
La deuxième nuit au mouillage, c’est Bagdad. Du grand n’importe quoi ! Dans la soirée du mardi 3 juin, une mer de vent s’est levée et a complètement chahuté le plan d’eau. Nous n’avons pas fermé l’œil de la nuit et envisageons dès le lendemain matin de remédier à cela en s'octroyant une nouvelle virée en voiture. Une fois le 4 roues réservés, les épreuves de préparation des bagages et acheminements de ces derniers en kayak vers le premier ponton du port effectué (respiration, on reprend la lecture), nous retrouvons à 18h30 la fiat panda qui nous attend sagement sur un parking voisin. Une version récente et améliorer que celle que j’ai fichu dans le fossé quelques années en arrière (RIP à toi petit pôt de yaourt sur roues), qui m’a valu la cervicalgie que je traine encore aujourd’hui et qui m'aura dès lors gratifié de l’inclinaison d’un cou de giraffe 🦒😭🤣
Bref ! C’est un départ sur les chapeaux de roues ! La Grande Canarie est parfois comparée à un continent en miniature en raison de la diversité de ses paysages et de ses climats. Il y a donc de quoi visiter et pour cela nous nous donnons presque 2 jours plein.Ci-dessous, une nouvelle vidéo présentant les différents sites qui agrémentent avec magnificence notre temps passé dans les terres de cette île et qui, d'autre part, nous fait moins regretter notre décision de passer outre la merveilleuse Gomera.Lundi 9 juin, alors que nous avons apprêté le bateau pour un départ le lendemain matin vers Madère, l’homme qui nous a offert le plan de la place gratuite au port, nous déconseille vivement de prendre cette direction. Selon lui et ses nombreuses années d’expériences, à l’heure actuelle c’est se jeter dans la gueule du loup que de se lancer dans une ascension nautique vers le nord ! Ce serait un exercice interminable voir même indétrônable pour nous mener à l’échec. Les forts vents et courants contraires en cette saison ne nous permettraient pas d’atteindre la surnommée l’île aux fleurs.
Nous prenons ses propos très au sérieux et renonçons rapidement à l’idée de rallier cette oasis verdoyante paradisiaque. C’est un renoncement difficile à encaisser mais nous y trouvons l’heureuse nouvelle de revenir sur notre plan initial. Celui de s’expatrier à La Gomera et de se perdre dans une végétation subtropicale comme nous n’en avons jamais vu auparavant.Demain, c’est mercredi 11 juin, nous croisons les doigts pour que la magie opère et nous expédie d’un coup de baguette magique vers la destination que nous avons choisie il y a très longtemps déjà ! Bonne deuxième nouvelle : Je suis à jour sur mon journal de bord officiel AlloYesAï ! À tout bientôt chers lecteurs et lectrices ! 😁🥰