36. De Narbonne à Perpignan

Publiée le 10/07/2021
L’heure de la pause. Tempo por paŭzi.

Nous voilà arrivés à Perpignan. 

Une escapade puisque, partis de Narbonne, nous y reviendrons jeudi, au terme d'une pause de presque une semaine.

D'ici là,  vacances et repos pour les hommes et pour les chevaux.

Le blog restera silencieux . Rendez-vous vendredi quand nous aurons repris la route.


Quand on n'a pas de tête, on a des jambes... en quittant Narbone, j’ai confondu la trace GPS du jour avec celle que nous suivrons le jour où nous quitterons la ville après y être revenu. Cette erreur a rallongé la journée, déjà plus longue qu'à l'habitude. Il a fallu en outre pédaler sous un soleil de plomb, par un vent de face par moments assez violent qui nous gêne mais ne rafraîchit en rien l'atmosphère.

Sans être continuellement belle, la route, par épisodes, nous fait passer par des sites magnifiques : le canal de la Robine, les étangs,  l'île Sainte Lucie, les Pyrénées qui se découpent au loin.

En chemin, par hasard - il en est d’heureux - à une quinzaine de kilomètres de notre but,  nous rencontrons mon fils et sa compagne qui nous délestent de nos sacoches.  Nous avions déjà laissé à  Narbonne notre matériel de camping,  tente, sacs de couchage et matelas. L'impression est étrange de rouler si léger.  Il nous faut quelques centaines de mètres pour reprendre le contrôle parfait du guidon.

Nous arrivons à bien fatigués à Perpignan au terme des 92 kilomètres du jour.  La pause sera bien méritée. 

Beaucoup de belles choses aujourd'hui mais qui se présentent  - et se ressentent - de façon discontinue comme une succession de moments, dissociés les une des autres, sans réelle cohérence.

Il y a d'abord le chemin au long du canal de la Robine. On roule sur une très étroire bande de terre entre l'eau verte du Canal et l'eau gris-bleu des étangs et des marais salants - on dirait la mer,  mais elle est plus loin derrière encore -, on pédale entre l'eau et l’eau. La bande est parfois si étroite que la perspective, trompeuse,  donne l'impression qu'on va devoir un peu plus loin troquer le vélo pour le pédalo pour finir le voyage.

Le chemin est bordé d'arbres torturés,  déformés par le vent mais vivants, impassibles et obstinés comme des Don Quichotte. 

Toute chose est belle, souvent à son insu, parfois au nôtre. Tout dépend pourtant regard qu'on porte sur elle.

En voyage, on a le temps de regarder et de voir. C'est le sens même du mot..

Tout est question de cadre, au sens photographique du terme. Il faut cadrer large pour découvrir la beauté d’un désert drapé dans son aridité, celle des toits de Paris, un autre désert, celle des rues de New-York vues du ciel, que sais-je. Il faut au contraire cadrer serré pour faire émerger d'un vulgaire pissenlit sa beauté, d'un coquelicot la grâce de sa fragilité, pour percevoir l’architecture des cristaux d'un granit, la beauté du sourire ridé d'un vieux, l’élégance même du geste de celui-là qui balaie la rue.

Un vieux bout de ferraille rouillé, drapé d’inutilité, est d'une beauté fascinante à qui sait en suivre le dessin, en imaginer l’histoire,  en admirer la couleur, en examiner chaque relief et chaque défaut.

De la même façon, à l'entrée de Port-la-Nouvelle, dont l'architecture n'apparaît certes pas d'une beauté incontestable,  il y a une zone de friche où pousse cette plante grasse dont je ne connais pas le nom, dont les couleurs, bien que sombres, du jaune au rouge brun, du vert au gris-noir, se détachent sur le fond sableux où ne poussent quelques rares plantes. Une merveille que cette harmonie de couleurs, que ce désert en fleurs qui ne se montrent qu'à qui le cherche. 

Et puis, au fil de la journée,  apparaît puis croît la silhouette des Pyrénées qui dessinent un horizon tout à la fois définitif et frêle. 

Elles apparaissent comme une masse gris-noir, compacte mais incertaine et confuse qui s'éloigne et se confond à mesure qu'on s'en approche, se cache parfois dans un  nuage qui l’indéfinit.

On n’en distingue aucun détail ; elles ne semblent qu'une ligne sans épaisseur que quelque silhouetiste facétieux aurait découpé et extorqué à l’horizon.

Elles se donnent à voir comme un calotype, une image en négatif. 

C'est pourtant une montagne, une chaîne de montagnes.

En les voyant, je ne peux m'empêcher de penser avec émotion à ceux qui les ont franchies pour défendre la république espagnole ou pour fuir ensuite les barbares qui l'ont assassinée, avec la complicité de ceux qui n'ont pas voulu voir ni savoir. 

Mais c'est une autre histoire...

L'accès au canal à Narbonne.
Sur le canal de la Robine.
La voie verte circule entre les étangs et le canal
Les Étangs.
Et les flamants.
Les Pyrénées se découpent au loin.
Port Leucate.
.
Port-la-Nouvelle.
La beauté d’un désert aux portes de la ville...
Nous sommes maintenant sur l’EV8.
Le passage à gué de la Têt entre Casbestany et Villelongue-de-la-Salanque.

La traduko en esperanto estos baldaŭ disponebla. 

Paciencu iomrte.

Jen ni estas en Perpinjano.

Forlasinte Narbonne, ni tamen revenos tien ĵaŭde, post paŭzo de preskaŭ semajno. Ĝis tiam, ferioj kaj ripozo por homoj kaj ĉevaloj !

La blogo restos silenta. Ĝis vendredo, kiam ni revenos survojen.

Kiam fuŝas la kapo, devas la kruroj plifunkcii ... forlasante Narbone, mi konfuzis la hodiaŭan GPS-spuron kun tiu, kiun ni sekvos la tagon, kiam ni forlasos la urbon post reveno. Ĉi tiu eraro plilongigis la tagon, jam pli longe ol kutime.

Ni ankaŭ devis pedali sub varmega suno, kun forta vento kiu kelkfoje sufiĉe kontraŭas nin sed ne refreŝigas la atmosferon. La vojo ne estas ĉiam bela, tamen laŭ epizodoj, ĝi kondukas nin tra grandiozaj lokoj : Kanalo de La Robino, lagetoj, Insulo Sainte Lucie, Pireneoj, kiuj elstaras malproksime.

Survoje, hazarde - de tempo al tempo estas feliĉa hazardo - ĉirkaŭ dek kvin kilometrojn de nia celo, ni renkontas mian filon kaj lian kunulon, kiuj malŝarĝas nin de ni niajn sakojn. Ni jam lasis niajn kampadajn ekipaĵojn, tendon, dormosakojn kaj matracojn en Narbonne.

Strange veturas tiel malpeza. Ni bezonas kelkajn metrojn por perkekte regajni  kontrolon de la stirilo.

Ni alvenas al Perpinjano tre lacaj fine de la 92-kilometroj hodiaŭa etapo. La paŭzo estos tute meritita.

Multajn belajn aferojn ni vidis hodiaŭ - kaj multajn belajn sentojn ni spertis. Tamen malkontinue kiel sinsekvo de momentoj, disigitaj unu de la alia, sen ia ajn vera kohereco.

Unue estas la vojo laŭ Kanalo de la Robino. Ni rajdas sur tre stranga tervojo inter la verda akvo de la kanalo kaj la grizblua akvo de la lagetoj kaj salmarĉoj - aspektas kiel la maro, kiu tamen estas ankoraŭ pli malantaŭe - ni pedalas inter akvo kaj akvo.

La strio estas kelkfoje tiel mallarĝa, ke la perspektivo trompas, donas la impreson, ke iom pli malproksime ni devos interŝanĝi niajn biciklojn kontraŭ pedalboatoj por plivojaĝi.

La vojo estas flankita de torturitaj arboj, torditaj de la vento, sed vivantaj, flegmaj kaj obstinaj kiel Don Kiĥoto.

Ĉio estas bela, ofte ni ne kapablas vidi tion. Dependas de kiel ni rigardas. Vojaĝante, ni havas tempon rigardi kaj vidi. Jen la signifo mem de la vorto.

Temas pri la kadro, laŭ la fotografia senco de la vorto. Vi devas ampleksi ĝin por malkovri la belecon de dezerto kovrita de ĝia arideco, tiu de la tegmentoj de Parizo, alia dezerto, tiu de la stratoj de Novjorko viditaj de la ĉielo, kaj de ĉio ajn. Kontraŭe, necesas streĉiĝi por elirigi el vulgara leontodo sian belecon, el papavo la gracon de ĝia malfortikeco, percepti la arkitekturon de la kristaloj de granito, la belecon de la sulka rideto de maljunulo, eĉ la eleganteco de la gesto de ĉi tiu, kiu balaas la straton.

Peco de rusta malnova ferrubaĵo, malgraŭ sia senutileco, estas fascine bela por ĉiuj, kiuj povas elkovri ĝian formon, imagi ĝian historion, admiri ĝian koloron, ekzameni ĉiun reliefon kaj ĉiun difekton.

Same ĉe la enirejo al Port-la-Nouvelle, kies arkitekturo ne ŝajnas unuavide nekontesteble bela, estas dezertejo, kie kreskas ĉi tiu suka planto, kies nomon mi ne scias, kies koloroj, kvankam malhelaj, de flava al ruĝbruna, de verda al griznigra, elstaras kontraŭ la sabla fundo, kie kreskas nur malmultaj raraj plantoj. Mirindaĵo, ke ĉi tiu harmonio de koloroj, ĉi tiu dezerto en floroj, kiuj nur montras sin al tiuj, kiuj serĉas ĝin.

Dum la paso de la tago, la silueto de Pireneoj aperas kaj tiam kreskas, desegnante horizonton kaj definitivan kaj malfortikan. Ili aperas kiel griznigra maso, kompakta sed necerta kaj konfuzita, kiu retiriĝas kaj kunfandiĝas kiam oni alproksimiĝas al ili, kelkfoje kaŝante sin en nubo, kiu. Neniu detalo videblas; ili nur ŝajnas kiel maldika linio, kiun iu humora aŭ freneza siluetisto tranĉus de la horizonto.

Ili estas vidataj kiel kalotipo, negativa bildo.

Tamen estas monto, ĉeno de montoj.

Vidante ilin, mi ne povas ne pensi kun emocio pri tiuj, kiuj transiris ilin por defendi la hispanan respublikon aŭ poste fuĝi de la barbaroj, kiuj murdis ĝin, kun la kunkulpeco de tiuj, kiuj ne volis vidi aŭ scii.

Sed jen alia historio ...

1 commentaire

igreken

92 kilometrojn ! Vi fariĝis biciklistoj kaj ne plu biciklantoj !

  • il y a 3 ans
3 Voyages | 233 Étapes
Rue Abbé Eugène Cortade, Perpignan, France
41e jour (09/07/2021)
Étape du voyage
Début du voyage : 30/05/2021
Liste des étapes

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