Cette nouvelle nav 'est la copie conforme de la précédente et il fallait s'y attendre… En quittant la plage del Medio, les conditions paraissent pourtant bonnes et bien meilleures que celles endurées la veille. Alea jacta est ! Nous avançons c'est vrai, mais trop lentement pour imaginer débarquer comme prévu à puerto de Vueltas, à l’ouest de La Gomera, situé dans une enclave privilégiée ...
Que pouvons-nous donc faire à présent ? La mer est chahutée, les plages qui nous entourent ne se prêtent pas au mouillage, les fonds tombant trop à pic. La réunion d’un vent faible et d’un courant tirant vers l'Est nous oblige à rebrousser chemin…Face au parc national d’Acantilados de Alajeró, on se décide finalement à rallier le port de pêche de Playa Santiago, celui que nous avons passé quelques petites heures plus tôt 🙈. Sur la zone de mouillage devant la plage en amont du port, 2 bateaux à l'ancre jouent du popotin à tel point que nous ne pouvons absolument pas envisager de passer la nuit ici. On tente le tout pour le tout : avec détermination et adresse malgré la fatigue, nous parvenons à nous mettre à couple de la seule vedette présente ici, amarrée sur bouée.À peine le temps de souffler, la GV déjà affalée, la barre et les bouts arimés, qu’une femme vêtue d'une tenue de travail grise et orange fluo nous signale qu'il est interdit de rester ici. Nous déduisons qu’elle travaille pour le port et essayons de négocier cet emplacement pour la nuit avant de le quitter demain. C'était sans compter l'arrivée du propriétaire de la vedette dont l'intervention ne joue pas du tout en notre faveur. Tous néanmoins gentils et serviables, nous sommes 6 (sinon 5… Car à part courir sur le pont en ne bittant pas un mot de ce qu’on cherchait à me faire comprendre pour participer à la manœuvre, on ne peut pas dire que j’ai servi à grand chose 🤣). 5. 6 à nous démener pour haller Yes Aï vers le quai d'en face, normalement réservé aux bateaux de pêche. Les arguments réels “sans moteur en état de marche” et “suspicion de voie d'eau” ayant ceci-dit soutenus nos chances de rester dans les parages et pour quelques temps si on le souhaite. Il est 22h, malgré toute la bonne volonté de ces gens dans cette délicate entreprise, notre bateau reçoit une fois de plus une balafre sur l'étrave. Dans la précipitation et par un manque de clarté dans la communication, il s’est mangé les cailloux du quai sans que l'on ne puisse rien faire depuis le pont. C'est une malédiction ?! Mal-et-diction ? Mais qu’avons-nous pu dire de porteur de malchance ? Le même événement que 19 jours plus tôt à Las Palmas 😥 Heureusement, les concepteurs du First 30E ne sont pas allés de mains mortes dans la quantité de fibres polyester et notre Yes Aï n'a rien 🙏. Puisque cela a été proposé si gentiment, nous nous accordons sur le fait de rester quelques jours ici à Playa Santiago. Ne dit-on pas que les meilleures rencontres sont les imprévues ? Cela va de même pour les contacts avec les lieux. Nous nous trouvons bien là à quai et plus précisément, à couple d’un bateau de pêche qui nous dédie une plate-forme large et plate pour nos séances de yoga. Également, un accès facile vers la terre nous défaisant de la tâche de ramer goulument ! (Pour ne pas dire “besogne” , dès lors où l’on ne souhaite pas jouer les équilibristes sur une embarcation très très peu stable ou encore, aimerait préserver nos vêtements propres de l’eau salée … 😏). De plus, une modique corvée nous incombe et il est grand temps de s’en occuper.Cela fait quelques semaines que de l’eau venant de je ne sais où remplit les fonds de cale. Au mieux, elle pourrait provenir de la vache à eau (notre réserve d’eau potable), des toilettes ou du presse-étoupe (pièce d'étanchéité autour de l’arbre de l’hélice moteur) ; au pire, cela pourrait être une voie d’eau par la quille ! J’ai bien dis au pire car cette dernière possibilité nous obligerait à interrompre notre voyage et à sortir le bateau de l’eau pour faire les indispensables réparations avant que le problème ne s’aggrave. Pendant des jours, nous nous sommes obligés à prendre pour WC le seau du bateau 😅 Je ne vous raconte pas l’histoire, une aventure en soi ! 🤣 Tous les 2, 3 jours (voir tous les jours) Marvin s’est donc affairé à écoper la cale et s’est contraint de goûter l’eau à plusieurs reprises,🤢. À croire qu’il aime ça !? Non bien sûr, ceci est peu ragoûtant mais malheureusement, il n’avait guère le choix ! Quoi ? Moi ? Oooh non, j’ai les viscères beaucoup trop fragiles et risquerait l’hépatite ou le MICI ! 😬😇 Il faut déterminer s’il s’agit d’une eau salée ou d’une eau douce (non non pas sucrée … ! Je suis sûre que c’est le mot qui vous est venu en tête 😆). D’après sa fine analyse buccale, il semblerait qu’elle soit mi-douce, mi-salée. On est bien avancé ! Finalement, nous découvrons plus tard, après multiples procédures d'étanchéité sur des zones suspectes que la coupable est la vache à eau ! 🐮💦 Ouf ! Rien de grave. Une bonne couche de sikaflex et l’histoire est réglée ! Nous pouvons désormais nous détendre et nous préoccuper de notre bien-être uniquement. Du repos à volonté sans manquer néanmoins de découvrir, pour commencer, la petite ville de Playa Santiago. Considérée comme la région de l’île la plus ensoleillée, nous profitons de sa plage dont le centre est l'embouchure du barranco de Santiago. Nous découvrons une architecture différente des autres îles canariennes. Ici, les maisons sont plus colorées, passant du rouge orange au jaune ou vert clair. Nombreuses sont semi-troglodytes, construites dans les directement dans les façades des falaises de basaltes. D’autres trouvent leurs places parmi les bananeraies ou la végétation tropicale typique gomérienne. Ce que nous apprécions le plus ici, c’est son aspect touristique présent mais modestement développé.L’île de La Gomera ne s’arrête pas aux frontières de la communauté de Playa Santiago et l’appel des montagnes, entre autres, se fait sentir ! Présupposés exclusivement arides dans la tête des gens, les Îles Canaries sont tout sauf ça ! El-Bekri, un historien et géographe du 11 siècle a jadis écrit ceci dans son livre intitulé, "La description de l'Afrique Septentrionale" : Dans l'Océan,... se trouvent les îles Fortunées (Fortuantoe), c'est-à-dire heureuses. Elles sont ainsi nommées parce que leurs forêts et leurs bocages se composent de diverses espèces d'arbres fruitiers, qui y ont poussé naturellement et qui produisent des fruits d'une qualité admirable; au lieu de mauvaises herbes, le sol produit des céréales et à la place de buissons épineux, on trouve toutes les variétés de plantes aromatiques.”
Ceci est encore plus vrai pour La Gomera qui détient des centaines de plantes et d'animaux endémiques, dont notamment le lézard géant de La Gomera 🦎 mesurant une cinquantaine de centimètres et possiblement l'un des vertébrés les plus menacés du monde. La richesse de sa biodiversité est dûe en grande partie aux effets des alizés dont elle est soumise. Son climat permet également un développement d’une agriculture variée avec entre autres, une autosuffisance dans la production de légumes. Rendu possible pour contrecarrer sa superficie peu importante, par les constructions traditionnelles en terrasses et au vaste réseau de canaux d'irrigation. À ma toute première randonnée, sur les flancs des montagnes, je constate en revanche que ceci est de moins en moins vrai. Avec l’effet de la mondialisation je suppose, ces terrains partent en friche et semblent être abandonnés depuis longtemps par leurs paysans. Cette première rando est peut-être l’une des plus difficiles de l’île. Mais comme j’ai l’habitude de commencer durement … Cette fois-ci cela-dit, je dispose de l’intégralité de mes capacités physiques contrairement à l’été dernier. Dans les pays Balkans où j’ai attaqué cette activité sur des chemins exigeants avec une cheville dans une attelle et à peine remise d’une entorse .. Indisciplinée que je suis 🤫Dimanche 22 juin, après avoir pris un bus de la Guaguagomera qui me dépose dans le hameau d’Imada enfermé dans le ravin de RefateJ’entre dans la couronne du centre escarpé de l'île : le parc national de Garajonay. Ce nom est tiré d’une légende qu’aucun Gomeros n’est sans connaître. C’est une histoire d’amour impossible entre deux jeunes gens de nobles lignées. Gara, princesse de la Gomera et Jonay, prince de Tenerife. Tous deux brûlaient d’amour l’un pour l’autre. Un site touristique de la Gomera la raconte ainsi :
Après une ultime et trop brève rencontre, n’y tenant plus, le prince de Tenerife prit la mer. Grâce à des outres de chèvres remplies d’air faisant office de flotteurs, il s’élança à la nage pour traverser la trentaine de kilomètres qui séparait son île de l’île de sa bien-aimée. Bien que impressionnée par sa bravoure, la princesse de la Gomera, se refuse à lui. Elle lui oppose, non pas son amour qui est réel et tout aussi fort que le sien, que le poids des traditions : jamais dans sa famille royale, les princesses n’ont épousé un homme venant d’une autre île. Fou de douleur, le prince Jonay essaie de la convaincre par la force, mais est vite arraisonné par les gardes. Et on ne s’attaque pas à une princesse sans en risquer les conséquences, tant et si bien que l’amoureux éconduit est mis aux fers et juger dès le lendemain à la peine de mort. Ne pouvant tolérer cette situation et face à ce dilemme, la princesse Gara parvient à faire libérer Jonay et tous deux s’enfuient en direction de la montagne qui porte aujourd’hui le nom d’Alto de Garajonay. Poursuivis par la famille de la princesse, les deux jeunes amoureux se retrouvent finalement encerclés. Ne pouvant pas fuir et ne pouvant pas supporter le sort qui les attend, ils décident de se suicider avec des flèches de bois. Les larmes qui précèdent le drame roulèrent jusqu’au sol et, en abreuvant la terre desséchée, firent jaillir la forêt du Parque Nacional de Garajonay.N’est-pas renversant ?! 😆 Je commence mon ascension avec pour objectif d’atteindre le plus haut sommet de l’île, Alto de Garajonay culminant à 1483 m d’altitude. Sans échauffements, je suis tout de suite confrontée à une montée franche, verticale et vertigineuse ! Le sol n’est que roches volcaniques biscornues sur lesquels quelques vicieux cailloux roulants feignent d'être eux aussi des roches ⚠️. 40 minutes à cracher mes poumons me suffisent pour autant, à atteindre le sommet de la “petite” montagne (en comparaison à ce qui m’attend ensuite !). Je me rapproche du hameau de Igualero et commence à me perdre dans la pampa. Plus précisément, je perds la vue du sentier et pour cause, non entretenu, la végétation a fini par le recouvrir suffisamment pour le rendre invisible. Me voilà à couper à travers champs et cultures. D’abord, je tente une intrusion dans les plants de tomates 🍅, je m’enfonce ensuite jusqu’aux épaules dans un terrain en friche et finis par regagner la route les chaussettes et les pieds couverts d'épines, les bras et les jambes entièrement griffés jusqu’au sang à certains endroits 👍. Heureusement, des signalétiques me permettent de retrouver l'itinéraire pour poursuivre ma boucle.
Elles m'emmènent vers une petite halte au Mirador du village, offrant un magnifique panorama sur la côte ouest de l’île. Ici se trouve une petite église ainsi qu’une sculpture en l'honneur du sifflet Gomero. Il s’agit en fait d’un langage sifflé propre aux habitants de l’île de La Gomera. Autrefois, du temps où le téléphone n’existait pas et pour déjouer l’éloignement entre les habitations créé par les vallées, les canyons, les gouffres et autres précipices, les gomeros usaient judicieusement de leurs langues, palets et dents 😋 pour communiquer entre eux.
Ce court documentaire raconte très joliment ce que c’est que le Silbo. Cette langue insolite, toujours enseignée à l’école afin de préserver ce beau patrimoine culturel et immatériel de l'humanité.
Depuis ce mirador, je grimpe en direction du sommet qui n’est plus qu’à 3 kilomètres de là. Je progresse dans une végétation qui devient de plus en plus verte. Au fur et à mesure que je monte, cette couleur s’intensifie et s'associe à une palette plus variée. Le jaune, le rose, le violet, le orange… Un arc-en-ciel semble s’être abattu sur ces hauts sommets visibles à 360°.
Une fois en haut, j’aperçois notament l’un d’eux avec une forme conique dont les hauteurs dépassent l'entendement. À tel point que même les nuages les plus tenaces se déchirent au contacte de cette suprématie qui s’avère être un volcan bien connu. Le plus grand de tout l’archipel canarien et le plus haut de l’océan atlantique. el Teide. Un stratovolcan de l’île Tenerife est en outre la troisième plus haute structure volcanique au monde. Aussi appelé Pitón de Azúcar ou Pan de Azúcar, en raison de sa ressemblance avec un pain de sucre, le terme « Teide » proviendrait du terme guanche echeide qui signifie “enfer”. En effet, pour les premiers habitants des îles Canaries, le volcan et ses environs étaient interdits d'accès. Une autre étymologie dans cette langue lui donne pour signification “montagne enneigée” car on y trouve de la neige éternelle 🏔️. Après 3 heures de marche intensive (c’est le moins que l’on puisse dire) sous un cagnard assommant 🥵, je me pose enfin. Sur un banc à l’ombre d’un tilia et face à la splendeur de la nature, ma respiration ralentit finalement et revint à un rythme lent. Je me surprends même à ne presque plus respirer tellement le spectacle est à couper le souffle. Je suis seule, moi et l’immensité déversée sous mes yeux par la prouesse de la nature. Je pourrais rester ici des heures entières tant la diversité du paysage depuis là-haut parvient à se regrouper dans mon infime champ de vision d’humain. Dans ces moments-là, on se sent vraiment tout petit face à cette nature et on ne peut qu’éprouver un profond respect pour cette toute puissance.. C’est comme si je ne voulais pas perturber le silence qui règne sur ce toit du monde. Seuls quelques paiements et vrombissement d’abeilles ou de bourdons me ramènent à mon corps. Sans ça, je suis comme happée par un magnétisme que je ne saurais décrire plus amplement et qui aurait pour effet de mettre en pause toutes les fonctions de mon système nerveux volontaire. Heureusement, mon système nerveux autonome quant à lui, se comporte normalement 😅. Je ne pense avoir rien vu de similaire auparavant dans ma vie et j’aurais effectivement pu rester sur ce banc bien plus longtemps si je n’avais pas un bus retour à prendre.
Je poursuis donc ma marche en descendant l’autre flanc de la montagne que je venais de gravir. De cet autre côté, pas de villages, aucune habitation, seulement une forêt. Rien ne laissait deviner ce qui se cache dans l’enchevêtrement des crêtes déchiquetées. Une immense forêt aussi fraîche que verte baignée dans un microclimat humide que j’accueille avec enclin. Ici je commence à croiser quelques touristes ce qui m’amène à comprendre enfin pourquoi je n’avais croisé personne jusque-là. 🌡️🌡️🌡️🌡️🌡️ Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ? Cette chaleur peut-être ? Justement ?! Qui aurait endormi mes cellules neuronales ? 😅
Sur ma dernière étape, je me sépare de ce décor arboré et relaxant pour regagner les crêtes et les plateaux volcaniques. Le rythme cardiaque reprend de la vitesse, la marche redevient sportive Étonnement, je retrouve un second souffle malgré que les membres inférieurs de mon corps commencent à montrer des signes de faiblesses. Je cavale comme un enfant ou plutôt j’ai l’impression, comme un chevreau dans ces espaces rocailleux. Je sors quelques clichés du profond ravin que je longe sur ma gauche. Il s’agit du parc national de Benchijigua avec son notable piton d'Agando. Symbole de La Gomera, il est le plus important pic d'un groupe appelé « Los Roques ».
De retour à Imada, je sirote un jus sur le seul bar du village en attendant mon ticket retour qui sera là dans 2 heures. À 20h15 au bateau, un bon repas rafraîchissant préparé par mon fidèle compagnon finit par m’éteindre complètement 🥱. Je regagne sans plus attendre ma couche et succombe en quelques minutes à l'envoûtement du sommeil de plomb 💤.
Arrive rapidement mercredi 18 juin, jour que nous avons déterminé adéquate pour effectuer notre troisième essai de rallier Valle Gran Rey. Puisse ce jour marqué par un événement historique de grande ampleur, nous porter chance et nous donner le courage de tenir nos voiles et notre barre jusqu’à destination 🤞 18 juin 1940, De Gaulle avait en effet prononcé cette phrase : “L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !” Bon donc ! Comme le général l’a dit et comme l’expression canarienne le dit, on y croit et on s'arrache la tige ! Ipso facto, on déguerpit maintenant et ce soir, nous dormirons à Puerto de Vueltas ! 📣
Mon enfant nue sur les galets
Le vent dans tes cheveux défaits
Comme un printemps sur mon trajet
Un diamant tombé d'un coffret
Seule la lumière pourrait
Défaire nos repères secrets
Où mes doigts pris sur tes poignets
Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai
Quoi que tu fasses
L'amour est partout où tu regardes
Dans les moindres recoins de l'espace
Dans le moindre rêve où tu t'attardes
L'amour comme s'il en pleuvait
Nu sur les galets
Le ciel prétend qu'il te connaît
Il est si beau c'est sûrement vrai
Lui qui ne s'approche jamais
Je l'ai vu pris dans tes filets
Le monde a tellement de regrets
Tellement de choses qu'on promet
Une seule pour laquelle je suis fait
Je t'aimais, je t'aime et je t'aimerai
Quoi que tu fasses
L'amour est partout où tu regardes
Dans les moindres recoins de l'espace
Dans le moindre rêve où tu t'attardes
L'amour comme s'il en pleuvait
Nu sur les galets
On s'envolera du même quai
Les yeux dans les mêmes reflets
Pour cette vie et celle d'après
Tu seras mon unique projet
Je m'en irai poser tes portraits
À tous les plafonds de tous les palais
Sur tous les murs que je trouverai
Et juste en dessous, j'écrirai
Que seule la lumière pourrait
Et mes doigts pris sur tes poignets
Je t'aimais, je t'aime, je t'aimerai
Pour toi océane cette chanson etait pour toi ....nostalgie en ce dimanche