5eme WWOOfing: Te Anau

Publiée le 27/05/2018
Pas vraiment un wwoofing car pas dans un ferme, j'ai malgré tout travaillé dans un hotel en échange du couvert et du logement, puis j'ai tenu la réception moyennant salaire... Des hôtes adorables et généreux, cela ressemblait cependant plus à une colocation avec les autres wwoofeurs!

Après près de 2 semaines passées sur les routes, j’ai grand besoin de me poser quelque part, défaire mon sac, et dormir plus de deux nuits consécutives au même endroit. Eh oui, voyager pendant (presque) un an, je sais que ça fait rêver, mais je ne peux pas tenir le rythme habituel de vacances tout le temps (non je ne me plains pas, j’explique).

Une jeune allemande croisée à une cascade dans les Catlins m’avait donné l’adresse d’Irene et Dave Herron de l’Aden Motel à Te Anau. Elle avait précisé qu’ils étaient adorables, qu’il y avait toujours plein de choses à manger dans le frigo, et qu’ils offraient à leurs wwoofeurs la croisière au Milford Sound. Ça ne vous parle pas ? certains considèrent que le Milford Sound est la 8eme merveille du monde. Bon sauf que c’est une merveille naturelle, donc je ne suis pas sure qu’elle rentre vraiment dans le classement. Quoiqu’il en soit c’est un des lieux incontournables du Fjordland, je dirai même plus, LE lieu incontournable du Fjordland.

Me poser dans ce motel pendant trois semaines en attendant l’arrivée de Lucie me semble être le plan parfait. En plus, Te Anau est une toute petite ville très touristique, et il est parait-il très facile de trouver un petit boulot en complément du wwoofing pour gagner des petits sous. Quand je les ai contactés, Irene et Dave m’ont dit qu’ils m’aideraient à en trouver un.

vue depuis ma chambre

Le début

Bon à vrai dire je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Quand je les contacte par mails « dear Irene and Dave blabla », une certaine Tracey signe le mail de réponse. J’enchaine donc « Dear Tracey, blabla », et voilà qu’Illa se charge du mail suivant, avant que ça revienne à Dave. Mais combien sont-ils ? où logé-je ? Sinon, je me doute bien que le travail consistera à faire du ménage, mais ma foi, pourquoi pas.

Après avoir repoussé ma date d’arrivée 3 fois (ils ont vraiment été adorables), j’arrive le lundi 2 avril en début de soirée. Je sonne à l’accueil du motel, faute de mieux, et c’est Illa, diminutif de Illaria, qui m’ouvre et me montre les lieux. Backpackeuse italienne venant d’Angleterre, elle tient la réception de 13h à 22h et est là avec son copain Hamisch (qui lui travaille dans un bar) depuis 4 mois et demi. Sont également présents Zoé, une charmante chinoise dont je partage la chambre et qui est en train de faire à manger, Alex, que je ne verrai que le lendemain matin, Américain parlant français, également là depuis 4 mois, et Tom, un autre Américain qui lui n’est là que depuis une dizaine de jours. Tout ce beau petit monde de backpackers habite à l’étage, où il y a récemment eu tant de monde qu’ils ont été obligés d’installer Tom dans le bureau. Au rez de chaussée, le salon, où la télé tourne toute la journée, et la cuisine. Non, il n’y a pas de salle à manger. Oui, on mange sur nos genoux en regardant la télé. Et en parlant. Impossible de suivre la télé quoi.

J’arrive à un moment un peu particulier : Irene n’est pas là, et la famille de Dave (c’est un deuxième mariage) est venue car le lendemain il y a un enterrement d’un membre de la famille. Visiblement le décès n’est pas une grande surprise, mais je n’ai pas compris de qui il s’agissait.

Le fait est que je suis à la fois ravie de voir autant de monde, mais un peu perdue au milieu de l’organisation. Heureusement, ça ne va pas durer.

Il se trouve qu’Illa, Hamisch et Zoé partent le jeudi matin. Le job d’Illaria est donc libre, et Dave me propose de prendre sa place, même pour trois semaines. J’accepte avec plaisir, un peu anxieuse cependant de devoir affronter les hordes de touriste. Le mardi donc, premier jour de travail, on fait le ménage des chambres. Le travail se divise en trois parties : les lits, la salle de bain, la cuisine. On forme deux équipes de trois pour nettoyer les 8 chambres, Je suis préposée aux cuisines, et fais alors la connaissance de Mélissa et Tracey, les deux employées du motel. Toutes les deux Kiwies, avec un accent assez fort, j’ai parfois un peu de mal à les suivre. Surtout Melissa, qui en plus, très joviale, rigole à la fin de chacune de ses phrases. Elle s’avérera être vraiment adorable. On est censés travailler de 9h à 13h. Avec une pause-café au milieu, qui parfois dure jusqu’à 40 minutes. Dans les faits, on finit souvent bien avant. Bref, c’est assez tranquille. L’après-midi de ce premier jour, Illa me montre comment ça marche à la réception. Sachant qu’il n’y a que 12 chambres, c’est en fait assez tranquille. La chose qui me stresse le plus c’est appeler pour réserver des excursions. Et répondre au téléphone, ma peur de toujours. Mais ça va, je pense que je vais gérer.

Le mercredi et le jeudi je continue ma « formation » avec Melissa et Tracey, et je panique un peu la première fois que Tracey me dit d’accueillir le client. « Mais où est le nom sur la feuille ? » « qu’est-ce que je dois dire déjà ? » « elles sont où les clés ? ». Du coup Dave me demande si je suis sure de vouloir faire ça, je lui dis que oui oui, c’est bon, et hop, vendredi est mon premier jour officiel. Ça passe comme sur des roulettes, avec 4 messieurs japonais dans 4 chambres différentes qui ne parlent pas un mot d’anglais. Communication difficile, mais au moins, ils ne posent pas trop de question.

Entre temps, Illaria, Hamisch et Zoé sont partis. La veille au soir, j’ai aidé Zoé à préparer des dumplings, des raviolis chinois, au porc et au céleri. Elle est photographe alimentaire et lorsque Tom et Alex se joignent à nous pour essayer de faire leur dumpling, elle nous prend en photo. Egalement lors de la dégustation. Oui, je suis gourmande, mais j’’assume. Ce soir-là, Irene avait également commandé des pizzas. Soirée dumpling-pizza, donc, en regardant Harry Potter 1. Et en discutant. Tracey est restée avec ses trois enfants, ceux-ci s’amusent comme des petits fous avec Illa et Hamisch. Pendant ce temps, la petite chienne chihuahua de Irene, Leexy, vient dire bonjour un peu tout le monde, joue avec un vieux chausson et se prélasse sur Alex. Inutile de vous dire que je n’ai pas trop suivi Harry Potter, mais c’est pas grave, je le connais par cœur.

Le lendemain matin, Irene emmenait Hamisch et Illa jusqu’à Queenstown, ils laissent leur voiture ici en chargeant Irene et Dave de la vendre à bon prix, sans se presser. Le départ se fait dans les larmes, Melissa pleure, Tracey pleure, Illa pleure en caressant Leexy qui est aussi du voyage. J’imagine que ça ne laisse pas indifférent de partir après 4 mois ! et c’est un départ définitif, ils s’envolent vers le Japon.

dumplings!!!
#grosse gourmande
#tropfière
#jemincruste
petite leexy
photo de groupe

Expérimentations culinaires

Après le départ de Zoé, je prends en charge les repas, de manière tout à fait spontanée. La cuisine est grande, très bien équipée, le frigo est comme promis bien garni, il est temps d’expérimenter. Dans le désordre, voici quelques plats que j’ai fait : gratin pommes de terre-panais-jambon (un vrai jambon juste trop bon), boulettes de viande et fondue d’oignons, couscous à l’agneau, quiche poireaux maïs (si si, ça passe très bien !!), crumble (salé) céleri-poireau, et plein de desserts : tartes aux pommes, tarte tatin, gâteau poire-chocolat, gâteau chocolat-orange. Et puis aussi avec les wwoofeurs qui sont arrivés plus tard dont je vais parler incessamment sous peu, des cookies (vegan s’il vous plait), et des muffins. (et ils m’ont aussi filé un coup de main pour certains plats salés). Je crois qu’Irene et Dave ont bien apprécié que je m’occupe des repas. Enfin c’est ce qu’ils ont dit. Moi j’appréhendais de laisser Irene faire à manger, car la première fois elle a commandé fish and chips et la deuxième elle a fait réchauffer les restes. Finalement la troisièmes fois elle a fait un rôti d’agneau et des légumes au four, les légumes étaient vraiment délicieux ! meilleurs que les miens. Je crois que je mets moins d’huile et les laisse cuire moins longtemps…


légumes au four, boulettes de viande aux oignons, galette de pomme de terre
saucisses, pommes et salade
gâteau poires chocolat
tarte tatin
cookies vegan

Les autres wwoofeurs

L’arrivée des autres wwoofeurs, donc. Eh oui, il faut savoir que Dave dit oui à tout le monde sans concerter les wwoofeurs présents. D’où la surpopulation quelques temps avant que j’arrive ! Le fait est que, après le départ de Zoé, je pensais avoir ma (très grande) chambre pour moi toute seule, Je découvre le dimanche soir en rentrant de mon excursion qu’une autre wwoofeuse a débarqué. Elle s’appelle Chloé, elle est française, de Marseille, comme les trois quarts des français que je croise. Elle est partie faire une promenade et revient juste pour m’aider à faire la tarte aux pommes ! On s’entend tout de suite très bien. Et on rigole bien quand après m’avoir dit « tu ranges ça où Sophie ? », je lui demande comment elle m’a appelée. Eh oui, Dave lui avait dit que je m’appelais Sophie. Bon bah voilà c’est pas grave. Le malentendu a quand même duré plusieurs heures ! Chloé cherche également à rester ici pour quelques temps et trouver un petit job, et en deux jours c’est bouclé, elle va travailler le soir dans les cuisines d’une pizzeria. Je me retrouve donc Tom part le lendemain, et Alex encore quelques jours après, et n’est pas là le soir non plus, je me retrouve donc à passer mes soirées seules avec Dave ou Irene selon qui vient tenir la réception à partir de 19h. On regarde souvent la télé, je suis un peu triste de ne pas avoir plus d’échanges, mais déjà j’ai vraiment du mal à les comprendre, et ensuite, assis sur un canapé devant la télé, ce n’est pas très propice. Néanmoins, avec Irene deux soirs de suite, la conversation s’engage. Elle finit par me dire que si Lucie ou Maman viennent en Nouvelle Zélande, elles seront les bienvenues au motel, et que quand Lucie viendra, elle nous offrira pour toutes les deux la croisière au Milford. Une vraie perle !! Alors qu’avec Chloé on s’imagine déjà être les seules wwoofeuses pendant un moment, le samedi suivant, après on deuxième jour off, c’est cette fois-ci Seijan qui arrive. Anglais élevé dans la tradition indienne, végétarien, dès le premier soir il sort s’acheter un truc à manger, alors qu’il y a plein de restes dans le frigo, dont mon couscous (la viande est bien séparée des légumes) ! Et qu’est-ce qu’il achète ! une sauce butter chicken. Pour un végétarien, je trouve ça paradoxal. Et il mange des baked beans avec du riz et cette sauce répugnante. Je ne comprendrais jamais les anglais et leurs beans. Bref, il ne me donne pas un très bon aperçu, et je n’accrocherai vraiment pas, entre sa façon systématique de ne pas prendre les reste, pourtant nombreux, pour se préparer rapidement des trucs vraiment pas appétissant à manger. C’est vexant en fait. Mais peut être que je le prends trop personnellement. Alex faisait pareil. Ah ces américains, ces anglais. Entre une quiche faite maison et une pizza surgelée ? la pizza surgelée, évidemment. Vexant je vous dis. Ah et tiens, je n’ai pas fini ma phrase. Entre ses goûts gastronomiques douteux, ses gouts cinématographiques douteux (des dessins animés aux allures de porno), et son absence totale de diplomatie (d’abord refuser la croisière au Milford Sound prétextant qu’il peut y aller en stop, ou alors quand je lui propose de choisir en 7 films, bah il en sort 7 autres), vraiment, j’ai rarement rencontré quelqu’un avec qui j’ai si peu accroché. Gentil par ailleurs. Mais voilà. Bref. Le lendemain, encore une nouvelle surprise : Zac, pour Zacchari rejoint notre petite troupe. Berlinois, il parle un français parfait. Ah bah oui sa mère est française. Ah et son père et Russe ? ah mais en fait t’es trilingue de naissance quoi ? Bah ok très bien. Aussi motivé pour cuisiner que moi, je lui laisse un peu le relais (trouver des nouveaux plats tous  les jours à base de viande pour Irene et Dave, mais séparée du reste pour Chloé et Seijan, je galère un peu parfois. Bah oui j’ai pas l’habitude. Et puis la viande ne vient que par paquets de 1kg. Sauf que je suis la seule à manger les restes de viande…..). Le courant passe aussi très bien avec Zac, et comme c’est les vacances scolaires, Irene doit garder 2 de ses petits-enfants et leur fait donc à manger à 18h. Nous nous retrouvons donc entre wwoofeurs pour les soirées, et dès la première, on se lance sur une soirée indienne, dont le repas a été orchestré avec Maestro par Zac, Dal de légumes, riz et Nan. On mange par terre, avec les doigts (enfin je retourne vite à la fourchette, entre Seijan qui a mangé comme ça toute sa vie, Chloé qui a passé 1 mois et demi en Inde, et Zac qui a passé deux semaines avec des indiens qui lui ont tout appris, je ne fais pas le poids). On s’amuse vraiment bien Seijan nous ouvre une bouteille de vin. Vers 22h Dave débarque pour fermer la réception (est-ce que je travaillais, est-ce que je ne travaillais pas, à vrai dire je ne sais pas trop, mais j’ai considéré que je ne travaillais pas), il est un peu effrayé par le désordre qu’on a mis. Il me demandera le lendemain matin si j’ai été toute seule à ranger, je ne sais pas pourquoi il pensait que les autres ne m’auraient pas aidée mais bon. Il me dit en tout cas que c’était un agréable surprise de voir tout en ordre le matin. Heureusement qu’il était passé avant que j’ai renversé un verra par terre sur la moquette ! Les autres soirs seront un peu moins funky, Chloé reprenant son travail à la pizzeria après ces deux soirs off. Enfin bref, ce wwoofing prend des grosses allures de coloc, c’est plutôt chouetteJ.


le repas indien

La routine

Tous les matins donc, nous commençons vers 9h. Parfois 9h30 si aucun client n’a libéré sa chambre à 9h, ce qui arrive de temps en temps. Tracey s’occupe de la paperasse et nous donne le planning des chambres à nettoyer ou dont il faut faire le service. Melissa vient travailler avec nous. De temps en temps un wwoofeur est envoyé de l’autre côté, dans l’autre motel que possèdent Irene et Dave, pour donner un coup de main. Ce n’est jamais tombé sur moi. J’ai longtemps été responsable des cuisines, ce n’est pas ma tasse de thé, surtout quand les clients laissent leur vaisselle salle, ou rangent la vaisselle mouillée auquel cas il faut tout sécher derrière eux. Ou, comme cette famille chinoise de 12, qui a utilisé absolument tous les appareils à leur disposition, et que je passe deux heures à renettoyer derrière eux. Bref. Je préfère faire les lits. Ça me donne l’impression de faire quelque chose de carré et soigné ! En général, on fait une pause-café vers 10h30, ça correspond souvent au moment où on a nettoyé la moitié des chambres. Du coup, on a bien souvent terminé plutôt vers 12h que vers 13h ! dans ce cas, on plie les serviettes, tapis de bain et autre lingerie, et on fait un peu de ménage dans « la coloc », mais rare sont les jours où on vraiment travaillé 4h.


A partir de 13h, je prends le relais à la réception. Concrètement, je m’affale dans le canapé, sors mon ordi et essaye d’avancer mon blog, finir l’organisation du voyage avec Lucie et commence à me renseigner sur ma vie d’après la Nouvelle Zélande, ce qui me prendra bien plus de temps que prévu. Je suis aussi responsable de la lingerie et plie mes petites serviettes quand je sens que je commence à m’endormir. J’ai aussi appris à faire des petits lapins avec des mini serviettes carrées, dont l’utilité ne me parait pas évidente, mais puisqu’il y a écrit « make up » dessus, j’imagine que c’est pour se démaquiller. Et puis je cuisine. Ça aussi ça prend du temps. Finalement mes journées passent assez vite. Chloé part vers 16h30 pour son boulot, je me retrouve bien généralement seule un moment, mais ça coïncide souvent avec une arrivée massive de clients. Ensuite je fais à manger, on dîne devant un film, et lorsque Chloé revient vers 22h, on se met à papoter, parfois jusqu’à 1h du mat. Bref, la routine.


le pliage des serviette
la chambre 5 (photo prise sur google)

Les clients

Étant dans un motel, les clients sont bien souvent relativement aisés financièrement, il y a beaucoup de néo-zélandais et d’australiens, quelques européens et américains, des chinois, mais seulement en très grand nombre d’un coup, et parfois des japonais et des gens d’Amérique du sud. Souvent en famille, parfois en couple, très rarement seul. Je n’ai pas énormément d’anecdotes à raconter, mais le plus beau compliment que l’on m’a fait c’est « oh vous avez un accent américain ». J’ai failli exploser de rire « ah non, vous êtes néo-zélandaises ? », et avec un grand sourire j’ai dit que non pas du tout j’étais française. Bon c’est la seule fois que ça m’est arrivé hein ? En général on me situe assez vite. Il y a aussi cette fameuse famille chinoise donc. Ils sont 12 et sont logés dans les deux appartements familiaux, mais débarquent en même temps et mangent dans une seule des deux chambres. Leur arrivée est déjà stressante, il n’y en a qu’une qui parle anglais, tous les autres hurlent autour, les maris me réclament le code wifi (que normalement je donne en montrant les chambres). Bref ils me saoulent déjà, et quand je leur montre les chambres, ils explosent de rire en voyant les lits simples dans le salon. Pas moyen de parler. C’est très désagréable. Plus tard dans la soirée, ils appellent Irene au secours car leur évier est bouché. Ils cuisinent très gras (mais ça sent bon) et n’ont pas mis la petite bonde anti gros débris, du coup, tout est allé dans les tuyaux, et forcément, c’est bouché. IL est 21h30 et il pleut, j’aide Irene, et quand on rentre dans la chambre, pas un regard ne nous est accordé, rien. Et quand l’évier est débouché et qu’on sort, pas un merci. Non, ils sont tous assis à table, entrain de hurler, les enfants jouent sur le lit, il y a de la bouffe partout. Je me suis jamais sentie traitée comme une servante avant, mais c’est vraiment l’effet que ça fait. Irene m’explique que c’est très souvent le cas avec les familles aisées chinoises, et que dans ce cas, il ne faut s’adresses qu’à la personne qui parle anglais, ignorer les autres, et pour se mettre sur un pied d’égalité, les complimenter sur leur tenue, ou faire un petit commentaire sur les enfants ou autre. Ce n’est pas si facile de gérer les différences de culture ! Enfin du coup, à chaque fois que je voyais un nom asiatique, j’appréhendais. Et cette manie de parler fort, je l’avais déjà observée tellement souvent chez les touristes, que ça ne me donne aucune sympathie envers les chinois. Enfin bref. Sinon, as grand-chose d’autre, une petite famille australienne avec un fort accent indien absolument adorable, ils m’ont appelée très souvent à la rescousse, mais à la fin ils m’appelaient par mon prénom, je trouvais ça plutôt mignon. Et enfin, un commentaire sur Tripadvisor de clients qui sont restés en avril (et sont donc très probablement tombés sur moi à la réception) qui ont fait des compliments sur l’accueil reçu. Ça fait plaisir !!


Irene et Dave

Même si j’ai finalement peu échangé avec eux, j’ai quand même pu obtenir quelques informations sur leur vie, et il ne faut pas leur parler beaucoup pour se rendre compte qu’ils ont le cœur sur la main. Comme je l’ai déjà signalé précédemment, il s’agit d’un deuxième mariage. Ils se sont mariés il y a 4 ou 5 ans, mais vivent ensemble depuis bien plus longtemps, une quinzaine d’années. Ils ont une bonne cinquantaine. Irene a 3 enfants, deux filles et un garçon, et 11 petits enfants. Dave a 2 enfants je crois et 5 petits enfants. Ça fait du monde tout ça. Irene est originellement décoratrice d’intérieur. Elle a arrêté un moment puis a repris, pour finalement arrêter définitivement et se consacrer aux motels. Dave est peintre, et il continue son activité, donc tous les jours, il tient la réception de 7h30 à 9h, puis le soir, et entre temps, il travaille. Ils ont acheté l’Aden Motel il y a 5 ans, Irene m’a dit que c’était moche comme tout et qu’elle ne comprenait pas comment des gens pouvaient vouloir y dormir. Ils ont tout redécoré eux-mêmes, et chaque chambre est différente. Au mois de juillet 2017, ils ont fait l’acquisition du Red Tussock, un autre Motel situé juste de l’autre côté de la rue. Ils sont entrain de l’agrandir pour avoir une vingtaine de chambre en tout et se séparer de l’Aden Motel qui n’en a que 12. Deux motels exigent beaucoup de travail et d’organisation, donc ils ont vendu l’Aden Motel. Cette vente a eu lieu pendant que j’étais là, et une semaine après mon départ, le jour où on a quitté Te Anau avec Lucie et Chloé, la nouvelle propriétaire s’installait dans une des chambres à l’étage. Elle sera chargée de faire fonctionner le motel à partir du 1er aout, et jusque-là, Irene, Tracey, Melissa et Dave vont lui apprendre le métier. Il me semble que ce n’était pas garanti que Mélissa et Tracey restent employées à l’Aden Motel, mais je ne sais pas où ça en est.

Quand Irene a commencé à s’investir dans l’Aden Motel, ça n’a pas été facile. Elle m’a dit que son premier hiver avait vraiment été dur à supporter. Elle ne connaissait rien à l’hôtellerie et il fallait gérer les travaux de rénovation en même temps. Et puis elle a découvert le wwoofing. Les wwoofeurs aident à la fois à la maintenance du motel, mais ça lui permet aussi de rencontrer plein de gens des 4 coins du monde. Elle n’est pas sure de pouvoir continuer à héberger des wwoofeurs au Red Tussock et ça la rend un peu triste. Elle accorde énormément d’importance au bien-être de ses wwoofeurs. Elle nous offre donc à tous une croisière au Milford Sound, et je pense que pour ceux qui restent un peu plus qu’une semaine ou qui montrent vraiment de l’intérêt, elles leur dit que leur famille est bienvenue au motel s’ils viennent en Nouvelle-Zélande. Ainsi, ils nous réservent une chambre pour Lucie et moi pour deux nuits, et Irene me précise bien plusieurs fois que maman sera logée ici sans souci si un jour elle vient en NZ. C’est adorable. Je pense qu’ils attendent aussi en retour que leurs wwoofeurs leur en proposent autant. Irene et Dave planifient de voyager en Europe d’ici 3 à 5 ans, pour 3 mois, et vont essayer de faire le tour de leurs anciens wwoofeurs ! Je leur ai donc bien évidemment dit de mon contacter quand ils seraient en France. Ce sera leur premier grand voyage. Jusqu’à présent ils ne sont jamais allés plus loin que l’Australie et seulement pour une dizaine de jours à chaque fois, car il y a une des filles d’Irene je crois qui y habite. Cette année ils commencent à repousser leur limite en allant en Thaïlande ! ils doivent partir fin mai. Dave a aussi un cœur d’or. Il dit oui à tous les wwoofeurs, même s’il n’y a plus de place, ce qui peut créer quelques problèmes parfois. Et si on lui demande un day off, il dit oui, ce qui peut aussi poser des problèmes, comme cette fois où, avant que j’arrive, peut-être 5 des 6 wwoofeurs étaient en day off et qu’il y avait 8 chambres à nettoyer. Du coup on m’a bien prévenue : pour tes days off, demande à Tracey, c’est elle qui sait. Cependant, alors que Tracey m’a dit que j’étais off un dimanche (déjà je ne pouvais être off que le WE si je voulais avoir une journée libre complète), le samedi matin, Dave me dit : « non non, tu es off aujourd’hui, il fait beau, alors que demain il pleut ». Ca ne posait pas de problème pour les ménages, donc j’ai pu aller faire une belle randonnée ! Il m’a aussi dit plusieurs fois que je faisais vraiment du bon boulot à la réception, qu’il était très content, et quand je suis revenue avec Lucie il m’a appelée « ma meilleure réceptionniste ». Bref, adorable, parce que je sais très bien qu’Illa faisait bien plus de trucs que moi. Mais voilà, cette façon d’encourager les woofeurs, c’est vraiment gentil.


J’en profite pour glisser un petit mot sur Tracey et Melissa, même si je ne vais pas vous raconter leur vie. Tout aussi adorables que Dave et Irene, bavardes comme tout, vers la fin de mon séjour, alors que j’étais seule avec elles car les trois autres lascars (Chloé, Zac et Seijan) étaient en day off au Milford Sound, elles m’ont dit au moins quatre fois : oui mais toi, tu fais partie des meubles ! comme par exemple quand elles critiquaient le fait qu’à 8h55 aucun des deux garçons n’était encore descendu, et que je leur disais que je n’étais pas toujours prête à 9h pile. « oui mais toi, tu fais partie des meubles !! et puis au moins t’es descendue avant », ou quand elles signalent le fait que les wwoofeurs ne doivent pas oublier de faire les poussières dans les chambres et que je leur dis qu’effectivement, je ne pense pas toujours à la faire « oui mais toi c’est pas pareil, tu fais partie des meubles ! ». Bref, j’ai trouvé ça super gentil, surtout que ça ne faisait que deux semaines et demi que j’étais là.


Comment ne pas se sentir chez soi dans toutes ces conditions ? même si je suis un peu atterrée par la télé qui tourne 24h/24 et par les trucs débiles qui passent parfois. Enfin pas plus débile qu’en France, c’est le même genre d’émissions.

Les excursions

Enfin, pour terminer, j’en viens aux excursions. J’ai donc eu deux jours off complets, le premier, c’était pour la croisière au Milford Sound, que j’ai faite avec Tom. Le bus est venu nous prendre au motel, à 7h30 le matin, et on a eu le droit à tout plein de commentaires sur la route, en faisant de nombreux stop photos. Bon, il pleuvait, du coup je m’attardais pas trop dehors, et le paysage était pas mal couvert, mais c’était quand même magnifique.  Cette route est réputée être la plus belle de Nouvelle-Zélande. Je ne l’ai probablement pas vue dans toute sa splendeur, mais je dois bien avouée qu’à deux ou trois arrêts, notamment au point le plus haut de la route, c’est assez impressionnant, avec des falaises couvertes de neige de part et d’autre de la route.

On sympathise au fil des arrêts avec une autre française, qui a tenu la réception du centre de plongée de Tutukaka pendant 6 mois, on s’est donc probablement croisées à ce moment-là, et une hollandaise. On passe donc toute la croisière tous les 4, à naviguer entre le ponton couvert où il fait froid mais on est abrités de la pluie, le ponton découvert où il fait encore plus froid, le pont avant où Tom reste lorsque le bateau va sous une cascade, et l’intérieur du bateau où on se réchauffe et où on déjeune (inclus dans le circuit). C’est lors de cette excursion que j’apprends que le Milford Sound n’est en fait pas un Sound mais un fjord, c’est-à-dire que c’est une sorte de vallée remplie d’eau qui a une origine glaciaire, alors qu’un Sound n’a rien à voir avec les glaciers. Bon je comprends toujours pas très bien comment ça se forme tout ça, mais en gros le Milford Sound est un fjord, et le Marlborough est un Sound. Traduction française ? aucune idée, donnez-la moi si vous l’avez. En tout cas, on pourrait bien se croire en Norvège, avec ces falaises, ces montagnes, quelques sommets enneigés au loin que l’on aperçoit quand le ciel se dégage. L’avantage de la pluie c’est qu’il y a vraiment beaucoup de cascades. L’ambiance est difficilement transmissible par mots ou par photos, il faut vraiment le vivre. Sur le chemin, on croise des dauphins Hector et des phoques ! En comparaison rétrospective avec la croisière que j’ai faite avec Lucie, j’ai l’impression que j’en ai pas profité à fond cette fois-là. J’étais émerveillée, mais un peu frigorifiée aussi, et essayais de prendre vraiment beaucoup de photos pour immortaliser tout ça. Le fait que lors de ma deuxième croisière, je n’ai rien reconnu. Mais je raconterai ça plus tard.


Ce fut une excursion absolument magnifique, avec un voyage en bus qui était vraiment le bienvenu, permettant de profiter du paysage et de pousser un petit roupillon sur le chemin du retour. Merci Irene et Dave !!!

début de la croisière
c'est quand même bien couvert
des dauphins
des phoques
des cascades
des cascades
des cascades
et une ambiance magnifique, indescriptible
La route elle même est magnifique
avec son lot de cascades
et de montagnes cachées dans le brouillard
quelques Kea également sur le chemin
Le Chasm, un des arrêts incontournables
ainsi que le lac mirroir, mais le reflet n'est pas toujours là!!!

Quelques jours après ce premier week end, il s'est mis à neigé à Te Anau. Les montagnes au loin se sont revêtues d'un magnifique manteau blanc. Ce qui va changer pas mal de choses.

Lors de mon deuxième jour off, je suis allée faire un bout du Kepler Track. Tom et la française du Milford Sound m’avaient dit que c’était assez facile, et qu’on avait largement le temps de dépasser la première hutte pour aller jusqu’au sommet du mont Luxmore en une journée. Du coup quand j’apprends à la dernière minute que je suis en day off le samedi pour aller faire cette rando, je ne m’inquiète pas trop sur le fait de partir tard. Oui mais. C’était compter sans la neige. Je veux bien croire que je ne sois pas la plus rapide à grimper, mais quand je mets 2h30 au lieu de 3h15 à grimper la partie la plus dure, je me dis que je ne suis pas la plus lente non plus. Du coup, quand j’arrive au panneau indiquant « hut, 45min », je ne m’affole pas trop et considère que je suis large niveau temps. La montée c’était faite dans la forêt, les nuages du matin ne m’avaient donc pas trop dérangée, et il  commençait à y avoir pas mal de neige sur le chemin, ce que je trouvais plutôt cool, car ça faisait un bail que je n’avais pas vu autant de neige. Et puis paf, en sortant de la forêt, 45 min théoriques avant la hut donc, de la neige absolument partout. Un manteau blanc presque immaculé recouvre le sentier et les montagnes environnantes. C’est magnifique. Il est quasiment midi et décide de me poser ici pour déjeuner plutôt qu’à la hutte. Je me rends déjà bien compte que ce n’est pas si facile d’avancer dans a neige, mais ça va encore, et de toute façon je m’arrête tous les trois pas pour prendre des photos. Toujours en considérant que j’ai le temps, je m’accorde même une petite sieste au soleil, histoire que le gros flot de randonneur passe son chemin. Ce n’est que vers 14h que je reprends ma route, et j’ai besoin de 45 bonnes minutes pour atteindre la hutte. Je m’enfonce dans la neige parfois jusqu’au genou, même en suivant les traces formées par les passages précédents, il y a toujours un moment, en général inattendu, où bim ! la neige cède sous mes pieds (mais non c’est pas juste parce que j’ai pris du poids). Bref je me repose un peu à la hutte, j’ai entendu pas mal de commentaires de gens disant qu’il leur a fallu entre 3 et 4h aller-retour pour aller jusqu’au sommet depuis la hutte. Ca me semble beaucoup par rapport à ce que m’avaient dit la française et Tom, mais avec cette neige, je veux bien le croire. Le ranger me dit que le chemin est vraiment difficile pour aller jusqu’au sommet. Je n’essaye donc même pas, par contre je fais un petit tour vers les grottes Luxmore. Sauf que je n’ai pas pris de lampe troche et que le temps commence à sérieusement tourner donc ça ne sert à rien. Enfin, ça me permet quand même d’avoir un point de vue différent sur les montagnes alentour. Le fait est que finalement, je quitte la hutte à proprement parler un peu tard, vers 15h45. Ayant à nouveau besoin de 50 minutes pour retrouver la forêt, il ne me reste plus que 1h30 avant le coucher de soleil. Sachant que j’ai mis 3h30 à l’aller pour arriver jusque-là. J’en connais une qui va courir dans la descente ! Je me dépêche tat bien que mal en faisant attention aux parties glissantes au début, puis finalement je descends en une grosse heure pour admirer les couleurs du soleil couchant. Il me reste encore une heure de marche à plat avant de retrouver ma voiture, et à peu près autant de lumière de jour, sauf que je suis dans la forêt. Finalement j’arrive à m’en sortir sans lumière (mon portable n’aurait pas servi à grand-chose de toute façon), mais les 15 dernières minutes se font dans une obscurité conséquente. Je retrouve Moutmout, éreintée, et une fois rentrée à l’Aden Motel, je ne fais pas long feu. C’est le fameux soir où Seijan est arrivé, ce qui ne me met pas dans de très bonnes dispositions, et Dave regarde son match de rugby jusqu’à 21h environ, ce qui est bien trop tard pour commencer un film, du coup à 21h30 je file au lit en m’excusant auprès de Dave. Le lendemain j’ai de sacré courbatures et me dit que c’est la rando la plus dure que j’ai faite (je n’ai jamais été courbaturée avant !)

apèrs une heure de marche dans les bois
La neige arrive assez vite
et... wahou
je suis bien installée pour ma pause déjeuner!
j'en prends plein la vue
avec de la neige presque jusqu'aux genous
le refuge est plutôt bien situé
et la marche vers la grotte enneigée
et les marches descendant dans la grotte aussi
le chemin du retour est toujours aussi beau
et arrivée en bas de la pente, j'ai le droit à un beau coucher de soleil

En dehors de ces deux grosses journées, j’ai eu l’occasion de me promener un peu autour du lac Te Anau qui offre de jolies vues sur les montagnes alentour. Il y a notamment un refuge pour oiseaux où l'on peut observer les très rares Takahe. J’ai aussi eu la chance d’y saisir les lueurs d’un coucher de soleil assez magnifique ! malheureusement il pleut bien souvent à Te Anau et c’est difficile d’avoir une vue  dégagée. J’ai aussi eu un après-midi de libre, lors duquel je suis allée faire une petit tour vers le lac Manapouri, d’où partent les croisières pour le Doubtful Sound, un autre fjord très réputé dans le coin mais accessible uniquement par bateau. Une rivière relie les deux lacs, et elle est connue pour avoir été le lieu de tournage du seigneur des anneaux (Anduin River pour les fans).

Takahe
Lac Te Anau
prémices de coucher de soleil sur le lac
et couleurs incroyables
just feeling good
temps dégagé pour admirer les montagnes au loin, lac manapouri
pont suspendu à Rainbow Reach
beautiful forest, as usual
and the Anduin river

Ce fut donc une très bonne expérience de wwoofing, décontractée, des paysages magnifiques, des hôtes adorables et des colocs trop chouettes!!!!


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