63. De Marlemont à Fourmies.

Publiée le 18/08/2021
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L'étape du jour est courte, à peine plus de 50 kilomètres. Dans la même journée. elle nous fait pédaler sur les routes de trois départements : Ardennes, Aisne, Nord  Nous quittons le Grand Est, cette région qui n'en est pas vraiment une tant elle agglomère des terroirs différents sans pouvoir se créer une identité, nous arrivons dans les Hauts-de-France. 

Étape courte mais relativement vallonnée qui nous conduit à travers la Thiérache,  ardennaise puis axonnaise, jusqu'en Avesnois. 

On commence par traverser de petits villages ardennais aux églises fortifiées. Ces Ardennes là n'ont pas grand chose de commun avec celles du Massif. Pas de forêts, ni de schiste ici, des pâtures, des vaches, un peu de cultures, céréalières notamment et des villages calmes. Les murs ici sont encore le plus souvent en pierre.  Plus tard, la brique s'y mêlera puis finalement quand nous arriverons dans le Nord, s'y substituera. 

Liart, Aouste, Rumigny, Hanappes. Puis nous voici dans l’Aisne en arrivant à Aubenton où nous prenons notre repas.  Le boulanger est en vacances.  Il y a bien un dépôt de pain à la mairie,  ouvert jusqu'à midi. Il est midi et demie. La boulangerie la plus proche est à sept kilomètres et n'est pas située sur notre itinéraire. Un néerlandaise qui habite le village nous donne un demi-pain... Elle est à toi cette chanson...

Nous tournons à droite juste avant l’abbaye de Saint Michel et c'est comme si une nouvelle étape commençait.  C'en est fini de la compagnie des vaches.  Nous poursuivrons désormais notre route à travers la forêt jusqu'à notre arrivée à Fourmies,  où nous montons la tente sous la pluie. 

Fourmies. 1er mai 1891. Depuis l'année précédente, le Parti Ouvrier de Feance de Jules Guesde et Paul Lafargue a décidé de faire du premier mai une journée internationale de revendication. 

À Fourmies, fleuron de l'industrie textile, sont prévus des spectacles et un repas fraternel, Une délégation se rendra en mairie présenter les doléances des grévistes et un défilé sera organisé pour les  faire valoir - les ouvriers demandent notamment que la durée de la journée de travail soit limitée à huit heures et que les salaires, fortement diminués au cours des années précédentes, soient augmentés., Un bal - autorisé jusqu'à minuit par le Maire - doit clôturer la journée. 

A 9 heures, à l’exception d’une seule,  toutes les filatures de la ville sont en grève, Des ouvriers  s’y rendent pour tenter de convaincre leurs camarades de se joindre au mouvement. Quatre d’entre eux sont arrêtés par les gendarmes.  La foule proteste. Pour calmer les esprits, le maire s’engage à les faire élargir à 17h. Mais n'en fait rien. 

Peu après 18 heures, 200 ouvriers se rassemblent devant la mairie. Ils réclament la libération promise de leurs camarades. Ils font face à 30 soldats équipés d'es nouveaux fusils Lebel dont le  chargeur contient neuf balles. La foule, pacifique, chahute un peu les soldats qui reçoivent de leur commandant François Chapus l’ordre de faire feu. La fusillade fait 9 morts - Maria Blondeau, 18 ans, Louise Hublet, 20 ans, Ernestine Diot, 17 ans, Félicie Tonnelier, 16 ans, Kléber Giloteaux, 19 ans, Charles Leroy, 20 ans, Émile Ségaux, 30 ans, Gustave Pestiaux, 14 ans, Émile Cornaille, 11 ans - et au moins trente-cinq blessés. 

Écoutez les Martyrs de Fourmies

 

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L'église d’Aubenton.
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L’abbaye de Saint Michel.
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 La hodiaŭa etapo estas mallonga, iom pli ol 50 kilometroj.  En la sama tago, ni pedalis sur vojoj de tri departementoj : Ardennes, Aisne, Nord. Ni forlasas Grand-Est, ĉi tiun regionon, kiu ne vere estas tia, ke ĝi amasigas diversajn terojn, ne povante krei identecon, ni alvenas en la Hauts-de France.

Mallonga sed relative monteta etapo, kiu kondukas nin tra Thiérache, Ardena poste Aksona, al Avesnois.

Ni komencas transirante malgrandajn ardenajn vilaĝojn kun fortikaj preĝejoj.  Ĉi tiuj Ardenoj tie ne havas multon komunan kun tiuj de la Montaro.  Neniu arbaroj, neniu ardezargilo ĉi tie, paŝtejoj, bovinoj, kelkaj kultivaĵoj, precipe cerealoj kaj kvietaj vilaĝoj.  La muroj ĉi tie ankoraŭ estas plejparte ŝtonaj.  Poste, la briko partoprenos kaj fine, kiam ni alvenos en Nord, anstataŭos ĝin.

Liart, Aouste, Rumigny, Hanappes.  Poste ni estas en departemento Aisne, alvenante en Aubenton, kie ni manĝos.  La bakisto ferias.  Ja oni povas aĉeti panon ĉe la urbodomo, malfermita je tagmezo.  Estas la dua kaj duono.  La plej proksima bakejo estas sep kilometrojn fore kaj ne situas sur nia itinero.  Nederlandano, kiu loĝas en la vilaĝo, donas al ni duonan panon ... Ĉi tiu kanto estas via ...

Ni turniĝas dekstren tuj antaŭ Abatejo Saint Michel kaj kvazaŭ nova etapo komenciĝis.  Jen la fino de la kompanio de bovinoj.  Ni nun daŭrigos nian vojaĝon tra la arbaro ĝis ni alvenos en Fourmies, kie ni starigos la tendon sub la pluvo.

Fourmies.  1-a de majo 1891. Ekde la antaŭa jaro, Parti Ouvrier de France de Jules Guesde kaj Paul Lafargue decidis fari la 1an de majo internacian protestotagon.

En Fourmies la flagŝipo de teksa industrio, estas planitajspektakloj kaj frata manĝo. Delegacio iros al la urbodomo por prezenti la plendojn de la strikantoj kaj organizos paradon por aserti ilin - la laboristoj petas, ke la daŭro de la labortago estas limigita al ok horoj kaj ke salajroj, tre reduktitaj en antaŭaj jaroj, estu pliigitaj - . Balo- rajtigita ĝis noktomezo de la urbestro - finigos la tagon.

Je la 9-a horo, krom unu, ĉiuj fabrikejoj en la urbo strikas. Laboristoj iras tien por provi konvinki siajn kamaradojn aliĝi al la movado.  Kvar el ili estas arestitaj de la ĝendarmoj.  La homamaso protestas.  Por trankviligi aferojn, la urbestro konsentas liberigi ilin je la 17-a horo.  Sed ne faris.

Baldaŭ post la 18-a horo, 200 laboristoj kolektiĝis antaŭ la urbodomo.  Ili postulas la promesitan liberigon de siaj kamaradoj.  Ili alfrontas 30 soldatojn ekipitajn per la novaj Lebel-fusiloj kies magazino enhavas naŭ kuglojn.  La homamaso, paca, iom maltrankviligas la soldatojn, kiuj ricevas de sia komandanto François Chapus la ordonon pafi.  La pafado mortigas 9 homojn - Maria Blondeau, 18, Louise Hublet, 20, Ernestine Diot, 17, Félicie Tonnelier, 16, Kléber Giloteaux, 19, Charles Leroy, 20, Émile Ségaux, 30, Gustave Pestiaux, 14, Émile Cornaille, 11 - kaj almenaŭ tridek kvin vunditoj.

Aŭskultu la martirojn de Fourmies : Martyrs de Fourmies

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4 Voyages | 233 Étapes
Base De Loisirs Des Étangs Des Moines, Rue des Étangs, Fourmies, France
81e jour (18/08/2021)
Étape du voyage
Début du voyage : 30/05/2021
Liste des étapes

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