Je me faisais une idée assez précise de la côte ouest marocaine. Sûrement parce des amis surfeurs m’ont rapporté des récits de voyage où ils ont eu la joie de planter leurs dérives dans ces eaux marocaines. Je ne suis donc pas surprise de ce que je trouve ici à El Jadida mais cela n'enlève rien du grand émerveillement dans ce déracinement volontairement provoqué. Quelle drôle de sensation que de ne plus avoir aucun repère sur lequel s'appuyer. Ni le décor urbain, ni le patrimoine naturel et encore moins la langue et la culture me rappellent quelque chose que je connais déjà. Mes premiers pas en Afrique, je le sais, laisseront une trace indélébile dans ma mémoire. C’est l’attention des Jdidis qui en sont en premier à l’origine. Ils nous regardent avec intérêt, curiosité et sympathie. Nous ne sommes pas dupe, nous savons que Cahuète y est pour beaucoup aussi ! Les chiens ici dans ce pays ne sont pas très appréciés. En réalité, les marocains en ont peur car ils connaissent de nombreux accidents causés par des chiens errants. Malgré cela, la bonne bouille de Cahuète fait mouche et la nouvelle génération cherche même à s’en approcher pour la caresser. Chaque individu que nous croisons affiche un large sourire et nous salue avec une gentillesse et une sincérité stupéfiantes ! Prenons-on de la graine nous petits français qui manquons en général de courtoisie il faut bien le dire… 😬
2 jours et demi de navigation, nous avons eu la chance de rencontrer d’énormes dauphins globicéphales, de traverser un orage (pas bien méchant tout de même) et de se laisser happer par la poussière d’étoiles aquatiques. Une réunion magique entre le plancton lumineux et la mer. De minuscules poissons se croisant dans des sauts arqués faisant scintiller la mer dans le sillage du bateau. Tout pile après 60 heures sans voir la terre, nous sommes arrivés vendredi 25.05.2025 (j’adore, une date propre comme j’aime le dire !) dans le port de la citadelle d' El Jadida. Fatigués, nous devons néanmoins nous soumettre à une laborieuse et chronophage procédure administrative. Un véritable sac de nœuds, un comble pour des voileux 😝. Je croyais que la France était imbattable dans ce domaine et bien je me trompais ! Le mode “arrivée” au Maroc dure et prend 2 heures de votre temps. De jour comme de nuit, que vous ayez passé 2h en mer ou 2 mois, le traitement est le même. Vous devez immanquablement passer par la douane, la police maritime et la capitainerie avant d’espérer pouvoir vous effondrer dans un sommeil profond tant attendu. Ce n’est pas la mer à boire ceci-dit et la suite de notre séjour nous a très vite fait oublier tout ça. En commençant par ce moment où simultanément, vous posez enfin la tête sur l'oreiller et retentit un patenôtre en provenance de mégaphones. Ce son nouveau et satisfaisant propagé dans toute la ville sont les voix de 3 ou 4 Muezzins invitant les fidèles à la prière 🥰Dès le lendemain, nous prenons très vite nos marques malgré le décalage entre où nous étions ces derniers mois et où nous nous trouvons à présent. Nos habitudes changent complètement. Par exemple, nous comprenons que tous quotidiennement de 8h à 22h, un souk à proximité du port compte un nombre incalculable d’étalages servant fruits et légumes frais. Le paradis 😍. L’abondance en nourritures est stupéfiante et leurs délicieuses saveurs sont juste incomparables ! Nous faisons nos courses tous les jours et ce qui était jusqu’alors une charge devient une plaisante commodité qui nous régale 😁🤤Nous sommes chanceux aujourd’hui car nous sympathisons avec un natif d’El Jadida, Mouad. Un jeune homme de nos âges qui prend plaisir à jouer le guide. Il nous envoie sur les bonnes adresses pour dénicher tout ce dont nous avons besoin au meilleur prix jusqu’à m’offrir le fameux henné traditionnel. Nous nous retrouvons vers 18h30, sautons dans un taxi et allons déguster un excellent tajine accompagné du typique pain marocain. Que c’est bon de se faire servir parfois et dans ce contexte, le goût est plus prononcé 😋. Pour finir la soirée, nous partageons plusieurs chants et mettons l’ambiance dans le restaurant. Le succès est tel que nos voix y résonnent finalement dans les enceintes. 🤣2 jours plus tard, c’est avec l’ami Jalil que nous sympathisons. Comme tous bons commerçants marocains, il nous avait déjà repéré nous et nos tronches de français, passant plusieurs fois devant son salon de coiffure. Il ne faut pas se leurrer, ici nous sommes des porte-monnaies ambulants et toutes tentatives sont bonnes à prendre pour ramener un peu plus de frics à la maison. Néanmoins, ces gens sont par ailleurs réellement gentils et respectueux. Ils communiquent avec les touristes de la même manière qu’ils correspondent entre eux. Toujours prêts à rendre service quand une personne est dans le besoin, toujours une pièce à offrir à un sans-abri, ils cherchent à avoir autant qu’ils cherchent à donner. Est-ce le résultat de leur religion que je ne connais nullement ? Je ne sais pas. Quoi qu’il en soit, la générosité, l'amabilité, la politesse, la considération, tout est là pour vous sentir pleinement accueilli. Et quel accueil ! “Vous êtes les bienvenus”, “Bonjour ça va bien ?” ou “bonjour, ça va bikheir (qui se prononce bérhèrrr, “Marseille, Lyon, Paris ?!” pour désigner les clubs de football (ici certe, le sport national). Nous répondons “Non, Brest !” auquel ils réagissent par “Aaahh ouii Brest !”. Depuis quand Brest est connu ??? 😳🤣 Voilà les phrases que nous entendons 10 fois par jour 😆. Elles sont toutes dites en regardant droit dans les yeux et avec une main posée sur le cœur 🥰. Lundi 28 avril donc, Mavin passe entre les mains de Jalil. Enfin, pour être tout à fait exacte et ne créer aucun malentendu, la tignasse et la bebard de Marvin passent entre les mains de Jalil pour 20 DH soit … 2€ 😲. L’homme sauvage qui ne fout jamais les pieds dans un salon de coiffure en France choisit sa première dépense "loisir" chez un coupe tif. Allez comprendre 😝.Bref, les prix ici sont dérisoires et nous en profitons tout de même raisonnablement (nous sommes français mais plutôt pauvres en fait les gars 😆) en s’asseyant régulièrement en terrasse avec un bon thé marocain bien sûr, au côté de Jalil. Lui qui en attendant les clients (ou en les topant dans la rue, vous l’avez compris, ça dépendant de quelle nationalité vous êtes 😂) s’envoit des litres de Nos Nos (café au lait) et se grille 2 paquets de cigarettes par jour en passant d’un café à un autre. Toujours les mêmes, c’est-à-dire les 2 qui entourent son salon. Pas de jaloux !Nous discutons longuement avec lui qui prend plaisir à parler français. Il nous parle de sa gazelle (sa femme ! Oui, en référence à la marque de vélo, non pas à l’animal 😅) et de sa fille de 10 ans. De ses habitudes à savoir ses trajets à pied entre son lieu de travail et sa maison, chaussé de ses babouches fétiches et traînant son cheval bleu (le vélo offert par un ami français). Avec beaucoup d’humour, il nous dit préférer se déplacer avec sa Renault 11 (1 jambes et l’autre jambe) plutôt que de prendre un taxi, nous raconte sa jeunesse durant laquelle il avoue avoir “fait le zigzag” (tromper ses copines). Il nous apprend quelques mots arabes, les bases pour améliorer notre insertion dans cette contrée lointaine ; nous donne quelques tips pour trouver le meilleur pain au sésame jusqu’à nous accompagner dans l’unique droguerie vendant le produit rare ici qu’est l’alcool à brûler. Indispensable pour cuisiner dans le bateau 😄.En soirée,la prière est précédée par l'écho des tambours joués par des groupes amateurs au niveau professionnel ! 🥁 Ça me rappelle un ensemble vocal français amateur non loin de Brest à Plouzané, qui ne manque pas de recevoir des louanges et dont les critiques le comparent à un groupe professionnel. Si si ! Les percussions que l’on entend sont de grands tambours à peau de chèvre appelés tambour Gnawa, "Tbel" ou Gnawa "Tbal" que l'on vient frapper avec des baguettes recourbées. Les musiciens ne s’en lassent visiblement pas et jouent de 18h à 22h tous les soirs. La journée, lorsque l’on est pas au bateau à faire bronzette ou grimper sur le haut du mât (nouvelle driss de spi en place, y’a plus qu’à !), nous partons en balade. Pour changer ! 😁 Dans la citadelle, ancienne cité portugaise nommée autrefois Mazagan, dans de magnifiques parcs ou en bord de mer. La plage et le remblais sont de bons sites d’observation de la vie des “wald bled”. Personne ne s’allonge sur la plage sinon les enfants. Les adultes préfèrent les chaises de jardins sous un éventuel parasol certifier coca cola ou d’un autre genre, style des années 70/80. Certains se regroupent pour jouer au foot sur le sable de préférence en chaussettes, d’autres profitent de promenade à cheval ou à dos de dromadaires. Aussi, mardi 29 avril et jeudi 1er mai, nous recouvrons nos identités de surfeurs et jouons dans de jolies vagues de 80cm à 1m de haut, avec quelques locaux forts sympathiques et faisant l'éloge de la planche asymétrique de Marvin. Aidé de Mouad, nous n’oublions pas de rechercher un nouveau kayak que nous trouvons dimanche 4 mai, la veille de notre départ. Bonne pioche !? Ou pas… Quelque peu instable, il nous rend tout de même un fier service et facilite nos allers retour en terre et mer.
Tout se passe à merveille les 10 jours que nous passons à El Jadida. Une altercation entre Cahuète et un autre chien pour le coup domestique et non errant nous a fait une petite frayeur. La pauvre s’est retrouvée à faire une expédition chez un vétérinaire. Mais très vite, elle a retrouvé toute sa vigueur et du haut de ses 12 ans, une nouvelle jeunesse ! Toujours partante pour l’aventure à nos côtés, notre hyène continue d’imiter le cabri sur les rochers du port ou sur les randonnées tous terrains. Le prochain d'ailleurs, un mouillage à Essaouira, dite la ville du vent, à 140 milles plus au sud d’El Jadida. ⚓⛵🌅♥️ À tout vite mais j'entends vite à la vitesse d'un bateau à voile !