Récidive d'un coup de vent mercredi 21 et jeudi 22 mars. 2 jours à faire le dos rond au port de Tròia avant de le déployer de nouveau en même temps que nos voiles sur notre régatier. Le vent complètement dans le nez et l'étroite sortie du port, nous amène à chercher de l'aide. Le bureau nous oriente vers un de ses marinos João, un homme très sympathique d'une quarantaine d'années, surfeur, déplorant tout comme nous la gestion actuelle des ports. Remorqué à l'aide de son zod, il nous envoie avec une remarquable agilité dans le lit du courant remontant la rivière en nous souhaitant bonne chance. Des résidus du coup de vent passé sont encore bien présents. La brise est soutenue en ce début d'après-midi, quelques rafales montent à 20 nœuds. Par conséquent, on se la joue cool et naviguons avec le solent à l'avant + 2 ris dans la GV. Surprise, ces conditions dégringolent la demi-heure durant laquelle nous sortons de l'estuaire. Notre oiseau marin devient dès lors un escargot dont la bave nous scotche parfois plus qu'il ne faut. Largement sous-toilé pendant la moitié du parcours, nous renvoyons un ris et déroulons le génois. Plus tard, le vent remonte à 15/ 20 nds établi et notre attention aussi heureusement, sans dépasser la moyenne d’une tension artérielle normale 😌 Nous sécurisons l'affaire avec 3 tours dans le gégé, voiles en ciseaux et zou ! 36 15 code ficelle, la flèche est partie, tout droit sur le bois flétrie du pontoon de Sines⛵🎯 😜 Bref, une traversée facile et heureuse ne donnant rien de plus à relater que ce qui vient d'être dit. Pas plus que cette escale de 2 nuits et à peine 2 jours. Un accueil tout aussi agréable que nos dernières expériences décuplent notre motivation à faire du mouillage quel que soit la météo 😼.
Nous ne sommes pas mécontents de constater soit dit en passant que celle-ci s'améliore considérablement les prochains jours ! 🌝😎Mercredi 26 mars, la mer est belle, le vent est nul, niquel pour passer la digue en toute sécurité. Contrairement à hier où nous avons évité de peu une catastrophe. Il n'en fallait pas beaucoup plus pour que notre Yes Aï finisse coincé entre un ponton et les cailloux du môle 🙀 Une histoire d'amarrage et de lecture du vent pas des plus efficace sur un départ peut-être trop précipité ! Qu'importe maintenant, notre sang froid est redevenu chaud pour rejoindre l'accueillante et apaisante côte sud du Portugal. 😁Au petit matin, le départ se fait à la grand-voile et à la godille. Un réveil musculaire imposé mais accepté car Marvin qui s'en donne à cœur joie 😄. Comme à nos habitudes pendant une bonne heure nous cessons d'avancer par manque de vent mais pour une fois nous nous y attendions, c'était prévu. Doucement, la température extérieure monte au fur et à mesure que le soleil grimpe dans le ciel. Cela suffit à nous forger de patience et à saluer joyeusement les pêcheurs rasant pourtant de très près notre bateau subissant le remue-ménage qu'ils créent. L'anémo toujours en l'état de dormance dans la cabine arrière a relayé ses fonctions à nos drapeaux. Bientôt, nos pavillons s'animent timidement mais sûrement. Nous passons la zone de mouillage des monstres d'acier et hop c'est parti ! Spi et kiki dehors 🤪 Oui oui, vous avez bien compris. La nudité demeure un sujet tabou à l'ère d'aujourd'hui. C'est pourquoi, je ne manque pas d'en parler ! Quelle bêtise de passer à côté de toutes occasions de mettre au grand air toutes les parties du corps qui ne demandent qu'à respirer ! On oublie souvent que la peau respire et pas seulement les poumons. Mais on l'étouffe. On l'asphyxie continuellement de nos vêtements le plus souvent bas de gamme et cintrés à souhait puisque quoi ? C’est la mode ! L'autre fois, j'ai croisé une jeune femme au visage de cire, tartinée de maquillages que même 5 coups de scotch brite ne pourraient pas retirer. Elle portait un top manche court et ventre court en haut et un jogg en bas. Je ne comprenais pas pourquoi elle ne remontait pas son futal plutôt que de le laisser traîner dans l'eau de mer. Comme tout le monde, je suis malheureusement remplie d'a priori ainsi, mes pensées ont traité l'analyse de cette croûte mouvante (ça ce n'est pas très gentil 🙊) au travers de ces derniers. L'hypothèse que j'en ai donc tirée et qu'elle préférait “suivre la mode” vestimentaire envers et contre tout même si cela lui demande d'alourdir sa marche à la base de ses jambes. Jogging qui j'imaginais finirait presque aussitôt qu'il a été porté dans le panier à linges 🤭 Bref, mieux vaut en rire ou tourner le regard ailleurs si ce spectacle génère trop de tourments 😁.À une époque où l'intime se dévoile sans pudeur sur les écrans, le corps nu dans son plus simple appareil continue de choquer. Comment expliquer cette pudeur ?Fut un temps (pas très loin non plus) où il m'était difficile de retirer mes vêtements à la plage et de m'afficher en maillot de bain. C'était pour moi malaisant autant de part la situation que par la controverse qui s'invitait en moi. J'éprouvais un désir de me délester de ce fichu maillot de bain en même temps que de me creuser un trou dans le sable pour me cacher du regard des autres.Quand est-il du symbole français Marianne, la femme libre dont son sein nourrit la France ? Se mettre nu est de nos jours curieux, suspect, ambigu et forcément, équivoque d’une intention sexuelle. Ceci est plus vrai encore quand il s'agit d’un corps d'une femme.Les sciences sociales expliquent cela de différentes manières. Ce qui ressort le plus sont le résultat d’orientations judéo-chrétiennes, un refus du désir ou une peur naissante face à l'augmentation des cancers de la peau.Peu importe, en ce qui me concerne, je commence à cumuler quelques expériences me retirant petit à petit cette espèce de pudeur et c'est tant mieux. Je rencontre des femmes libres et libérées que je ne peux qu' admirer et envier. En grandissant je me demandais si sincèrement je voulais devenir puritaine en tous temps et en toutes saisons ou bien me défaire de ce caca de fardeau incrusté dans mes pores auquel toutes explications ne portaient pour moi aucune légitimité. Bien au contraire, j'ai appris ces dernières années que la chaleur du docteur soleil doit atteindre la peau sans entrave (the bikini) et l'évaporation de la sueur doit pouvoir se faire facilement pour gagner en bien-être et en santé. En ce jour propice du mercredi 26 mars, à 5 milles de la côte sud-ouest portugaise, loin de tout regard indiscrets, sous un soleil à présent au zénith et des températures dépassant les 24°, la mise à poil est de mise ! J'en avais rêvé et voilà que je le fais.Je suis parcourue d'une agréable sensation de liberté physique. Un esprit sain dans un corps sain ? J'ai envie de dire : un esprit libre dans un corps libre ! C'est drôle et je m'en amuse d'ailleurs beaucoup ! Toutes scènes de la vie quotidienne à bord devient un acte rigolot. “Tiens Marvin, je fais couler un caf’ ? Du thé ?”“Ah! J'ai envie de faire pipi ! Oh bah ?! Ah oui c'est vrai je n'ai pas de culotte à baisser ! 😛” Pendant ce temps, Marvin tout naturellement ,le corps lui aussi nu dans sa plus simple expression envoie un coup de manivelle au winch pour régler Bostick le spinnaker (je sens que certains lecteurs auront là l’esprit mal placé mais je tiens à préciser qu'il n'y a chez moi aucune attention d'ambiguïté dans mes propos 😇 ).Eh Cahuette, t'as vu ? Je suis comme toi, à poil !!!”“Tiens,J'irais bien faire un ptit tours à l'avant du bateau moi ..!” “Dis donc qu'est-ce que ça déploile ici !”“ Non… Oui…, j'en rate pas une 😁Fait chauud ! Auto est aux commandes et ça glisse comme un couteau dans du beurre. “C'est le moment de s'envoyer un seau d'eau sur la tête non ?! Ça te dirait ?!” s'exclame Marvin.“Ohlala noooon ! 🙀 Ou bien oui allé !”Fllllaaaque !!! S'ensuit un “Aaaaaahhhhh” aïgue et désinvolte. Revigorant et appétissant. L'heure est venue de manger toujours tout nus et bientôt tout dodu, comme ça jusqu'à la tombée du jour (si on considère que le jour laisse place à la nuit), la tombée de la nuit (si on admet que la nuit tombe sur le jour).En cette saison symbole du renouveau, chez vous aux fourneaux, à récurer les chiottes ou passer l'aspirateur, dans votre jardin, à bêcher le potager ou arroser les fleurs, permettez vous ce plaisir si vous le pouvez. N'attendez pas la douche pour goûter à la nudité. Je vous encourage lecteurs, lectrices à jouir de vos sens, à les explorer autant que vous le pouvez en commençant par vous mettre à poil.“Ensemble, tout nus, c'est comme ça que l'on gagne ! Ensemble, tout nus on en viendra tous à poil !” ✊Nous passons un nouveau cap et pas n'importe lequel. Sao Vicente. Aussi joli que la sonorité de son nom l'indique, la beauté du paysage ne laisse pas indifférent ! Dommage alors qu'on le passe de nuit 💁♀️ Il représente la pointe extrême ouest de la côte méridionale du Portugal et l'extrémité occidentale du golfe de Cadix. Il marque en même temps la pointe extrême sud-ouest de la péninsule Ibérique ainsi que celle du continent eurasiatique. Il fait partie de l'aire protégée du Parc naturel du Sud-Ouest Alentejano et Costa Vicentina et est particulièrement riche en vie marine, notamment en oiseaux marins et en mammifères marins. On y voit des dauphins commun ou grand dauphin mais également des dauphins à long bec, des dauphins de Risso, des dauphins bleu et blanc ou dauphin bleu (tout court 😜). On peut croiser des orques… À la bonne heure ! (Ou pas 🤔😳). De nombreuses interactions ont eu lieu et ont été répertoriées depuis 2022. Un phénomène encore très méconnu et très interprété par l'humain se produit en général pas très loin des côtes. Il arrive de plus en plus souvent qu'un groupe d'orques (souvent 1 ou 2 adultes avec 2, 3 ou 4 jeunes) s'approche de voiliers et démolie de coups de dents leurs safrans. Un jeu, une attaque ? Les “spécialistes” ne savent trop quoi en penser et les navigateurs voient subitement leurs porte-monnaies bailler pour parfois n’avoir plus rien à cracher. En ce qui nous concerne nous oscillons entre l'envie de rencontrer ses majestueuses grosses bébêtes pour toutes les raisons que vous pouvez imaginer par vous-même ou de ne pas les croisés de sorte à rester à flots 😅 Notre bébête à nous étant relativement petit et léger, ce ne serait peut-être pas uniquement notre gouvernail qui en pâtirait mais son arrière-train tout entier. Qui sait d'ailleurs si sans réclamations de notre part, ce ne serait pas un tour de voltige qui nous serait offert ! Sans exagérer, autant vous dire que la situation pourrait devenir, très, très, très…, trèèès compliquée !
J'ai l'intime suspicions cependant (puisque conviction n'est en effet pas là approprié) que ce que le site orquas.pt qualifie comme étant des “attacks” soit un apprentissage pour que le message “Nous n'arrivons plus à vivre et à communiquer avec vos conneries, arrêtez vos allées et venues incessants” soit bien relayé ! Ne pouvant pas se mesurer à plus grand qu'elles, souhaitant se faire entendre ou devrais-je dire remarquer.. Je ne sais pas, une supposition ni plus ni moins. Il est en tout cas conseillé aux navigateurs de suivre des instructions à mon avis aberrantes voire complètement idiotes. Pour éviter de rencontrer les orques, les recommandations sont de naviguer au moteur au plus près des côtes puisque c'est soi-disant à une distance réduite du continent qu'elles s'aventurent le moins. Je suis allée voir les sites et rien de laisse penser cela. Elles ne sont pas timides, elles n'ont pas peur et à ce que j'en sais tortillent leurs nageoirs aussi bien au large qu'à moins de 5 milles des côtes. Et je ne pense pas en outre, que faire tourner un moteur à longueur de journée soit la meilleure solution pour ne pas attiser leurs agacements, si agacements il y a. Suis-je naïve aux pensées farfelues ? J'aimerais bien le savoir !Des dauphins, des orques, des marsouins aussi, des baleines, de “petits” rorqual, de grands cachalots, des requins (pèlerins, marteau..), des tortues etc etc etc. Un melting pot océanique passe sous nos pieds et on n' y voit que du feu. Ou devrais-je dire que du noir…😵😄Après le cap, nous évoluons comme sur un lac. 1ère expérience de ce genre pour ma part qui n'ai pu connaître jusque là que vacarme de la houle qui claque sur la coque. Cette fois le roulis est berçant, la glisse est fluide, tendre et stable. Je me surprends à faire 4, 5 postures allongées sur la banquette bâbord tant le contexte s'y prête. Une petite sieste et je relaie Marvin à la barre. Quel incroyable sensation que de communier avec les éléments sans même chercher à le faire. Le bateau que je tiens et guide entre mes deux petites mains potelées ne présente aucune hardeur. Notre cheval de course serait-il fatigué ? Courage Yes Aï, plus que 20 petits milles à sillonner. Tu peux garder ce rythme qui me va très bien lui dis-je intérieurement. Cette cadence m'offre la possibilité d'observer la beauté et les confins du ciel étoilé venant se refléter sur la mer. Je me sens doublement flotter. Sur le bateau et dans l’éther. Rien n'entrave le monde stone qui m’entoure, pas même la fraîcheur de la nuit restant dans l'ordre du supportable. Je me laisse aller à la rêverie et sans ambages, elle ne m'embarque pas beaucoup plus loin que là où je me trouve maintenant. Qui de grâce a créé cet univers et mes yeux pour les voir ?En parlant de bancs de sable… Je me trouve dans la descente de l’escalier quand tout à coup, Boum ! Yes Aï but violemment et s’arrête tout net 😲
“Qu’est-ce que c’était que ça ?” dis-je à Marvin, inquiète.“Merde ! On est tanqué !” répond t-il. À moi ou plutôt à lui-même…Oups 😯 Ça n’est pas bien grave. La coque du bateau a été conçue pour supporter de pareils événements mais il ne faudrait pas tout de même en abuser. Pour poursuivre notre avancée, nous n’avons plus qu’à attendre que la marée monte encore, qu’elle atteigne un niveau suffisamment élevé afin de déblayer la quille de son piège semi sableux-vaseux.Chanceux que nous sommes, un pêcheur tout proche de nous a pu admirer cette scène abracadabrante et nous vient finalement en aide. + un remorquage! 😅 Je commence à soupçonner Yes Aï de montrer des signes de fatigues, trop fière pour nous le dire plus simplement 🤔😜Sur ce coup là, nous avons manqué de vigilance en prêtant trop peu d’attention aux profondeurs des lieux et en suivant bêtement les indications GPS. Ainsi voilà donc les limites des nouvelles technologies. Cette leçon montre que rien ne remplace un marin observateur et avisé. Le chenal dragué à 2 mètres de profondeur (valeur correspondant à la hauteur d’eau trouvée à marée basse par grand coefficient de 120), il aurait dû y avoir aujourd’hui et à notre emplacement même 3, 4 m d’eau. Certes, il n’est pas évident de tout anticiper, surtout lorsque nous nous trouvons sur un site comme celui-ci et qui nous est encore inconnu. La vie quelle qu'elle soit et où qu'elle soit cherche son équilibre dans le mouvement. Ici, le vivant s’exprime tout particulièrement dans l’élément qu’est l’eau. Un artiste qui façonne en continu la terre, entre autres en déplaçant les bancs de sable. Nous nous sommes fait surprendre par l’une des 12 lois universelles, celle de la loi mutable du rythme. Quelques minutes plus tard, comme si notre goût du risque n'avait pas été assez stimulé, nous prenons la décision non pas de mouiller tout de suite sur notre spot de prédilection mais de slalomer entre les nombreux bateaux se trouvant sur notre passage vers un ponton aux abords de la ville. Cela ne passe pas inaperçu puisque bien entendu, nous le faisons à la voile sous quelques regards ahuris, d'autres émerveillés (notamment celui de notre futur voisin polonais 🙃), d'autres encore daidaigneux dont 2 équipages français 🤔😅. C'est en tout cas une nouvelle réussite pour le nôtre qui part maintenant sourire aux lèvres et sac à dos à dos comme prévu à la recherche de provisions. En laissant derrière nous le front de mer avec quelques mignonnets bateaux de pêche amarrés le long des rives, nous entrons curieux dans les petites rues d'Alvor. Nous avions lu qu'il s'agissait d'un endroit prisé mais dont l'architecture ancienne reste encore préservée du tourisme. Ceci est confirmé par la critique amatrice du magazine officiel AlloYesAï 😁.Des maisons faites de briques et de brac et d'autres traditionnellement blanchies à la chaux bordent d'étroites rues pavées. Le centre historique comprends de nombreux restaurants aux soigneuses et colorées devantures, attisant prodigieusement nos estomacs gourmands 🤤 Une épicerie !! On prend fuite tant qu’il est encore possible, GO Go go ! Nous trouvons tout ce dont nous avons besoin, retournons au bateau grailler un bout pour satisfaire nos appétits graaands ouverts et sans plus attendre, partons nous immersion dans une nature sauvage, loin de l'agitation et des “attraptions” (dérivé d'attraction” et d’“attraper”) touristique 😄.Nous attrapons de préférence le premier chemin sur notre droite nous menant à une série de passerelles surélevant les dunes de sable protégées. Nous savourons cet instant de marche reposante autant de part le paysage qui s'ouvre sous nos mirettes que par la barricade canidé domestique que servent les Passadiços de Alvor. Leurs hauteurs permettant de canaliser cette Huette girouette quand le nez remplace la tête. 🐶🐽😜Le lendemain en milieu de journée, on refait le chemin inverse sur ½ mille soit 900m pour rejoindre notre mouillage chéri de 1er choix. Face à un domaine privé (non occupé forcément, pourquoi le serait-il ?🙄💁♀️) perché sur une petite colline arborée se trouve à ses pieds, un estran. Sur cet estran il y a un ponton ! Et sur ce ponton Mezdames et Mesdieux, il y a... Rien … 😶
Nous avons aujourd'hui presque horreur des pontons (ce mot m'est devenu insupportable 😳) dû à une sur-consommation passée mais attention. Celui-ci est différent ☝️. D'abord, nous n'y sommes pas amarrés, nous sommes donc définitivement débarrassés de tout le ramdam qui lui est associé. Ensuite, son état complètement fracasse n'enlève rien de son caractère trop classe ; car il faut bien le reconnaître son côté pratique lorsque l'on ne souhaite pas ramener trop de sable dans le bateau !Bref, à tours de rôles, sans que personnes des mouilleurs d'Alvor (les gens au mouillage 🤓) ne communiquent à ce sujet, les allées et venues sur cette plateforme s’organisent et se suivent à merveille avec une telle fluidité qu’on pourrait croire voir des marionnettes articulées par un Dieu farceur, un peu perfectionniste au-dessus d’elles 😄. Fascinant ! Tout ce petit monde (5, 6 bateaux donc si mon raisonnement très poussé tient debout, je dirais 5, 6 équipages 🤓🤓🤓) le privatise, et s'offre par la même l'exclusivité de jouir de la plage sur laquelle elle repose. Se créer efficacement le partages des temps de loisirs et de distraction sur cette cours de récréation sans qu'il y ait une once de concertation. C’est magique ! Cela, à toutes heures de la journée. Au mieux on se croise sur l'eau avant de mettre un pied dans le sable. Magique j’vous dis 😜 À ce propos, la plupart du temps, nos croisements ressemblent je trouve à un défilé ou un gala aquatique 🙃. Un marathon peut-être mais moue de la pagaie 😁 prônant forcément la mollesse et la lenteur. Ou c'est comme une scène ouverte d’une pièce de théâtre dont l’acte ironique ou dramatique (selon les points de vue propre et à chacun) serait le déplacement d’individus bipèdes, quadrupèdes formant un tout Multicupèdes 🤔🤓🤓🤓🤓 (mais ces détails, on s'en tape en fait) hypnotisé par s'te petit bout de terre 😆. De drôle de choses mouvantes, en canoë, en kayak ou en annexes comme face à un mirage ; parfois lymphatiques parfois dissipés mais toujours alanguies par cette grève non référencée sur Google Map 👀Pour nous qui avons un espace de vie réduit, il s'agit véritablement du centre névralgique de notre communauté. C'est là que tout se joue : Balades inter-espèces ou pluri-espèces selon la cargaison. Chiens, humains, chat 🐱😍. Chasse pour certains, baignade pour d'autres. Bien sûr, siestes et bronzettes, pipi, popo-room 🤫, construction de cabane, édification d’optimists etc etc.Ainsi va la vie à l'ancre dans la Ria de Alvor. Nous passons nos journées à bouffer le soleil (oui, je ne voudrais pas le dire autrement !) tant nous en avons manqué. Nous sortons tout ce que nous pouvons sortir ! Le bain de soleil, Beeze le paddle, Sevy le kayak, la table du cockpit, nos sacs de couchage, notre linge à sécher … C’est un véritable jeûne pour notre bateau Yes Aï. Tout se fait dehors, lire, siester, jouer de la musique, manger, se laver ! Nous avons installé la douche solaire sur la plage avant du bateau et, vêtu de nos maillots de bain (oui parce que notre appétence pour la nudité prend vie en toute intimité. Au moins pour l'instant… Ne jamais dire jamais ! Bien que …😳). Écrire évidemment ! À côté de son journal de bord, purement disciplinaire et pratique, Marvin tient un autre petit journal pour ses pensées philosophiques et narratives. Et ce long 1er week-end d’avril où, notre tranquillité est quelque peu bafouée par des bateaux sur-excités, se donnant une heure ou deux pour ramener du poiscailles à la maison de vacances, voici ce qu'il écrit : “Comment l’homme a-t-il pu développer une telle appétence pour la laideur et le bruit ? Partout où nous nous arrêtons, la corrélation entre la présence de notre espèce et la nuisance sonore et le moche est frappante. Je reconnais néanmoins que les espagnols et les portugais semblent voir la vie un peu plus en rose et autres couleurs que dans nos contrées. Peut-être côtoient-ils tout simplement davantage le soleil, sa lumière et sa chaleur. En revanche, le bruit qui découle de l’agitation - terme que je préfère à activité tant il est selon moi plus approprié - humaine, qu’on le trouve lui aussi plus coloré ici qu’ailleurs, reste du bruit. Les moteurs plein gaz, la musique forte - si tant est qu’on puisse appeler ça de la musique - tout est bon pourvu que ce mortel silence de la vie sans homme soit comblé.”Tout ce tintouin dure 4 jours mais nous parvenons à l’éviter facilement en profitant de longues balades pour nous en éloigner. Elles se font un jour à pied, vers l’arrière campagne ou sur les aménagements surmontant l’importante zone humide ; en paddle - kayak l’autre jour pour aller chercher le “Dique dos Montes de Alvor”. Ce n’est en fait rien de plus qu’une digue avec une vanne dite d'intérêt écologique pour optimiser la croissance de diverses espèces de poissons et la présence de nombreux oiseaux comme les spatules, les flamants roses et les grèbes. Personnellement, je ne vois pas ce que cette installation vient rajouter de plus au travail naturel du va et vient des marées ??? Il faudrait probablement se pencher davantage sur le sujet pour trouver la réponse. 6 jours s'écoulent à Alvor. C'est au moment où la météo nous dit que l'heure est venue de repartir que nous raccrochons la notion du temps. Ce bouleversement spatio-temporelle est en règle générale vue comme la perte d’une faculté, une dite désorientation transitoire ou durable. Selon moi, c'est tout à fait le contraire. Oublier le temps, c'est se rappeler la vie dans son authenticité, sur ses fondements intrinsèques. Quitter la temporalité, c'est entrer dans l'essentiel (essence du ciel) : aimer chaque chose, aborder chaque événement de la façon dont il se présente à nous. Entrer dans un flow universel et se laisser tout simplement porter. Je vois cela comme une porte d'entrée vers la joie, la satisfaction, la reconnaissance, l'abondance, la fluidité, finalement comme le chemin du bonheur (bonne heure 😊). Vivre simplement avec le stricte nécessaire dans des lieux où surplomb encore le règne de la nature à l'organisation humaine (que je citerais même d’“imaginaire”) aide à transcender tout ce qui altère cette connexion au Tout porteuse, je me répète, d’amour et de joie. Je ne suis pas en train de me construire une nouvelle vie. Je ne suis plus sûre que l'objet de notre existence sur terre soit de se construire une vie mais à l'inverse, de déconstruire tout ce que nous avons appris de nos parents, à l'école, au travail etc. S'il y avait un point commun entre tous les individus de passage en ce monde qu'est la terre, peut-être bien qu'il serait fondé sur ce “travail” (je n'aime pas ce mot mais il convient je pense pour me faire comprendre) sur soi de repenser la vie en se défaisant de toutes choses freinant notre sentiment de liberté. Abandonner l'endroit (en-droit) d'une réalité pour trouver l'envers (en-vers = vertus).Il y en a une qui existe déjà sur la bonne face de la pièce et qui est un bon exemple de prise de liberté dans le respect le plus total des êtres qui l'entoure. Elle s'appelle Cahuète. Plus investie que jamais dans sa mission quotidienne que Marvin a nommé “Tikas Masalas”, elle nous donne du fil à retordre en revenant de ses promenades en solitaire, remplie de tikes. Ces raisins suceuses de sang ne sont ni un souci pour elle, ni un réel souci pour nous qui reproduisons tous les jours les mêmes gestes plutôt que de trouver une solution à leurs invasions ou encore chercher l'isolement pour y parer.
C'est en effet notre départ vers Portimao mardi 1er avril qui met fin aux fonctions de la Huète à l'école de la brousse.