Petit à petit, je deviens navigatrice… Au moins à terre parmi les voisins de ponton 😝. Pour la seule raison que je voyage en bateau à voile. En mer c'est une autre histoire et l'emploi du mot navigatrice peut à mon sens à peine être utilisé. Faut-il déjà être capable de manœuvrer seul un voilier… Sans aller jusqu'à la perfection, faut-il pouvoir prendre seul des décisions sur le choix du cap, le réglage des voiles toutes les 3h (ou les 3 minutes), utiliser la VHF etc. Toutes une panoplie d'actions qu'il est nécessaire de connaître et de maîtriser avant je trouve, de prétendre être navigateur. La survie du bateau et de l'équipage en dépendent.
Je peux en revanche me nommer second puisque je répond à des ordres. Et encore. Certains gestes, même après 9 mois de voyage à la voile sont encore aujourd’hui nouveaux ou toujours incertains tellement leurs nombres est grand. En outre, ils varient extrêmement selon les conditions environnantes qui, on peut presque le dire sans passer pour un marseillais (pardon les marseillais😁) ne sont jamais les mêmes !À terre, celles et ceux qui arrivent du large, jettent leurs amarres après une courte, longue ou très longue traversée sont tout de suite vus comme des navigateurs. Qu'importe quel a été le niveau d'implication à bord, s’ils débarquent d'un voilier, ils sont systématiquement étiquetés de navigateurs aux yeux de toutes les personnes qui croisent leurs chemins. Personnellement, bien que parfois gênée (syndrome de l'imposteur ?) je l'accepte volontiers. Effectivement, je porte beaucoup d'admiration pour ces gens (tel que Marvin !) qui savent tenir un bateau de façon autonome. Également, je découvre un milieu, une communauté et un esprit qu’il est très approprié de qualifier d’humain en comparaison d’autres groupes d’appartenance où cette qualité disparaît et est de plus en plus absente. Le résultat peut-être d’un système social qui tend à accroître l’individualisme… Dans le milieu du voyage à la voile, bon ou pas bon, expérimenté ou novice, arrivés vivants depuis la mer fait foi quoi qu’il arrive d'être marin ! 4 jours et 4 nuits depuis La Palma, le corps cassé par la presque permanente posture assise perturbée par la gite et la tenue de barre, à braver les éléments parfois trop calmes, parfois trop “vénères” ajoutés à un un mal de mer plus ou moins latent ; en cet fin d'après-midi du lundi 14 juillet, nous arrivons Yes Aï, Cahuète, Marvin et moi comme un équipage de “navigateurs” donc 😜, chaleureusement accueilli par un employé du port. Enfin !! S'pas trop tôt 🙀 Après 9 mois d'itinérance par voie maritime, le temps d'une gestation, la vie nous pond enfin un accueil digne de ce nom. Plutôt que de créer de la panique et ou de l’irriter, la manœuvre parfaite de Marvin pour accoster le quai génère chez lui de l’admiration. Les propos tenus par ce gentil monsieur me permettent de le confirmer et de le proclamer haut et fort 😁 Bravo Marvin !!! 👏👏👏 Serait-il pratiquant de la voile ce qui pourrait expliquer l’absence totale d'effroi ? Quoi qu'il en soit, c'est tout sourire et avec beaucoup d'enthousiasme qu’il nous vient en aide en nous attrapant les amarres que je lui lance, après le demi-tour de Marvin à la barre, calculé au poil de cul pour se mettre parallèle au môle.Moins d'une heure plus tard, après la douche chaude réconfortante, nous nous laissons tenter par un petit apéro afin de trinquer à notre plus longue traversée à ce jour jamais effectuée par notre petit équipage AlloYesAï ! Les marins boiront du lait quand les vaches boiront du raisin donc en tous états de cause, nous prenons un verre et demi chacun de vin rouge. Il n'en faut pas plus pour faire de nous des imbéciles heureux, affamés et complètement déglingués par la parenthèse océanique, une divagation on ne peut plus réelle cependant, qui à présent nous met complètement à terre.
À terre et en terre de Madère pour une petite semaine qu’il semblerait se lire sur nos bulletins météo. C'est peu. Mais c'est une escale qui n'était normalement plus prévue dans notre voyage. 6 jours pas plus, un entre deux qui nous laisse le temps de nous remettre en forme et de visiter l’île, tout de même. Depuis le port de Machico, nous pouvons déjà distinguer sa beauté sauvage et l'abondance de végétations qui lui confère sa grande réputation.
Île aux fleurs, perle de l’Atlantique ou jardin de l’Atlantique, que de jolis noms évoquant joliment cette île volcanique unique en son genre que nous ne tardons pas à parcourir en voiture. Et pour cause ! Et par chance ! Et par miracle ! (Bon… N'exagérons rien..) en discutant avec un couple francophone exilé à Machico, nous avons dégoté un super plan de location à la bassesse de nos moyens financiers pour faire le grand tour de l'île ! Houra ! 👐👐👐 Jean-Phi français aussi, qui a quitté la France il y a fort longtemps pour rejoindre le continent africain et Madère pour finir (enfin ! Je n'en sais strictement rien en fait, il a encore pas mal d'années devant lui je présume et je lui souhaite d’ailleurs une longévité heureuse bien entendu ! 😅), nous remet les clés de sa Mégane décapotable 28 ans d’âge, déjà. Pas méga jeune, pas méga clean, pas méga réglo mais méga bien pour une petite virée entre amis dégénérés. Mercredi 16, Marvin prend le volant et tente de démarrer .. en vain. Le moteur ne tourne même pas ! Nous contactons Jean-Phi qui ne tarde pas à arriver avec une batterie seconde main dit-il mais neuve (un langage que je comprends parfaitement, moi amatrice contrainte mais satisfaite de la débrouille…) et règle le problème en 2, 3 mouvements. Une panne de batterie ? Pas de panique, Jean-phi est là pour vous servir ! (Svp, ces mots doivent être interprétés uniquement dans le milieu de la mécanique automobile, il vous appartient ensuite d'en faire ce que vous voulez mais on ne me fera pas dire ce que j'ai pas dit !). Bon disons que c'était le risque à prendre et le prix à payer mais je suis sûre qu’une panne avec une voiture de loc sous contrat en bonne et due forme aurait mis des plombs à se résoudre. Alors que Jean-Phi, le roi du trafic mécanique Eeeuuuuuhhhhh !! 😲 Le propriétaire de la Renault Mégane, je veux dire 😬, a trouvé la panne aussi vite que je peux débiter une connerie et a débloqué la situation en ¾ d'heure, tout au plus 59 minutes.
Finalement sur les routes, c'est avec étonnement et ravissement que nous réalisons faire du près serré en voiture. 🤪. Comme si nous n'en avions pas fait assez sur notre dernière et très récente traversée. Je ne sais pas … peut-être que la vie est taquine et a beaucoup d'humour … Ou peut-être est-elle soigneuse dans le traitement de ses pluriels mais singuliers petits êtres et qu’elle a choisie de nous remettre, à Marvin, à Cahuète et à moi-même un véhicule au toit ouvrant pour ne pas trop nous déshabituer 🤔.Chance ou malchance ? Qui peut le dire ? Nota bene : Je vous renvoie au conte traditionnel chinois traitant de ce sujet, que je trouve très évocateur et bien trouvé ! Facile à choper sur internet 🌐. Si ce n'est point une fatalité, ce peut être un choix et nous décidons alors d'en faire une chance. En s’esclaffant têtes au vent, allant jusqu'à baisser les fenêtres pour faire entrer un peu plus d'air dans cet espace déjà amplement ouvert et en jouant de mon appareil photo bras levés avec la double fonction en instantané : prise de photos et séchage des auréoles sur le t-shirt manche longue au niveau des sous de bras, moi je dis c'est le top la décapotable pour une excursion express à Madère !Nous essayons de voir autant de merveilles possible en 2 jours, sans pour autant se presser et se fatiguer plus que nous le sommes déjà. Depuis les routes bien entretenues, on s'en prend plein la vue. Non je ne parle pas de mouches, de guêpes ou autres insectes non identifiés, Mégagane est munie d'un pare brise tout de même, fort heureusement ! Nous sommes fous mais pas à s’point ! Je parle de la forêt primaire que nous traversons dans un sens puis dans l'autre, d'est à l'ouest puis du sud au nord et du nord au nord… 🤔Ah non ça ça ne marche pas 🤔 Je parle donc de sa végétation luxuriante, de ses innombrables sources et de ses sublimes cascades. Nous nous arrêtons à de nombreux miradouros nous offrant des panoramas ou de modestes trouées permettant d’admirer un paradis verdoyant qui semble presque irréel. C'est un étalage de la perfection naturelle que je n'ai vu nul part ailleurs. Je suis conquise par la pureté de l'air qui me chatouille délicatement les narines et qui je suppose est nettoyé perpétuellement. Sans interruptions et sans pannes malgré le cancer planétaire qu'est l'homme pour elle. Les arbres font du bon travail ici, aidés par le climat subtropical. Je sens une vie, des vies pérennes et étincelantes. Vivace comme jamais, les oiseaux piaillent plus fort qu’ailleurs, du moins que tous les autres endroits du peu que je connaisse dans ce monde. Les papillons plus gros que ce que je croyais être la taille maximum pour ces spécimens, nous tournent autour sereinement et molassement, avec nonchalance. À croire qu'ils ne connaissent aucune prédation ou que le passage d'un monde à l'autre est aussi normal et acceptable que de passer de la salle de bain à la salle de séjour pour nous humains sédentarisés. Ou du grenier ou sous-sol, du sous-sol au grenier cela dépend des avis et des convictions si vous comprenez la métaphore.. 🙂🙃.C’est drôle comme Mégagane ne nous ressemble pas et dénote avec nos styles de jeunes voyages grattant les fonds de tiroir. Il serait probablement plus banal de voir sortir par-dessus les portes, deux trentenaires sapés de polos Lacoste. Blanc pour monsieur et rose pâle pour mademoiselle. Ray ban, gourmette, vernis à faux ongles et tout le tralala je me vois, je ne vous vois pas, vous me voyez. Bref, du coup, ça fait un drôle d'effet de se retrouver là-dedans si on peut encore parler d'intérieur. Mais l'effet semble être encore plus étrange pour les personnes croisant notre chemin à en lire les gros points d’interrogation sur le visage de certains. À moins que ce soit le résultat de notre dégaine de touriste dans une voiture qui ne ressemble en rien à une voiture de location 🤔. Quoi qu'il en soit on s'en amuse aidé de Cahuète dont la truffe flatte l'air non stop. Dès que possible, nous abandonnons malgré tout notre gros jouet motorisé pour randonner sur les chemins qui longent les côtes et ceux appelés Levadas, les canaux d’irrigation caractéristiques de l’île. Nous flânons dans les rues de Santana et de Seixal, ce dernier mon coup de cœur, avant que les adieux n'arrivent. Ceux avec Mégagane, ceux avec Machico et ceux tout-compte-fait avec Madère, l'île tout entière. Car dans l’objectif de ne pas trop tarder sur la remontée vers la Bretagne, dimanche 20 juillet nous reprenons la mer. Départ pour les Açores ! Vraiment ? On verra, en chemin il y a toujours Porto Santo au cas où le nordé timidement Est ne soit en réalité complètement nord et par conséquent complètement dans le pif. Let’s go, les dés sont jetés !