Petit-déjeuner à la maison aujourd'hui, Victor nous a cuisiné des œufs au plat gratinés, des arepas (pain de maïs), un morceau de fromage et de la mangue. Nous partons ensuite au centre du village pour prendre une Jeep (même si c'est une Nissan), véhicule avec deux sièges passager devant et deux banquettes à l'arrière pour tenir, au moins, 4 personnes de chaque côté. Monter dedans est sportif, car la marche est haute. Victor me tire à l'intérieur, pendant qu'Aurore me pousse à l'arrière, et hop, c'est logé !
Nous parcourons quatre kilomètres de route empierrée et profitons un peu du spectacle d'ouvriers en costume traditionnel en train de construire un bâtiment. Ici, beaucoup de choses se font en commun, tout le village se réunit pour donner un coup de main à celui qui bâtit. De l'autre côté du chemin, les femmes s'activent pour préparer le repas commun.
La jeep nous arrête au bord d'un sentier qui monte à un jardin botanique. Nous rencontrons le jeune gérant des lieux un peu avant afin qu'il nous présente sa famille, occupée aux travaux journaliers dehors. La maman est en train de tisser un poncho, tandis que les grands-parents sont occupés à décortiquer des physalis.
Wilson nous emmène ensuite jusqu'au parc botanique qui appartient à la famille et qu'il gère. C'est vraiment une promenade très agréable, entre arbres et espaces cultivés. Nous sommes amusées par le recyclage de chaussures en jardinières fleuries. Il y en a un peu partout et on tombe également nez à nez avec un vieux pantalon mis en scène. Lui et Victor nous donnent des noms des plantes, mais il y en a tellement qu'il est difficile de les retenir !
Wilson nous conduit ensuite dans une maison commune, pour tenir des palabres. Le feu est allumé autour de trois grosses pierres chargées de symboles. Nous jetons à tour de rôle des feuilles de coca séchées devant les pierres et dans le feu, dans le but de donner de l'énergie. C'est ce souci de l'énergie qui conduit les Misak à construire des maisons rondes, afin qu'elle circule bien, au lieu de se bloquer dans les coins... Il reprend les explications que nous avait déjà données José, à propos du placenta enterré près de la maison. Depuis que les enfants naissent à l'hôpital et non à la maison, les jeunes ont tendance à quitter le village et à aller s'installer dans le monde alentour ou même plus loin.
Il est temps de rentrer, ce qui devait être fait à pied (ça descend et ça monte), mais Victor voit que je m'essouffle en montée, il fait donc signe à une Jeep. Vraiment sympa, même si je me sentais bien de le faire, les descentes étant plus nombreuses que les montées dans ce sens-là.
Il nous laisse ensuite rentrer seules chez lui, pendant qu'il passe du temps à son magasin artisanal au cœur du village, en attendant Viviana, sa femme, qui vient de participer à un enregistrement TV à Bogota, dans le but de promouvoir Silvia et la province du Cauca.