Le peuple des nuages

Publiée le 23/03/2018
Un peu d'histoire et de nature, le cocktail explosif en émerveillement

Les cascades de Gocta

En 2005, autant que je me rappelle j'avais 11 ans. J'entrais alors en 6eme et j'entamais mon parcours scolaire d'étudiant modèle en gérant vigoureusement ma collection de cartes Pokémon. Pendant ce temps là à quelques kilomètres de la ville de Chachapoyas, un explorateur allemand se hissait dans l'épaisse forêt pour découvrir ce qui deviendra la troisième cascade la plus grande du monde, les chutes de Gocta et ses 771m. 13 ans plus tard, je pars sur les traces de cet Indiana Jones des temps modernes pour tenter à mon tour de percer le secret qui règne autour de cette cascade. Selon la légende, un trésor y serait caché, protégé par des sirènes, et un certain Guillermo y aurait laissé son cœur se faire dévorer par les atroces créatures. Je vais garder un œil sur Guillaume...

En arpentant le sentier sinueux, je réalise avec étonnement que celui ci est extrêmement récent. La cascade se cache au creux d'une excavation rocheuse ce qui la rend difficile à observer. Il nous faut donc nous approcher. Le vacarme des millions de litres d'eau résonne dans la vallée. De nombreuses autres cascades descendent des massifs et se jettent dans le canyon verdoyant en plusieurs points d'accès. Dur de ne pas s'imaginer dans un décor de cinéma. En arrivant au pied de l'impétueuse reine des lieux, nous sommes balayés et trempés par son souffle. Pour des populations n'ayant pas accès à la science et ayant un rapport différent que moi avec la spiritualité, je ne vois pas d'autres issues que la croyance en un dieu pour créer une telle architecture. 

Nous nous situons au point précis entre les deux cascades. Nous observons en même temps la chute et sa création. Nous entreprenons une session d'escalade entre les rochers glissants pour nous approcher le plus proche possible du précipice. L'eau dans laquelle j'observe mon reflet ne sait pas encore qu'elle se prépare à une chute vertigineuse proche du kilomètre ! C'est envoûtant d'observer les mouvements anarchiques de l'eau tombant au ralenti dans la vallée. Nous resterons tellement de temps à profiter seuls de ce spectacle que nous devons finir la randonnée au pas de course. Mais cela valait le coup et nous avons bien rigolé. Les yeux scrutant la vallée sur le coucher du soleil je me laisse imaginer que ces reliefs escarpés nous cachent encore, à l'ère des GPS, de bien belles surprises que même les ordinateurs ne peuvent déceler.. 

La cascade de Gocta face à son maître
La chute en apesanteur
Au plus proche de la naissance

Kuelap, la citadelle perdue dans les plateaux andins

La mythique civilisation Chachapoyas. Comment visiter le Pérou sans s'y intéresser. Elle a été l'une des dernières tribus à rentrer en contact avec les colons car habilement cachée dans les montagnes. Les Chachapoyas, ou encore "les guerriers des nuages', ont bâti leur citadelle à plus de 3000m d'altitude. Grands guerriers, habiles constructeurs et chamans de renom, ils ont su se maintenir en vie de 800 avant JC jusqu'à la fin du XVeme siècle, sans jamais se soumettre à la conquête des Incas. Ce sont les maladies véhiculées par les européens qui auront raison d'eux. Aujourd'hui seuls des vestiges restent de leur civilisation et notamment l'imposante citadelle de Kuelap, culminant en haut des montagnes et protégée par une enceinte de 20m de hauteur. C'est là que nous nous rendons.

Au lieu de prendre le très prisé téléphérique, nous préférons partir du fond de la vallée pour effectuer le chemin à pied. Se sentir un peu plus proche du guerrier qui remontait triomphant vers sa cité. Pas moins de 1300 mètres de dénivelé à gravir pour s'approcher un peu plus des nuages. Nous élisons domicile dans la ville la plus proche. J'aime me perdre dans les petits villages d'Amérique du Sud. Nous faisons rapidement nos premières rencontres au seul restaurant du village. Jessica , la patronne, s'assoit à notre table et nous commençons à partager des expériences de vie. Rapidement elle se dirige vers l'arrière cuisine pour nous dégoter une liqueur de fraise maison. Les fruits de son jardin viennent parfaire cette soirée. Mention spéciale aux mangues et aux avocats, un délice.

Le lendemain nous sautons sur un petit déjeuner fait sur mesure et sous les premiers rayons du soleil nous entamons la montée. Au fur et à mesure que nous prenons de la hauteur, la vallée se laisse dominer. Nous scrutons le paysage à la recherche de l'immense forteresse mais rien en vue. Des murailles de 20 mètres de haut ce n'est pas si facile à cacher tout de même !!

Elles se découvrent dans les dernières minutes après 5h de montée. L'excitation monte. Nous n’aurions pas vécu la même chose si nous avions pris le téléphérique. D'ailleurs des voyageuses nous ont confié avoir été déçues par la forteresse. Mais c'est loin d'être notre cas. Certes en soit les ruines ne sont pas exceptionnelles, mais l'ambiance rend le tout bien plus mystique. Vous franchissez les épais murs entourant la citadelle sur le sommet d'un plateau andin. D'ici vous pouvez aisément observer toute la vallée. La nature a repris ses droits et des arbres ont poussé au milieu des pierres disposées en cercle. Le rougeoiement particulier de la végétation se fond parfaitement au décor. Nous marchons (presque) seuls sur le site. J'imagine les guerriers vivre ici en communauté, comme s'il restait encore des traces immuables de leur passage. L'énergie est puissante. C'est un premier contact en douceur avec l'histoire du Pérou et il me tarde d'en découvrir plus au fl de notre descente progressive vers la capitale de l'empire Inca, Cusco.


Le sentier des nuages
L'intérieur de la forteresse
Les ruines
L'oeil du jaguar
La vue depuis le temple
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1 Voyage | 45 Étapes
Chachapoyas, Pérou
98e jour (13/03/2018)
Liste des étapes

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