64. De Fourmies à Maroilles

Publiée le 19/08/2021
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Nous partons ce matin plus tard que prévu... petite panne d'oreiller malgré la pluie de la nuit, suivie d'un bon café offert parle personnel du camping qui nous avait déjà donné une bouteille de jus de pommes, bio, la veille et qui a mis une salle à notre disposition pour que nos affaires restent au sec pour la nuit et que nous puissions les ranger sans qu'elles ne soient mouillées ce matin. La salle dispose en outre d’une prise électrique. Nous repartons donc vers dix heures et demie  avec un GPS et des téléphones rechargés par un itinéraire plus court que celui que nous avions initialement prévu. 

Nous passons d'abord au cimetière pour y voir le mémorial qui rappelle la fusillade du 1er mai 1891 et saluer nous aussi le souvenir des victimes. Nous demandons à une employée chargée de l'entretien des tombes de nous indiquer son emplacement, elle n'en sait rien et semble tout ignorer de l'événement. Après quelques recherches, nous finissons par le trouver.  Il semble assez mal entretenu, quelques plaques commémoratives ont été déposées par les syndicats ; la dernière en 2000 par une intersyndicale CGT-CFDT-FO. Les autres, plus anciennes, l'ont été par la seule CGT. À lire les journaux,  il semble bien que les organisations syndicales fleurissent néanmoins le mémorial régulièrement. Nous n'en voyons pas trace. Il nous semble que ceux qui sont tombés pour cette juste lutte méritent mieux.

Si vous imaginiez le Nord plat (comme... un plat aurait dit Dick Annegarn), comme une plaine morne et désolée où terrils et beffrois seraient les seules éminences, si vous pensiez son horizon saturé cheminées d'usines crachant des fumées d'enfer dans le fracas dantesque des machines,  si vous le voyiez comme un paysage ruiné de friches industrielles, sentinelles spectrales nimbées de brouillard, ou si vous le rêviez comme un alignement de corons, témoins de l’autre siècle, bref si... notre étape du jour vous aurait surpris. Ça monte (dur parfois) et ça descend tout le temps, par des routes - si étroites que deux véhicules doivent peiner à  s'y croiser - qui parcourent une campagne sereine. Nous sommes au pays du Maroilles.  Qui dit fromage dit lait et qui dit lait dit vaches. En troupeaux imposants - de plusieurs dizaines, voire même peut-être parfois d’une centaine de têtes - elles paissent dans des prairies encloses de haies vives dont les oiseaux s'envolent en nuées à notre approche. L'atmosphère est bruineuse : de façon sporadique, répétée mais brève, la pluie nous accompagne, fine mais mouillante comme un crachin breton. La météo du jour donne au spectacle un air un peu irréel, impressionniste.

Et  ce soir, c'est bien sûr tarte au maroilles au restaurant.  Elle est bonne mais - et c'est vrai  - celle que fait Véronique me semble meilleure.

Le mémorial de la fusillade du 1er mai 1891.
Crachin.
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Ni foriras ĉi-matene pli malfrue ol ni planis ... kapkusenopaneo malgraŭ pluvo dum la nokto, sekvata de bona kafo ofertita de la kampadeja personaro, kiu jam donis al ni botelon da pomosuko, organikan, la antaŭan tagon kaj kiu metis ĉambro je nia dispono por ke niaj aĵoj restu sekaj dum la nokto kaj ke ni povu ilin enpaki ilin sen malsekiĝi hodiaŭ matene.  La ĉambro ankaŭ havas elektran elirejon.  Ni foriras ĉirkaŭ la deka kaj duono kun GPS kaj telefonoj reŝargitaj per pli mallonga vojo ol tiu, kiun ni komence planis.

Ni unue iras al la tombejo por vidi la monumenton, kiu memorigas la pafadon de la 1-a de majo 1891 kaj la nomojn de la viktimoj.  Ni petas ddungiton kiu prizorgas la tomboj diri al ni ĝian lokon, ŝi ne scias kaj ŝajnas nenion scii pri la evento.  Post iom da esplorado, ni finfine trovas ĝin.  Ŝajnas sufiĉe malbone prizorgata, iuj memortabuloj estis deponitaj de la sindikatoj ; la lasta en 2000 de intersindikato CGT CFDT FO.  La aliaj, pli mannovaj, estis nur de la CGT.  Legante la ĵurnalojn, ŝajnas, ke la sindikatoj regule floras la monumenton. Ni ne vidas spuron de tio.  Ni opinias, ke tiuj, kiuj falis por ĉi tiu justa lukto, meritas pli bone.

Se vi imagus Nordon tiel plata (kiel ... plado (dirus Dick Annegarn), kiel malgaja kaj senhoma ebenaĵo, kie skoraj amasoj kaj belfridoj estus la solaj altaĵoj, se vi pensus, ke ĝia horizonto estas saturita de fabrikaj kamenoj, kiuj elĵetas fumojn de diablo en la danteska kolizio de maŝinoj, se vi rigardus ĝin kiel ruinigitan pejzaĝon de industriaj dezertejoj, spektrajn gardostarantojn envolvitajn en nebulo, se vi sonĝus pri ĝi kiel vicigo de setlejoj, atestantoj de la alia jarcento, se ..., nia hodiaŭa etapo surprizus vin.  Ĝi supreniras (kelkfoje malfacile) kaj malsupreniras ĉiam, laŭ vojoj - tiel mallarĝaj, ke du veturiloj ne facile povus renkonti -, kiuj trairas serenan kamparon.  Ni estas en la lando Maroilles.  Fromaĝo postulas lakton kaj lakto postulas bovinoj.  En imponaj gregoj - de kelkdeko, kelkfoje eĉ eble cent kapoj - ili paŝtiĝas en herbejoj enfermitaj de vivantaj heĝoj, kies birdoj forflugas en svarmoj dum ni alproksimiĝas.  La atmosfero estas nebula : sporade, ripete sed mallonge, la pluvo akompanas nin, fajna sed malseka kiel bretona pluveto.  La taga vetero donas al la spektaklo iom superrealan, impresisman aeron.

Ĉi-vespere, ni manĝas maroilles-torto ĉe la restoracio.  Ĝi estas bona, sed - tute vere - tiu, kiun kuiras Véronique, ŝajnas al mi pli bona.

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4 Voyages | 233 Étapes
L'Auberge du Moulin des Prés, Moulin des Prés, Maroilles, France
82e jour (19/08/2021)
Étape du voyage
Début du voyage : 30/05/2021
Liste des étapes

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