Jusqu'au glacier du Cotopaxi

Après presque un mois de volontariat dans une ferme à Pimampiro puis dans une guesthouse cosy de la vallée Intag, il est temps de reprendre la route ! Il nous reste un petit mois en Équateur et encore un paquet de choses à voir. Bon on vous avoue que notre trajet pour parcourir le pays a pas été très optimal… En arrivant à Guayaquil, on s'est d'abord dirigés vers la côte à l'ouest pour profiter de la saison des baleines, on est ensuite remontés vers Quito au centre nord du pays, avant d'enchaîner vers les villages Andins encore plus au nord et nos deux volontariats. En toute logique, c'est maintenant vers le centre puis le sud du pays qu'on met le cap, avant de remonter au nord pour passer en Colombie. Mais si c'est logique…

Après un bref passage à Quito et une petite soirée obligatoire dans notre fameux bar à bières préféré et ses délicieux burgers, on prend un bus pour Machachi à quelques heures au sud. En route un petit filou aura profité d'un mouvement de foule pour glisser sa main dans ma poche pendant que je me rattrapais pour ne pas tomber, et filer avec mon téléphone en une fraction de seconde. Bon… Peut être malgré tout encore un peu trop inattentif après 6 mois en Asie, là où le concept de vol n'existe pas.

Bref nous voilà arrivés dans la petite de ville de Machachi. Des choses à voir ou à faire ici ? Absolument rien. Par contre en levant la tête sur les alentours, on peut voir tout un tas de montagnes et volcans imposants, et c'est justement la raison de notre venue ici. Machachi est la base de départ de plusieurs randonnées et treks de haute montagne, et ce n'est pas n'importe quelle ascension que nous visons, puisque c'est sur le géant Cotopaxi que nous prévoyons de grimper demain. Culminant à 5897 mètres d'altitude, le Cotopaxi tient le titre de plus haut volcan actif d’Equateur, et deuxième plus haut volcan et sommet du pays, après le Chimborazo.

Aujourd'hui c'est le grand jour, et nous partons à 7h de notre hostel pour choper un petit bus local et nous rapprocher de l'entrée du parc national. Parce que oui, on a fait une croix sur les excursions organisées avec guide à 60$/personne, et on a décidé de se lancer à l'aventure et se démerder nous même pour aller jusqu'au pied du glacier, objectif de la journée. Première étape donc: prendre le bus local qui nous amènera par des petites routes en terre jusqu'à Santa Ana del Pedregal, hameau à mi-chemin entre Machachi et l'entrée nord du parc national. Arrivés à Santa Ana après 45min de trajet difficile, on parvient assez rapidement à grimper à l'arrière d'une camionnette avec une famille Quechua. Bien agrippés, et laissant derrière nous un long nuage de poussière rouge, on aperçoit petit à petit le Cotopaxi pointer le bout de son nez. Et quel nez ! C'est un roc, c'est un pic… Et comme on a du nez, et du cul, le volcan est parfaitement dégagé aujourd'hui.  

Ça y est, On est enfin à l'entrée du parc national ! Mais pas si vite. On est loin d'être arrivés. Même si ce gigantesque volcan, à sa forme de mont Fuji à l'air si proche, il nous reste encore 15km et 1000m de dénivelé avant d'atteindre le parking et commencer la marche. On tend donc de nouveau le pouce et c'est cette fois ci un couple de vadrouilleurs français qui nous prennent dans leur van. Comme ils vont eux à la Laguna de Limpiopungo et non au parking, ils nous déposent à l'intersection à mi-chemin et on fait une troisième et dernière fois du pouce avant d'arriver au fameux parking à 4600m, départ de l’ascension. Enchaînement de coups de bols encore une fois, malgré des petits chemins de terre peu fréquentées, on a pu y parvenir sans trop de soucis.

Bref, on y est enfin ! C'est vertigineux. La vue (et l'altitude) sont à couper le souffle. Une trentaine de minutes plus tard, on arrive à pied au refuge José Ribas à 4850m, où la plupart des visiteurs s'arrêtent et là où les alpinistes passent la nuit avant de monter jusqu'au sommet du volcan. Enfin “nuit” est un bien grand mot puisqu'ils partent en général autour de minuit accompagnés d'un guide pour entreprendre l'ascension de nuit et arriver au sommet au petit matin. Étant donné que nous n'avons ni les sous, ni la préparation physique pour cette épreuve, nous nous sommes limités à monter jusqu'au pied du glacier, tout de même à 5000m d'altitude.

Après une petite pause au refuge et une victoire célébrée pour être déjà plus haut que notre cher Mont Blanc, on reprend la marche vers le glacier. Arrivés à 5000 au pied du glacier, on décide d'utiliser les forces et le souffle qu'il nous reste pour continuer à grimper un peu plus haut dans cette terre rouge en longeant cette longue langue blanche aux reflets bleus. Ici, plus de chemin, on tape tout droit dans cette pente vertigineuse, en s’aidant de nos mains et en faisant des pauses tous les 10 mètres.

À 5150m, Margot est à court d’énergie et le mal d’altitude commence à se faire ressentir. Elle commence à redescendre pour m'attendre au refuge tandis que je continue difficilement à gravir ce mur rouge. Je finis par arriver tant bien que mal jusqu'à la pointe de cette avancée de terre. A partir de là, la montée sur le glacier est obligatoire et l'ascension finale commence. Je suis à 5300 mètres d'altitude, tout ému à 500m au dessus du Mont Blanc, plus haut sommet d'Europe. Face à moi, le sommet paraît si proche et si loin à la fois... Je me retourne et admire une dernière fois cette vue inoubliable sur la vallée, et je me lance enfin dans la descente au refuge. Beaucoup plus facile dans ce sens, je me laisse tomber à grandes enjambées dans les graviers. Le temps de rejoindre Margot, le mal d'altitude m'a frappé, et fort. Migraine horrible, nausée et faiblesse extrême. Pire qu'une gueule de bois. Le thé de coca au refuge n'y changera rien...

De retour au parking, on tombe heureusement sur un couple de locaux particulièrement adorables, qui insistent pour nous ramener jusqu'à Machachi. On passe une heure et demie géniale à discuter avec eux, et on arrive finalement à notre hostel en fin d'après midi. Mon mal d'altitude est presque parti, mais celui de Margot persiste. On s'écroule dans le lit, encore sous le choc de cette journée incroyable, qui restera parmi les meilleures du voyage.