Séjour qui s'éternise à Valle Gran Rey ☀️

Publiée le 05/07/2025
Se perdre et se retrouver à Valle Gran Rey... Vallée où habitait le chef autochtone Hupalupa, principal artisan de la Révolte des Gomeros de 1488.

Avec un peu de conviction et une bonne dose de détermination, nous parvenons à atteindre Puerto de Vueltas 😅🥳. Et quelle destination ! L'amarrage au quai nous offre le meilleur point de vue qu’il puisse y avoir ici. Sur la ville proche d’un côté, pittoresque car encastrée dans les falaises et assez loin, tout de même, pour s’extraire de l’animation. Si on peut encore parler d’animation car règne ici un calme aussi surprenant qu’agréable. Bien que la langue la plus parlée soit l’allemand, le tourisme se fait discret de jour, de soirée, comme de nuit ! Celle que l’on entend le plus finalement, c’est Cahuète qui aboie sur tout ce qui passe sur le quai. Chiens comme humains, le passant qui empiète sur son nouveau territoire se voit gratifié d’une assourdissante escorte ! 🔊👍😩  De l’autre côté, les falaises. Le meilleur moment pour les observer est le soir, quand le soleil descend jusqu’à la limite de passer derrière l'horizon. Il les inondent d’une lumière chaude, transformant leurs silhouettes et mutant leurs couleurs marron d’une couleur rouge ocre. De ce même côté, la caractéristique playa de las Arena dont l’accès est très atypique ne laisse pas indifférent. Le seul qui existe passe au pied même des falaises à 1 ou 2 mètres de plus seulement au-dessus du niveau de la mer. Sur cette pass (fermée au public mais ouverte malgré tout. Un désaccord passé semble être révolu...), on se rend bien compte de leurs hauteurs vertigineuses. C’est de loin et jusque là, le meilleur arrêt à quai que l’on ait eu à faire dans tout ce voyage. Quand bien même l’approvisionnement en eau s’avère compliqué puisqu’il faut la transporter à pied dans nos deux jerricans de 20 L sur 600m. 🥵 Et tout en sachant que notre réservoir d’eau peut contenir plus de 100L.. (Je vous laisse le soin de faire le calcul du nombre d'allers/retours que l’on doit se farcir si l’on souhaite la remplir totalement 😅). 

Yes Aï à quai de Puerto Vueltas
À proximité de la ville
Et du port de pêche
2 zigotos rappelés à l'ordre et interdits de baignade autour du quai... C'est bien dommage
Les falaises au coucher du soleil & Hulk à l'œuvre
Playa de Las Arenas à l'est de porto de vueltas
Acceso a la playa, très bon terrain de jeu pour Cahuète. Mais attention aux éboulements !

Les premiers jours, on ne fait que roder dans la ville, sur ses plages et dans le barranco de Argaga. C’est depuis ce dernier que proviendrait la meilleure eau de l’île… Très vite, on se sent comme à la maison. À l'aise et accueilli par des gens souriants et sereins. Ici, lorsque vous évoquez et montrez du doigt un chat en disant que vous l’aimez, on vous répond en toute simplicité qu’on vous aime aussi. 😯 C’est gratuit ! Allez merci !? “Je vous aime → Ah merci”. 🤦 La réponse de quelqu’un non habitué à tant de complaisance et de tendresse de la part d’un inconnu. 🤣 Fut un temps où une communauté de hippies habitait ces lieux. De nos jours, elle a “presque” disparu mais l’atmosphère en est encore très imprégnée comme vous pouvez le constater avec l’exemple que je viens de citer. À moins qu’elle subsiste secrètement et discrètement aux yeux des gouverneurs bien moins tolérants et ouverts d’esprit qu’autrefois.

OOOh une hippie cela ne fait aucun doute !!
Perdu dans le barranco de Argaga !
Grottes, cailloux, palmiers et plantes grasses et voilà tout
Ah si pardon, quelques maisons privilégiées et Marvin 😁
Un petit tours en ville ?
Croton, Calathéa paon dans les jardins
Diverses autres plantes, arbres en fleurs, la liste est longue !
Toutes magnifiques et très odorantes 🥰
Parmi une architecture locale de bon goût
Que ts habitants soignent méticuleusement.. Eau pour nettoyer le trottoir de pipi et de 💩
plans verticales
Derrière, les très hautes falaises
Autour le bleu de l'océan où grouillent un grand nombre de poissons 🐠
Des bananerais à gauche et .à droite... Bin je ne sais pas ce que c'est ! 😅
En tout cas c'est curieux et joli comme la décoration en mosaïques
Culture de bananiers, sensations tropicale assurée
Jamais un article sans un tag ! Celui-ci difficile à trouver
Statuette illuste du folklore de La Gomera qui à son propre tambour

Aussi, une habitude se crée. Tous les matins, c’est 20 minutes aller, 20 minutes retour de marche jusqu’à la playa Puntilla pour prendre un bon bain de mer.. Le reste de la journée, il faut chercher de l’ombre si on ne veut pas s’assécher comme une crotte au soleil 💩. Pour se faire, Marvin installe un taud par-dessus le cockpit, bien plus efficace que le petit parasol sorti tout droit des poubelles,qu’il faut se partager à 3. Autre solution : Se la jouer offensif et partir en randonnée ! Quitte à suer, suons franchement 🚿. Après tout, nous ne sommes pas venues ici pour enfiler des perles comme on dit ! Plus sérieusement, un équilibre s'installe de lui-même entre les temps de repos et les temps actifs à crapahuter dans les montagnes, à couvert de la dense végétation subtropicales ou à découvert, sous le grand cagnard et sous les yeux rieurs de quelques chèvres bien plus adaptées au climat que nous autres français en exil ! Allongées dans des cavités rocheuses pour nous indéniablement inaccessibles, je soupçonne en effet ces comédiennes cornées de regarder passer les bipèdes avec un air genre détachés mais narquois ! Un brin de moquerie se fait sentir et je crois deviner quelques sourires à peine dissimulés ! 😁 En même temps, je peux comprendre… Peut-être passons-nous pour des fous inexpérimentés, sous nos vêtements imprégnés d’excrétions nauséabondes et courbant piètrement le dos sous nos sacs lourds. Alors qu’elles, naturellement, trouvent la gloire et l’élégance dans ce territoire “circaprins” ! (Circassien-caprins). Enfin bon bref ! 😏


Au cours des randonnées suivant les premières à la Gomera, depuis Playa del Medio et Playa Santiago,  nous pouvons nous rendre compte de la dominance de l’agriculture et des propos tenus par cet historien et géographe du 11 siècle, El-Bekri dont j’ai parlé dans l’article précédent. Partout des bananeraies 😍 (affriandant pour nous qui sommes de grands fans de bananes et que nous consommons plus que régulièrement !), à foison, des arbres fruitiers enflés, parfois ballants de par leurs grandes quantités de fruits. Des papayes, des raisins, des avocats, des figues, des abricots, des mangues… Pour la grande majorité, outrageusement (non je n’exagère pas) non encore mûres en ce mois de juin… Désastreux pour mes cueillettes sauvages réduites à néant 😭. Je découvre aussi pour la première fois, des ananas en culture poussant à même le sol 😯.

L’avantage d’être à Valle Gran Rey, c’est l’accès facile qu’elle offre aux départs de nombreuses randonnées de l’île. Tout au plus, il faut reprendre un Guaguagomera 🚌 qui semble avoir organisé ses arrêts selon les lieux à visiter 👌.En réalité, Valle Gran Rey n'est ni un village ni un hameau mais le nom de la commune et de la vallée verdoyante qui aboutit à l'océan entre La Puntilla et La Playa. Néanmoins, les gens ici disent y habiter dès lors où leurs vies s'établissent dans un des hameaux qui l'entourent. La Calera en fait partie et c’est depuis celui-ci que je me lance dans la première randonnée du coin avec Marvin et Cahuète. Après avoir remonté la vallée, nous entrons dans un impressionnant ravin portant le nom de “Barranco de Arrure”. C’est apparemment une randonnée à la Gomera à ne pas manquer ! Le cadre est remarquable, verdoyant et ainsi, ombragé. Les parois qui se resserrent au fur et à mesure de la balade, procurent un drôle d’effet ! Le passage devient de plus en plus étroit. Effectivement, le sentier au départ se dissimule graduellement dans le lit de la rivière pour ne devenir que des pierres glissantes et de la boue ! C’est un gymnase en plein air 🤸 mettant notre dextérité à l’épreuve en raison du nombre d'obstacles à franchir et parce qu’il arrive souvent qu'il faille passer d'un côté à l'autre de la rivière, à l'aide de roches ou d'une poignée de roseaux forte heureusement bien disposés. Celle qui excelle le plus dans cet exercice c’est Cahuète. Faut dire aussi, mettre les papattes dans l’eau ne lui pose aucun problème. Rien ne lui résiste ! En tout cas pour l’instant … Les immenses palmiers et les cactus figuier de Barbarie disparaissent également pour laisser place à une variété de plantes subtropicales et aromatiques. C’est un véritable festin visuel et olfactif !  Sur le parcours nous passons trois petits ruisseaux et au bout, nous espérons trouver une grande chute d’eau. Après 1 heure de marche (et de sautillements) une belle cascade qui dévale la montagne apparaît dans toute sa splendeur. On ne se fait pas prier et prenons la douche fraîche bien mérité avant d'entamer le chemin retour. Ce site est un des nombreux trésors que recèle La Gomera paraît-il, ne pouvant être vu que par ceux qui osent parcourir les kilomètres acrobatiques qui la séparent du village El Guro, le point de départ de la rando. Je le visite d’ailleurs au retour. En prenant biennn mon temps ! Seule …! Pendant que Marvin en effet, est à la recherche de Cahuète qui s’est malheureusement fait posséder par non nez 🐽. C’est le fameux chien “TéNezcommandé” ! 🙄  Je connais désormais tous les recoins du village. Toutes les maisons avec tous leurs graffitis dans le moindre détail ! Je passe tout à la loupe de mon zoom appareil photo et capte toutes coquetteries et drôleries de chaque ruelle ! Ce charmant petit hameau goméran est la preuve même de la présence de hippie bel et bien vivants encore aujourd’hui ! 

2 ou 3 heures plus tard, Marvin est de retour accompagné de sa machine de guerre à quatre pattes. Machine de guerre qui est en fait une bombe implosive à retardement. Maintenant qu’elle a fait péter toutes ses cartouches d’énergie, elle se traîne tête basse, langue pendante jusqu’au sol au point qu’il faille la porter sur les derniers kilomètres à quelques coups de 100 m. Au moins nous ne revenons pas bredouille de cette aventure puisqu’en ce vendredi 20 juin après-midi, nous avons fortuitement trouvé le seul manguier précoce de l’île ! 😂. Nous revenons à bord avec une palanqué de petites mangues à la chaire jaune, d’un goût sucré extrêmement fabuleux avec quelques notes extrêmement bonnes d’ananas 😋🤤 

Le lundi suivant, c’est seule que je pars pour une grande marche depuis la forêt de Las Creces jusqu’au port. Pour cela, je prends un bus à 8h pétante. Arrivée au point de départ à 8h45, je me fais surprendre par la température de l’air et par sa charge d’humidité. Aucun doute, je suis bien dans la forêt ancestrale de laurisylve que je n’ai fait qu’approcher jusque là. S’agissant d’une des raisons pour laquelle je souhaitais débarquer à la Gomera, je me trouve bien satisfaite malgré le froid saisissant qui contraste tant avec la grande chaleur des pentes méridionales et le bord de mer. La végétation subtropicale est formée par une variété d'arbres qui, apparemment, conservent leur feuillage durant toute l'année en raison de cette humidité élevée et des températures chaudes à proximité. Cette zone touchée est joliment appelée « mer de nuages ». En outre, la condensation de la vapeur d'eau dans les feuilles des arbres ( nommée pluie horizontale) augmente considérablement la quantité d'eau dans le sol. Je comprends pourquoi il me prend l’envie de faire sauter mes chaussures de marche ! 😜 Il y a bien longtemps que je ne m’étais pas retrouvée dans un environnement comme celui-ci . Pourtant, mon corps tout entier semble ne pas avoir oublié tout le bien que celui-ci lui procure. Je le sais, je le sens, il en profite pleinement et s’imbibe de tout ce qui peut lui faire du bien tant d’un point de vue physique que énergétique. Cette dense forêt, bien plus vieille que l’espèce ,est une réelle coupure avec le monde marin dont je savais avoir besoin. Il y a quelques années de ça, je réalisais ô combien côtoyer la mer avait autant d’importance que côtoyer la forêt et que tous deux constituaient des éléments essentiels à mon équilibre psychique. Quand l’un manque, je me sens comme bancale 🥴. Le monde océanique apporte à ma vie un dynamisme et un boost dont je ne peux pas me passer. À l’opposé et pour autant non antinomique, le monde sylvicole m’offre détente et ancrage également indispensables à mon bien-être. Je fais un pont entre ces besoins et l’enseignement que j’ai reçu en étude de naturopathie et plus particulièrement, sur la thématique du système nerveux. Le premier milieu stimule le système parasympathique, en quelque sorte l’état actif alors que le deuxième soutient le système orthosympathique, l’état passif. L’équilibre entre les deux est nécessaire pour que le corps humain vive de façon stable dans un état d’harmonie. Le mien s’imprègne de l’air pur, de la caresse du vent, du contact avec le vert, couleur maître du zen. J’évolue seule dans cet espace mais je me sens accompagnée. À mes côtés, des souches énormes qui poussent en troncs multiples m’entrouvent le chemin. Je croise des branches tortueuses semblant danser entre elles et sur elles-même. D’autres paraissent m’indiquer le chemin en toute amabilité ☺️. La plupart sont recouvertes de mousse et de couches de lichens leurs donnant un aspect farfelu et sympathique. Je m’approche de l’une d’entre elles particulièrement chevelue et prends le temps de l’observer. Je m’aperçois alors que sur ses branches, il y a ce lichens et que sur ces apothécies poussent des espèces de fougères certaines entièrement ouvertes d’autres enroulées en crosse. Je me dis alors que cela résume bien l’essence même de la vie, infiniment grande et infiniment petite. Où toutes existences donnent naissance à d’autres existences et où finalement rien ne meurt et tout se renouvelle.  Comme l’a si bien dit le chimiste-physicien Antoine Lavoisier. “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme”. 🐣 À la sortie de la forêt, ces fougères tapissent les sols escarpés également couverts d’humus et  le soleil traverse le feuillage des houppiers jusqu’alors imperceptible. Je quitte ce monde fantastique et féérique un peu trop vite à mon goût mais je ne peux guère m’éterniser ici. Je pense avoir effectué tout au plus 3 kilomètres sur les 15 au total et ai déjà écoulé une bonne heure sur un parcours se faisant normalement en 1/2h 😅.

Je me guide uniquement avec la fiche technique téléchargée et stockée dans mon téléphone. Depuis des mois, je n’ai internet qu’en bénéficiant du partage de données émis par le forfait de Marvin. Au milieu de cette nature dominante, je ne peux par conséquent me fier qu’à la carte et aux étapes énumérées sur cette fiche. Ce qui me fiche un peu la trouille ! Surtout à ce moment précis où les signalétiques face à moi n’indiquent rien de similaire aux indications annoncées. Je me souviens alors avoir emporté avec moi le compas de relèvement qui n’a encore jamais servi sur le bateau ! Peut-être va-t-il pouvoir m’aider ici et maintenant. Je sais que je dois me tourner vers le sud pour rejoindre le bord de mer. D’accord… Cependant, les deux panneaux m’orientent vers l’est ou vers le nord-est 😬 Je suis bien avancée ! Je n’ai plus qu’à suivre mon intuition ou disons plutôt, une certaine logique. Je prends la direction est, celle qui se rapproche le plus du sud. Bonne pioche !  Je tombe dans le caserio (hameau) Las Hayas comme prévu ! Le prochain village que je dois atteindre est El Cercado. Pour cela, je dois prendre un chemin surplombant le barranco del agua. À ce moment et après plusieurs marches effectuées à la Gomera, se construit dans ma tête une image de la forme de l’île. J’ai l’impression qu’elle ressemble grossièrement à un énorme gâteau qu’on aurait découpé en plusieurs parts, chaque part étant séparées en fait par les profonds ravins se jetant dans l’océan. La forêts millénaires feuillues sur ses parties supérieures et ses sources dispersées seraient alors la chantilly et un coulis de chocolat ou de fruits rouges, à votre convenance (et la peut-être vous vous dites : elle débloque totalement Océane !). Depuis El Cercado, je descends de nouveau et traverse le barranco de la Matanza (version cerveau d’Océane : barranco de la Manzana 🤓🔔🧠). Comme à mes habitudes, je me perds d’abord dans les terrasses de champs en friche avant de trouver le chemin à suivre. J'emprunte maintenant un sentier longeant un ancien système d’irrigation, utilisé pendant des siècles par les habitants qui cultivaient alors ces niveaux inférieurs de l’île (vignobles, vergers et bananiers). Je suis émerveillée par la beauté du paysage où chaque vie semble garder le silence. Pour qui ? Pourquoi ? Je ne sais pas. Peut-être que le silence est le son du respect des uns et des autres, l’écho de l’égalité entre toutes choses vivantes. Ou peut-être que par conséquent ce que l’on qualifie de silencieux n’est en fait pas. Ce pourrait-il que chaque famille d’arbres, de fleurs et de plantes sont à cet instant même en train de produire des sonorités mélodieuses dans une parfaite harmonie ? Dans une telle perfection qu’elles seraient presque imperceptibles à mes oreilles humaines ? L’atmosphère est lourde voir étouffante. Il fait super chaud sous ma casquette mais je me sens bien. Ce silence pourrait alors être tout simplement l’abdication des végétaux, des minéraux et des animaux à se rendre actifs sous cette chaleur accablante. Finalement, c’est elle qui régente je crois, ce silence absolu et vertueux ! Il est vrai que bon nombre de gens paraissent catégoriquement ne pas supporter le silence et semblent en être même effrayés. D’ailleurs ceci est constatable dans les espaces de vie quotidienne tels que les supermarchés, les galeries commerciales, différents magasins et salons, les mouillages de charter et sites de mouillage tout court !! 😠😂.). Ces lieux sont submergés de sons, de bruits, de musiques, de messages publicitaires ou informationnels etc. Le silence, perçu comme une absence, montrerait alors une défaillance, une hostilité voire la mort. 💀💀💀 Pour moi, lorsque j’y suis immergée, elle résonne comme étant la possibilité de faire une pause, de prendre du recul et de reprendre mon souffle. Comme la note de silence en musique.

Mon expérience sensible du silence  dure un certain temps avant que mon œil soit alpagué par une agitation au loin. Alors que tout était immobile et silencieux, j'aperçois à présent un nuage, un deuxième puis un troisième passant à une vitesse folle au travers de ce qui semblerait être une chappelle. Le ciel s’anime par un vent qui s’élève et derrière, la mer plate devient clapoteuse. Ce vent donne vie à tout ce qui m’entoure et à tout ce qui était jusque là déposé ou endormis. Je rallonge un peu ma marche, curieuse de voir ce qu' est en fait l’Ermita de Guará perdue au milieu de nul part. Ça valait le détour. Elle est toute mignonne et est construite sur un joli panorama. 

À partir de maintenant, les choses se corsent. 9 kilomètres dans les pattes, je dois maintenant descendre jusqu’à Chele, par un col d’abord depuis lequel s’amorce une descente plutôt raide jusqu’à Valle Gran Rey. Le chemin (si on peut encore appeler cela un chemin 🥴) est caillouteux, vertical et tout en lacets. D’un point de vue respiratoire, tout va bien. D’un point de vue physique, j’en chie littéralement ! C’est si dur que j’en ai les jambes qui tremblent. La fin de cette étape empire “grave” ! “Chele-là” commence franchement à … Ooh ! Normal en fait … Je ne suis plus sur le sentier ! 🙆 Cela devient quand même une sale habitude je trouve ! 😅 De nouveau dans la brousse  (Brousse, brousse, j’aime la brousse, j’aime la brousse et la jolie savane ! 🎶 🙄), j’analyse le terrain et entrevois une seule possibilité pour quitter les hors sentier battus. Le passage que je trouve mène toutefois au jardin d’une maison… Ah zut ! L’escalier public est si proche ! 😩 Rien à f… J’y vais ! Je me faufile par-dessus la rambarde, me glisse sous un petit manguier, longe une palissade et voilà, le tour et jouer ! Que d’émotions !! 😰

Plus que 2.5 km jusqu’à la fin de la rando à La calera et 4.6km jusqu’au port. Je sais que je vais tenir jusqu’au bout, en revanche, je me demande dans quel état je vais me lever demain ! Si je parviens à me lever 😂

Pianocéan : Piano à flow, Lady ocean

J’ai pris ma dose de marches pour quelques jours ça c’est sûr. De toute façon une heureuse nouvelle fait irruption dans nos vies ce jeudi 26 juin. Une heureuse arrivée fait son entrée à Valle Gran Rey. Il s’agit de Lady Flow 😍. Une goélette Freedom 40, rénovée avec goût et ingéniosité, transportant un piano et un joli projet autour … Pianocéan ou de la poésie sur l’eau qu’un petit bout de femme porte à bout de bras et à bout de cœur, dévoilé avec magnificience … Elle s’appelle Marieke et elle arrive ici, accompagnée de son conjoint Sébastien, de son fils Arann et de son chat Seabird, pour enchainer 3 dates de concert.

2 semaines plus tôt, je l’avais amère car nous l’avions raté de peu à Puerto de Mogán. Non pas que nous sommes arrivés trop tard au port. C’est à cause d’une malheureuse manœuvre en bateau que nous avions décidé de faire quelques minutes avant le commencement du concert et qui s’est terminé au moment où nous avons posé le pied à terre. Quelle poisse ! Ou peut-être un rendez-vous manqué ? Toujours est-il, nous étions au courant et heureux de son passage à Mogán et il a fallu que l’on rate l’occasion de rencontrer cette belle artiste dont j’avais eu écho quelques années auparavant. Vous pouvez alors imaginer la joie et l'enthousiasme que je peux ressentir aujourd’hui de la savoir ici pour quelques jours. Qui plus est, on lui demande d'amarrer son bateau sur le même quai que le nôtre, juste derrière notre Yes Aï. Cet événement me raccroche à une manière de penser que j’avais oublié ces derniers mois : lorsqu'une chose n’arrive pas ou ne se produit pas comme nous l’avons imaginé, c'est qu’une bien meilleure nous attend ! ✨

Les présentations faites, nous leur filons un coup de main le lendemain matin pour déplacer la scène flottante sur le quai voisin, là où se trouvent les bateaux de pêche. C’est en effet face au café du port et au-dessus de la danse de Pastenagues épineuses, une espèce de raie géante, que Marieke donnera de la voix ce soir ! 

En attendant, nous finissons la matinée autour d’un café en poursuivant les présentations. Nous rencontrons des personnes absolument géniales, intéressantes et intéressées. Marvin et moi sommes fascinés par leurs projets et conquis par leurs discours, leurs état d’esprits, leurs humours et leurs simplicités au sens positif du terme. Nous les retrouvons donc le soir quelques minutes avant le concert. Avant même qu’il soit lancé, je suis charmée par le tableau se dessinant sous mes yeux. Le spot naturel jaune orange provenant du ciel éclaire abondamment le piano au squelette apparent, installé sur le pont arrière de Lady Flow. Le spectacle a en fait déjà commencé et je me demande finalement ce que va être la suite du voyage. La sensation d’un bain sonore calmant ou excitant, celle d’un décollage tourbillonnant ou l’embarcation dans le wagon confortable d’un train touristique, vous promettent monts et merveilles. À l’instant même où Marieke commence à chanter, se forme comme une bulle invisible sur un périmètre entourant le quai et la masse de spectateurs qui y sont installés. Dans cette bulle, je peux ressentir de la chaleur comme de la fraîcheur. De la force et de la mélancolie. De la délicatesse et de la joie. De la nostalgie et de la candeur. Bref, une grande palette de différents états visiblement. J’observe les visages et j’y lis beaucoup de ravissement. Je ne suis donc pas la seule à être enchantée par la beauté se matérialisant devant nous. Rien de bien surprenant. Sa magnifique voix, douce et multicolore accompagnée de son piano aux 4 pieds marin, imprègnent l’atmosphère au-delà même, je ne serais surprise, de l’espèce de bulle invisible. Voyageons-nous dans cette bulle ? Ou bien serait-ce celle-ci qui se déplace nous faisant voyager d’un pays à l’autre ? Qu’importe car une chose dont nous pouvons être sûre, c’est que la capitaine de l’embarcation n’est autre que Marieke et si la magie opère c’est bien sûr grâce à elle. Munis de mon appareil photo, j’immortalise d’une certaine façon mon passage en Irlande, en Norvège, dans les pays baltes et suis même expédiée dans le futur aux Açores ! Quel drôle de voyage ! 😁 1 heure plus tard, de retour à bord de Yes Aï, je m'endorme le cœur et la tête nourris de belles histoires venues d’ailleurs. L’effet sera le même 2 jours plus tard, après la dernière représentation de Mademoiselle Lady Flow.

Finalement, rencontrer Pianocéan, c’est rencontrer une véritable force de vie humaine. Goûter une tangible liberté et découvrir de multiples cultures. Rencontrer Marieke, c’est lier connaissance avec une beauté incarnée qui s'expanse au fil de l’eau, prend racines partout où elle se dépose afin de faire jaillir des fleurs : les titres de ces nombreux albums.

Les jours suivants, nous avons le plaisir de partager de nouveaux moments avec eux, autour d’un repas, de cafés en terrasse ou au croisement d’une rue. Nous faisons plus ample connaissance et mon sentiment vis à vis de cet original équipage se renforce. En plus d’être sympas, ces gens ne manquent pas de courage et font preuve de beaucoup de générosité. Par bien des manières, ils nous ont beaucoup aidés.  Je ne peux que les remercier et vous invite vivement chers lecteurs et lectrices à visiter le site internet, la page FB ou l’Instagram de Pianocéan pour ne serait-ce que goûter un tout petit peu à cet exquis breuvage océanique, artistique et musical 🥰. 

Ci-dessous le lien internet :

https://pianocean.org/

🎹
Marieke 🌸
Marieke partage la scène avec Seabird qui réclame à manger 😂
Cahuète qui tient absolument à s'occuper du point vente !
✨✨✨
ombres chinoises
Merci Marieke. Nage, roule, vole mais surtout, continue !!

Et voilà ! Nous sommes samedi 5 juillet. Une fenêtre météo se dessine pour mardi prochain. Nous l’attendons patiemment avec un brin d’impatience. C’est contradictoire, je m’explique 😛. Cela fait des mois et des mois que nous voyageons, passant d’un territoire à un autre, d’une île à l’autre, d’un pays à l’autre… Se poser de longues semaines à un seul et même endroit n’a alors pas été de refus ! C’est une occasion pour nous de se reposer et de découvrir autrement la vie locale. Jusqu’à présent, nous avons plutôt survolé nos points de chute mais en temps normal, nous aimons prendre le temps. Nous préférons la vie de vagabond en restant autant de temps qu’il est nécessaire pour s’imprégner d’un lieu, s’inclure parmi les locaux jusqu’à se faire reconnaître et saluer de certains ou au contraire, faire partie du décors jusqu’à passer presque inaperçu. Nous ne connaissons jamais assez un endroit que quand on y vit un bon moment. Plus de 15 jours maintenant que nous sommes à Valle Gran Rey… C’est peu mais nous avons eu le temps de rencontrer plusieurs fois de mêmes personnes, côtoyer plusieurs fois de mêmes plages, sniffer plusieurs fois de mêmes substances (là je parle bien évidemment de Cahuète 😜). La répétition nous donne l’impression de s’être habillé d’un manteau local (ou devrais-je dire à cette latitude du globe, de claquettes locales !) ainsi, de connaître plus profondément l’endroit finalement pour ainsi dire, l’envers. 

À présent, nous nous préparons à un nouveau grand départ. Pas n’importe lequel. Une grande traversée de 7 jours tout au plus vers les Açores. Un plein d’eau et des bouteilles de 8 L en rajout, des stocks de conserves puisque tout autres aliments perdent rapidement en conservation sous les fortes chaleurs. La préparation d’un bidon de survis, l’inspection intégrale du bateau et le grattage de coque. La récapitulation des manœuvres de sauvetage, etc. etc. etc. 

News dans 1 semaine (OMG 😱) depuis les Açores 🤞

1 commentaire

Mouette

Merci pour ces récits de voyage !! Bon vent les amis !! Tous mes voeux de réussite et de bonheur ! Mouette

  • il y a 4 jours
1 Voyage | 33 Étapes
Valle Gran Rey, Espagne
220e jour (18/06/2025)
Étape du voyage
Début du voyage : 11/11/2024
Liste des étapes

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