Après les impressionnants tombeaux peints de Tierradentro, on remet le couvert avec un autre site archéologique, moins sauvage mais tout aussi mystérieux et spectaculaire. Unique en son genre, la région de San Agustin est très réputée pour ses nombreuses statues sculptées et ses sépultures découvertes au cours du 20ème siècle. Elles seraient parmi les vestiges les plus grands et anciens du continent Sud américain, mais encore une fois, leur datation exacte reste inconnue (environ 2000 ans pour les plus anciennes). Tout comme pour Tierradentro, on n’en sait d'ailleurs pas plus sur la civilisation qui les a construites, leurs motivations, ou encore même la raison de leur orientation précise ou la signification de toutes ces formes zoomorphiques. Des dizaines de questions qui restent sans réponses, malgré les études des spécialistes qui persistent tant bien que mal. C'est cette atmosphère mystérieuse et envoûtante qui fait tout l'intérêt de la région, où des milliers de grands blocs de pierre volcanique sculptés sont éparpillés dans un paysage sauvage impressionnant.
Arrivés au village de San Agustin après un trajet pénible de 170km en 6h (dont 2h accrochés dehors à l'arrière d'une jeep), on retrouve finalement notre hôte Carlos qui nous attendait en ville. Il nous invite directement à boire le café chez lui dans les hauteurs avec sa petite famille, et nous apprend que ce soir est la soirée finale de la fête annuelle de la culture. On a définitivement trop de chance. Avant le début des festivités, on a pile le temps de manger, et Carlos nous dépose justement devant son restaurant préféré pour qu'on puisse goûter la spécialité de la région: el Asado Huilense, un gros tas de viande au barbecue accompagné de gros tas d'autres trucs. C'est donc après ce bon repas de gros tas qu’on se traîne jusqu'à la scène où la fête s'apprête à commencer. Même si le concert de musique andine nous saoule rapidement, les danses traditionnelles en costumes et la foule complètement déchaînée nous auront fait passer une super soirée ! Carlos, sa femme Yuli et leurs trois enfants sont là aussi, et on finit par rentrer tous ensemble chez eux en fin de soirée. Sur le trajet, Carlos aura réussi à nous convaincre de joindre un groupe pour visiter différents sites de la région le lendemain.
C'est donc conduits par son neveu qu'on prend la route aujourd'hui, avec un colombien, un israélien, une belge et un anglais. Non c'est pas le début d'une mauvaise blague ! Bilan de la journée: visite de sites archéologiques secondaires, alto de las piedras et alto de los Idolos, ainsi que de deux belles cascades, le tout rythmé par plusieurs petits arrêts collations.
Pour notre second et dernier jour à San Agustin, c'est à pied qu'on se lance pour visiter le reste des sites archéologiques qui nous intéressent, dont le Parque Archeológico de San Agustin, le complexe principal, inscrit par l'UNESCO au patrimoine mondial de l'humanité. C'est au cours d'une longue balade bucolique entre forêts, petits hameaux et plantations de lulo et de café, qu'on visite dans un premier temps les sites El Tablon et La Chaquira. Aucun lien avec la chanteuse, je vous rassure ! Après un arrêt casse-dalle forcé (mais accepté avec plaisir) dû à une grosse pluie battante, on rejoint tranquillement le parc archéologique principal pour le bouquet final. Par chance, le site est presque désert à notre entrée, et une brume épaisse s'installe au-dessus de nos têtes, rendant l'ambiance encore plus mystérieuse. En déambulant dans une belle forêt humide, on tombe alors régulièrement sur des petits bosquets verts où sont dispersés d'impressionnants sarcophages, tombes et monuments funéraires, toujours gardées par d'inquiétantes statues mi hommes, mi animaux. C'est saisissant… Le lendemain, on quitte dans la matinée cette région pleine de trésors, pour en découvrir un autre: le désert de la Tatacoa.
