Santa Marta et le parc Tayrona

Publiée le 17/01/2019
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Deuxième ville sur la côte : Santa Marta, qui paraît-il est beaucoup moins touristique que Cartagena mais "tout aussi sympa", d'après certains voyageurs déçus par notre ville coup de coeur. On n'en croit pas un mot, évidemment, mais on décide d'y passer 2 nuits quand même, avant de visiter le parc naturel de Tayrona, autre joyau colombien et fierté nationale.

Santa Marta a été le première colonie espagnole établie en Colombie, en 1525. Depuis, elle n'a cessé de se développer, se modernisant à vue d'oeil pour devenir un des grands ports d'exportation d'aluminium et d'huile de palme. Aujourd'hui, près de 460 000 personnes y vivent, mais difficile à deviner car on est resté dans le centre historique. On en a vite fait le tour d'ailleurs. Il est très mignon certes, mais le comparer avec celui de Cartagena est de la pure mauvaise foi.

Comme d'habitude, on a fait un tour au marché pour "acheter 2 ou 3 fruits", et comme d'habitude, on est rentré avec 6 kilos de chaire juteuse et sucrée à manger dans les 3 jours. Challenge accepted ? Vous rigolez, depuis quand c'est un challenge de manger des mangues matin midi et soir ?!! Un vrai kiffe. 

Munis de nos restes de mangues, d'une dizaine de litres d'eau et de quoi petit déjeuner pour trois jours, on débarque bien chargés à l'entrée secondaire au sud du parc Tayrona, pour une première journée de marche jusqu'à la côte. L'unique sentier traverse la forêt dense et fait passer par Pueblito, une ancienne cité précolombienne, appelée Chairama par les Tayronas, ces mêmes indiens qui ont lutté plusieurs siècles plus tard contre l'invasion espagnole de Santa Marta. 

Le site comptait à son apogée entre 450 et 1600 environ 2000 habitants, qui avaient construit plus de 250 terrasses pour cultiver les pentes, édifier leurs maisons communales et familiales. Aujourd'hui, il ne reste que quelques murets de pierre et des maisons rondes, habitées par les indiens kogis, tribu encore présente à Tayrona et dans les alentours, jusqu'à La Guajira, à l'extrême nord est du pays. 

Cette clairière est magnifique, paisible et inspirante. Il y a quelques touristes, des personnes seules ou des groupes, mais tous sont très respectueux, les gens chuchottent presque...ça renforce le côté mystique du lieu ! Des vêtements blancs caractéristiques des Kogis sèchent sur des grosses pierres et de la fumée s'échappent des cheminées. Des gens vivent ici, pas beaucoup, mais il y en a encore, incroyable ! Et ils n'aiment visiblement pas être dérangés par les touristes. Ils nous fuient du regard et se retournent au moindre cliquetis d'appareil photo. Dommage, parce qu'ils sont vraiment beaux ! 

Après une pause pique nique on reprend la route, ou plutôt le sentier qui devient de plus en plus escarpé. La seconde partie de la rando c'est du "pierre en pierre" comme dirait Théo. C'est assez parlant ou ça nécessite une explication ? Bon, ocazzzzou, d'après le dictionnaire des baroudeurs (dans lequel figure aussi le fameux "sac à viande"), faire du pierre en pierre revient à sauter d'un caillou à l'autre, généralement pour remonter ou descendre une rivière. Nous c'est dans le sens de la descente, et les pierres sont tellement gigantesques qu'il faut parfois les desescalader. 

Le paysage est dingue ! Vraiment vraiment dingue. Jungle luxuriante, gros cailloux et quand on grimpe sur leur sommet, on aperçoit la mer. Personne sur le chemin, on ne croise que deux jeunes kogis qui s'enfuient en courant en nous voyant. Étrange ... En même temps, on comprend leur aversion pour les touristes, qui, comme le déplore un de leur représentant interviewé pour une émission française, "veulent voir la nature préservée après l'avoir détruite chez eux".

Les Kogis sont aussi les premières victimes de l'exploitation minière et voient leur terres se réduire au profit de l'industrie et de l'agriculture extensive. Pour ce peuple si proche de la nature, l'homme "moderne" représente une menace directe pour l'environnement, qui met en péril par ses activités déraisonnées l'équilibre si fragile de notre écosystème. Il est aussi responsable de conflits dont ils ont beaucoup souffert jusqu'à il y a peu : guérillas et répression paramilitaire.  

On arrive en fin d'après midi à la plage de Cabo San Juan, après avoir pas mal traîné sur le chemin pour filmer, prendre des photos, boire, boire et reboire. Cabo c'est beau !!!! Depuis le haut de sa minuscule presqu'île, en regardant vers les terres avec la mer dans le dos, c'est comme si le paysage était en miroir : d'un côté et de l'autre de la bande de sable qui relie l'île au continent, il y a la même plage, les mêmes cocotiers qui la bordent et cette même forêt dense qui colonise les montagnes. Superbe ! Mais c'est ici que les touristes qui viennent à la journée débarquent en bateau, donc il y a du monde, un peu trop à notre goût. 

On continue à marcher vers l'est, à la recherche d'un endroit où dormir plus au calme, et si possible le plus proche de l'eau. On trouve finalement une tente équipée chez Don Pedro, qu'on négocie pour 3 nuits à un bon prix. Le camping est juste en face de la magnifique plage de Arrecifes, connue pour ses courants dangereux. Impossible de se baigner donc, mais s'y poser au coucher du soleil avec une bière fraiche après 15km de marche est totalement recommandé. 

Le lendemain et surlendemain c'est baignade à la plage de la Piscina, beaucoup plus calme, et dans le cirque de la Aranilla. L'eau est un peu moins chaude qu'à la Isla Grande mais ça reste supportable (environ 28 degrés) ! Sous une petite cahute une femme prépare des ceviche de crevettes et des jus d'oranges pressés, un combo rêvé sous ce soleil de plomb. On s'attendait à voir des complexes hôteliers, des bars et des restos au bord de l'eau mais rien, à part deux cabanes ! (En partie dû au fait que le parc n'est que partiellement accessible en bateau, ou bien à pied). Le paysage est préservé,  encore sauvage et il n'y a pas foule en cette saison, c'est l'idéal.  

Au camping, on discute beaucoup avec César le propriétaire des lieux, qui connaît le parc comme sa poche. Il est arrivé ici il y a 20 ans en tant que guide, puis a travaillé pour le gouvernement comme interprète et traducteur, car il maitrise plusieurs langues locales des ethnies de la région. Il est d'ailleurs amis avec une famille de Kogis, qui vient passer un moment avec lui au camping presque tous les soirs.  

Ça nous fait vraiment bizarre de les voir ici, habillés de blanc avec leurs longs cheveux noirs, leur sac de fique en bandoulière et leurs pieds nus. L'homme triture son poporo (calebasse qui contient de la cal, cette chaux extraite des coquillages réduits en poudre) en mastiquant des feuilles de coca, la femme reste muette dans un coin, et les enfants regardent la télé. On se demande comment ils vivent, où et dans quelles conditions. César, qui lui aussi mastique la coca qu'il mélange avec la cal de son poporo, est resté très évasif quand on lui a posé ces questions, sûrement pour les protéger. 

Je profite de les croiser à nouveau au camping juste avant de partir pour discuter avec eux. C'est compliqué parce qu'ils ne parlent quasiment pas espagnol, on fait connaissance en s'échangeant nos prénoms. Je comprends qu'ils vivent pas très loin d'ici, mais eux n'ont pas l'air de savoir situer la France. J'apprends que le chiot du garçon est né il y a une semaine, mais lui ne connaît pas son âge. Sa maman non plus ne saurait dire exactement quand il est né. C'est fou ! Dommage, il est plus que temps d'y aller pour espérer choper le dernier bus pour Santa Marta, la discussion se terminera là. 

Et dans 8 km, notre merveilleux séjour à Tayrona aussi. On profite jusqu'au bout de cette dernière traversée à pied. 


Santa Marta
Santa Marta
Santa Marta
Santa Marta
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Maison kogis
Pueblito
Pueblito
Pueblito
Pueblito
Pueblito
Pueblito
Chemin jusqu'à Cabo

Lien vers le rendez vous en terre inconnue dans la Sierra Nevada de Santa Marta


https://youtu.be/LtWlyUblyaw


Voici le lien vers l'émission "rendez vous en terre inconnue" qu'on a eu le plaisir de regarder. Ça se passe chez les Kogis, dans la Sierra Nevada de Santa Marta avec comme invité Thomas Pesquet le spationaute. Les paysages sont spectaculaires, et on apprend pas mal de choses sur le quotidien de ce peuple.


Cabo San Juan
Cabo San Juan
Cabo San Juan
Cabo San Juan
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Ceviche de l'espace
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Santa Marta
Santa Marta
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1 Voyage | 90 Étapes
Parc national naturel de Tayrona, Magdalena, Colombie
302e jour (20/11/2018)
Étape du voyage
Début du voyage : 23/01/2018
Liste des étapes

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